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Emanuelle Casse-Castric (Traducteur)
EAN : 9782070663156
288 pages
Gallimard Jeunesse (18/10/2018)
4.2/5   82 notes
Résumé :
Depuis toujours, Nora Krug ressent que le simple fait d'être citoyenne allemande la relie à l'Holocauste, la dépossédant d'un quelconque sentiment d'appartenance culturelle.
Après douze ans passés aux États-Unis, et alors qu'un non-dit plane sur la participation de sa propre famille à la guerre, elle part à la recherche de la vérité...
Entre bande dessinée et album photo, une enquête intime stupéfiante au coeur de l'Allemagne nazie.
Que lire après Heimat : Loin de mon paysVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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sur 82 notes
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Ce livre est magnifique, au propre comme au figuré. Présenté comme une sorte d'album de scrapbooking, on y retrouve des photos, des dessins et du texte, imbriqués, ce qui charme le regard au fur et à mesure qu'on tourne les pages. Ca, c'est pour le visuel. Ensuite vient le contenu. Nora Krug, qui vit aux Etats-Unis mais dont les parents sont d'origine allemande, a voulu retourner sur les traces de ses grands-parents pour comprendre quels Allemands ils avaient été avant et durant la deuxième guerre mondiale. Avaient-ils aidé des Juifs ? Au contraire s'étaient-ils enrôlés aux côtés des Nazis ? Cette quête devrait l'aider à mieux comprendre l'époque et à surmonter ce sentiment de culpabilité qui poursuit les descendants et les empêche d'éprouver de la pitié pour leurs ancêtres, qui ont été bien malmenés par la guerre également, même s'ils étaient « du côté des méchants ». Son objectif est de trouver un apaisement avec la notion de Heimat-Patrie, et la honte qu'elle peut parfois ressentir d'être allemande. J'ai beaucoup aimé cette lecture, car c'est un point de vue que je n'avais jamais abordé, et qui est pourtant très intéressant. J'ignorais par exemple que les Allemands, après la guerre, avaient été soumis à des questionnaires par les Américains, pour établir quel rôle ils avaient joué, s'ils avaient résisté au pouvoir nazi, s'ils avaient été des suiveurs, ou s'ils avaient été des persécuteurs. Des archives existent avec ces documents, et c'est là entre autres que Nora Krug a été chercher des réponses à ses questions. Elle a également retrouvé des membres de sa famille, ou des descendants des anciens amis de ses grands-parents, toujours pour essayer de comprendre. Un seul bémol, on a parfois du mal à s'y retrouver quand elle passe de la famille de son père à celle de sa mère, mais deux arbres généalogiques au début et à la fin du livre clarifient bien les choses.
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Heimat est un mot allemand quasi intraduisible. "Mère patrie" ne recouvre qu'une partie de tout ce que ce mot contient. Douceur, nostalgie, un peu de Home, sweet Home, les racines, là où on retourne un jour, un lieu idéalisé mais que l'on sait exister, un fantasme, un peu d'enfance, un cocon... c'est tout cela Heimat. Alors, associer Heimat à "loin de mon pays", c'est très lourd de sens.

Nora Krug fait partie d'une génération allemande que l'on a tenue à l'écart de la shoah et du nazisme. Il est des choses dont on ne parle pas. Et c'est lors d'un séjour d'études aux USA qu'elle prend conscience de l'attitude des gens quand ils apprennent qu'elle est allemande.

Elle commence alors à creuser dans son passé, dans la constellation familiale, dans les générations antérieures. Elle déniche Franz-Karl, un oncle, appelé à 17 ans en 1944, mort à 18 ans en Italie. Elle entreprend un parcours de collage humain, d'appropriation générationnelle. Il y a un peu de "mon oncle ne peut pas avoir été un nazi", et aussi beaucoup de "je veux savoir d'où je viens".

C'est intime, dur, édifiant, palpitant.

