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"Fumer m'aurait aidé ; après chaque petite scène de ménage – pratiquement imperceptible et indéchiffrable pour un observateur extérieur – j'aurais grillé plusieurs cigarettes, et la fumée chargée de nicotine, à défaut de conférer un sens et un parfum à ma vie, aurait servi de palliatif et, tel un encens brûlé à ma propre gloire, m'aurait permis de conserver une certaine joie de vivre. Mais devenir fumeur à trente ans me semblait puéril et stupide."
Ainsi commence le récit de Tolia.
Tolia est déprimé, sans emploi, délaissé par sa femme. Il choisit alors d'investir dans sa propre mort : il va recruter un tueur à gages pour mettre fin à ses jours.
Dit comme ça, c'est un peu funèbre, non ?
Ce roman est tout le contraire : parce que la relation entre le narrateur et son tueur ne va pas être celle escomptée, parce qu'il va rencontrer des personnes inattendues, parce que sa vision de la vie va changer.
Comme dans "Le pingouin", Kourkov rassemble des individus déboussolés et recrée des liens incongrus, une famille insolite, en nous faisant entrer dans les pensées loufoques de son personnage avec un humour merveilleux.

Traduction impeccable de Christine Zeytounian-Beloüs.

Challenge gourmand (Kouign-amann : Les initiales de l'auteur sont K et A)
LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Première incursion pour moi dans l'oeuvre d'Andrei Kourkov pour les besoins du challenge multi-défis : il me fallait du jaune dans le drapeau du pays de l'auteur : l'Ukraine. C'est un peu alambiqué mais c'est entre autres ce qui me plaît dans ce challenge.
Bon, imaginez, vous êtes au fond du trou, vous êtes au chômage, votre femme s'est barrée avec un autre, quand vous regardez depuis la fenêtre du 7ème étage, vous pensez à un plongeoir, vous souhaitez en finir avec la vie mais n'avez pas assez de cran pour ça… « J'avais trop d'amour-propre pour faire un bon suicidé, mais le rôle de victime m'irait comme un gant ».

Vous pensez donc, par l'entremise d'un ami, faire appel à un tueur à gages moyennant 500 dollars. Il a la photo de la victime (vous) et l'adresse du café que vous fréquentez régulièrement.

Tout est mis en place pour «  mettre fin en beauté à une existence absurde et insignifiante » et donner un certain panache à votre sortie de scène.

Imaginez maintenant que le jour de votre mort programmée, vous commencez à prendre goût à la vie. Reconnaissez que c'est ballot. Et si vous embauchiez un tueur à gages pour supprimer le tueur à gages qui doit vous supprimer ?

On plonge progressivement dans l'humour noir, l'absurde, le tragi-comique, une course folle s'engage dans un contre la montre ébouriffé, un texte cocasse et talentueux.

