AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,18

sur 33 notes
5
1 avis
4
7 avis
3
10 avis
2
6 avis
1
0 avis
Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité...

Elle vit avec "la mère" et son petit frère, Alex. Très (trop) peu d'amour dans ce foyer misérable où la mère, sadique, alcoolique, instable se donne à coeur joie de battre ses enfants, de les humilier ou de les punir et le père absent. Elle essaie de tenir tête, d'affronter le monde mais pour cette gamine si menue, à peine jolie, cela devient parfois difficile. Alors, elle commet quelques bêtises, vole dans les magasins, se conduit mal et travaille peu à l'école, malmène son petit frère que l'on sent fragile. Quel avenir possible pour cette jeune fille en mal d'amour et de repères?

Angelika Klüssendorf nous plonge en RDA, dans ce foyer si froid et si malsain qui n'en est pas un et pour cause, les parents n'y jouent pas leur rôle. Livrée à elle-même, cette jeune fille n'a pas d'autres choix que de se battre avec ses propres armes, sans l'aide de personne. On la suit dans ses pérégrinations, de son appartement au foyer dans lequel elle sera placée. Peut-être le fait de ne pas la nommer et donc ne lui donner aucune identité, l'on a du mal à s'attacher à cette adolescente. L'on ressent, certes, une certaine empathie étant donné les conditions misérables et tragiques dans lesquelles elle vit mais pas suffisamment pour espérer ou croire qu'elle s'en sortira. L'auteur ne fait pas dans le sentimentalisme, loin de là, un parti pris intéressant mais qui met à mal le lecteur. L'écriture froide, presque clinique, n'aide pas non plus. L'ambiance est malsaine et pesante parfois.

La fille sans nom... une étrange rencontre...
Commenter  J’apprécie          460
On voudrait la protéger, lui prouver que la vie peut être belle, l'aimer mais elle est parfois méchante, violente, sournoise. Faut dire que la vie n'est pas tendre avec elle. Elle ne connaît que les insultes, injures et coups donnés par la mère. le père est aux abonnés absents. Elle rumine, seule, s'enfuit, revient, vole, ment, se défend comme elle peut, avec les seules armes qu'on lui a distribuées depuis l'enfance. Ses pensées tournoient sans cesse dans sa tête. Des pensées sombres. Elle n'est personne, elle n'aurait pas dû naître. Elle n'intéresse personne, même à l'école elle semble transparente.
Pourtant de l'amour, elle en éprouve pour ses frères mais les mots lui manquent pour exprimer tout ça, tout ce qu'on ne lui a jamais dit. Et les adultes qu'elle croise sont si décevants.

Rejetée par sa mère, quasi inconnue de son père, placée en foyer puis mise en apprentissage, quel sera l'avenir de cette fille qui aimerait disparaître dans la mer ou dans les nuages ? Elle qui aimerait voyager sans bagage mais qui traîne ses années d'enfance si lourdes.

Un beau roman, sans pathos, qui touche inéluctablement le lecteur. Une écriture et des phrases simples qui tiennent celui-ci rivé aux pages qui défilent. Que l'action se situe du temps de l'ex-RDA (République Démocratique Allemande) n'apporte rien de plus au roman, l'enfance maltraitée reste insupportable là ou ailleurs. Et ce n'est pas le procès des foyers qui est établi ici mais bien la construction d'une personne sans repère, livrée à elle-même.

Merci à Babélio, aux Presses de la cité et à l'auteure pour ce regard acéré et pointu sur une vie bâtie sur des fondations chancelantes.
Commenter  J’apprécie          350
« A en croire sa mère, elle serait la bâtarde la plus laide qui soit sur terre. » Voilà qui donne confiance en soi, à douze ans, et met sur de bons rails. La mère indigne de cette « fille sans nom » ne se contente pas de paroles assassines, elle frappe aussi ses enfants entre deux bitures, entre deux mecs, entre deux grossesses non désirées. Elle leur inflige des jeux idiots, les humilie, les fait trimer, les punit de sortie. La fille fuit, chaparde, finit toujours par revenir. Elle trouve une échappatoire dans la lecture des contes, se régale du Comte de Monte-Cristo. le petit frère de six ans subit, passif semble-t-il, et on n'ose imaginer les séquelles qu'il en gardera.