Et la forme... Que dire de la forme? Des photos, des dessins, des montages, des bandes dessinées, des illustrations, une mise en page captivante. Sur 300 pages haletantes, Nora Krug interpelle le lecteur et le renvoie à sa propre histoire. Brillant. Chapeau bas.
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A la faveur de son installation aux Etats-Unis, Nora Krug mesure combien être allemand signifie toujours, plus de 70 ans après la chute du régime nazi, porter le lourd fardeau de la Shoah. Ignorant pour une bonne partie l'histoire de sa propre famille, elle retourne au pays natal pour enquêter. Entre le récit autobiographique et l'essai historique, Nora Krug réalise un époustouflant album composé de collages, de manuscrits, de dessins pleine page ou encore de strips. Des couleurs pastel traduisent une approche bienveillante qui n'écarte nullement un regard incisif porté sur les actions de certains membres de sa famille.
Plus qu'une quête de vérité, l'album établit surtout les transmissions explicites et implicites qui se jouent dans une famille de générations en générations tout en exprimant l'inexorable nostalgie du pays perdu qui hante tout émigré. Entre devoir de mémoire et droit à l'oubli, Nora Krug se réconcilie avec son héritage et sa mémoire tant individuelle que collective pour mieux construire son futur et celui de ses enfants.
Son oeuvre conjugue avec maestria la force et l'importance du fond, la créativité de la forme à l'intimité du ton qui touche ici à l'universalité. « Heimat » est pour moi un album phare de ces dernières années.
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La dangereuse et épineuse question de la transmission... Elle s'est posée avec une douleur toute particulière à Nora Krug : qu'ont fait ses grands-parents pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Ont-ils ou non adhéré au parti nazi et dans quelle mesure l'ont-ils soutenu ? Ce qui lui fut transmis, c'est le secret et la culpabilité, en plus d'histoire familiale troublée par ailleurs...
Alors, au risque de découvrir des choses déplaisantes, elle fait de grandes recherches, déterre les vieux os et voit ce qu'elle peut reconstituer et apprendre...
C'est un gros et très bel ouvrage, entre le cahier de recherche, le document d'archive et le journal intime. Elle y note tous ce qu'elle cherche, découvre, tout ce qui concerne cette période de l'Allemagne, que les citoyens ont longtemps appris à taire. C'est un ouvrage émouvant et beau, parfois poétique et qui fait toucher du doigt une partie de la culture allemande, méconnue en France, alors même qu'il s'agit de notre voisin (peut-être plus le mieux que celui des Bretons, mais tout de même) J'ai beaucoup aimé ce qu'elle raconte sur les Allemand et leur rapport à la forêt, qui est très fort.
Peut-être aussi que ce livre m'a touchée parce que je me suis posée les mêmes questions, mais par-rapport à ma propre famille (avec les frontières, on ne sait jamais où on est).
Une belle découverte.

