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EAN : 9791095718451
384 pages
Agullo (04/10/2018)
4.33/5   23 notes
Résumé :
Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le « socialisme à visage humain ». La censure est interdite, les frontières s'ouvrent vers l'Ouest, les biens de consommation font leur apparition... Un vent de liberté souffle sur le pays.
Cet été là, Alexander et Anna montent dans leur Skoda Felicia, un cabriolet flambant neuf, pour rejoindre leur fille Petra à Bratislava où elle vient de terminer de brillantes études de médecine. Tereza, fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Été 1968 – Été 2007. Deux étés caniculaires, deux étés réunis par l'histoire : celle de l'invasion de la république socialiste tchécoslovaque par l'armée russe pour le premier ; et pour le second, celle des émigrés de l'époque et de leurs descendants dont Viliam Kimacek a recueilli les témoignages à Toronto. Ils forgent le socle historique romancé de Bratislava 68, été brûlant, traduit par Richard Palachak et Lydia Palascak.

Anna, Alexander, Petra, Jozef, Erika, Tereza et tant d'autres y avaient pourtant cru au communisme à visage humain. Mais un petit matin d'août 68, il prend la forme de chars soviétiques, et là où toutes ces familles s'accommodaient tant bien que mal des contraintes dogmatiques, il devient rapidement évident que le vent a tourné. Et tant que les frontières sont encore ouvertes, la fuite devient la seule option. Avec des espoirs de retours vite déçus.

En Israël, en Autriche, en Angleterre, aux Etats-Unis et au Canada, Petra et Tereza vont fuir, laissant une partie de leur famille prisonnière de Bratislava, laissant une partie de leur enfance et de leur âme là-bas.

À l'aide de chapitres courts et souvent drôles, Viliam Klimacek nous sert une pièce en 50 actes, où petite et grande histoire se mélangent. Des histoires de femmes et d'hommes brisés, déracinés, rongés par le remords, mais unis par le souvenir de cette terre slovaque qui les a vu naître, soudés par les liens invisibles qui les relient encore à leur famille restés là-bas. Des femmes et des hommes qui pour certains vont revivre, en se mettant au services des autres et notamment des plus faibles, en les accueillant, les soignant, les écoutant.

Bratislava 68, été brûlant est bien plus qu'une révision historique bienvenue : c'est une piqûre de rappel humaniste et littéraire brûlante d'actualité 50 ans après.
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Il est des livres où dès les premières lignes, vous êtes conquis(e), vous rentrez dedans et vous sentez aussi bien que dans des charentaises confortables.

Ce fut le cas ici, je me suis coulée dans le récit, j'ai adhéré aux différents personnages, comme si je les connaissais depuis longtemps.

L'auteur s'est basé sur des témoignages d'exilés Slovaques pour bâtir son récit et on le ressent bien car il y a du réalisme, du vécu, même s'il a changé les noms et mélangé plusieurs destinées.

Au départ, tout va bien. On fait la rencontre de nos personnages principaux, on découvre la vie en Tchécoslovaquie, sous le règne des Socialistes qui en pratique un qui n'a de socialisme que le nom.

À choisir, je préfère encore la Gauche Caviar que ce communisme qui, une fois de plus, empêche ses citoyens de découvrir le monde et le garde prisonnier d'un rideau de fer, isolant le bloc de l'Est (lorsque j'étais gamine, je pensais que c'était un vrai rideau de fer, après, on m'a expliqué… Vous imaginez la taille du rideau ?) de celui de l'Ouest, dirigé par des salopards de capitalistes.