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
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Avec ce court roman, nous sommes bien dans l'atmosphère chère à Andreï Kourkov.
Un homme qui n'attend plus rien de la vie mais ne se sent pas capable de se suicider voudrait trouver un tueur qui l'éliminerait. En Ukraine, ce genre de "boulot" existe si l'on peut payer.
Oui, mais si on change d'avis un fois le tueur engagé ? L'auteur nous emmène au pays des combines, du cynisme et de la débrouillardise.
C'est très caustique. Cette lecture m'a beaucoup plu pour son humour noir et les rebondissements proposés par l'auteur.
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Kourkov est un écrivain ukrainien de langue russe internationalement reconnu, il a été couronné en France par le Prix Médicis étranger en 2022 pour Les abeilles grises. Ses romans ne sont plus publiés en Russie depuis 2008. Dans le contexte actuel dramatique, son témoignage sur son pays est inestimable : l'Oreille de Kiev est paru en octobre 2022.
Dans le bref roman de 131 pages d'Andreï Kourkov paru dans sa traduction française en 2002 chez Liana Levi, Tolia est L'ami du défunt qui a donné son titre au roman.
Nous plongeons dans les brumes automnales et la froidure glaciale de l'hiver à Kiev que café et Vodka Keglevich - citron ou melon – peinent à dissiper. le personnage principal, Tolia a une petite trentaine accompagnée d'une dépression bien installée à la suite du naufrage de son mariage. Dans cette disposition lugubre, engager un tueur pour le liquider lui semble être une porte de sortie non dénuée de panache pour abréger définitivement sa terne existence. Un ami d'enfance connaît un tueur et Tolia fixe rapidement une date.
Mais le hasard en décide autrement et le café où il a commandité son propre assassinat ferme plus tôt : il échappe à la mort. La frayeur éprouvée et la rencontre de la charmante Lena/Vika redonnent du piquant à sa vie et l'incitent à regretter le contrat négocié sur sa personne. Il fait machine arrière et s'accroche à la vie, mais le tueur contacté est toujours aux aguets. Que faire ? Les hommes de main peu scrupuleux sont faciles à trouver dans ce Kiev post-soviétique et se recrutent par petite annonces, Tolia passe à l'action…
La situation est absurde et cocasse, notre narrateur est un gentil « anti-héros » en perte de repères, frôler la mort lui donne une piqure de rappel à la vie et il aspire à une vie plus normale.
Symbolique pour cette génération ?
Beaucoup de charme dans cette lecture, un vent d'Est souffle dans ces pages et donne très envie de découvrir toute l'oeuvre de Kourkov.
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Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est un petit bijou qui vaut le détour. Tolia est un jeune homme d'une trentaine d'année, que sa femme trompe et est sur le point de le quitter, sans emploi, sombre peu a peu dans la dépression. Sa vie n'a plus de sens et il décide d'en finir mais il n'a pas le courage de se suicider. Il contacte donc un tueur à gage pour effectuer le travail à sa place. Mais quand il retrouve le gout de vivre, il est trop tard, le tueur est à ses trousses.

C'est une lecture d'un soir, le roman fait un peu plus de cent pages, c'est l'histoire d'un homme brisé qui prend soudainement une tout autre tournure. En Bonus, on découvre la vie à Kiev, fraîchement libérée du joug soviétique, quand les dollars, les tueurs à gages et les conspirations étaient à l'ordre du jour. A grand coup de vodka, avec des airs de variété russe en bruit de fond, on dévore ce roman.

L'auteur nous projette dans un univers gris, froid et absurde, ou les rebondissements s'enchaine jusqu'à la dernière page. J'ai adoré la fin complètement inattendue, mais dans la lignée du reste du roman. Une belle découverte.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Une nouvelle qui nous livre l'histoire singulière d'un homme désoeuvré déambulant dans les rues de Kiev à l'aube du troisième millénaire. Il ne souhaite pas franchir ce seuil et demande à un ami de trouver un tueur à gage pour interrompre l'absurdité qui le submerge. Il est plus facile de prime abord, de mettre fin à ses jours de cette manière-là plutôt que d'avoir recours au suicide. Ce couloir de la mort nous réserve pas mal de surprises et nous confronte à des situations inattendues. Un texte très dense …
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Un vrai plaisir que ce petit roman d'Andreï Kourkov ! le bonheur total de se replonger dans la littérature russe, si savoureuse. Il y a indéniablement une ambiance à la Mikhaïl Boulgakov qui ne peut être que jouissive.
Bien entendu, ce roman est une "comédie", comme on le dirait d'un film divertissant. Sauf qu'il n'y a évidemment pas que ça. Il y a cette oisiveté, ce temps long, inutile, ce temps d'attenteS diverses et variées au premier rang desquels l'appel de Lena... puis de Marina.
La pirouette concernant le destin de Kostia mérite à elle seule qu'on se penche sur ce petit bouquin vraiment sympa.
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« L'ami du défunt » est ce genre de récit où le comique le dispute à l'absurde.

Nous sommes dans l'ère post soviétique à Kiev en Ukraine. le narrateur, un peu paumé dans la vie, délaissé par sa femme qui lui en préfère un autre, est décidé à en finir avec la vie. Mais comme il craint de ne pas réussir à se suicider, il décide d'avoir recours à un tueur à gages : pas difficile, lui dit son ami Dima : il y a de nombreuses personnes qui sont prêtes à se charger de ce type de besogne, pour un prix modeste.

Aussitôt dit, aussitôt fait : Tolia le narrateur imagine le scénario suivant : il a été victime d'un adultère et il en veut à l'amant de sa femme au point de vouloir l'éliminer. Il communique donc au truand une photo de l'homme à abattre, ainsi que ses habitudes de fréquentation d'un café mais ce portrait n'est autre … que celui de Tolia lui-même.

