AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021028386
224 pages
Seuil (18/10/2012)
3.58/5   12 notes
Résumé :
Buenos Aires, juin 1978. Un conscrit lit le message téléphonique qu?il doit transmettre de toute urgence au capitaine Messiano, le médecin militaire dont il est le chauffeur, parti assister à un des matchs de la coupe du monde de football. Il s?agit d?une question terrible, brutale, posée par un autre médecin militaire, et dont dépend la vie d'une prisonnière et de son bébé. Après avoir corrigé une faute d?orthographe et soucieux de bien accomplir son devoir, le con... >Voir plus
Que lire après Le ConscritVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un autre livre sur la dictature en Argentine.Nous sommes à Buones Aires ,juin 1978.En pleine coupe du Monde de Football,un conscrit,le narrateur doit transmettre un message urgent au médecin militaire Messiano,dont il est le chauffeur.Il s'agit d'une question brutale d'un autre médecin militaire et dont dépend la vie d'une prisonnière et de son bébé.
Un roman très dur et cruel,non conseillé aux âmes sensibles,maïs intéressant.Intéressant surtout par le style,courts chapitres divisés en paragraphes numérotés,tout est mathématisé,comme pour annihiler la dimention humaine et aussi par la narration de cet homme ordinaire,sourd et aveugle à la violence qui l'entoure.
Commenter  J’apprécie          121
A partir de quel age un enfant un enfant peut-il être torturé ?

Trouver le médecin militaire qui aura l'autorité pour répondre à cette question. Un conscrit. La banalité d'un être qui ne réfléchit ni sur cette question, ni sur l'Argentine sous la dictature, ni à l'appel de la femme torturée. Cet homme ajoute le « ^ » pour une orthographe correcte. L'ordre dans les mots.

Martin Kohan, une nouvelle fois construit, simplement, sans fioritures mais avec de multiples détails, la froide activité d'êtres humains, leur soumission à l'obéissance, la banalité des « ordures » qui adorent le football, baisent des prostituées, vont à la messe. L'ordre avant tout. L'ordre de la routine, « La vie de routine exige tout d'abord un certain effort, mais, en définitive, une fois l'habitude prise, elle se révèle avantageuse ». Les mots de l'ordre.

L'ordre. Celui des conseils de cet autre médecin sur les viols d'une femme qui vient d'accoucher « le Dr Padilla a recommandé aux intéressés, avant tout pour leur éviter de passer un mauvais quart d'heure, d'éviter d'user de la détenue pendant une trentaine de jours après l'accouchement » ou « le Dr Padilla a expliqué que le commerce rectal avec la détenue ne devait pas entraîner de conséquences fâcheuses, dès lors que l'on évitait les mouvements trop brusques ». Les mots et les objets humains.

De petits paragraphes. Des faits, simples, ordinaires. La composition de l'équipe d'Argentine de football, puis avec les prénoms, puis avec leurs positions, puis le club d'origine des joueurs, puis leur date de naissance, leur taille, leur poids. Des informations essentielles, froidement énoncées comme à la radio le matin, entre deux faits divers. Des choses, des faits, pas de questions. Des visages sombres, celle de la défaite de l'équipe. Triste défaite mais l'ordre règne.

L'auteur introduit, en contrepoint, un espace autre, un homme écoutant de la musique au lieu de la retransmission, un homme invisible, un homme sans poids, un non événement, même pas un moment de désordre.

Je souligne les justes paragraphes sur cette relation du conscrit avec une prostituée, son exigence de ne pas faire semblant, puis de feindre le dégoût et l'horreur… L'ordre des prostitueurs.

Et encore des choses à faire. de l'ordinaire pas si commun.

« Je vous conduis chez vous, docteur ? Ai-je demandé de nouveau.
- Non, m'a-t-il répondu. Pas encore. »

Encore des choses importantes. Encore des choses à mettre en ordre…

Des années plus tard. de nouveau le football. le passé au présent. Pas vraiment le passé. Toujours un certain ordre…

Un livre fort.
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre m'a laissé sans voix et m'a un peu déconcerté !

C'est bien écrit, c'est facile à lire (les 20 chapitres sont divisés en paragraphes numérotés) tout est clair et ordonné, c'est presque banal.

Sauf que la banalité ici a pour objet une dictature où les médecins au lieu de soigner pour guérir, « soignent » pour que les prisonniers résistent le plus longtemps possible à la torture et se posent la question : « à partir de quel âge un enfant peut il être torturé ? »

Et au milieu de tout cela un conscrit qui ne semble avoir aucune notion de bien et de mal, vit sa vie comme si la dictature et toutes ces horreurs n'existaient pas ou ne semblaient pas le déranger. Comment peut ont vivre dans une dictature dans l'indifférence la plus totale ?