Tels des parents castrateurs empêchant leurs rejetons d'aller voir sur le palier de l'appart, ou sur la rue, devant la maison, les dirigeants communistes sont d'une sévérité immonde, d'une imbécilité crasse, d'un illogisme débile, préférant laisser la possibilité à des crétins de faire des études, empêchant les bons éléments, les premiers de classe, aller à l'université, vous déclarant incompatible parce que votre ancêtre était un grand capitaliste (il possédait un petit atelier de couture)…

Ces derniers temps, je bouffe du communisme, que ce soit celui de l'Archipel de Soljenitsyne (Russie), celui de la dynastie Kim (Corée du Nord) et maintenant, celui de la Tchécoslovaquie et pas un pour relever l'autre. Je découvre toujours des saloperies au fur et à mesure de mes lectures. Fin de la parenthèse.

La plume de l'auteur est primesautière, presque, agréable à suivre, teintée d'ironie aussi. Il vous emmène dans ce récit, commençant gentiment, doucement, mais sans masquer les imbécilités du parti au pouvoir, des restrictions que les citoyens subissent, du fait qu'il faut adhérer au parti pour espérer évoluer dans la société (même si le parti avait exécuté ses propres membres) et gare à ceux dont les ancêtres étaient des Koulaks ou des vilains capitalistes.

Anna, Alexander, Petra, Jozef, Erika, Tereza, Anna vivaient leurs petites vies avant le basculement et l'entrée des chars russes en août 68. Que faire ? Fuir pendant qu'il est encore temps ou rester ? Et si fuite il y a, quelles conséquences auront-elles sur les familles restées au pays ?

Ce roman noir, je l'ai dévoré, mais avec lenteur, prenant bien le temps de m'imprégner des atmosphères, des contradictions des personnages, de leurs peurs, de leurs déboires, de leur envie de liberté. Leur exil, je l'ai ressenti dans mes tripes, les imaginant tout laisser derrière eux, souvenirs, maisons et familles…

Sans sombrer dans le pathos gratuit, l'auteur a su insuffler des émotions fortes dans ses familles qui furent déchirées, qui prirent les chemins de l'exil, quasi le cul nu, laissant une partie des leurs derrière eux, aux mains d'un pouvoir qui n'aiment pas voir les siens partir ailleurs, passer le rideau.

Ou que vous alliez, ils suivent vos dires et peuvent encore vous toucher en plein coeur en vous culpabilisant car à cause de votre départ, le pays a eu du mal à continuer à produire… Ils diront que vous êtes un vilain, un non patriote, que le pays vous a tant donné, à vous, à votre famille et qu'en retour, ingrat que vous êtes, vous avez fui !

Pas de chapitre pour ce roman, mais des actes, comme dans une pièce de théâtre, comme des témoignages que l'on mettrait bout à bout pour en faire un tout qui tient parfaitement la route, qui nous montre un Monde aux antipodes du nôtre ou, malgré tout, nous avons toujours des libertés, dont celle de quitter le pays (hors pandémie) et d'en dire tout le mal qu'il nous sied.

L'auteur ne perd pas de temps en détails paysagers ou en descriptions graphiques de ses personnages, mais il va à l'essentiel et donne à ses lecteurs/lectrices une fameuse piqûre de rappel, des fois que nous penserions que 68, c'est juste des pavés sous la plage… Pardon, que sous les pavés, il y avait la plage et des manifestations estudiantines.

Dans ce roman noir, dans ces témoignages que l'auteur a transformés en fiction, toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existé n'est pas fortuite du tout. Elle est réelle.

Ces 50 tableaux racontent des petites histoires dans la grande, mais font intégralement partie de la grande Histoire aussi. Ils sont importants pour que l'on n'oublie pas la chance que nous avons de vivre où nous sommes, même si tout n'est jamais rose.

Un magnifique roman, une fois de plus.

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Sous les pavés, la plage.

1968 - si cette année nous évoque des pavés et des affrontements - elle résonne, dans ce pays alors nomme Tchécoslovaquie, avec un écho dramatique. 

Alors que les dirigeants communistes commençaient une politique d'ouverture nationale, les chars de plusieurs « républiques soeurs » entrèrent dans la ville.

Le grand frère russe ne voyant pas d'un bon oeil les velléités d'émancipation. 

