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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un ménestrel au Pays des Elfes

Ce roman a été couronné de plusieurs prix en 1991, le World Fantasy Award et le Mythopoeic Fantasy Award.
Le personnage éponyme est un ménestrel qui enchante ses auditeurs et qui se rend régulièrement chez un couple de paysans, Gavin et Meg, qui l'ont accueilli alors qu'il était en difficulté et dont il est devenu l'ami. C'est chez eux qu'il fait la connaissance d'une jeune fille nommée Elspeth.
Les années passant, les relations entre Thomas et Elspeth deviennent plus intimes au point qu'ils envisagent de se fiancer.
Mais, un jour, Thomas rencontre la Reine des Elfes non loin de la demeure de Gavin et Meg. Envoûté par elle, il la suit dans son royaume, il devient son amant et il chante à sa cour, mais il doit se plier à de sévères contraintes, notamment ne parler à personne d'autre qu'à la reine.
Après avoir passé sept années dans le Pays des Elfes, Thomas revient dans notre monde, doté par la reine d'un don de clairvoyance, et il se rend chez Gavin et Meg…
En dépit des prix qu'il a remportés, ce roman m'a déçu dans mes attentes, car l'auteure aurait pu développer bien davantage ce qui relève du merveilleux dans le séjour de Thomas au Pays des Elfes : d'une part, Thomas ne visite pas le pays en question mais il reste confiné dans le palais de la reine (qu'il n'explore pas, d'ailleurs...) et, d'autre part, ses échanges avec les Elfes sont particulièrement limités par le fait qu'il ne peut pas leur parler ! Et pourtant, que de belles histoires ils auraient pu sans doute raconter à Thomas (et au lecteur !)…
Ce sont finalement les parties du récit qui ont trait aux relations de Thomas et d'Elspeth qui font l'intérêt de ce livre, notamment celles qui se déroulent après le retour de Thomas dans notre monde.


Challenge multi-auteures SFFF 2020
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Ellen Kushner met en scène Thomas le Rimeur, célèbre barde dans la mythologie de Faëry.
Si vous êtes adeptes de ce type de récit, il ne vous aura pas échappé qu'il arrive de croiser, au détour de textes sur le Petit Peuple, un barde nommé Thomas dont la légende dit que son talent était tel que la reine des Faes elle-même a succombé à son charme et l'a emporté dans son royaume où il servit durant 7 ans.
Voici donc le récit de cette légende, adroitement mise en scène par une auteure dont la simplicité du style le dispute à une imagination fertile.

Un couple de fermiers voit un jour apparaître sur le pas de leur porte, un jeune vagabond qui se prétend barde et officiant pour les plus belles cours du royaume. Amusés puis charmés, ils lui offrent leur hospitalité. Au fur et à mesure des saisons, une véritable relation se noue entre le couple et le jeune freluquet.
Thomas n'est pas un modèle de piété. Il court les routes, séduit les dames à la cour et les servantes dans les greniers. Pourtant, une jeune fille issue du village de ses hôtes attire de plus en plus son attention exclusive. C'est sans compter sur sa merveilleuse voix et sa musique. Enivré par son succès au sein des cours, il se comporte en vrai coquin.
Lorsqu'il rencontre un jour une très belle dame portée par un cheval blanc à la crinière ornée de clochettes, il ne prête pas attention aux histoires pourtant maintes fois entendues et mises en chansons par ses soins. Son caractère arrogant attire l'attention de la cavalière et en échange d'un baiser de la belle, Thomas se voit contraint de la suivre en Faëry où il devra y servir la reine pendant 7 ans.
J'ai beaucoup apprécié l'imagination de l'auteure sur les péripéties de ce barde en haute cours de Faëry. Interdit de parler à quiconque autre que la reine, Thomas, dont le trait d'esprit était jusque là sa meilleure arme, doit trouver d'autres ressorts pour échapper aux pièges que les Faes, esprits joueurs et retors, ne manquent pas de dresser sur chacun de ses pas. C'est donc aux endroits où il doit servir qu'il se montrera le plus intelligent : dans la grande salle lors de ses interventions musicales et dans le lit de la reine.
Après avoir déjoué la plupart des tours du petit peuple et regagné sa liberté, Thomas se verra affublé d'un étrange don, cadeau de la reine des faes elle-même.

