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3,56

sur 219 notes
Voilà une découverte tardive. Je n'avais rien lu de Kourkov avant de suivre cette série de personnages plus ou moins perdus dans un monde ukrainien qui, je le crains (même s'il n'est guère facile), n'existe plus.
J'ai toujours beaucoup de mal avec la littérature de l'absurde mais j'ai suivi l'intrigue (un peu longue…) avec intérêt, surtout le sort des bébés abandonnés. Et par ailleurs les chats dingues (hommage à André Franquin) m'ont bien plu.
Il me semble qu'une intrigue un peu plus resserrée aurait été plus agréable.
Ceci étant, lisant cet ouvrage en 2024, je me demande ce qu'il reste des monuments, rues, villages, décrits, avec cette terrible guerre, ce qui m'a sans doute un peu trop éloignée de l'humour pourtant très présent dans ce roman.
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L'humour et l'humanité (et une sorte de chat-garou !) d'Andreï kourkov, auteur ukrainien, dans ce roman de 2009, qui me semble fort optimiste presque 15 ans plus tard....
Dans la lignée du Pingouin, et pas encore aussi désespéré que les Abeilles grises.
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Semion, somnambule, travaille comme garde du corps pour le député Gennadi Ilitch alors que Yegor travaille à la sureté du Parlement. IIrina, mère-fille, se rend chaque jour à Kiev, à côté du Parlement pour donner son trop plein de lait maternelle. Veronika, la femme de Semion, se lie d'amitié avec Daria Ivanovna Zavarzina, la femme du pharmacien qui vient d'être assassiné. Enfin, Dima, travaille aux douanes de l'aéroport où il découvre une mallette contenant des ampoules d'un produit spécial.