C'est la question que pose ce roman, qui nous fait aussi nous questionner sur la nature humaine. C'est un livre sur l'indifférence qui ne laisse pas indifférent

C'est malgré tout un très bon livre qu'il faut lire et que je recommande

Commenter  J’apprécie          60
Est-ce une forme de pudeur qui pousse si souvent les auteurs sud-américains, lorsqu'ils évoquent les périodes sombres de leur histoire, à le faire de manière détournée ? Est-ce, sinon, un réflexe de prudence, justement hérité de ces périodes, pendant lesquelles il était recommandé de ne pas trop en dire ?
Du réalisme magique d'un Marquez ou d'une Allende aux allusions furtives d'un Bolaño, en passant par les métaphores d'un Bañez, leur inventivité semble sans limites quant aux subterfuges qui leur permettent de suggérer sans jamais la nommer l'implacable réalité.

La méthode de l'argentin Martin Kohan, dans "Le conscrit", est encore différente.
Le récit s'ouvre sur une problématique on ne peut plus explicite : "A partir de quel âge peut-on torturer un enfant ?". Telle est la teneur du message que le docteur Padilla a laissé à son confrère le médecin militaire Mesiano, dont il attend impatiemment une réponse. Seulement, ce dernier n'est pas vraiment pressé de satisfaire la demande de son collègue qu'il tient en piètre estime. Alors, il prend son temps, et avant de rendre visite à Padilla, se rend chez sa soeur, assiste à un match de foot, emmène son chauffeur dans une maison close.

Ce chauffeur, c'est le conscrit, et c'est aussi le narrateur. Un jeune homme qui n'est pas du genre à se poser des questions. D'ailleurs, son père lui a bien expliqué qu'à l'armée, moins on en pose et mieux c'est... Les règles sont simples : "tu salues tout ce qui bouge, et tu ignores tout ce qui se tient tranquille". le conscrit est de toutes façons heureux de son sort, il a une bonne place, et la confiance du capitaine Mesiano.

L'enfant en attente de torture est relégué à l'arrière-plan, occulté par la voix du narrateur qui, au fil de brefs paragraphes, déroule son quotidien banal, tranquille. Son indifférence à ce qui se passe dans son pays, sous ses yeux, finissant par devenir assourdissante...
La relation des exactions commises dans les geôles du pouvoir de cette Argentine de 1978, entrecoupe son récit par intermittences, comme on lève, l'espace de quelques secondes, un coin de voile, ou comme on entrouvre une porte que l'on referme presque aussitôt, laissant entrapercevoir une violence dont l'ampleur est par ailleurs laissée à l'appréciation de l'intuition du lecteur.

Cette violence que l'on cache, révélant des victimes que l'on n'entend pas, exprimée par l'auteur avec un cynisme sous-jacent mais omniprésent, met extrêmement mal à l'aise.
Alors, pudeur ou prudence... après tout, peu importe. La dénonciation de la barbarie peut prendre des formes multiples, et ce sont pas les plus tonitruantes qui ont nécessairement plus de force.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          30
Encore une très belle lecture conseillée par Bookycooky!

Livre étonnant par sa structure et son sujet traité. Peut être encore plus que l'indifférence, je pense que le sujet principal ici est la soumission à l'ordre établi (avec la caricature de la hiérarchie militaire) avec la perte de toute réflexion individuelle quant à l'ordre général. Ici, on ne pense que pour des choses aussi dérisoires que la coupe du monde de football!

Ce livre pourrait être inscrit dans les livres scolaires à lire de fin de cycle.
Commenter  J’apprécie          41


critiques presse (1)
Actualitte
13 mai 2013
Ce livre, d'une désarmante douceur, fait régulièrement passer des frissons dans les dos quand il met en scène, par touches tellement insignifiantes, des situations, des actes d'une horreur totale.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La vie de routine exige tout d’abord un certain effort, mais, en définitive, une fois l’habitude prise, elle se révèle avantageuse
Commenter  J’apprécie          20
Le Dr Padilla a recommandé aux intéressés, avant tout pour leur éviter de passer un mauvais quart d’heure, d’éviter d’user de la détenue pendant une trentaine de jours après l’accouchement
Commenter  J’apprécie          10
Le Dr Padilla a expliqué que le commerce rectal avec la détenue ne devait pas entraîner de conséquences fâcheuses, dès lors que l’on évitait les mouvements trop brusques
Commenter  J’apprécie          10

Video de Martin Kohan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martin Kohan
Bande annonce en v.o. de la "Mirada invisible" de Diego Lerman, adaptation du roman "Sciences morales" de Martin Kohan
autres livres classés : enfants volésVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (27) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..