D'après la quatrième de couverture, on découvre avec ce roman « l'une des faces sombres de l'ex-RDA, où l'enfance n'avait pas sa place. » Je ne suis pas d'accord : de même que cette fille n'a pas de nom dans l'ouvrage, on imagine qu'elle pourrait vivre n'importe où, n'importe quand, avec une mère alcoolique et mauvaise - même pas en situation de grande pauvreté, juste instable psychologiquement et dangereuse pour son entourage. Sur la quatrième de couverture, toujours, on peut lire que ce roman est « d'une grande sobriété, sans pathos ni misérabilisme. » Je suis d'accord, cette fois, tellement d'accord que j'ai eu beau m'attacher à cette adolescente sensible et intelligente, je n'ai pas été émue en découvrant tous les drames qu'elle subit - indignée, révoltée mais pas véritablement émue.

Merci Edea ! ;-)
Commenter  J’apprécie          261
Commençons par le commencement : je n'ai pas adhéré à ce roman, plusieurs fois primés outre-Rhin, grande révélation littéraire selon la presse. Non et j'en suis navrée. Car le scénario de départ avait de quoi m'emballer : le récit d'une enfant brimée par une mère diabolique avec pour toile de fond l'Allemagne de l'EST des années 70 (ma passion pour l'histoire de la guerre froide m'a donc susurré "ce livre est fait pour toi"). C'est d'ailleurs cette jeune fille qui parle et raconte son histoire sans jamais nous révéler son prénom, argh premier hic, moi j'ai besoin de connaître le prénom de mes personnages, sans quoi difficile de m'y attacher c'est comme ça. Mais passons ce petit bémol. Cette jeune fille vit donc dans l'ombre maléfique d'une mère alcoolique et fille facile qui lui répète à longueur de journée qu'elle ne l'a jamais désirée. Sympa comme ambiance. du coup notre narratrice passe son temps à brimer son petit frère tout mignon, mue par une sorte d'atavisme qui fait que l'on reproduit le schéma parental. Elle ment, vole, est insupportable en cours, dans la vie, bref une vraie peste. Et là deuxième hic, on s'y attache encore moins à cette jeune fille. Mais le roman se voulant sans misérabilisme ni cliché, le parti pris est intéressant et cohérent. Donc OK pour l'enfant pas attachante qui tente tant bien que mal de s'en sortir au coeur de ce marasme social. Et puis elle grandit, va en foyer, se fait des amis, essaye de mener une vie de jeune fille insouciante comme les autres, pas facile ma foi.
Ce qui est dommage dans ce roman tient dans le fait que la forme m'a déplu bien plus que le fond (qui lui m'a plutôt séduite). Je n'ai pas adhéré au style froid, sans parti pris qui nous offre ce morceau de vie comme un bloc informe insipide à à digérer. Pour autant je n'aurais pas non plus aimé le style "effusions de larmes" mais j'aurais espéré un peu d'âme tout simplement : l'histoire aurait été tellement différente. le style simple, épuré, chirurgical fait qu'on lit rapidement ce roman. Mais il ne m'aura pas une fois touchée, bouleversée, émue. Quel dommage. Pour autant je tiens à remercier les presses de la Cité et Babelio pour m'avoir envoyé ce livre. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde.


Lien : http://livreetcompagnie.over..
Commenter  J’apprécie          250
Pour commencer, je tiens à remercier Babelio et les Presses de la Cité pour leur confiance dans ce partenariat Masse Critique.

La fille sans nom est un roman très particulier. Ce pourrait être l'un des innombrables récits d'enfance maltraités parfois à la limite du voyeurisme, mais il n'en est rien. Angelika Klüssendorf a bien construit un roman ; roman dans lequel l'intertextualité tient une place assez révélatrice quant à la construction du personnage car le roman qu'elle cite à plusieurs reprises est : le Comte de Monte Cristo. THE histoire de vengeance par excellence. Pourtant, à la manière dont elle l'utilise, le lecteur comprend vite qu'elle y cherche une façon de construire sa féminité et son rapport aux hommes.

La première moitié du récit ne m'a absolument pas emballée. D'une part, je trouve que le fait de ne jamais nommer cette pauvre fille - autrement que par les surnoms qui tournent sa maigreur en ridicule - ajoute une distance entre le lecteur, le narrateur et le récit qui nous empêche de réellement rentrer dans l'histoire ou s'attacher au personnage.
D'ailleurs, cette distance et cette froideur quasi-chirurgicales du narrateur omniscient créé un double malaise chez le lecteur. D'une part à cause de la misère sociale et émotionnelle qui sont décrites. D'autre part à cause du rythme très saccadé et incisif du récit qui rajoute à la violence décrite. Et tout cela fait que le lecteur sent constamment le drame venir au détour de chaque page.