Ce roman comprend une multitude de personnages et dès le départ ce n'était pas évident de retenir les liens. L'écriture est agréable mais, malheureusement, je n'ai pas adhéré à cette multitude d'histoires parallèles puis qui s'entremêlent. Je n'ai pas trouvé un intérêt à suivre ces tranches de vie qui flirtent entre culture ancienne et modernisme. Dommage !
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J'en voulais encore, de l'univers de Kourkov. Je l'ai vu à la Grande Librairie, et fus émue par son sourire un peu triste, un vrai Micha le pingouin cet homme. Modeste, l'oeil pétillant, l'humour mélancolique de ses livres, expliquant que depuis le 24 février 2022, ça lui était impossible de se concentrer sur une fiction, alors que la vraie vie se faisait saccager à sa porte, sous ses yeux, sur ses proches. Alors il tenait son journal de bord, la guerre, jour après jour, le cauchemar insensé.
Laitier de Nuit donc, c'était avant.
Trois histoires qui s'entremêlent. Un rien de fantastique, je ne suis pas fan, mais en cocktail comme ça, ça fonctionne. Kiev et sa banlieue. Toujours ces nouveaux riches cocasses et tapés, avec leurs humeurs, et leur pognon qui achète tout… d'ailleurs pourquoi pas, si ça peut faire le bonheur d'un orphelinat ! Et des bonnes gens normaux, qui s'en débrouillent, ne pensent pas vraiment à l'avenir, vivotant au jour le jour. Pas des malheureux non, pas des morts de faim, des gens comme vouzémoi, hésitants ou taquins. Des fifilles ou des dames qui ne s'en laissent pas compter, mais si, quand même, un peu. Des gars un rien éparpillés, relativement plein de bonne volonté mais encore engoncés dans la flemmardise soviétique qui ne produisait pas des foudres de guerre. Pas passifs pour autant, mais fatalistes, ça oui.
Le fait de sautiller entre ces trois histoires m'a gênée un peu. Mais on a tellement hâte de savoir ce que ça va donner, qu'on engouffre le livre quand même. Pas de pingouin dans celui-là, mais un sacré chat, un félin deus ex-machina, comme si les bêtes comprenaient mieux ce monde bizarre, que les petits humains d'Andreï.
Je commence à voir ses marottes, et les bizarreries de son style. Dans les trois livres que j'ai lus, le personnage erre, va chez lui, revient, va ailleurs, se demande, puis repart. Il y a de l'aller-retour, un peu inutile ? Ou est-ce justement, pour nous faire sentir que dans son univers, on ne sait vraiment pas où on va ? Ça erre beaucoup, en tous cas.
Les villes sont vides. Comme si tout se passait au petit matin ou la nuit. Des grands espaces (j'ai découvert Kiev dans la série de Zélensky "Serviteur du peuple" - du temps d'avant… et c'est ce que j'en ai retenu, des vastes esplanades, des jardins du bord du Dniepr, des larges places). Quelques ombres qui passent au loin, puis une silhouette surgit, lâche quelques mots, un regard, avant de disparaître dans la brume. Les seuls êtres dangereux sont les oligarques plus ou moins politiques, pas parce qu'ils sont violents, mais parce qu'ils ont perdu tout sens de la réalité avec leur argent et leur pouvoir, et peuvent être soupe-au-lait. Les autres, depuis les gardes du corps jusqu'aux bistrotiers ou aides à domicile, sont normaux, souvent sympas. Des amitiés se créent au hasard des rencontres. Souvent riches.
Le froid est comme un personnage récurrent. L'hiver arrive pour tout nettoyer. Il y a cette habitude de tenir bon pendant la rude saison, et les gens s'y entendent à se blottir dans des vêtements chauds, en respirant l'air pur à pleins poumons, sans se laisser déborder. le froid vivifie la peau, rafraichit le visage, et pose ses étoffes de neige sur la ville vide, laissant le grand silence s'installer. Et le printemps se laisse désirer, avec un souffle presque tiède par ci, un bourgeon de fleur par là. On est content d'avoir tenu bon, encore cette année. Ça rend presque les autres saisons inintéressantes.
Les maisons sont accueillantes. Même modestes, elles tiennent bien la chaleur. On enlève ses chaussures en entrant, par réflexe, même les invités.
On se fait un thé. On se boit une vodka - pour les hommes, ces dames préfèrent le cognac. Une question ? Allez hop, une vodka. Une maison bien chaude en rentrant du boulot ? Allez hop, un thé. Y tak dalié.
Les enfants sont des petits univers à eux tout seuls - presque indépendamment des parents. Un bébé perdu trouve une famille, un sein à téter. Les orphelins trouvent un parrain marrant. Une grossesse se passe sans le père qui s'est barré, c'est pas grave. Un autre père arrive, qui fera beaucoup mieux l'affaire. Les enfants s'y font, c'est la vie, pas de problèmes.
Les animaux, c'est presque pareil. Des êtres qui font leur vie, avec leurs collègues humains. Des chiens un peu, des chats beaucoup, un pingouin en d'autres livres. Tout ce petit monde est assez autonome, les interactions entre eux, du coup, c'est cadeau.
Et Kourkov aime bien se pencher sur la vie des morts, aussi. Un petit enterrement, des cimetières, l'or d'une dent qui tombe après incinération, les banquets après la cérémonie, une momification plastique, un mari qu'on revisite avant de finalement le coller dans son caveau, des veuves qui font copines, des chats qui reviennent…
J'aime bien cet univers, ça me va. J'aime bien cet homme. Et ses personnages.
Il en reste encore plein à lire, des Kourkov.
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Veronika a demandé à son voisin Igor de suivre son mari Semion, dont la vie nocturne semble très agitée, bien que ce dernier n'en ait aucune conscience…étant somnambule. Mais une nuit alors que le pharmacien est assassiné, il rentre avec des taches suspectes sur ses vêtements.
Dima est vigile à l'aéroport. Avec son chien il traque les bagages suspects. Jusqu'au jour où il tombe sur une mallette contenant des ampoules d'une étrange substance. L'effet sur son chat Mourik ayant été fatal à l'animal, il lui faut le remplacer sous peine de drame conjugal. Ce qu'il parvient à faire sans difficulté mais Mourik décide de ressusciter…
Irina se lève tôt tous les matins pour aller vendre son lait maternel à Kiev. Sa mère garde son bébé Iassia, qu'elle élève seule, comme beaucoup d'autres jeunes filles pauvres. Mais ce lait semble être l'objet de sombres trafics et bientôt Yegor, agent de sécurité, vient se porter à son secours…

Ces trois histoires apparemment sans liens entre elles vont se croiser, et peu à peu tisser la trame d'un récit unique.
Veronika devient amie avec Daria, la veuve du pharmacien qui décide de faire embaumer son mari et de l'installer dans son salon. Semion décharge chaque nuit des bidons de lait dans un orphelinat pour un député, Guennadi Illitch qui lui propose de devenir son assistant. Il découvre qu'il est membre d'une église sectaire, l'Ambassade de la Lune, véritable société secrète. Irina accepte d'arrêter ce travail et Yegor lui confie un autre nourrisson…qui était promis à Semion et Veronika. Mais comme les chats, les bébés se monnaient, et un autre est trouvé.
Derrière cet univers loufoque, Andreï Kourkov dénonce une société profondément corrompue, adoucie par la générosité des femmes et de quelques hommes. Heureusement que liqueur d'ortie, vodka et cognac coulent à flots pour adoucir la rigueur de l'hiver et du régime politique. Encore une fois conquise par l'univers kourkovien !
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"Laitier de nuit" est une satire de la société ukrainienne où règnent la corruption et le désordre. C'est humoristique et déjanté.

