Die Akte Vaterland

Disponible uniquement en allemand, ce 4e volet des enquêtes du dégourdi (et un poil borderline !) commissaire Gereon Rath est sans doute le plus fouillé sur le plan des références historiques : on est à la période clé de la montée du nazisme et il y est fait référence abondamment, autant à Berlin (où nous est dépeint le "Mini-Putsch" qui plaça à la tête de la police des afficionados nazis) que dans la région frontalière avec la Pologne où les hitlériens et leurs chemises brunes s'imposèrent sans équivoque...

Dans un bar-restaurant à la mode à Berlin, un étrange meurtre par paralysie et noyade dans un monte-charge donne du fil à retordre aux enquêteurs, d'autant plus qu'il fait écho à d'autres morts suspectes dans le pays qui présentent des similitudes de mise en scène.
A la poursuite d'un hypothétique tueur en série, Gereon Rath est dépêché dans une petite ville de Prusse orientale, Treuburg, où est fabriqué un célèbre alcool dont la contrefaçon semble être liée au premier meurtre.
Tout ça donne lieu à une enquête plutôt... alambiquée (forcément puisqu'on parle de gnôle) où se mélangent des histoires de contrebande d'alcool, de vengeance après le meurtre d'une jeune femme que devait épouser le patron de la distillerie de Treuburg, de la vie marginale d'un orphelin qui se transforme en homme des bois féru de culture indienne, des fiançailles officielles de Rath avec sa dégourdie collègue Charlotte...

Tout cet évènementiel est au final assez peu vraisemblable, contrairement au contexte historique dans lequel est placée l'enquête.
Reste que ce quatrième volet est un de mes préférés, bien construit en courts chapitres, toujours dans un allemand fluide mais suffisamment soutenu, et somme toute facile à suivre si on réussit à ne pas se mélanger les pinceaux entre les noms des nombreux protagonistes...

Plutôt un bon cru, donc.

Kutscher Volker, – "Die Akte Vaterland : Gereon Raths vierter Fall" – Kiepenheuer & Witsch, 2012 (ISBN 978-3462044669)

Comme le sous-titre l'indique, il s'agit du quatrième volume des aventures du commissaire Gereon Rath, secondé par sa charmante auxiliaire Charlotte Ritter (déjà féministe et "femme libérée standard", ça frise tout de même l'anachronisme, mais bon, assez crédible pendant la période historique illustrée ici). L'intrigue se déroule vers la fin de la République de Weimar, vers 1930-1933, à un moment où la montée du national-socialisme devient quasiment inexorable.

L'une des principales scènes historiques intégrées dans le récit est d'ailleurs la destitution, le 20 juin 1932, des instances policières prussiennes relevant du gouvernement local social-démocrate de Prusse, remplacées par un directoire directement nommé par le gouvernement impérial tombé aux mains de Franz von Papen (celui qui offrira ensuite le poste de chancelier à Hitler, dont il deviendra l'éphémère vice-chancelier).
Autre aspect intéressant : une bonne partie de l'action se passe en Masurie, une petite région de la Prusse Orientale, qui vota en 1920 son maintien dans le cadre allemand en rejetant (99,32% des suffrages) son incorporation dans la nouvelle Pologne. Vers la fin, l'auteur tire un peu sur la corde, ça devient un peu longuet et invraisemblable, mais bon, le lecteur indulgent que je suis lui pardonne.

Le livre est bien écrit, dans un bon allemand standard plutôt soutenu, parsemé de métaphores et d'expressions plaisantes comme il est d'usage d'en produire dans cette langue. Une lecture à conseiller aux personnes souhaitant entretenir un bon niveau de langue courante.