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sur 73 notes
Revoilà donc Gereon Rath de retour. J'avais aimé sa première aventure, le poisson mouillé, dans le Berlin de l'année 1929, qui appelait une suite. J'ai beaucoup aimé cette mort muette qui n'est pas le dernier puisqu'une troisième enquête est écrite et en cours de traduction. Gros livre (667 pages !) qui ne lasse jamais. Cependant, je débute par une retenue qui vient du contexte : on le sent bien présent, mais l'auteur y fait référence à doses homéopathiques. En 1930, à Berlin, les communiste et les nazis s'affrontent assez violemment dans les rues, la police est sur les dents pour tenter d'endiguer la violence pendant les manifestations des bruns ou des rouges. J'aurais aimé que l'auteur, qui est historien, nous restitue cet arrière plan beaucoup plus fortement. Les policiers Rath et ses collègues ne prennent aucune position, enfin, pas clairement. On sait à peine, on devine plutôt ce qu'ils pensent sans vraiment que ce soit net. On ne peut que supposer, aisément certes, que Gereon Rath n'est pas nazi, dans ce qu'il fait comme allusions, dans le jazz qu'il écoute (musique interdite par les nazis) et dans le fait qu'il roule dans une Buick (voiture états-unienne), ce qui à l'époque, n'est pas forcément bien vu des futurs gouvernants de l'Allemagne. C'est un peu comme si les policiers vivaient hors les événements qui commençaient à secouer le pays. Mais peut-être à l'époque ces événements étaient-ils ressentis comme ayant peu d'importance, on est encore à trois ans de l'arrivée au pouvoir d'Hitler ?

Par contre, une autre partie de ce que j'appelle le contexte est bien restituée : le passage du cinéma muet au cinéma parlant ! Les tenants de l'un s'opposent à ceux qui ne jurent que par l'autre. Les défenseurs du muet pensent que leur cinéma est le seul qui soit artistique et que le parlant signe la mort du cinéma. Les autres pensent a contrario que le parlant est l'avenir. Avenir qui leur donnera raison, mais en 1930, rien n'est encore sûr, ce que rend bien Volker Kutscher.

Venons-en maintenant aux autres bons points : l'enquête est prenante, les personnages suffisamment complexes pour qu'on ait envie d'en savoir un peu plus sur eux. Gereon Rath en particulier, qui oscille entre la règle et des méthodes moins scrupuleuses. Il n'hésite pas à demander des services à Johann Marlow, le chef de la pègre berlinoise, qui les lui rend bien volontiers, ne lui demandant encore rien en retour, pour le moment ; une sorte de contrat secret les lie l'un et l'autre. Rath n'hésite pas non plus à frayer avec la presse, à faire des enquêtes "off" pour le compte de personnes influentes. Tout ce qui est bon pour faire avancer sa carrière, il le prend. Parce qu'il ne pense qu'à cela Gereon. A sa carrière. A son avancement. Sauf lorsque Charlotte réapparaît dans sa vie : là, ses pensées se divisent. C'est ce qui le rend humain, cette ambition, cette envie qu'on parle de lui. Il n'est pas un pauvre flic, désabusé qui ne pense plus qu'à arrêter les "méchants". Ce qu'il veut lui, c'est bien sûr arrêter les meurtriers mais aussi que ça se sache. Il veut donc travailler sur des affaires dont on parle et qui peuvent lui rapporter.
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Aujourd'hui on peut imaginer qu'en voyant un film au cinéma ou à la télé, celui-ci soit complétement dénué de dialogues, d'échanges verbaux entre les personnages. Et pourtant, le cinéma parlé n'a pas été conçu en même temps que la création des Frères Lumière. le cinéma parlant est apparu dans les années 30 et les deux cinémas se sont quelque peu côtoyés. le cinéma muet et ses protagonistes considéraient que le son allait dénaturer, dévoyer "l'acting", le jeu d'acteur, l'interprétation des émotions. L'histoire les a contredits avec l'avènement du cinéma parlant et la quasi disparition du cinéma muet, si l'on fait abstraction de la sortie de "The artist". Volker Kutscher nous plonge dans ce moment de transition avec "la mort muette", paru aux éditions du Nouveau Monde.