L'auteur nous présente plusieurs couples, de classes sociales différentes qui vont finir par se croiser.
Irina, une jeune mère célibataire, vend son lait pour pouvoir manger à sa faim.
Dima est maitre-chien à l'aéroport ; son chien flaire une valise étrangement remplie d'ampoules suspectes qui seront testées sur son chat. Valia sa femme, cherche désespérément son chat.
Le pharmacien-chercheur du quartier a été assassiné.
Semion, agent de sécurité, fait de bizarres sorties nocturnes. Veronika s'inquiète et se confie à la pharmacienne devenue veuve.

Tragi-comiques, les courts chapitres racontent des tranches de vie surréalistes, des petits trafics, un peu d'alcoolisme et de politique, mais souvent une profonde humanité. Un roman à rebondissement très agréable à lire (sauf quelques longueurs vers le milieu).
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Ma deuxième lecture d'un roman de Kourkov, ce magnifique écrivain ukrainien resté au pays malgré cette guerre insensée et terrible que fait, à l'Ukraine, la Russie de Poutine.
Et ceci après avoir apprécié le burlesque, l'humour et le cynisme de L'ami du défunt, et en attendant de lire Les abeilles grises et le pingouin.

Laitier de nuit, ce n'est pas la vie nocturne d'une coopérative laitière ordinaire, ici, le lait qui est collecté est d'origine humaine, et sert, comme pour tout lactarium, à aider les femmes en difficulté d'allaitement de leur progéniture, mais aussi à d'autres usages moins orthodoxes (et sans rapport avec la religion, quoique…)

J'ai beaucoup aimé ce récit choral, dans lequel se superposent les trois histoires de 3 couples vivant à Kiev ou dans les environs, et autour desquels tournent plusieurs personnages hauts en couleur, histoires qui ont plusieurs accroches communes, mais pourtant les protagonistes de ces histoires ne se rencontrent jamais, sauf, à la fin du roman, certains d'entre eux.
Au début, c'est parfois difficile de s'y retrouver, et d'ailleurs aussi ça doit aussi le cas pour l'auteur, puisque j'ai débusqué une erreur de prénom, à vous de trouver la page. Et d'ailleurs, il écrit avec malice :
« Ainsi la présente histoire avait-elle commencé un nuit d'hiver pour se poursuivre jusqu'à ce jour. Mais nous n'en connaissons pour le moment que le début. le temps que vous la lisiez jusqu'à la fin, son dénouement n'en sera plus que le milieu. Il est impossible de suivre les histoires, une vie n'y suffirait pas. Mais au moins sait-on une chose: par quoi tout a commencé. »
Mais, en réalité, et très vite, on s'y fait, et on suit sans problème les aventures de Dima et Valia, de Sermion et Veronika, et enfin celle d'Irina et de son inénarrable mère Choura, auquelle se joint plus tard le gentil Yegor. Et puis une incroyable galerie de personnages, dont un chat, en fait deux.

Je ne raconte pas ces histoires, mais sachez que c'est burlesque, absurde, mêlé de fantastique, mais que tout le récit nous livre une description sans concession de la vie d'une capitale, Kiev, et de l'Ukraine, à une époque post-soviétique, post- révolution « orange « mais avant les événements de la grande contestation de 2014, et de cette funeste guerre de 2022.
Un monde gagné par la corruption et les magouilles de toutes sortes, avec quelques-uns démesurément riches et le reste, une population très pauvre.
Mais où l'on perçoit une immense solidarité entre les gens.
Et un éloge de la nuit, je n'en dis pas plus.

Un récit très touchant, on sent que l'auteur a de l'empathie pour ses personnages qu'ils rend profondément attachants.