Un texte assez riche qui repose, à la base, sur des sources assez minces.
Le talent de conteuse de Ellen Kushner n'a rien à envier à son héros principal, ce barde coquin et obtus qui reçut en cadeau du petit peuple, le don de la parole vraie.
Pour le meilleur comme pour le pire.
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Angleterre. XIIIe siècle. Un homme frappe à la porte d'une petite chaumière isolée afin de s'y abriter quelques heures de la pluie. Meg et Gavin, les occupants du lieu, l'accueillent bien volontiers, même si les manières de l'étranger semblent davantage convenir à la cour d'un roi qu'à leur pauvre masure. Et c'est vrai que ce dernier a l'habitude de côtoyer les puissants, lui dont le talent de barde n'est plus à prouver et dont les chansons égaillent les veillées des seigneurs des environs. Ce barde, c'est Thomas le Rimeur, un nom qui vous dira peut-être quelque chose puisqu'il s'agit du héros d'une célèbre ballade écossaise, elle-même inspirée par un véritable musicien et poète qui aurait vécu au XIIIe siècle. L'histoire est bien connue, et voici, en substance, ce qu'elle raconte : alors qu'il profite d'un repos bien mérité au pied de l'arbre d'Eildon,le barde Thomas reçoit la visite de la reine des Elfes qui, après lui avoir donné un baiser, l'entraîne avec elle dans le pays des Fées. Il y demeurera sept années, sans vieillir, mais aussi sans avoir le droit d'adresser la parole à d'autres créatures qu'à la reine elle-même. Celui que l'on surnomme alors le « rimeur » rejoindra ensuite son monde avec, en cadeau, le don de prophétie et du « parler vrai ». Déjà célébré en tant que musicien, le voilà désormais réputé pour ses talents de divination qui le rendent aussi célèbre que le mythique Merlin l'Enchanteur. C'est ce récit qui sert de trame au roman d'Ellen Kushner, une oeuvre d'une grande sensibilité et justement récompensée en 1990 par le World Fantasy Award.

Le roman est découpé en quatre parties dans lesquelles s'expriment chaque fois un narrateur différent : Gavin (le paysan qui offre au barde le gîte et le couvert au début du roman) ouvre la danse, suivi par Thomas lui-même, puis Megan (l'épouse du premier) et enfin Elspeth (une jeune fille qui vit à proximité). Chacun des narrateurs possède une manière de parler bien particulière : Meg et Gavin, issus de la campagne, s'expriment ainsi avec un style qui se rapproche parfois du patois, tandis que Thomas adopte un langage plus sophistiqué tout en nous faisant profiter de quelques extraits des chansons dont il est l'auteur. Ce travail effectué par Ellen Kushner sur la langue est une véritable réussite et ajoute à la musicalité du récit (chapeau d'ailleurs à la traductrice qui fait ici un superbe travail !) L'intrigue en elle-même est assez classique et reste fidèle à la ballade d'origine. On est d'abord frustré de voir Thomas quitter le monde des hommes, tant on est impatient de voir comment va évoluer sa relation avec Elspeth, mais on se laisse rapidement prendre au charme du Pays des Fées et de la Reine des Elfes qu'on quitte à son tour à regret. La plus grande réussite du roman reste ses personnages pour lesquels on ressent immédiatement une forte empathie, qu'il s'agisse de l'attachant couple de paysan dont le pragmatisme se heurte souvent à la fâcheuse tendance du Rimeur à s'apitoyer sur son sort, ou encore de Thomas lui-même qui peut agacer parfois mais dont on ne peut pourtant s'empêcher d'apprécier l'humour et l'habilité.

Ellen Kushner signe avec « Thomas le Rimeur » un très beau roman basé sur une histoire certes classique mais portée par une superbe plume, pleine de poésie. Une parenthèse enchantée qui fait un bien fou et que je vous recommande chaleureusement.
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Thomas est né d'une très ancienne ballade écossaise, elle-même inspirée de la vie de Thomas Learmounth, un barde ayant vécu à l'époque de Robert the Bruce et Wiliam Wallace et capable de prédire l'avenir (il avait prédit entre autres la mort d'Alexandre III). Mais on ne sait que très peu de choses sur la vie de Thomas. Les meilleures sources se trouvent en littérature. Walter Scott a publié quelques unes des prophéties, Rudyard Kipling a écrit un poème et beaucoup plus près de nous, Elle Kushner en a fait le héros de son roman.