Cette intervention mit un coup d'arrêt à l'ouverture qui se dessinait. 

S'engage alors des instants cruciaux et surtout une décision capitale à prendre pour les tchécoslovaques : risquer de rester chez soi, d'affronter les conséquences de cette occupation russe ou prendre le risque de tout perdre en partant à l'étranger. 

C'est à ce choix que seront confrontés plusieurs membres d'une même famille. 

Ce roman m'a tout d'abord beaucoup déconcerté par le style : une succession de courts chapitres, où le narrateur invective directement le lecteur. J'avais l'impression de rester à l'écart de ce récit.

Et puis, petit à petit le pages ont défilé. J'avais envie de savoir ce qu'il allait arriver aux personnages du roman. 

L'auteur ne se concentre pas tant sur les événements internes à la Tchécoslovaquie, qui restent survolés, que sur le destin des migrants.

Comment se reconstruire une vie quand il faut tout reprendre à zéro, comment trouver la paix quand on a le sentiment d'avoir abandonné les siens. 

Un roman qui pourra dérouter certains lecteurs mais qui a su, au final, me séduire surtout qu'il résonne avec l'actualité. 
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« Dans ce roman, j'omets volontairement la description des personnages et des paysages. Je les saute à votre place. Lecteur, je les ai toujours survolés et je vous imagine un peu comme moi, pour cette raison j'espère que ce rembourrage ne vous manquera pas. »
Ça commence par la présence de chars, un jour, comme ça, dans les rues tchécoslovaques. Les russes occupent le pays. La frontière avec l'Autriche est ouverte pendant quelques jours, pour ceux qui le peuvent et le désirent, c'est le grand départ. Ils débarquent dans un occident dont ils ne pouvaient même pas imaginer l'opulence. Ils sont pour la grande majorité éduqués et instruits, ils n'en prennent pas moins le choc en pleine tête…
« L'homme sait qu'il est en train de vivre l'Histoire. Il sait que sa femme, son fils, lui et son pays sont le beurre, et l'Histoire, le couteau. Et que quelqu'un l'étale sur une tranche de pain et s'apprête à y mordre. »
Cinquante tableaux de quelques pages qui nous racontent une grande histoire. Celle de Sani, Anna, Petra, Tereza, leurs amis et leurs familles, depuis Stara Ruda jusqu'aux confins du Canada en passant par l'Argentine, l'Autriche ou encore Israël. La petite histoire de quelques vies individuelles prises dans la toile de la grande, un vigneron qui dévore un livre par jour et convie chaque soir un auteur pour lui exprimer son avis sur son travail (avec du vin et de la saucisse maison), une doctoresse qui passe par la case femme de ménage chez de la famille éloignée avant de s'épanouir « cheffe » chez les indiens, un père qui choisit d'accompagner sa fille dans l'exil pour la protéger en laissant son épouse derrière (il en deviendra littéralement fou – même si on peut l'interpréter différemment), les destinées sont multiples mais ce qu'on lit à travers elles est toujours identique : le déchirement. Avec des accents de Laura Ingalls (pour l'émotion qu'il parvient à susciter en exposant des gestes quotidiens très signifiants), Viliam Klimàcek nous explique le communisme comme personne et choisit très intelligemment de ne jamais discourir sur les théories mais de nous en faire ressentir très concrètement les effets. Immensément attachant, éclairant et parfois très drôle, un très bon roman.

« Des flocons de neige commencent à tomber comme un rideau de petit conte de fées d'hiver qui raconte : il était une fois un pays, la Tchécoslovaquie, et dans ce pays, un vignoble, et dans ce vignoble, une petite mémère, et dans cette petite mémère, un coeur, et dans ce coeur, quelque chose qui savait attendre. Et dans ce pays recouvert d'une toile rouge, il y avait beaucoup de coeurs comme celui-là, et tous ces coeurs attendaient, attendaient… jusqu'à la mort. »
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Le 21 août 1968, l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie donnait un coup d'arrêt définitif à ce qu'on appelle « le Printemps de Prague ». On estime ainsi à 70.000 le nombre de personnes qui quitteront le pays, par choix ou par obligation, dans les années qui suivent. Dans son livre Bratislava 68, été brûlant, l'auteur slovaque Viliam Klimáček s'inspire de personnages réels pour nous faire partager le destin de ces gens qui fuirent le régime communiste.

