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Heimat est un mot allemand quasi intraduisible. "Mère patrie" ne recouvre qu'une partie de tout ce que ce mot contient. Douceur, nostalgie, un peu de Home, sweet Home, les racines, là où on retourne un jour, un lieu idéalisé mais que l'on sait exister, un fantasme, un peu d'enfance, un cocon... c'est tout cela Heimat. Alors, associer Heimat à "loin de mon pays", c'est très lourd de sens.

Nora Krug fait partie d'une génération allemande que l'on a tenue à l'écart de la shoah et du nazisme. Il est des choses dont on ne parle pas. Et c'est lors d'un séjour d'études aux USA qu'elle prend conscience de l'attitude des gens quand ils apprennent qu'elle est allemande.

Elle commence alors à creuser dans son passé, dans la constellation familiale, dans les générations antérieures. Elle déniche Franz-Karl, un oncle, appelé à 17 ans en 1944, mort à 18 ans en Italie. Elle entreprend un parcours de collage humain, d'appropriation générationnelle. Il y a un peu de "mon oncle ne peut pas avoir été un nazi", et aussi beaucoup de "je veux savoir d'où je viens".

C'est intime, dur, édifiant, palpitant.

Et la forme... Que dire de la forme? Des photos, des dessins, des montages, des bandes dessinées, des illustrations, une mise en page captivante. Sur 300 pages haletantes, Nora Krug interpelle le lecteur et le renvoie à sa propre histoire. Brillant. Chapeau bas.
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A la faveur de son installation aux Etats-Unis, Nora Krug mesure combien être allemand signifie toujours, plus de 70 ans après la chute du régime nazi, porter le lourd fardeau de la Shoah. Ignorant pour une bonne partie l'histoire de sa propre famille, elle retourne au pays natal pour enquêter. Entre le récit autobiographique et l'essai historique, Nora Krug réalise un époustouflant album composé de collages, de manuscrits, de dessins pleine page ou encore de strips. Des couleurs pastel traduisent une approche bienveillante qui n'écarte nullement un regard incisif porté sur les actions de certains membres de sa famille.
Plus qu'une quête de vérité, l'album établit surtout les transmissions explicites et implicites qui se jouent dans une famille de générations en générations tout en exprimant l'inexorable nostalgie du pays perdu qui hante tout émigré. Entre devoir de mémoire et droit à l'oubli, Nora Krug se réconcilie avec son héritage et sa mémoire tant individuelle que collective pour mieux construire son futur et celui de ses enfants.
Son oeuvre conjugue avec maestria la force et l'importance du fond, la créativité de la forme à l'intimité du ton qui touche ici à l'universalité. « Heimat » est pour moi un album phare de ces dernières années.
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Ce livre est magnifique, au propre comme au figuré. Présenté comme une sorte d'album de scrapbooking, on y retrouve des photos, des dessins et du texte, imbriqués, ce qui charme le regard au fur et à mesure qu'on tourne les pages. Ca, c'est pour le visuel. Ensuite vient le contenu. Nora Krug, qui vit aux Etats-Unis mais dont les parents sont d'origine allemande, a voulu retourner sur les traces de ses grands-parents pour comprendre quels Allemands ils avaient été avant et durant la deuxième guerre mondiale. Avaient-ils aidé des Juifs ? Au contraire s'étaient-ils enrôlés aux côtés des Nazis ? Cette quête devrait l'aider à mieux comprendre l'époque et à surmonter ce sentiment de culpabilité qui poursuit les descendants et les empêche d'éprouver de la pitié pour leurs ancêtres, qui ont été bien malmenés par la guerre également, même s'ils étaient « du côté des méchants ». Son objectif est de trouver un apaisement avec la notion de Heimat-Patrie, et la honte qu'elle peut parfois ressentir d'être allemande. J'ai beaucoup aimé cette lecture, car c'est un point de vue que je n'avais jamais abordé, et qui est pourtant très intéressant. J'ignorais par exemple que les Allemands, après la guerre, avaient été soumis à des questionnaires par les Américains, pour établir quel rôle ils avaient joué, s'ils avaient résisté au pouvoir nazi, s'ils avaient été des suiveurs, ou s'ils avaient été des persécuteurs. Des archives existent avec ces documents, et c'est là entre autres que Nora Krug a été chercher des réponses à ses questions. Elle a également retrouvé des membres de sa famille, ou des descendants des anciens amis de ses grands-parents, toujours pour essayer de comprendre. Un seul bémol, on a parfois du mal à s'y retrouver quand elle passe de la famille de son père à celle de sa mère, mais deux arbres généalogiques au début et à la fin du livre clarifient bien les choses.
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Un livre exceptionnel ! Entre la BD et le roman illustré, il est d'abord magnifique de part ces illustrations : dessins, photos et documents d'époque. Ensuite, le texte, l'histoire de cette jeune allemande à la recherche de son "heimat". Nous avons notre regard de français sur cette affreuse 2ème guerre mondiale. L'auteure nous livre son regard d'allemande: à quelle camp appartenait les membres de sa famille ? Ont-ils participé à ces exactions? Ont-ils résisté contre ce régime totalitaire ? Ont-ils seulement tenté de survivre lors de cette période trouble? Voilà les questions que se pose l'auteure. A lire absolument.
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La dangereuse et épineuse question de la transmission... Elle s'est posée avec une douleur toute particulière à Nora Krug : qu'ont fait ses grands-parents pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Ont-ils ou non adhéré au parti nazi et dans quelle mesure l'ont-ils soutenu ? Ce qui lui fut transmis, c'est le secret et la culpabilité, en plus d'histoire familiale troublée par ailleurs...
Alors, au risque de découvrir des choses déplaisantes, elle fait de grandes recherches, déterre les vieux os et voit ce qu'elle peut reconstituer et apprendre...
C'est un gros et très bel ouvrage, entre le cahier de recherche, le document d'archive et le journal intime. Elle y note tous ce qu'elle cherche, découvre, tout ce qui concerne cette période de l'Allemagne, que les citoyens ont longtemps appris à taire. C'est un ouvrage émouvant et beau, parfois poétique et qui fait toucher du doigt une partie de la culture allemande, méconnue en France, alors même qu'il s'agit de notre voisin (peut-être plus le mieux que celui des Bretons, mais tout de même) J'ai beaucoup aimé ce qu'elle raconte sur les Allemand et leur rapport à la forêt, qui est très fort.
Peut-être aussi que ce livre m'a touchée parce que je me suis posée les mêmes questions, mais par-rapport à ma propre famille (avec les frontières, on ne sait jamais où on est).
Une belle découverte.