Berlin, 1930. Hitler n'est pas à la tête de l'Allemagne et la capitale n'est pas encore divisée. Temple du cinéma allemand, l'industrie de la pellicule voit arriver le cinéma parlant. Et Betty Winter, actrice phare du moment, y boucle une scène quand un projecteur brûlant lui tombe dessus et l'électrocute en même temps qu'il ne la brûle. Face à cette mort tragique, la police berlinoise mandate le fin limier Commissaire Gereon Rath pour éclaircir les circonstances de cette mort. Et son enquête va le pousser à explorer la mutation du cinéma avec les anti contre les pro cinéma parlant. Et si cet accident n'était qu'un moyen pour entraver l'avènement du cinéma parlant ?

Il est bien difficile de synthétiser en quelques phrases un roman de près de 740 pages. Mais ne craignez pas ce nombre, la prouesse de Volker Kutscher est de nous captiver à cette enquête tout au long du récit. Il déroule méthodiquement l'enquête du commissaire Rath sur une dizaine de jours d'une manière très exhaustive. L'auteur nous plonge avec brio et finesse dans ce Berlin assez méconnu de l'intérieur, cette Allemagne pas encore complètement sous le joug du National Socialist au niveau politique mais qui laisse entrevoir par quelques allusions que cela ne va bientôt pas sentir très bon. Même si le personnage de Rath n'est pas d'une épaisseur exceptionnel, il est suffisamment étayé et ses difficultés avec la hiérarchie le rendent hyper attachant. "La mort muette" réussit de main de maître à alpaguer le lecteur dans cette quête de vérité, dans cette Allemagne qui mute silencieusement comme le cinéma et sa révolution parlante. Une belle découverte que cet écrivain allemand, auteur aussi du "poisson mouillé", son précédent roman où le commissaire Rath officiait déjà et qui a inspiré la série "Babylon Berlin"
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Après "Le poisson mouillé", je me suis attaqué en allemand à ce polar de plus de 600 pages et j'en suis venu à bout, mais pas toujours sans ennui. Quelques coups de théâtre heureusement contribuent à relancer l'intérêt.

On est ici dans le milieu du cinéma, où une actrice est victime d'un accident qui n'en est peut-être pas un, au cours du tournage de son premier film parlant. Rapidement, d'autres actrices passent de vie à trépas, cette fois assassinées visiblement par un tueur qui met en scène leur sacrifice.

Toujours aussi dégourdi et apte à se fourrer dans des situations risquant fort de lui attirer les foudres de sa hyérarchie, Géréon Rath enquête.
Il a gagné en décontraction, un peu. Il a toujours une bonne descente, il renonce vite à arrêter la cigarette, et son idylle avec une belle sténotypiste du Burg Berlinois (le QG de la police) repart sur les chapeaux de roues.
C'est plutôt bien ficelé, classique mais cette fois, clairement trop étiré en longueur.

J'ai regretté que la montée en puissance des nazis ne prenne pas autant de place que dans "Le poisson mouillé", mais la plongée dans le monde très friqué du cinéma, la concurrence naissante du parlant, qui menace le muet, est intéressante.

Je place ce deuxième tome en léger retrait par rapport au premier, même s'il est aussi documenté.
Le style en est aussi classique, sans folie.
Géréon a gagné en épaisseur psychologique, en humour même un peu, et s'il est et reste un personnage globalement attachant, le tueur psychopathe est quant à lui assez prévisible dans le dernier tiers de ce pavé, qui aurait gagné à être un peu dégraissé..
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Encore un beau roman policier d'époque/d'ambiance.
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Fin février 1930, à Berlin, une actrice montante, en passe de percer dans les nouveaux films parlants, meurt sur le plateau lors du tournage de son prochain film, alors qu'elle donnait la réplique à son époux, acteur lui aussi. Mais le commissaire Gereon Rath, mis sur l'affaire, découvre que cet accident n'est pas peut-être pas si innocent que ça et, quand une de ses connaissances travaillant pour un studio concurrent, lui demande de retrouver une de ses actrices fétiches qui n'a pas donné signe de vie depuis quelque temps, il n'en faut pas beaucoup plus pour imaginer qu'un tueur en série sévit dans le milieu du cinéma …
J'avais lu le premier roman mettant en scène le commissaire Gereon Rath et j'avais énormément aimé alors quand j'ai vu que le second opus était enfin paru, j'étais très contente de me le voir attribué dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio ! Et je n'ai pas été déçue par cette lecture, même si je l'ai peut-être un peu moins aimé que le précédent. En fait, j'ai adoré le fait que l'histoire mêle Histoire (avec le contexte de fond du Berlin du début des années 30), milieu du cinéma (et plus particulièrement les débuts du cinéma parlant) et enquêtes policières (j'utilise un pluriel car il y en a effectivement plusieurs, même si on peut penser que certaines peuvent être finalement liées entre elles). Par contre, j'ai peut-être trouvé l'histoire proprement dite plus « banale », plus classique (et avec donc moins de surprises) par rapport au premier titre, avec un contexte historique moindre. Et bien sûr, on connait déjà Gereon Rath et si j'ai eu le plaisir des retrouvailles, ce n'était plus le plaisir tout neuf de la découverte. En fait, c'est parfois dans la vie privée de Gereon que j'ai eu du mal à m'y retrouver, mes souvenirs du premier opus étant un peu flous sur les détails et ce roman s'enchaine à la suite du premier, faisant nombre de références à ce qu'il s'était passé précédemment et que j'avais malheureusement un peu oublié (d'où mon tout petit bémol !). Mais j'ai énormément apprécié l'ambiance qui se dégage de ce livre, avec ses personnages récurrents intéressants et que je trouve peu communs (vu que ce n'est pas une période que je connais très bien et que dans l'ensemble, je lis peu de livres allemands). Un troisième titre est en court de traduction et je l'attends avec impatience !
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J'ai découvert cet auteur à travers la série diffusée sur Canal + "Berlin Babylon" - adaptation du livre "le Poisson mouillé" - et ai découvert en faisant le tour de ma bibliothèque que j'avais "La mort muette".