Alexander, surnommé Sadi, est communiste ; dans son cas, cela veut dire qu'il a adhéré au Parti pour pouvoir exercer le métier de son choix. Il est en effet un cadre clé d'une entreprise de matériel médical en Slovaquie. Il vient de s'acheter une Skoda Felicia avec toit ouvrant, ce dont il est très fier, et sa fille Petra termine ses études de médecine.

Erika, la soeur de la femme de Sadi, a eu quant à elle un parcours plus erratique. Elle est mariée à Jozef, un homme qui voulait devenir prêtre, mais qui, au moment d'être ordonné, y renonce quand on lui demande d'effectuer des dénonciations. Elle-même dut payer le prix de ses origines dans cette Tchécoslovaquie communiste :

"Avant même qu'elle passe le bac, le comité du parti communiste du lycée déclara qu'Erika n'était pas autorisée à faire des études supérieures. On était en 1960. Elle était « incompatible » : son père avait été dentiste dans le privé et un autre membre de sa famille avait été un grand capitaliste. Entendez par là qu'il avait eu un petit atelier de couture. Bien que leurs biens aient été pillées par l'Etat, que leur cabinet et leur atelier appartiennent désormais au peuple entier, les enfants continuaient de souffrir du fait que leurs parents n'avaient pas été des pauvres types, mais des personnes qui avaient réussi."

L'auteur nous offre une jolie galerie de personnages (que je ne restitue pas complètement ici) et décrit à merveille des détails de la vie quotidienne des habitants :

"Si l'on ne peut affirmer qu'il existe une vie après la vie, on peut dire en revanche que le travail après le travail représentait le moteur de l'économie souterraine tchécoslovaque. Anna se présenta chez le menuisier avec un catalogue autrichien de mobilier, qui circulait dans chaque famille comme autrefois la bible de Kralice. Il illuminait les gens d'espoir. Il démontrait qu'il était possible qu'un ameublement soit à la fois beau et fonctionnel, et qu'un jour eux aussi rangeraient leurs affaires dans des commodes claires ou plieraient leurs couettes dans des tiroirs à roulettes."

La tentative de libéralisation du régime en 1968 pousse les protagonistes à s'exprimer plus librement. Un piège qui se refermera sur eux après la remise en main par les partisans de la ligne dure. Jozef anime une émission de radio dénonçant l'invention soviétique et doit se cacher ; Petra émigre en Autriche, et son père Sadi devra choisir entre elle et sa femme. Les pressions exercées sur lui sont fortes au travail.

La plupart des acteurs principaux du livre seront obligées d'émigrer. L'auteur nous montre à quel point cette émigration fut difficile : difficulté de trouver du travail, de s'adapter à un nouveau pays, à une nouvelle langue mais aussi rejet de la part des anciens migrants qui n'acceptent pas les nouveaux, sans parler de l'absence de la famille. Et que dire des conditions de sortie du territoire tchécoslovaque ? Jozef, par exemple, devra faire ses adieux à sa mère sur les rives du Danube, chacun étant dans un pays différent. Ou encore de la vie de ceux qui restèrent dans le pays, à l'instar d'Anna, la femme de Sadi, qui doit quitter son logement, et qui surtout n'est plus saluée par ses anciens collègues.