Challenge le Voyage Littéraire
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J'aime beaucoup cet album. Bien qu'édité par Gallimard bande dessinée, je trouve qu'il s'apparente plus aux albums édités pour les plus jeunes.
Celui-ci est bien pour adulte : dessins, collages, fac-similés, peintures se côtoient dans cette enquête, ce travail pour découvrir sa Heimat, sa patrie. Nora Krug a aujourd'hui la nationalité américaine mais est allemande de naissance. Née à la fin des années 1970, elle grandit avec l'ombre de la Shoah et la honte sous-jacente d'être allemande. Honte qui la pousse à masquer son accent aux Etats-Unis.
Elle revient dans la première partie sur l'enseignement qu'elle a reçu : "nous analysions les discours d'Hitler dans leurs moindres détails [...]; nous préparions des questions pour les vieilles dames qui venaient d'Amérique pour nous parler des camps, mais jamais nous aurions eu l'idée d'interroger nos propres grands-parents. Nous apprenions que notre langue, autrefois poétique, était devenue potentiellement dangereuse."
Mais "comment savoir qui on est, si on ne comprend pas d'où on vient?"
D'où ses recherches pour déconstruire ce qu'elle sait de son histoire familiale et le reconstruire pour accepter pleinement (?) sa Heimat d'origine.
Un livre très intéressant.
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Un roman graphique atypique, écrit par une allemande née dans les années 1970 et qui vit désormais aux Etats-Unis. Elle nous raconte son enquête sur ses origines, sur sa famille et en particulier leur histoire et leurs actes sous le régime nazi.

Esthétiquement, c'est très réussi, avec ce mélange de dessins, de textes et de collages de photos.

Le récit lui-même m'a semblé long par moment. L'enquête est intéressante et certainement utile, mais je ne sais pas si tout ce que Nora Krug est passionnant.

