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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9781720792895
376 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (07/07/2018)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Daria est la traduction française d'un roman publié en 2015 en Roumanie. Avec un puissant sentiment des mystères cosmiques et une certaine forme de sensibilité poétique, l'autrice dresse ici plusieurs portraits essentiellement féminins autour de celui de l'héroïne, une styliste perfectionniste que les épreuves de la vie ne découragent guère. Le lecteur français trouvera également dans ce roman polyphonique des descriptions d'une classe moyenne roumaine provinciale t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne peux que reprendre ici mon billet publié sous l'édition originale le 18/10/2017 :

Je sors du cinéma où je viens de voir le dernier film de Tonie Marshall, « Numéro Une » où la sublime Emmanuelle Devos incarne une femme à la fois fragile et victorieuse. La condition féminine a encore des combats à mener avant que la parité soit réellement atteinte, malgré le final optimiste (bien plus que d'habitude chez la réalisatrice que je suis depuis ces débuts et que j'apprécie tout particulièrement).

Daria, ressemble à cette première femme à la tête d'une entreprise du CAC 40 (après un détour par les arcanes du pouvoir politique, économique et des cercles d'influence). Elle est styliste, la meilleure dans son domaine, mais sa vie est loin d'être un long fleuve tranquille, et l'écrivaine, sa créatrice, est une peintre (au propre comme au figuré) généreuse, mais surtout érudite (remarquable érudition aussi dans les dialogues de « Numero Une »).

Elle invoque des grands classiques de la littérature universelle (Horace, Ovide) mais surtout de la littérature roumaine qu'elle a enseignée : Nicolae Filimon, pour n'en citer qu'un seul. Prénom d'origine perse, dérivé de Darius, Daria est aussi une série télévisée que je ne connais hélas pas, mais dont je n'exclue pas une éventuelle parenté avec le roman de Violeta ("Violette") Lăcătușu. Avec une habilité rare, la romancière insère même des évocations d'histoires vraies, mais je n'ai (à ce stade tout du moins) pas le droit de tout vous dévoiler.

Si l'amour (de préférence partagé) et la réussite sont les maîtres mots de ce roman, la lucidité et la maturité de style sont les qualités indéniables de cette « Numéro Une » roumaine , dont le prénom renvoie dans l'original, à l'acceptation du don, de l'offrande (dar, ia !). Dans l'attente de la version française de DARIA, allez voir le film de Tonie Marshall.
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Tandarica nous apprend dans son billet que Daria signifie"acceptation du don". Ce titre correspond totalement au contexte de ma lecture puisque ce livre est le don particulier et touchant de la traductrice de ce roman... L'histoire s'articule autour de Daria,jeune femme pour laquelle tout semble sourire puisqu'elle brille par sa beauté et sa réussite dans le mode de la création. Pourtant elle cache une enfance bien plus dure qu'il n'y paraît et un chagrin d'amour qu'elle n'a pas pu dépasser. Tout un petit monde gravite autour d'elle,dont certaines personnes ambitieuses,envieuses et même haineuses. L'enchevêtrement de l'histoire de tous ces personnages permet de rappeler l'Histoire de la Roumanie avec ses blessures, mais aussi une Roumanie moderne , désireuse de reconnaissance et d'intégration européenne.
J'avoue ne pas avoir réussi à m'approprier ce roman car j'y ai trouvé des ruptures de style assez étonnantes mais surtout, j'ai eu le sentiment que sous prétexte d'une histoire l'auteure a surtout voulu passer un message très fort concernant la quête existentielle . Pour cela elle fait référence à tout l'éventail des "sciences" ésotériques ce qui a mis en alerte mon sens critique certainement de trop en m'empêchant d'adhérer sans arrière pensée à l'histoire. Cela me contrarie car j'aurais vraiment voulu être à la hauteur de ce don...j'en garde,la douceur et la sensibilité de la traductrice.
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Daria est une créatrice de mode à succès qui, meurtrie par un échec amoureux, se consacre exclusivement à ses modèles. Elle fait preuve à l'égard de ses collaborateurs, d'une extrême générosité. Lui en a-t-on pour autant de la reconnaissance ? Pas le moins du monde. On prend pour faiblesse ce qui est bonté. Et on la gruge. On la vole. On dresse des embûches sur sa route. On complote dans l'ombre pour se substituer à elle. C'est un tableau sans complaisance que l'auteure nous dresse des travers de tous ces personnages qui s'agitent devant nous et interagissent entre eux. Pour la plupart, et selon les cas, autocentrés, avides, narcissiques, préoccupés de l'effet qu'ils produisent sur autrui ou imbus d'eux-mêmes, ils poursuivent obstinément des objectifs chimériques ou superficiels.
Le récit est fluide. Les péripéties s'enchaînent avec aisance. On se laisse porter avec plaisir de chapitre en chapitre. C'est pourquoi je me suis d'autant plus senti, pour ma part, parfois déstabilisé par les ruptures de rythme et de propos qui viennent de temps à autre le casser.

Ainsi, par exemple, de ce long chapitre consacré à tout un exposé ésotérico-philosophique, mis dans la bouche de Daria. Que vient-il faire là ? Notre héroïne regrette parfois que sa vie soit parquée dans des limites strictement professionnelles. Elle veut, elle mérite autre chose. Et elle s'efforce de se tourner alors vers des valeurs « supérieures ». Sauf que celles qu'elle tente d'adopter là, et c'est sans doute ce que l'auteure a voulu nous faire toucher du doigt, ne sont pas celles qui lui correspondent à elle. D'où le discours pompeux et amphigourique qu'elle fait tenir à Daria. Il fleure l'artificiel à plein nez. Et il lui faudra trouver ses solutions ailleurs.