Or donc, le séduisant Thomas, coureur de jupons et joueur de harpe, s'en vient trouver refuge, un jour, chez un vieux couple de fermiers écossais, Gavin et Meg. Lesquels tentent avec plus ou moins de bonheur de percer les mystères de cet attachant jeune homme, habitué à divertir, pour ne pas dire enchanter, bien des nobles.

La vie s'écoule doucement pour ces personnages jusqu'à ce que Thomas disparaisse un beau matin. C'est que malgré la présence fort attirante de la jolie Elspeth, notre barde succombe au charme ensorceleur de la Reine des Elfes. Et après un baiser fatal, Thomas s'engage à vivre auprès de la Reine, dans son royaume, durant sept années.

C'est un récit à quatre voix qui nous conte l'avant et après-disparition de Thomas. Durant ses 7 années passées au sein du petit peuple, Thomas prend du bon temps, on ne peut le nier, mais il apprend aussi l'humilité et la patience et c'est un homme changé qui revient vers ses amis et la femme qu'il aime. Rongé à jamais par la nostalgie et devant maîtriser son don de prophétie, notre joueur de harpe reprend le fil de sa vie brièvement interrompu. Au lecteur de découvrir sa fin...

Je n'avais pas aimé le précédent roman d'Ellen Kushner, ce pseudo cape et d'épée, plat et ennuyeux. Ici tout est très différent. Soit que l'auteur ait été véritablement guidée et inspirée par les Elfes et l'Ecosse magique, soit que la traductrice Béatrice Vierne (c'est elle qui traduit habituellement Elizabeth Gaskell) ait insufflé son talent au texte.

Peu importe, j'ai réellement savouré ce beau récit, une parenthèse enchantée dans mes lectures actuelles, d'autant plus que ce conte est quasiment introuvable sous une autre forme (mais je me trompe peut-être !). Je recommande, cela va sans dire.
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Un roman dont j'ai beaucoup apprécié la traduction. On est ici dans un style très oral, avec 4 points de vue différents. 4 façons de parler différents, dont un personnage avec une sorte de patois des campagnes et une autre qui n'a pas sa langue dans sa poche. le tout est très bien rendu, et parvient à rester intelligible et agréable à lire. le roman se lit alors comme une sorte de ballade chantée, un choeur accompagné de harpe. C'est fluide, ça coule tout seul, et c'est mignon. Comme une chansonnette du Rimeur.

Le roman est assez court, et pourtant il s'étale sur une durée assez longue, puisqu'il suit toute la vie de Thomas. Pour cela, il utilise de manière habile les temps différenciés entre Faërie et monde des humains, propose des ellipses temporelles bien amenées mais aussi des longueurs pour souligner le temps qui s'étire. J'ai trouvé le maniement de la temporalité assez génial, tant dans le contenu que dans la forme.

J'ai trouvé que le roman s'apparentait au conte, dans sa manière de raconter, le ton et la morale qui se dégagent du récit. Une sorte de far far away a long time ago, entre réalité et faërie, réel et rêve; c'est le récit d'un personnage marqué par ses (mauvais) choix qui se lit, et les conséquences qui en découlent. A chaque moment, Thomas semble inaccessible, n'appartenant pleinement à aucun monde. C'est plutôt lent, contemplatif, mais là encore, cela va tellement bien au style de la ballade musicale.

Une promenade qui m'a beaucoup plu ! Et je garderai longtemps en mémoire le final déchirant, véritable point d'orgue de ce morceau musical.
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Merci aux éditions Actu SF pour cet envoi ! Comme vous pouvez vous en douter, Thomas le Rimeur a attiré mon attention car c'est une réécriture de mythes celtes anciens. Et j'aime les mythes celtes. de plus, j'avais déjà bien apprécié la plume de l'autrice dans à la pointe de l'épée. Alors, qu'en ai-je pensé ?