Tout fonctionne très bien : il se rend au café en essayant de deviner le visage de son tueur à gages avec qui il n'a communiqué que par courrier.
Oui mais voilà : les affaires de Tolia s'améliorent finalement, il trouve de l'argent, échange de plus en plus avec son ami Vania, rencontre une jeune femme très avenante au prénom de Lena (sa femme s'étant enfuie avec un véritable amant) et la vie redevient belle.

Résultat ? Il ne veut plus mourir. Mais le contrat du tueur à gages est en route, et il est impossible de le stopper. Seule possibilité : engager un autre tueur dont le rôle consistera à veiller sur Tolia dans le café, et éliminer le tueur à gages.

Aussitôt dit, aussitôt fait, et le misérable Kostia – c'est son nom – se retrouve ad patres.

Tout va donc pour le mieux pour notre narrateur, nanti d'une belle somme d'argent (détenue par Kostia) et d'une jeune femme charmante qui va et vient chez lui quand bon lui semble.

Oui mais voilà : il se sent coupable vis-à-vis de Marina, la femme de Kostia, qui a un bébé et se retrouve veuve de façon précoce. Il va donc lui rendre visite et voir ce qu'il peut faire pour elle …

« L'ami du défunt » est un récit cocasse, très drôle si on apprécie cette forme d'humour grinçant mais très vivant qui le caractérise. le grand écrivain ukrainien, auteur du déjà très célèbre « Pingouin » qui m'avait fait déjà beaucoup rire par cet humour absurde, signe quelques pages très réussies. Publié en 2001 puis réimprimé en 2018, il a été porté à l'écran à la fin des années 90, et cette histoire a été sélectionnée en 1997 comme l'un des trois meilleurs scénarios d'Europe par l'Académie du film européen de Berlin.

A découvrir ou redécouvrir, sans aucune modération (contrairement à la vodka qui coule à flot dans ce récit).
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un homme désespéré de sa vie ratée cherche un tueur à gage qui accepte de le liquider...ma foi,un suicide comme un autre... Or le liquidateur va lui même être liquidé.Une histoire menée tambour battant,ou les personnages jamais tout bons ou tout méchants ne deviennent des voyous que par nécessité vitale ou pur hasard. La toute fin est très drôle, inattendue,et l'humour noir de Kourkov est partout dans ce court livre. Un rythme très cadencé, c'est drôle,absurde,et finalement touchant.
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Un court et savoureux roman d'Andrei Kourkov, un livre et un auteur ukrainien contemporain découvert sur Babelio grâce à mon amie Babeliote mh17.

Nous sommes ici dans l'ère post-soviétique qui n'est pas celle de Volodine, mais l'époque des années 90 en Ukraine, faite d'illusions perdues, une « génération désenchantée », où l'on ne croit plus à rien, et où l'on peut se payer pour pas trop cher l'assassinat d'un de ses contemporains, voire le sien.

Tolia, chômeur de 35 ans, ne s'entend plus avec sa femme. Plutôt que de divorcer, il a l'idée saugrenue, pour bien embêter sa conjointe, non de se suicider, mais de se faire assassiner par un tueur à gages, qui pullulent dans l'Ukraine post-soviétique des années 1990.
Va s'en suivre une série d'événements d'une cocasserie mêlée d'une dérision cynique, jusqu'à une fin que je ne dévoile pas bien sûr mais qui permet de comprendre le titre du livre, puis d'un épilogue surprenant et un peu tiré par les cheveux.

Ce qui m'a vraiment plu, c'est l'atmosphère désabusée, ironique, frisant l'absurde, ce héros, ou plutôt cet anti- héros, ce pov' gars passablement noyé dans la vodka et le gin, à la fois décidé et indécis, donnant l'impression d'errer au gré des événements, mais franchement amoral et cynique quand on y réfléchit, et pas vraiment « torturé » comme un Raskolnikov.

Et puis une des grandes qualités du récit, c'est de nous faire ressentir l'atmosphère glauque de la ville de Kiev, ce temps qu'il fait, toujours triste, pluie ou neige, au diapason des sentiments du héros.

En conclusion, une belle lecture qui donne envie de lire d'autres romans de l'auteur, il paraît que le Pingouin est son meilleur roman
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