Je trouve que l'auteur n'a pas développé le contexte historique et politique si ce n'est que le pays est en crise et que le chômage augmente. Il n'aborde pas la montée du nazisme.

Dans ce type de livre - le polar historique relatif à la république de Weimar et la montée du nazisme en Allemagne - je préfère de loin les livres du regretté Philip Kerr ou d'Harald Gibers.
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Ce qui m'enchante dans cette série de Volker Kutscher, c'est le cadre original dans lequel se déroule l'histoire. 1930 à Berlin ; l'Allemagne se ruine par le versement des réparations pour dommages de guerre alors que la crise financière se poursuit ; le chômage augmente terriblement ; le gouvernement est instable et l'ambiance électrique. C'est aussi le moment où le film parlant s'impose et c'est dans ce milieu bien particulier que se déroule l'enquête. On y découvre les changements dramatique que ce progrès technique entraîne dans la vie des acteurs, des réalisateurs et des producteurs. Et on découvre le quotidien d'une grande ville dans les années 1930 à travers les personnages d'arrière plan : taxis, concierges, patrons de bar, domestiques, ouvriers, techniciens, commerçants... La vie du commissariat suit son cours également avec ses amitiés et ses rivalités. le héros est sympathique mais humain, il se trompe, il se fait avoir, il doute, il n'est pas très bien vu de sa hiérarchie. Ce n'est pas le policier arrogant qui sait tout, prévoit tout, déjoue tous les pièges et reçoit des lauriers, qu'on à l'habitude de rencontrer dans certains polars et c'est très bien ainsi. L'énigme est bien touffue, on est tenté de soupçonner de nombreuses personnes, on a du mal à comprendre quel peut être le mobile du ou des assassins...