Ellen Kushner offre une réécriture d'un barde écossais qui passa 7 ans parmi les fées, enlevé par la Reine des Elfes. L'histoire retrace donc l'évolution de Thomas le Rimeur. Et comme pour faire écho au métier de son personnage, l'autrice use d'une plume très poétique, notamment dans la partie où il est le narrateur. le récit est ainsi traversé de périodes de chansons et de poèmes qui permettent de mieux connaître les anciennes légendes médiévales. Certains trouveront peut-être ces éléments longs, mais Ellen Kushner semble se concentrer sur une fantasy plutôt contemplative, centrée sur l'humain, comme le ferait une Jo Walton avec un sens du merveilleux différent ceci dit. En tout cas, la plume de l'autrice traduit parfaitement la finesse d'esprit de son protagoniste.

Mais ce n'est pas tout, car elle adapte également le style au personnage qui narre l'aventure. Thomas le Rimeur n'est pas le seul. Gavin, le fermier, a ton plus rustre mais assez drôle. Meg, la femme de ce dernier, est directe, généreuse et piquante. Enfin, Elspeth est mise en avant par son abnégation. La narration est assez maîtrisée et permet d'aborder l'histoire sous différents angles et époques. Par exemple, commencer par un point de vue externe à Thomas offre la possibilité de faire de lui un personnage mystérieux, sympathique mais presque inaccessible. La période du monde de fée montre à la première personne comment s'adapter à un monde différent. Repasser à un point de vue humain lors du retour de Thomas marque le fait qu'il ne puisse être considéré totalement comme humain, pointant son appartenance aux deux mondes, comme l'aura remarqué la reine des Elfes en personne. Mais n'est-ce pas un peu le cas de tous les artistes ?

Ellen Kushner semble avoir une connaissance pointue du monde du Moyen-Âge anglais. Cela se voit à travers son vocabulaire passé, mais aussi des détails comme les roms qui, en effet, ont exercé pendant des siècles la profession de rétameur. C'est donc un récit plutôt immersif dans ses aspects de la vie quotidienne. D'autant plus que Thomas semble avoir un véritable don de conteur (c'est son taf, vous allez me dire). Mais c'est aussi visible dans les aspects du merveilleux, qui nous ouvre les portes d'une fantasy étrange et ancienne qui trouve racine dans de nombreux mythes de l'époque.

Les Elfes sont certes d'une beauté enchanteresse, mais ce sont également des êtres inconstants et imprévisibles. le propos n'est pas manichéen, et les êtres magiques ont des défauts comme des qualités. Mais ont aussi une logique très spécifique qui échappe totalement à nous autres, pauvres créatures mortelles. Pourquoi diable Thomas ne peut-il parler à personne d'autre qu'à la reine des elfes ? Pourquoi la colombe a-t-elle besoin de sang pour parler ? (oui, c'est mystérieux dit comme ça). Nous sommes vraiment dans un merveilleux fondé sur la métamorphose, les êtres magiques liés à la nature.

J'ai de nouveau bien aimé la plume de l'autrice, qui nous offre un récit qui sent bon la magie et les mythes celtes ! Si le début est un peu long à se mettre en place, l'ambiance mystique du monde du Bon Peuple est bien retranscrit, nous entraînant dans un univers déstabilisant, à la logique propre comme seuls les mythes anciens peuvent nous présenter. La plume de l'autrice, les personnages sympathiques et sa connaissance du monde médiéval permettent de nous immerger dans le récit.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Thomas le Rimeur est la réécriture d'une légende écossaise qui raconte comment le barde Thomas a succombé aux charmes de la Reine des Elfes et a ensuite passé sept ans dans son pays. Divisé en quatre parties, le roman montre différents points de vue, dont celui de Thomas ce qui gache malheureusement l'aura du personnage. Si la langue et la musicalité du texte sont d'une exceptionnelle qualité, je n'ai pas réussi à l'apprécier sur un plan personnel car ce n'est simplement plus ce qui me parle et j'en suis la première attristée. Quoi qu'il en soit, ce texte se destine aux lecteur·ices·x qui aiment les légendes celtiques et qui cherchent une plume enchanteresse.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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Adapté d'une ancienne ballade écossaise, elle-même inspirée par la vie du devin et poète écossais Thomas le Rhymer (XIIIe siècle), le roman d'Ellen Kushner est devenu un classique de la littérature féerique depuis sa publication en 1990.