Un récit au lait, au lait.
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Irina est la mère célibataire d'une petite fille de trois mois. Pour vivre avec sa mère, elle vend son lait dans un établissement de Kiev, situé en face du Parlement. A quoi sert tout ce lait collecté? Parfois, elle aperçoit des baignoires emplies de ce breuvage.
Dima est maître-chien à l'aéroport de Kiev. Un jour, son fidèle compagnon flaire une valise suspecte. Ses collègues la détournent et la cache dans le garage de Dima. Que contiennent les ampoules dissimulées dans cette valise?
Semion dirige une société de sécurité et travaille pour Gennadi Illitch, un député opportuniste et ambitieux. Somnambule, il demande à son ami Volodka de le suivre la nuit. Que fait-il la nuit avec cette femme inconnue et cette société secrète d'opposition, L'ambassade de la lune?
Des vies de couple tourmentées qui se croisent
A Kiev, Irina rencontre Yegor, membre de l'équipe de sécurité du Parlement. Amoureux, il veut libérer Irina du lactarium qui l'exploite en achetant son lait maternel. Mais on ne sort pas si facilement d'une entreprise qui fait commerce avec les politiques.
Dima vit avec Valia. En attendant d'être enceinte, elle porte tout son amour à un gros chat gris. Un chat que Dima pense avoir tué en lui administrant une ampoule mystérieuse de la valise. Mais curieusement, le chat semble présenter d'étranges pouvoirs.
Veronika, la femme de Semion, s'inquiète des absences nocturnes de son mari et se lie d'amitié avec la veuve du pharmacien. C'est ce pharmacien qui a mis au point les ampoules, un sérum « Antifrousse », destiné à ceux qui devront libérer Kiev de la racaille.
Une fable burlesque sur fond politique
Avec un ton léger et burlesque, ces trois histoires qui se croisent au coeur de l'hiver kievien, est une vision caustique du régime politique ukrainien. Nous sommes après la révolution orange, entre 2007 et 2010 ( date de parution du roman en France). Devant le Parlement, des communistes agitent leurs banderoles anti-Otan. L'ambassade de la lune, mouvement d'opposition dirigé par un psychiatre, souhaite soigner le pays et mettre fin aux privilèges des députés. Dans ce pays corrompu, tentent de vivre des personnages ordinaires qui louvoient au milieu des arrangements des politiques.
J'ai beaucoup aimé le suspense de ce récit loufoque, sous vodka et cognac, qui mêlent les destins de personnages étonnants et attachants. J'aimerais beaucoup lire les derniers romans d'Andreï Kourkov pour suivre sa vision de l'avenir de l'Ukraine.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Après « le Pingouin », je retourne à Kiev avec le même auteur.
Ce roman est constitué de tranches de vies de personnages qui semblent éloignées les uns des autres (bien que toutes liés à Kiev).
Un maitre chien qui tombe sur des fioles aux propriétés surprenantes,
Une femme qui vend son lait maternel,
Une veuve de pharmacien assassine qui fait plastifier son mari,
Des gardes du corps aux ordres de politiciens qui restent jeunes,
Des chats « dopés » (ne divulgâchons pas)…
Chacun lié sans qu'il le sache aux autres.

Le récit joue avec la réalité.
On oscille entre réalisme parfois cru sur la réalité de la vie à Kiev.
Pas de politicien intègre. Pas de petit profit. Pas de morale surtout et y compris religieuse (ou alors de façade et de façade dans le style clinquant).

On oscille aussi vers une douce fantasmagorie, un peu loufoque, un peu ironique et toujours très caustique.
Fantasmagorie qui vous prendra par surprise tant elle est juste après la frontière du vrai.

La société est profondément inégalitaire. Obscènement inégalitaire.
Le pauvre compte ses kopecks, le riche distribue ses dollars bien à l'abri derrière ses gardes du cor ps.
L'éventail des personnages est vaste et coloré.

J'ai préféré « le Pingouin » mais « Laitier de nuit » est aussi un bon point de départ dans l'oeuvre d'Andreï Kourkov.
Bémol

Le découpage en chapitre est trop haché. On passe quelques pages avec un personnage et… clac au suivant !
Et comme le récit se compose de quatre ou cinq histoires parallèles, vous retrouvez votre personnage cinq chapitres plus loin.
Aucune exception. C'est parfois un peu frustrant.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Deuxième roman de Kourkov pour moi. Je retrouve l'Ukraine en pleine décomposition , ces personnages quelconques (quoique …) pris dans des situations plus ou moins délirantes : trafic de lait maternel, ampoules mystérieuses ,somnambules , super-chat , cadavres et beaucoup, beaucoup d'alcool ! Un tableau caustique d'une société gangrenée par la politique , les mafias et l'absence de perspective autre que la survie par les magouilles. On en sourit mais c'est triste. Un peu dur d'y entrer à cause du grand nombre de personnages et de ces satanés noms slaves mais au bout d'un moment ça va.
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