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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour l'anniversaire de ses trente années de présidence démocratique, six veillées sont organisées pour honorer le président Koyaga, six veillées qui retracent l'entièreté de son parcours. En digne fils de son père, Tchao, tirailleur qui« avait tué cinq Allemands pendant la Grande Guerre et avait été le premier homme nu à introduire l'habillement. En conséquence, le premier à introduire les débuts de la civilisation dans les montagnes. », Koyaga se bat dans l'armée française au Vietnam et en Algérie.

Il retourne dans son pays quand celui-ci accède à l'indépendance. À la faveur de la confusion générée par un coup d'état manqué, il prend le pouvoir. Sa présidence commence sous les meilleurs auspices : instauration d'un parti unique plébiscité à chaque élection, suicides en masse et automutilations de ses opposants politiques, attentats communistes qui échouent de peu et qui rappellent aux Occidentaux de renflouer les caisses de ce solide rempart contre la menace rouge. Koyaga peut également compter sur le soutien des dictateurs des pays voisins, qui lui apprennent toutes les ficelles du métier.

Véritable coup de coeur, à la fois sur le fond et sur la forme. L'écriture est savoureuse : riche, vivante, sous-entendus et dénonciations féroces derrière les flatteries affichées. le récit mêle contes africains (les coups d'état sont décrits comme des combats magiques entre les prétendants, soutenus par leurs marabouts) et roman moderne. Sur le fond, on aborde la colonisation, l'escroquerie de la décolonisation et de l'indépendance, qui mène au pouvoir, souvent avec l'appui de l'occident, des dictateurs qui s'occupent plus souvent des intérêts des anciens maîtres, puis de leur famille proche, et seulement ensuite, si les caisses ne sont pas encore vides, de leur propre peuple.
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Kourouma nous propose de partager, à la nuit tombée, de magnifiques veillées sous le ciel africain. On rit, souvent, mais on frissonne aussi d'effroi, car ce conte fantastique est aussi et surtout une dénonciation du pouvoir despotique : quelques tyrans – ayant sévis dans quelques pays africains – sont aisément reconnaissables...
...Alors asseyez-vous en tailleur autour d'un bon feu (ou plutôt... le dos collé au radiateur du salon), et écoutez les griots faire le récit de cette histoire tragi-comique, car le bon général-président, se croyant flatté, se trémousse d'aise.
Il existe pas mal de romans qui sont ainsi des métaphores de l'histoire politique récente de l'Afrique et, pour ces magnifiques écrivains, des exutoires à la peur, à l'impuissance qu'ils ressentent...
Celui-ci tient une place toute particulière....le talent de l'auteur y est pour beaucoup. Oui, moquons-nous des tyrans, des dictateurs, de ceux qui se croient aujourd'hui puissants dans ce monde, car leur tyrannie s'effondre à chaque fois que résonne nos rires insolents !
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Ca déménage. ça fait un moment que je l'ai lu et je ne peux pas être précise ... mais p*** ça secoue et pas qu'un peu !
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La vie d'un dictateur africain en brillant feu d'artifice polyphonique et extrême

Ce troisième roman de l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, en 1994, fut celui de la consécration. Véritable feu d'artifice et synthèse de trente ans d'évolution des littératures africaines francophones, le récit de la vie du dictateur de la république du Golfe, librement inspiré de celle du dictateur togolais Gnassingbé Eyadema, y est chanté lors d'une cérémonie expiatoire traditionnelle, en sa présence...

Sérieux historique, comique burlesque, analyse anthropologique, chant traditionnel, discours officiels policés, invectives ordurières, discours caché dans le discours,...tout y passe avec bonheur, dans une polyphonie totale qui fait honneur à un projet que Bakhtine décrivait comme le plus ambitieux de la littérature. Et l'auteur peut ainsi décrire avec férocité l'ensemble de la confrérie des dictateurs africains sur trente ans...
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Terrible épopée de la politique africaine au XXe siècle, En attendant le vote des bêtes sauvages de l'ivoirien Ahmadou Kourouma a été publié aux éditions du Seuil en 1998 et a reçu le prix Inter. Mêlant formes traditionnelles de l'oralité africaine aux structures romanesques occidentales, le roman décrit le parcours du président-dictateur Koyaga, dans un pays africain imaginaire.