Dans une Ecosse médiévale et rurale, nous découvrons la vie de Gavin et Meg, un couple de paysans qui voit son quotidien chamboulé par la rencontre avec Thomas, un barde qui gambade d'une cour seigneuriale à l'autre, enchantant, ensorcelant son auditoire. Sous le charme du jeune homme, Gavin et Meg lui font une place dans leur vie, toujours heureux de lui offrir l'hospitalité quand son chemin le mène jusqu'à leur mansarde. Beau parleur, Tom égaye les veillées au coin du feu. Il est un peu comme le fils qu'ils n'ont pas eu alors il s'amusent de le voir tourner autour d'Elsepth, une jeunette du coin, sauvage et piquante face au barde cajoleur et séducteur.
Jusqu'au jour où Thomas disparaît. Pendant 7 ans, c'est à la reine des Elfes qu'il doit conter fleurette sans jamais adresser la parole à un autre membre de l'étrange cour féerique. Tout entier dévoué aux désirs de la Belle insaisissable, Tom subit quelques épreuves, tente de résoudre une énigme, doit faire preuve de patience et s'oublie parfois lui-même. La captivité dure 7 ans et le voilà, après avoir honoré sa promesse, libéré des entraves féeriques… ou presque. Il reparaît sur la colline, à la porte de Gavin et Meg. Mais le beau parleur a changé, moins séducteur, marqué par les épreuves, presque effrayé par les fées qui pourraient revenir le chercher et détenteur d'un nouveau don encombrant. Pourtant, malgré toutes ces années, Thomas n'a pas oublié la jolie Elspeth ; mais elle, qu'est-elle devenue ?

Le principal intérêt de ce roman réside à mon avis dans sa forme. Ellen Kushner a choisi de découper son texte en quatre grandes parties, offrant à chacune d'elle le point de vue et donc la voix d'un personnage différent. Mais point de répétition dans le récit puisque le temps continue à défiler entre chaque intervention. de la rencontre avec Thomas racontée par Gavin dans le premier chapitre aux dernières années du barde, rapportées par Elspeth dans les dernières pages, le lecteur passe du temps avec chacun mais surtout avec celui qui donne son nom au roman, évidemment.
J'ai aimé les ellipses narratives entraînées par ce mode de narration, les années défilent sous nos yeux sans ennui. Bien sûr, des zones d'ombre persistent, on ne sait pas tout sur tout mais en même temps, dans la vie réelle, personne n'est omniscient. Si l'histoire d'un individu nous était contée par plusieurs proches, chacun irait de son anecdote et de son souvenir, tous n'auraient pas la même chose à raconter. Et c'est exactement ce qui se passe ici. Ellen Kushner accentue le passage d'un point de vue à l'autre en changeant la voix de ses personnages. Vocabulaire, tournures de phrases… elle insuffle ce qu'il faut de différence pour faire vivre ses quatre héros sans trop en faire non plus.

On s'y croit. Dans cette campagne écossaise médiévale où une fée peut apparaître au détour d'un arbre, au coin du feu alors qu'un barde nous chante quelques épopées accompagné de son indispensable harpe… et même auprès de la reine des Elfes et de sa cour féerique, aussi mystérieuse et insaisissable que la tradition le veut. Aussi séduisante et dangereuse également. On y retrouve également le pouvoir des noms (quand on connaît le véritable nom de quelqu'un/quelque chose, il nous appartient) et la différence de temporalité entre nos deux mondes (un jour chez les fées peut se transformer en un an chez les mortels).
J'ai aimé le décor, j'ai aimé l'écrin et j'ai aimé la forme de ce Thomas le Rimeur. J'ai même aimé le développement de l'histoire, très ballade médiévale. Mais comme souvent avec cette forme, je ne suis pas autant touchée que je le souhaiterais, je reste à distance des personnages et de leurs émotions. Et l'émotion, c'est bien ce qu'il a manqué dans ma lecture. C'est une belle histoire, tragique et véritablement féerique… mais qui manque d'impact et d'intensité à mon goût. J'ai aimé suivre l'aventure de Thomas, j'ai eu de la sympathie pour lui et ses proches mais je ne me suis jamais vraiment sentie impliquée. Dommage.

