Une candidature de la paresse à l'élection présidentielle ! Évidemment, la paresse, c'est une affaire trop sérieuse pour que de vrais candidats osent s'en saisir, et ça n'est concevable qu'en littérature...
Paresse pour tous, c'est l'histoire d'une campagne, d'une campagne combien plus intéressante que la vraie, la nôtre, là, celle d'en ce moment.
Le rapport au travail, peut-être la réflexion à mener la plus importante en cette première moitié de XXIe siècle. de cette question et des réponses qu'on est capable d'apporter, dépendent tellement d'enjeux, de justice sociale, environnementaux, sanitaires, philosophiques, etc. Or, elle passe complètement à la trappe, ou presque, dans notre campagne présidentielle actuelle, écrasée qu'elle est par les sempiternelles obsessions de l'extrême-droite sur l'immigration et sur le "déclassement" de la France dans le monde (comme si elle, l'extrême-droite, avec ses idées de repli, de rejet de l'autre, et son agressivité permanente, allait la rendre plus lumineuse et plus rayonnante) qui confisquent totalement le débat public.
Et puis, même sans cela, de toute façon, on considère trop généralement le sacrifice au travail comme une loi de la nature, quelque chose d'obligatoire et même de souhaitable. On le regarde encore trop comme une source naturelle de mérite. Et le sens, à vrai dire, on n'y pense même pas, et on accepte de produire quantité de choses inutiles, de mettre notre santé et le monde en pièces. La valeur travail est sans doute une des plus grandes absurdités de notre histoire contemporaine, car elle empêche de poser la question de l'utilité, du sens en-soi de notre travail, qui est différent du sens par rapport à un système, lequel peut très bien s'auto-entretenir dans une mécanique stupide.
Moi qui l'étais déjà, "paresseux", au sens où l'entend Émilien Long, le candidat de la paresse dans le livre, c'est-à-dire au sens noble du terme - moins s'agiter par principe, dans une logique aveugle, pour son travail, afin de pouvoir davantage s'occuper des choses essentielles, prendre du temps pour soi et pour les autres, pour la contemplation et la littérature -, cette lecture est loin de m'avoir calmé ! C'est décidé, je vote Émilien Long !