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Citations sur Les Testaments trahis (61)

je ne médirai jamais de la critique littéraire. Car rien n’est pire pour un écrivain que de se heurter à son absence. Je parle de la critique littéraire en tant que méditation, en tant qu'analyse; de la critique littéraire qui sait lire plusieurs fois le livre dont elle veut parler (comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans eux aussi sont faits pour des lectures répétées); de la critique littéraire qui, sourde à l'implacable horloge de l'actualité, est prête à discuter les oeuvres nées il y a un an, trente ans, trois cents ans; de la critique littéraire qui essaie de saisir la nouveauté d'une oeuvre pour l'inscrire ainsi dans la mémoire historique. Si une telle méditation n’accompagnait pas l’histoire du roman, nous ne saurions rien aujourd’hui ni de Dostoïevski, ni de Joyce, ni de Proust.
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Une vieille utopie révolutionnaire, fasciste ou communiste : la vie sans secrets, où vie publique et vie privée ne font qu’un. Le rêve surréaliste cher à Breton : la maison de verre, maison sans rideaux où l’homme vit sous les yeux de tous. Ah, la beauté de la transparence ! La seule réalisation réussie de ce rêve : une société totalement contrôlée par la police.

(p. 302-303)
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K., même dans la situation de l’extrême privation de liberté, est capable de voir une jeune fille frêle dont la cruche lentement se remplit. J’ai dit que ces moments sont comme des fenêtres qui fugitivement s’ouvrent sur un paysage situé loin du procès de K. Sur quel paysage ? Je développerai la métaphore : les fenêtres ouvertes dans le roman de Kafka donnent sur le paysage de Tolstoï ; sur le monde où des personnages, même dans les moments les plus cruels, gardent une liberté de décision qui donne à la vie cette heureuse incalculabilité qui est la source de la poésie.

(p. 262-263)
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Paradoxe qui n'est qu'apparent : plus cette machine de construction est calculée, plus les personnages sont vrais et naturels. Le préjugé contre la raison constructrice en tant qu'élément "non-artistique" et qui mutile le caractère "vivant" des personnages n'est que la naïveté sentimentale de ceux qui n'ont jamais rien compris à l'art.

(Folio, p.29)
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Il faut que celui qui pense ne s'efforce pas de persuader les autres de sa vérité ; il se trouverait ainsi sur le chemin d'un système ; sur le lamentable chemin de l'"homme de conviction" ; des hommes politiques aiment se qualifier ainsi ; mais qu'est-ce qu'une conviction ? c'est une pensée qui s'est arrêtée, qui s'est figée, et l'"homme de conviction" est un homme borné.
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Plus tard, écrivant "Le Livre du rire et de l’oubli", je me suis plongé dans le personnage de Tamina qui a perdu son mari et essaie désespérément de retrouver, de rassembler des souvenirs dispersés pour reconstruire un être disparu, un passé révolu ; c’est alors que j’ai commencé à penser que, dans un souvenir, on ne retrouve pas la "présence" du mort ; les souvenirs ne sont que la confirmation de son absence ; dans les souvenirs le mort n’est qu’un passé qui pâlit, qui s’éloigne, inaccessible.
Pourtant, s’il m’est impossible de jamais tenir pour mort l’être que j’aime, comment se manifestera sa présence ?
Dans sa volonté que je connais et à laquelle je resterai fidèle.

(p. 325)
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Le moment présent ne ressemble pas à son souvenir. Le souvenir n'est pas la négation de l'oubli. Le souvenir est une forme de l'oubli.

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Comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans eux aussi sont faits pour des lectures répétées.
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« Les plus grands romanciers de la période post-proustienne, je pense notamment à Kafka, à Musil, à Broch, à Gombrowicz ou, de ma génération, à Fuentes, ont été extrêmement sensibles à l’esthétique du roman, quasiment oubliée, qui a précédé le XIXe siècle : ils ont intégré la réflexion essayistique à l’art du roman ; ils ont rendu plus libre la composition ; reconquis le droit à la digression ; insufflé au roman l’esprit du non-sérieux et du jeu : renoncé aux dogmes du réalisme psychologique en créant des personnages sans prétendre concurrencer (à la manière de Balzac) l’état civil ; et surtout ils se sont opposés à l’obligation de suggérer au lecteur l’illusion du réel : obligation qui a souverainement gouverné toute la deuxième mi-temps du roman ». (p 92)

« …quelques principes familiers aux anciens romanciers, et qui chers : 1) la liberté euphorique de la composition ; 2 ; le voisinage constant des histoires libertines et des réflexions philosophiques ; 3) le caractère non-sérieux, ironique, parodique, choquant, de ces mêmes réflexions. » (p 98)

« … ce choix montre une intention claire : ne pas faire du réalisme ; encore mieux : ne pas faire du sérieux ». (p 99)

« Quand Verlaine dit : « L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable », c’est une superbe imagination lyrique. Elle est toutefois impensable dans la prose de Kafka. Car ce que, certainement, Kafka n’aimait pas, c’était la lyrisation de la prose romanesque. » (p 128)
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Vivre, c'est un lourd effort perpétuel pour ne pas se perdre soi-même de vue, pour être toujours solidement présent dans soi-même, dans sa stasis. Il suffit de sortir un petit instant de soi-même et on touche au domaine de la mort.
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