Le projet est tout de même suffisamment utile, atypique et bien réalisé pour être une réussite notable.
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Dans cette longue - mais prenante - bande dessinée, Nora Krug commence par expliquer le regard qu'elle a porté depuis qu'elle est petite sur l'histoire de son pays, en tant qu'Allemande née à la fin des années 1970. Puis elle raconte, et c'est l'essentiel de l'ouvrage (mais le thème de la culpabilité allemande irrigue l'ensemble de la BD) les nombreuses recherches qu'elle a entreprises afin d'en savoir plus sur l'histoire de sa famille sous le régime nazi. C'est bien dessiné, intéressant, agréable à lire et plein de sensibilité. La petite histoire ne cesse de s'entrecroiser avec la grande, et la BD constitue donc une mine d'informations pour tous ceux qui s'intéressent à la période.
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Chez Nora Krug, la culpabilité d'être née allemande, dans les années 70, porteuse du poids de la Shoah, est un sentiment prégnant dont même son expatriation aux États-Unis et son mariage avec un juif ne parviennent pas à la délester. Attachée à elle, il y a la nécessité de savoir si oui ou non les membres de sa famille, à l'époque de la guerre, ont eu une part active dans les atrocités nazies. Seul moyen de tâcher de se soulager, le cas échéant, de ce fardeau : mener l'enquête.

C'est ainsi qu'elle entreprend un minutieux travail d'investigation portant sur les deux branches de sa famille : la maternelle (son arbre généalogique figure en tête du livre et les couleurs utilisées, dans les bleus et verts, seront reprises dans les pages qui lui seront consacrées) et la paternelle (arbre tout à la fin, couleurs des pages dans les jaunes orangés). Telle une archéologue des décennies proches, elle fouille dans ce qu'il peut rester de traces de ce passé, exhumant des documents personnels, mais aussi d'autres qui le sont moins, reflets de la vie d'une génération. Elle nous emmène à ses côtés dans ce parcours parfois angoissant (lorsqu'elle récupère le dossier de son grand-père) où elle a entraîné son père et sa mère, à la redécouverte de Külsheim et de Karlsruhe, le village et la ville de leur enfance. Dans ces deux localités, elle traque la manière dont les habitants se sont comportés vis-à-vis des juifs, cherchant à découvrir l'attitude que ses grands-parents avaient alors adoptée. Et de temps en temps, elle fait une pause au milieu de ses recherches pour nous offrir un « Extrait du journal d'une émigrée nostalgique » (car la nostalgie est aussi un sentiment que sa patrie peut susciter chez elle), avec des pages recensant des « choses allemandes » aussi emblématiques que la colle UHU, le champignon vénéneux, le classeur à anneaux …

« Heimat » (patrie, en allemand) s'avère autant la chronique d'une enquête que d'une quête personnelle, pour ne pas dire existentielle, celle des origines, un travail sur la mémoire et les racines comme chacun, même en dehors du cas très particulier de Nora Krug, peut être tenté d'en mener. Qu'est-ce qui a pu nous façonner ? Sommes-nous responsables de ce que, avant nous, nos ascendants ont vécu/fait/commis ?

Dans sa forme, « Heimat » est un objet littéraire hybride. L'abondance des dessins le classe d'emblée parmi les romans graphiques … sauf que ce n'est pas un roman, mais un récit de vies et, dans certaines pages à portée plus générale, il s'approche de l'essai. La maquette de l'ouvrage lui-même est remarquable : s'y mêlent, dans un tourbillon chromatique habilement exploité (voir le début de mon deuxième paragraphe), les dessins de l'auteur (euh … plus douée pour dessiner les animaux et les choses que les personnages, car pour ceux-ci j'ai trouvé son dessin assez basique, pour ne pas dire enfantin) et les témoignages d'époque, photos et documents d'archives, le tout talentueusement mis en pages, avec beaucoup d'originalité et de belles trouvailles dans la présentation du récit.

« Heimat », qui revisite à une petite échelle, celle du Monsieur Tout le monde allemand, l'Allemagne à la période la plus critique de son histoire, est une BD intéressante à plus d'un titre, tant pour son fond que pour sa forme.
Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
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Nora Krug vit à Brooklyn. D'origine allemande, elle est pétrie de culpabilité sur l'éventuelle implication de sa famille dans le régime nazi. Elle mène donc l'enquête, retourne sur place, fouille le passé et les archives avec une inextricable précision.
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