Celui-ci écoute, durant 6 veillées, un sora (aède ou chantre) chanter ses louanges tandis qu'un répondeur ou cordoua (sorte de fou du roi) multiplie les pitreries et lui reproche ses vices. Chaque veillée est composée autour d'un thème central, et se divise en chapitres. A la fin de chaque chapitre, le sora récite trois proverbes en lien avec le thème de la veillée. A partir de cette structure, l'auteur nous conte toute l'histoire de Koyaga et de son règne.

Le livre se lit très bien en tant que tel, mais alors que je tournais les pages, je me suis rapidement aperçue qu'il me manquait quelques éléments pour le comprendre. C'est en faisant quelques menues recherches que j'ai appris qu'il s'agissait d'un livre à clef. Les personnages sont inspirés de personnages réels et nombre d'événements relatés sont en fait réellement arrivés.

Le livre se lit très bien en tant que tel, mais alors que je tournais les pages, je me suis rapidement aperçue qu'il me manquait quelques éléments pour le comprendre. C'est en faisant quelques menues recherches que j'ai appris qu'il s'agissait d'un livre à clef. Les personnages sont inspirés de personnages réels et nombre d'événements relatés sont en fait réellement arrivés.

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Je n'imaginais pas que l'Afrique avait pu subir, et subit encore, je parle de l'Afrique équatoriale, le règne de pouvoirs aussi épouvantables, absurdes et ridicules. Ce qui ressort de mes lectures des livres de cet auteur magnifique, c'est que les pays occidentaux ne pourront jamais, la France en particulier, être pardonnés pour les horreurs qu'ils ont participer à construire.
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Le livre de Kourouma qui m'a le plus émerveillé. Tout est truculent : personnages, situations, langue... Un Africain, ancien haut fonctionnaire Ivoirien, il me semble, qui donne des clefs pour comprendre l'Afrique, sans jugements ni leçons, sans réserves ni pudeurs non plus. C'est de la fiction, de la caricature peut être. On touche sans pesanteur, d'étonnement en sidération, ce qu'on pu être certains des régimes dictatoriaux africains.
Une aventure rocambolesque, raconté avec une malice et pertinence précieuse. le sujet de fond est plutôt dense, grave, mais le tout s'expose avec justesse sur le ton d'un conte fantaisiste.
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Voici un livre que j'ai adoré. Pourtant, au début, j'ai eu du mal à entrer dedans avec sa forme narrative particulière.
Kourouma raconte, dans un ton très ironique, à l'aide de situations souvent ubuesques, la tragédie historique continue que rencontre le continent africain.
Il narre les péripéties magiques et politiques d'un dicateur / président d'un pays imaginaire.
Les potentats qu'il décrit ont tous le désir de domination d'une classe sur une autre.
Le personnage principal concentre d'ailleurs l'intégralité des stéréotypes du tyran africain; il est un monstre d'avidité, de pouvoir, de gloire, de sang, ...
Mais Korouma, en se servant de l'histoire politique de l'Afrique, la modifie pour la faire converger vers son récit "imaginaire".
Et il nous fait découvir une galerie de collègues "dictateur", plus monstrueux les uns que les autres.
Si on connaît un peu l'Afrique, on pourra y reconnaître Bokassa, Mobutu,, Hassan II, Sekou Touré ...
Mais sinon, cela ne porte pas préjudice à la lecture.
Un livre remarquable qui doit donner le désir aux Africains de vivre de manière pérenne dans une Démocratie en oubliant les réflexes mortifères.
Furieusement d'actualité




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