D'après
Aurore Koechlin, il existe quatre vagues du féminisme. Elle explique que chacun de ces mouvements a cherché à rompre avec le précédent, à faire table rase pour mieux pouvoir repartir. Effectivement, quand on regarde, les différentes vagues dégagées par l'autrice ne représentent pas les mêmes luttes.
La première vague se situe à la fin du XIXe/début du XXe et correspond aux luttes des femmes pour obtenir plus de droits politiques, notamment celui de voter. le mouvement était fortement lié aux luttes ouvrières, puisqu'il s'agissait de gagner en liberté et reconnaissance politique.
La seconde se déroule dans les années 1960/1970. Elle rompt avec la dimension ouvrière en revendiquant principalement le droit des femmes à disposer de leur corps (avortement, contraception, sexualité). Elle est aussi caractérisée par une institutionnalisation du féminisme, c'est-à-dire que certains mouvements s'allient à l'Etat pour promouvoir des lois censées défendre les droits des femmes.
La troisième vague constitue un remaniement du féminisme, pensé cette fois sous le prisme de l'intersectionnalité dans les années 1990. C'est l'émergence du black feminism et des théories du genre. Trois grands débats divisent les féministes (et c'est encore aujourd'hui d'actualité !) :
– Les lois islamophobes avec notamment la loi de 2004 sur le port du voile.
– L'inclusion des minorités de genre dans la sphère publique.
– La prostitution.
La quatrième vague a lieu en ce moment même, portée principalement par le mouvement #metoo et les luttes contre les féminicides. Ces thématiques sont au coeur des luttes féministes actuelles : les violences faites aux femmes, l'avortement remis en question, l'éducation sexuelle et aux questions de genre, l'éco-féminisme.
Aurore Koechlin considère cette 4ème vague comme la synthèse des deux précédentes, reprenant les éléments clés précédemment discutés de manière plus poussée. Elle souligne également le clivage grandissant entre deux courants du féminisme : le féminisme institutionnel et le féminisme radical.
Dans un long chapitre, l'autrice fait le lien entre capitalisme et patriarcat comme éléments d'oppression et d'exploitation des femmes, à travers le travail domestique non rémunéré et l'assignation à la reproduction sociale.
Pour elle, le mouvement féministe doit s'organiser pour avoir plus de poids politique, notamment en se liant de nouveau avec la lutte sociale et ouvrière. Sinon, il perdra son souffle comme les vagues précédentes. Il est impératif, selon elle, que les différents courants féministes s'unissent pour trouver une stratégie commune d'action.
Le tout est très intéressant et soulève des pistes de réflexion. En effet, quand on pense féminisme, il existe une pluralité de mouvements. C'est difficile de s'y retrouver, et parfois on passe pour une mauvaise féministe. C'est ce qu'explique
Aurore Koechlin dans une courte partie de son livre, qui m'a beaucoup marquée.
Elle conclut son essai en expliquant que pour changer la société dans laquelle on vit, il ne faudra pas moins qu'une révolution. Et si on veut renverser le capitalisme et le patriarcat, cette révolution sera féministe ou ne sera pas.
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