En somme, un roman policier captivant qui ne néglige pas de donner un cadre solide à son énigme. Il est bien construit, sans doute bien écrit (je ne connais pas l'allemand) et à coup sûr bien traduit par Magali Girault qui l'a transposé dans un français très agréable. Vivement le troisième de la série !
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Décidément le commissaire Rath n'est pas Bernie Gunther - histoire un peu laborieuse
On comprend peut-être pourquoi les autres oeuvres de l'auteur ne sont plus traduites
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Après Darian Richards (flic créé par Tony Cavanaugh), me voilà dans les bras de Gereon Rath…
Alors, j'avais adore la BD tire des romans, la série (2 saisons vues pour l'instant) qui est assez éloignée de la trame arrière des romans, je le sais à présent, et là, j'ai lu le volet 2 (oui, j'ai eu du mal à trouver le 1, mais je viens de le commander d'occasion…et j'avais déjà le 3)… et, comment dire, j'ai beaucoup aimé, adoré ?
L'enquête sur les meurtres de ces actrices plus ou moins connues du cinéma muet allemand, l'atmosphère de Berlin à la fin des années 20, coincée entre crise économique, crise politique, et créativité artistique libre (on rappelle que Berlin était aussi dynamique et « folle » que Paris à cet époque… même carrément LA capitale de la culture ?)… Gereon Rath a un passé que j'ai deviné …(dans le Tome 1, merci Lisa !!!), des cauchemars nocturnes, une addiction au Cognac (on s'étonne donc que j'ai aimé le garçon ??), une tendance à faire cavalier seul, à avoir des intuitions et est un « con romantique » comme il se définit… il traîne un regret sur une fille (Charlotte Ritter qui dans la série est une collègue et collaboratrice pas sa fiancée), des ennemis de sa propre unité policière, un père omniprésent (et au sommet de sa carrière), un frère mort et un autre en exil…
Bref, entre enquête, montée des extrémistes que l'on sent (il parle de la mort de Wessel, par exemple ou des SA dans la globalité), les amitiés nébuleuses ou sincères, ses coups de poing ou sa rébellion face à un supérieur, tout a été facile, limpide à lire, passionnant à découvrir… Bref, je n'ai pas vu passer les 640 pages, etc. et, comme pour Cavanaugh, j'ai hâte de lire les autres… Sachant, en sus, qu'il y a 5 volets de plus en allemand, non traduit pour l'instant (et dire que je ne peux même pas me proposer !!!)… Bref, vous l'aurez compris… j'ai été emballée!
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Nous voici de retour dans le Berlin des années 30, que j'avais découvert l'année dernière en lisant le poisson mouillé, premier roman de l'auteur. Cette fois-ci, c'est dans le milieu du cinéma que se déroule l'enquête qui causera bien des tracas à Géréon Rath, ce commissaire atypique qui a bien du mal à travailler de concert avec son équipe et ne réussit guère à se faire aimer de ses coéquipiers et de ses chefs. Il faut dire qu'il a tendance à suivre son instinct plutôt que la pure logique policière, et qu'il fait souvent cavalier seul...

Nous sommes à l'avènement du cinéma parlant, qui vient de faire son entrée dans les salles obscures. Considéré comme un progrès technique par certains et comme un art à part entière, il apparaît pour d'autre comme une hérésie, un non sens qui tue le cinéma muet traditionnel. Cette querelle des anciens et des modernes est très intéressante et permet de jeter un oeil sur les dessous de cet art dont on parle relativement peu, sauf à évoquer les stars à l'affiche.

Après la mort d'une actrice sur le tournage de son premier film parlant, le commissaire Rath suspecte de suite un meurtre, plutôt que la théorie de l'accident prônée par ses collègues. Et lorsqu'il retrouve une autre actrice disparue, morte, habillée, maquillée et présentée comme une mise en scène, qu'un producteur lui avait demandé de chercher discrètement en dehors de sa mission de policier, il ne peut s'empêcher de lier les deux affaires. Pas évident pourtant de comprendre à qui peuvent profiter ces deux crimes : à des producteurs qui investissent des sommes colossales dans cet art, aux détracteurs de ces nouvelles techniques, ou à des passionnés un peu fous...

Rath devra se battre contre tous : ses supérieurs et collègues qui veulent lui retirer l'affaire, son père qui toujours le traite comme un subordonné peu capable, mais surtout contre ses démons personnels et ses souffrances, d'autant plus grandes qu'il est seul, mis à part son ami le journaliste qui l'aide dans l'enquête. On peut facilement lire ce deuxième tome sans avoir lu le premier, mais je crois que l'on aurait tout de même du mal à comprendre ce personnage complexe sans connaître un peu de son passé, qui a été dévoilé dans le poisson mouillé, ou tout du moins de l'excuser d'avoir un caractère si difficile. Il est seul, certes, mais il a le don de faire le vide autour de lui par son sale caractère et ses réactions pour le moins excessives et totalement irrespectueuses envers ses supérieurs !

L'histoire est intéressante, même si l'on découvre le coupable dès la moitié du roman. Il ne nous reste plus qu'à comprendre les tenants et aboutissants de l'intrigue et d'assister aux nombreuses mésaventures de Rath avant que ce coupable soit identifié comme tel par les forces de police. Dommage, j'aime bien les romans policiers qui me font gamberger jusqu'à la fin et élaborer diverses hypothèses... J'ai regretté également le peu de descriptions du contexte historique et politique, qui par contre avait été bien abordé dans le premier roman et m'avait passionnée. On sait que c'est la crise car le chômage augmente, mais on n'a pas cette vision de la montée du nazisme que j'avais trouvée si intéressante.

Au final, une lecture sympathique, mais pas impérissable.

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