Challenge le Voyage Littéraire
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J'aime beaucoup cet album. Bien qu'édité par Gallimard bande dessinée, je trouve qu'il s'apparente plus aux albums édités pour les plus jeunes.
Celui-ci est bien pour adulte : dessins, collages, fac-similés, peintures se côtoient dans cette enquête, ce travail pour découvrir sa Heimat, sa patrie. Nora Krug a aujourd'hui la nationalité américaine mais est allemande de naissance. Née à la fin des années 1970, elle grandit avec l'ombre de la Shoah et la honte sous-jacente d'être allemande. Honte qui la pousse à masquer son accent aux Etats-Unis.
Elle revient dans la première partie sur l'enseignement qu'elle a reçu : "nous analysions les discours d'Hitler dans leurs moindres détails [...]; nous préparions des questions pour les vieilles dames qui venaient d'Amérique pour nous parler des camps, mais jamais nous aurions eu l'idée d'interroger nos propres grands-parents. Nous apprenions que notre langue, autrefois poétique, était devenue potentiellement dangereuse."
Mais "comment savoir qui on est, si on ne comprend pas d'où on vient?"
D'où ses recherches pour déconstruire ce qu'elle sait de son histoire familiale et le reconstruire pour accepter pleinement (?) sa Heimat d'origine.
Un livre très intéressant.
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critiques presse (7)
LaCroix
30 janvier 2019
Pépite du 46e Festival de la BD d’Angoulême, ce roman graphique est une investigation passionnante sur le passé d’une famille allemande.
Lire la critique sur le site : LaCroix
ActuaBD
23 janvier 2019
À mi-chemin entre album photographique, carnet de voyage, bande dessinée et récit illustré, Heimat. Loin de mon pays, l’Allemagne, sélectionné à Angoulême, est l’un des récits les plus forts de l’année écoulée [...] L’ensemble livre un témoignage aussi fort que juste, intelligent qu’émouvant, sur la question complexe de l’identité allemande, et de manière plus générale, sur le poids de l’héritage de l’histoire que nous devons porter. Un album important.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
06 janvier 2019
Un travail précieux, au graphisme léché, et dont il faut saluer le travail de traduction et d’adaptation de Gallimard, impeccable. Un livre rare, donc.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bibliobs
17 décembre 2018
Dessinatrice allemande installée à New York, elle a toujours éprouvé une certaine culpabilité vis-à-vis de son pays d’origine. Avec cet album, elle cherche non pas tant à se réconcilier qu’à comprendre ses liens avec son «Heimat», ni patrie, ni foyer, mais «lieu auquel on associe un sentiment de familiarité immédiat».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
17 décembre 2018
Nora Krug propose une interrogation sur l'identité, celle qu'il faut se construire avec le poids de l'histoire familiale et historique. Un roman graphique d'une grande et calme puissance. Précieux, par les temps qui courent.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Liberation
30 novembre 2018
Heimat est [...] une intéressante réflexion sur ce qui constitue envers et contre tout «l’identité allemande».
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
30 novembre 2018
Partant de ses propres souvenirs d'enfance, l'auteur entreprend d'enquêter sur ses grands-parents, à la recherche sur son histoire familiale dans l'Allemagne des années 1930.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je commence tout doucement à accepter que mes connaissances seront limitées, que je ne saurai jamais précisément ce que Willi pensait, ce qu'il a vu ou entendu, ce qu'il a décidé de faire ou de ne pas faire, ce qu'il aurait pu faire et n'a pas fait, et pourquoi.
Qu'il y ait participé activement ou pas, en devenant membre du parti nazi, il a inévitablement contribué à soutenir la cause d'un régime criminel. Est-ce que ma vie serait différent si j'avais trouvé la preuve que Willi n'avait jamais porté son uniforme, que sa femme avait bel et bien été expropriée de sa crèmerie par les nazis, qu'il avait caché son employeur juif dans une cabane, ou qu'il était lui-même à moitié ou au quart juif ? Ou serait-il plus facile de supporter ma honte si j'avais pu avoir la preuve de sa culpabilité , si j'avais appris qu'il avait été un parfait nazi, sans l'ombre d'un doute ?
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J'ai beau me concentrer, cette sensation de malaise tenace ne se dissipe pas. Le seul moyen de trouver cette HEIMAT que j'ai perdue est peut-être de regarder en arrière ; de surmonter la honte abstraite pour affronter ces questions vraiment difficiles à poser : au sujet de ma ville natale, et des familles de mon père et de ma mère. Retourner dans les villes où ils sont nés. Retourner à mon enfance, au commencement, suivre les miettes de pain, en espérant qu'elles me mènent à la maison.
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Du traité de Versailles à la conférence de la paix de Paris, mes camarades de classe et moi ne laissions rien passer : nous analysions les discours d'Hitler dans leurs moindres détails - allitérations, tautologies et néologismes ; nous donnions des performances théâtrales d'avant-garde à la mémoire de la REICHSKRISTALLNACHT ; nous préparions des questions pour les vieilles dames qui venaient d'Amérique pour nous parler des camps, mais jamais nous n'aurions eu l'idée d'interroger nos propres grands-parents.
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J'ai beau me concentrer, cette sensation de malaise tenace ne se dissipe pas. Le seul moyen de trouver cette HEIMAT que j'ai perdue est peut-être de regarder en arrière ; de surmonter la honte abstraite pour affronter ces questions vraiment difficiles à poser : au sujet de ma ville natale, et des familles de mon père et de ma mère. Retourner dans les villes où ils sont nés. Retourner à mon enfance, au commencement, suivre les miettes de pain, en espérant qu'elles me mènent à la maison.
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Plus mon exil dure, plus j'emprunte de livres sur ma ville natale à la bibliothèque de New-York, afin d'apprendre tout ce que je peux trouver sur son histoire pendant la guerre. À cette distance rassurante, je m'autorise à constater les pertes qu'elle a subies par le passé. Et pourtant, plus je passe du temps loin de l'Allemagne, plus on identité devient floue. Ma HEIMAT n'est plus qu'un écho, un mot oublié crié autrefois dans les montagnes. Une réverbération déformée au point d'être méconnaissable.
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