Plus je découvre la littérature féerique, plus je l'aime pour son ambiguité et l'ambiance étrange qu'elle propose. A chaque fois j'ai l'impression qu'un tableau préraphaélite (ou associé) prend vie grâce aux mots de l'auteur (les différentes Ophelia de Waterhouse par exemple). Je n'ai donc eu aucun mal à entrer dans le décor proposé par Ellen Kushner, j'y ai très vite trouvé des éléments connus auxquels me raccrocher… j'ai aimé sa vision du personnage légendaire qu'est Thomas le Rimeur, j'ai aimé ses ajouts scénaristiques, j'ai aimé ses personnages et surtout, j'ai aimé sa narration. Mais il m'a manqué l'émotion qui prend à la gorge, la sensibilité à fleur de peau. Et ça, ça change tout.
Lien : http://bazardelalitterature...
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Quatre parties se succèdent : la première est racontée par Gavin, vieux paysan qui accueille Thomas par une nuit de tempête, suivie du récit de Thomas en Faërie ; Meg, la femme de Gavin, reprend ensuite la parole, pour finir sur l'histoire d'Elspeth.

Ellen Kushner s'est inspiré d'un ancien conte écossais pour écrire ce magnifique roman de fantasy. Tous les éléments du livre sont une réussite ; l'histoire se déroule lentement sous nos yeux, telle une longue ballade jamais ennuyeuse, car l'auteure a su amener des nouveaux éléments dans chaque partie (l'histoire d'amour qui se tisse entre Thomas et Elspeth, l'énigme de la colombe qui pleure du sang, le don-malédiction dont la reine des fées fait cadeau à Thomas, etc.).
J'ai d'ailleurs apprécié le fait que les récits s'enchainent de façon chronologique, car je m'attendais à ce que chaque personnage raconte la même histoire d'un point de vue différent ; mais du coup le récit progresse toujours, on ne tourne pas en rond et on ne voit pas passer les chapitres.
Les ambiances sont extrêmement bien rendues, aussi bien celle du quotidien des paysans, des longues soirées d'hiver, de la vie dans les petits villages perdus ; que celle totalement inventée, tout aussi crédible, du pays des fées, de ses coutumes, de ses conflits, de ses créatures, de ses mystères.
Mais la vraie force de ce roman, c'est le style de l'auteure. Vous qui en avez assez des écritures interchangeables, des styles neutres voire insipides, vous pourrez enfin trouver quatre voix différentes, chacune avec un ton coloré, où les mots et la façon de raconter l'histoire révèle tout autant (voire mieux) la personnalité du narrateur que ses simples agissements ou descriptions. Chaque voix se différencie vraiment des autres, le style est plein de saveur, ; tantôt bourru et un peu fruste pour le récit de Gavin, tantôt aérien et poétique dans la partie narrée par Thomas, c'est un vrai bonheur de lecture de voir les personnages prendre vie au fil des phrases.
Lien : http://chezradicale.canalblo..
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Par une obscure nuit de tempête, Meg et Gavin ouvrent leur porte. Un jeune homme est sur le seuil et demande l'hospitalité, avec pour seul bien la harpe qu'il porte sur son dos. Un jour passe, puis des mois, au cours desquels il prend peu à peu la place du fils qu'ils n'ont jamais eu.

Mais Thomas le rimeur n'est pas seulement un ménestrel. C'est aussi un beau parleur, un joueur, un coureur, qui n'hésite pas à s'arranger avec la réalité. Et à toujours courir, on finit par se perdre. Surtout quand on traîne du côté des Monts d'Eildon. Un baiser volage et le voilà au service de la reine des Elfes, pour sept longues années.

A son retour, les choses sont différentes, car désormais, il sait ce qu'elles renferment.

C'est une bien jolie lecture à la poésie solennelle et ténébreuse, qui rappelle parfaitement les épopées médiévales. On y retrouve la dualité entre le bien et le mal, le savoir et l'ignorance, la beauté et la laideur, la fuite et l'immobilité... le contexte fantasy n'empêche pas de trouver des héros profonds et nuancés, auxquels on s'attache sans y prendre garde : j'ai beaucoup apprécié la manière dont les personnages dits secondaires construisent l'histoire au même titre que le personnage principal. Les points de vue s'alternent, et les récits s'entrecroisent avec une belle subtilité !

Vous l'aurez compris, je vous conseille vivement ce livre, pour prendre le temps de rêver les yeux ouverts. le rythme est parfois assez lent, mais ne vous découragez pas, je vous assure que la fin en vaut la peine....
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