La seconde partie du récit, où la fille sans nom est en foyer pour adolescents est bien mieux construite et l'écrivain y fait preuve d'un travail plus complexe : sur l'interaction des personnages, la psychologies des adolescents ou encore leur évolution à travers les péripéties.

En revanche, l'intérêt des dernières pages restent pour moi un mystère.

Autre point que je trouve dommage, c'est que l'auteur tenait aussi un motif intéressant en faisant se dérouler son roman dans la RDA pré- chute du mur de Berlin. Or, elle ne fait que l'évoquer de temps en temps sans vraiment l'exploiter alors qu'en creusant un peu cet aspect le roman aurait gagné sur beaucoup de points.
Commenter  J’apprécie          180
« Près d'un demi-million d'enfants et d'adolescents ont été placés en foyer par le régime communiste est-allemand. ...Au total, quelque 550 foyers ont accueilli 495 000 mineurs en RDA entre 1949 et 1990; 135 000 ont fréquenté un camp de redressement. » Nathalie Versieux, journal le Temps.28.03.2012.
Les régimes dictatoriaux ont leur réalité. Celle qu'ils créent, de toute pièce. Celle qu'ils boulonnent, cadenassent, celle qu'ils « tracteur », « usine », «  productivisme », celle qu'ils «  petit père », « grande patrie », « résultat », « croissance » celle qu'ils « uniforme » et défilent.
Celle qu'ils « propagande », décorent ,celle qu'ils empiffrent d'absurdité panifiée pour pouvoir totalement affamer la vérité.
Il n'y a pas eu de bonheur pour tous en RDA. L'exigence d'excellence, à savoir la rentabilité au profit du système , n'a pas fonctionné. Et ne fonctionnera jamais. Parce que ce système d'élitisme forcené au nom de l'assouvissement d'un bien qui se voudrait commun, et qui ne revient jamais à la communauté, est amplificateur et générateur d'exclusion. Que fait le système pour ceux qui ne sont en mesure de marcher à la cadence imposée? Que deviennent les gosses qui sont les premières victimes de cette réalité? On tente de les recalibrer, de les programmer, de les insérer dans la grande chaîne mécanisée où aucun maillon ne devra dépasser. L'histoire se passe en RDA. Mais elle se déroule ailleurs même chez nous.
L'échelle est différente me direz vous. En sommes nous bien certains? Qui s'intéresse à l'enfance en souffrance ? Les services sociaux me direz vous. « Ils font leur boulot, après tout ils sont là pour ça. ». Les gosses qui « ont des problèmes » sont des questions que les sociétés ne veulent pas se poser. Violence, maltraitance, négligence, abandon, illettrisme. La liste malheureusement n'est pas exhaustive. Les chiffres sont exponentiels. Les enfants sont « en échec», mais la question devrait être : pourquoi le système est il en échec ? Et même lorsque le vaisseau tangue, même lorsque l'iceberg devient gigantesque, on ne change pas de cap. On tire à la courte paille...
Quel est ce poids qui tord les hommes jusqu'à les briser . Quel est cet esprit qui voudrait les redresser alors qu'il est lui même le moule qui les fait se courber?
La fille n'a pas de nom dans le livre d'Angelika Klüssendorf. Ce nom est universel, il contient toute notre l'humanité. On ne l'écrit pas, on ne le nomme pas. Mais ce nom nous regarde tous et nous interroge.
Traduit de l'allemand par François et Régine Mathieu.
« La fille sans nom » a reçu le Hermann Hesse literaturpreis.

"Un véritable système éducatif n'impose rien à celui qui instruit, mais lui permet d'avoir accès à ce dont il a besoin.".... Ivan Illich,écrivain allemand penseur de l'écologie politique. "