"L'Etat confisquait les biens de ceux qui émigraient. Dans toute la Tchécoslovaquie, des maisons se vidaient. Les bruits des appartements déménagés à minuit réveillaient les voisins du dessus, pourtant personne n'appelait la police. Chacun savait qu'il ne s'agissait pas de voleurs, mais de proches qui essayaient d'emporter quelques affaires utiles pendant qu'il était encore temps."

Bratislava 68, été brûlant est un livre fort, un hommage à cette génération qui a émigré et s'est souvent sacrifiée pour que ses enfants vivent dans un pays libre. Et comme vous l'avez peut-être perçu en lisant les extraits, Viliam Klimáček sait user de l'humour et surtout de l'ironie pour décrire l'absurdité de certaines situations, non seulement sur ces événements, mais aussi pour tancer ses compatriotes qui, de nos jours, ferment hermétiquement leurs frontières à l'arrivée de réfugiés, mais furent bien heureux, dans ces années sombres, de pouvoir compter sur la capacité d'accueil d'autres pays, comme le Canada.

Il me reste donc à vous conseiller de l'acheter chez votre libraire.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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critiques presse (1)
Actualitte
17 juin 2019
Lecture étonnante, parfois décalée, toujours captivante. C’est cette littérature qui permet ce pas de côté pour pénétrer une époque, la ressentir, la sentir, l’entendre [...] Inoubliable.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Dans une République tchécoslovaque de laquelle aucune souris ne s'échappe sans la faveur de l'administration, un citoyen ne peut s'affranchir de sa frustration que de trois manières : "sexer", voler ou bien doubler. Généralement, il pratique le sexe à la maison, double sur l'asphalte et vole surtout au travail.
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Les tenailles entre les communistes et les non-communistes commencèrent à s'ouvrir. Il ne s'agissait pas de se comprendre un jour, ça non. La réconciliation entre victimes et criminels est impossible. Dans le cas de ce parti criminel qui a envoyé des dizaines de milliers de personnes en prison et en camps de travaux forcés, trimer dans les mines d'uranium, cette idée est inconcevable. Mais en août 1968, les adversaires du régime soutinrent les communistes parce qu'il semblait que ces derniers regrettaient sincèrement les crimes des années cinquante, et que le nouveau gouvernement souhaitait réellement une amélioration.
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Des flocons de neige commencent à tomber comme un rideau de petit conte de fées d’hiver qui raconte : il était une fois un pays, la Tchécoslovaquie, et dans ce pays, un vignoble, et dans ce vignoble, une petite mémère, et dans cette petite mémère, un coeur, et dans ce coeur, quelque chose qui savait attendre. Et dans ce pays recouvert d’une toile rouge, il y avait beaucoup de coeurs comme celui-là, et tous ces coeurs attendaient, attendaient… jusqu’à la mort.
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À cette époque, la Tchécoslovaquie est une énorme sucrière. On s’efforce d’édulcorer comme on peut la vie des habitants. Le gouvernement s’échine à faire oublier les conséquences de l’occupation, la privation de liberté et la peur. Moins les gens pensent à ce qui a été, et plus ils profitent de ce qui est.
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Il y avait chez les gens un racisme latent. Ils étaient extérieurement enjoués et amicaux, mais frappaient dès qu’ils en avaient l’occasion.

Les rixes avec les Vietnamiens étaient si fréquentes à cette époque qu’une voiture de la Sécurité nationale stationnait en permanence devant leur foyer.

Les jeunots de Stara Ruda se saoulaient de bière mélangée avec de l’alcool de genièvre et se ruaient dans des pugilats merveilleux.

Les joutes chevaleresques entre Slovaques et Vietnamiens étaient toujours fair-play. Dix bons gaillards contre un seul sale roseau.

L’Histoire n’aime pas retenir ce genre de détails. On a du mal à parler de son propre racisme, mais pour être juste, cela n’arrivait pas qu’à Stara Ruda : cela se produisait en tout lieu où de nouveaux migrants s’installaient.

Pas seulement du Vietnam, mais aussi de Cuba, d’Angola…
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