Opération masse critique « Babelio – Editions Presse de la cité. Janvier 2015

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          110
« La fille sans nom » c'est la jeune fille qui nous parle dans ce roman, mais par extension c'est aussi toutes les jeunes filles et surement aussi plus généralement, tous les jeunes garçons qui ont été abandonnés par les adultes, laissés à leur triste sort dans l'Allemagne d'après la seconde guerre mondiale et d'avant la chute du mur. Que dire de cette ambiance pleine de désamour presque vide de sens qui règne tout au long de ce roman, si ce n'est que rien ne peut l'expliquer.
On découvre avec beaucoup d'aigreur, la maltraitance familiale, l'insoutenable manque d'amour d'une mère envers sa fille, le manque de lien fraternel durable et stable, le désintérêt des services sociaux et encore tant de choses dont « la fille sans nom » a pu manquer tout au long de son enfance et de son adolescence. Comment l'amour et plus largement le sentiment d'être protégé, de ne pas être seule, peut faire partie de votre vie si vous n'en faites pas l'expérience, que vous êtes ignorant de l'existence même de cette notion? Comment se construire lorsque rien ne compte, que personne ne compte? Quid de l'apprentissage des codes de la vie dans un contexte où seuls les méfaits sont remarqués, les réussites et les efforts étant tout simplement considérés comme négligeables. Car il faut bien l'admettre, même si cela est déplaisant, l'enfant de ce livre n'a pas la parole, il n'est qu'un petit adulte qu'il faut dresser, faire rentrer dans le rang, sans que soient prises en compte les notions qui construction personnelle. Ce n'est pourtant pas cette jeune fille qui est inadaptée, mais bien son environnement.
Je dois dire que l'histoire est d'autant plus passionnante et dramatique qu'elle est servie par l'écriture de l'auteure, qui propose un roman sans misérabilisme, ce livre est tout simplement touchant et bouleversant de par la justesse de ton.
Je remercie vivement les éditions « Les presses de la cité » et Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce livre.
Commenter  J’apprécie          60
L'histoire émouvante de la fille sans nom se déroule en RDA, à l'époque sombre d'une Allemagne non réunifiée. Son frère, Alex, la mère, sans nom, le père, sans nom, puis son autre petit frère, Elvis, sont les personnages principaux de ce roman sur l'enfance douloureuse d'une fillette de 12 ans.
Comment survivre quand on a une mère inadaptée, qui ne pense qu'à elle et tolère à peine des enfants dont manifestement elle n'a pas voulu. Car la mère n'a rien d'une adulte, elle fume, passe des soirées à boire des bières avec les différents amants qu'elle ramène chez elle, bat et puni ses enfants à longueur de temps, coups de ceinture, humiliations, enfermés dans la cave dans le noir, tout y passe. On se croirait dans un roman de Dickens ou de Zola alors qu'on est dans les années soixante en Europe !
La fille sans nom tente de survivre dans un environnement ingrat et éprouvant. Il apparait comme évident que personne ne prend en compte les souffrances des enfants dans cette société meurtrie et sans pitié. Mais comment se situer dans cette époque où la société ne cherche ni à comprendre ni à aider, comme si la vie était déjà assez difficile sans qu'en plus on s'occupe des enfants. Même lorsqu'elle fugue à plusieurs reprises et se fait arrêter, puis envoyer en foyer. Pas de psychologue pour comprendre, pas d'assistante sociale pour essayer d'emmener les parents à être de vrais parents, non, là, tout accuse cette enfant désobéissante.
Elle chaparde de l'argent aux parents, ou de quoi manger ou faire des cadeaux dans les magasins, se fera prendre et punir sévèrement à plusieurs reprises, mais qu'importe, elle recommence. Comme si tous ces actes étaient des appels au secours, pour vivre normalement, pour être considérée par les autres, à l'école, dans le quartier, et surtout par la mère, mais rien n'y fait. La fille sans nom est une fillette ambivalente, attachante et révoltante. Elle fugue pour s'éloigner de ce foyer qui n'en est pas un, mais sa mère va lui manquer, malgré tout le mal qu'elle peut lui faire. Comme si une famille aimante, un foyer normal, devenait quelque chose d'invivable, d'incompréhensible, trop éloigné de son quotidien. Ce terrible attrait ou cette réplication des enfants maltraités qui reproduisent par exemple les schémas de leur enfance sur leurs propres enfants.
C'est un roman intéressant, prenant, difficile, j'ai eu envie de la secouer cette fille-là, pour qu'elle échappe au pouvoir d'attraction de cette mère destructrice, et en même temps je suis admirative devant sa pugnacité, son envie de vivre, de plaire, d'être comme les autres, ou même parfois de s'affirmer différente de ceux qu'elle juge fades, sa capacité à donner de l'amour, elle qui n'en reçoit pas, son désir d'exister en somme. Une force de vie comme en démontrent ces fleurs qui poussent au milieu du désert et qui vous laissent muet d'admiration.

Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          60
Merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour ce partenariat.
Ce n'est pas tant que j'ai beaucoup de mal à rédiger cet avis (en retard, selon mes habitudes), c'est que j'ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Pourquoi la « fille sans nom » n'est-elle jamais nommée, autrement que par des surnoms péjoratifs et dévastateurs – autrement dit, des insultes ? Parce qu'elle est le symbole de toutes les enfants maltraités ? Parce que personne, pas même elle, n'est capable de lui accorder une identité ? Parce que ne peut vivre que ce qui a été nommé ? Autant de pistes à explorer, mais surtout une mise à distance qui augmente le sentiment de malaise.
Cette petite n'a ni repos, ni répit, à aucun moment. Et si j'emploie le mot « petite », c'est parce que j'ai pensé à un autre roman, où l'héroïne non plus n'est pas nommé : Muette d'Eric Pessan, dans lequel l'auteur donne la parole à cette adolescente mal-aimée, maltraitée moralement par ses parents. La fille sans nom n'a pas la parole, elle n'a pas les mots pour le dire, d'ailleurs il n'y a aucun dialogue dans ce livre, c'est à dire aucun véritable échange. Juste des insultes, des ordres, à exécuter sans délai, quels qu'ils soient.
Serait-ce une tragédie ? Après tout, le lecteur sait très bien, en tournant les pages qu'il n'y aura pas de fin heureuse, qu'il n'y aura même pas d'amélioration, mais une succession d'humiliation. La fille sans nom rend les coups, aussi. Les paroles, les actes, blessent, et la naissance d'Elvis, le petit frère désiré (par la mère) au prénom si déroutant en RDA (les communistes n'avaient-ils pas accusé Elvis et le rock d'avoir perverti la jeunesse occidentale) n'est même pas un moment de bonheur, juste un contraste entre lui et sa soeur aînée, qui va le chercher régulièrement à la crèche : en RDA, les femmes n'avaient aucun problème pour faire garder leurs enfants, et les aînés sont là pour s'occuper des plus jeunes. Non, cette dernière phrase n'est pas exclusivement est-allemande, ni datée « années 80″. C'est un discours que j'entends encore, y compris venant de futures mamans, qui comptent bien sur leurs aînées pour leur suppléer.
Mais que se passait-il, en RDA, pour ses enfants dont les parents étaient inaptes à s'occuper ? La même chose que pour les enfants dit « difficiles » : ils ont placés dans des foyers. La « fille sans nom » partagera le sort de près d'un demi-million de jeunes allemands de l'Est dans ses années-là : la violence quotidienne, l'orientation précoce, l'accent mis sur les travaux manuels. Angelika Klüssendorf s'est très bien documentée pour écrire ce premier roman, cependant elle a mis tellement de distance dans son écriture, froide, détachée que je n'ai que trop rarement ressenti de l'empathie pour son personnage principal. Peut-être était-ce le but recherché. Peut-être pas. Je garde cependant l'impression d'avoir raté ma rencontre avec cette héroïne.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          50
La fille sans nom est un roman qui remue et dérange, sans conteste. Il nous relate la jeunesse d'une jeune fille maltraitée : elle a douze ans et est livrée à la merci d'une mère alcoolique, peu (ou pas du tout) équilibrée. Parfois abandonnée à elle-même, dans la maison ou à la rue, parfois enfermée à la cave, parfois battue... Les humiliations sont multiples. La jeune fille, dont nous ne connaîtrons jamais le prénom, cherche à garder la tête hors de l'eau mais sans soutien, sans affection, c'est chose impossible : elle ne travaille pas à l'école, vole, commet des bêtises, entraînant son petit frère à la suite.

Dans la RDA des années septante, Angelika Klüssendorf nous trace un portrait édifiant : un foyer dont n'existe que le nom, une mère indigne, un père absent, un entourage aveugle. Voilà un passif bien lourd à gérer !

L'auteur ne juge pas, reste en retrait, décrit sans prendre position. le roman en semble d'autant plus dur, il revêt un aspect très aseptisé. Pourtant, si les faits choquent indubitablement, je ne suis pas parvenue à rentrer véritablement dans ce récit, ni à m'attacher au destin de cette adolescente. Peut-être en raison de l'absence de prénom, l'héroïne est restée un personnage lointain, souvent froid. de même, la froideur que l'auteur m'a semblé mettre dans son récit m'a rebutée; n'hésitez pas à vous faire un avis personnel, d'autres lecteurs ont beaucoup apprécié cette découverte.
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
Commenter  J’apprécie          30



Autres livres de Angelika Klüssendorf (2) Voir plus

Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}