Ainsi aussi de l'extrait, fort long, du journal maternel qui opère une remontée dans le temps, de génération en génération. Sans doute éclaire-t-il en partie la personnalité de Daria, mais on en ressort un peu étourdi. On a le sentiment d'un travail préparatoire à l'écriture du roman qui aurait été arbitrairement plaqué là pour n'être pas perdu. Et on ne peut s'empêcher de se dire qu'il y aurait eu là largement matière à un autre récit. Ample. Dont on regrette d'être finalement privé.

Ainsi encore de l'interminable conversation entre personnages, tout à la fin de l'ouvrage, sur la Roumanie, son avenir et sa place dans l'Europe. Elle est certes passionnante. Elle nous offre des aperçus fort intéressants sur la façon dont les Roumains se perçoivent, mais a-t-elle vraiment sa place dans ce récit dont elle vient ébrécher le flux ?

Les « réserves » que j'émets là sont bien entendu toutes personnelles. Elles n'engagent que moi et ne prétendent en rien avoir valeur universelle. Il est vrai que, je l'avoue, lorsque je m'immerge dans un ouvrage, j'apprécie, pour ma part, d'être porté de bout en bout sans « parasites ». Mais, cela étant, j'ai malgré tout pris infiniment de plaisir à la lecture de cet ouvrage sur lequel je remercie Gabrielle Danoux d'avoir attiré mon attention.
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Un roman troublant dans lequel l'amour est perdu parmi les problèmes quotidiens. J'ai été impressionné par la multitude et la diversité des personnages, par la manière dont l'auteur parvient à décrire à la fois la société et l'âme humaine.
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Merci à Tandarica de permettre de découvrir cette autrice passionnante. Daria est un roman "total", dans le sens où il embrasse aussi bien le récit que l'intrigue, le théâtre (nombreux chapitres très dialogués), le roman historique et la poésie. Même certains dessins apparaissent dans des pages de journaux intimes. dessins qui m'ont particulièrement touchés d'ailleurs par leur simplicité et leur universalité. Raconter ? Non, lisez. C'est difficilement racontable. Daria est le nom de l'héroïne qui parcourt le monde contemporain (et l'histoire) au coeur d'une Roumanie moderne, humaine et donc contradictoire. le ton va du dialogue familial acerbe, aux récits plus sociologiques (la scène d'ouverture est très forte), en passant par la quête spiritualo-mystique, le tout fortement compliqué soit par des résurgences de lourds passifs familiaux (ou historiques ou les deux) ; soit par une intrigue économico-manipulatoire. Bref, on passe très vite du grenier à la cave, la parole étant donné à d'autres personnages les portraits ne sont jamais partisans, mais toujours partagés. Au détour du roman et de ses nombreuses ramifications, les thèmes de la communauté Tzigane, de la maladie, de l'acceptation d'un enfant différent, sont abordés. C'est foisonnant, parfois posé, parfois très très rapide. Je me suis un peu perdu parfois mais sans doute du au mode de lecture que j'ai expérimenté (c'est mon premier roman lu sur tablette il y a un début à tout). Je me dis qu'il y a beaucoup beaucoup de talents à découvrir en Roumanie et que sans traduction à la (H)auteur, nous n'en profiterions pas. L'opportunité est là, alors n'hésitez pas, sautez sur l'occasion.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
— C’est un pinson, l’éclaira Dany, qui avait entre temps fait des recherches sur Google. Souhaitez-vous des détails ?
— Non. Cela me suffit de l’entendre chanter et je crois qu’on sait tout sur lui.
— C’est une façon de voir les choses, marmonna Dany, qui en avait toujours après sa mère, qui, quoiqu’il arrive, ne cessait jamais ses remontrances.
— Tu n’aimes pas cet oiseau ? interrogea Rodica avec intérêt, en constatant que les yeux de sa progéniture étaient toujours rivés sur l’écran de son ordinateur portable.
— Là-dedans j’ai tous les oiseaux de la forêt, et non pas un seul.
(p. 36)
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Est-ce que les éléments et les faits qui ne servent plus peuvent encore laisser une trace dans ce monde ? Parlent-ils encore du sens de notre existence ?
Je regarde encore une fois la feuille jaunie par le temps qui a prolongé son humiliation au-delà de la prison. Assignée à résidence, grand-mère n’a pu, dans les quelques années qu’elle a encore vécues dans la souffrance et la pauvreté, revoir aucun membre de la famille. Elle est restée pour un temps dans le souvenir de celles qu’elle a soignées au camp, et qui elles non plus ne sont plus de ce monde aujourd’hui, et elle existe encore dans mon souvenir.
(p. 307)
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— Croire en ce qu’on veut bien nous faire croire : que nous reconnaissions notre infériorité, que nous soyons convaincus d’avoir une histoire au rabais, que nous ne prononcions surtout pas le mot patriotisme, autrement nous serions condamnés, que nous nous croyions capables de rien, et depuis peu, que nous nous croyions paresseux et d’autres choses dans ce genre. Or, la perte de l’estime de soi est la plus puissante arme pour neutraliser un peuple, c’est moi qui vous le dis ! persévéra-t-il. Que nos jeunots soient contents de pouvoir donner libre cours à leurs instincts ! Avec des exceptions, bien sûr, s’arrêta-t-il en regardant Dany dont il savait que c’était un jeune éminent.
(p. 324-325)
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— Tu as raison. Moi aussi, j’admire les Occidentaux, puisqu’on en parle, pour la beauté de leurs villages, pour leurs investissements dans la recherche et le développement, pour leurs lois droites et claires, parce qu’ils savent exactement ce qu’ils veulent à l’avenir et surtout pour leur estime de soi.
On aurait dit une leçon, mais à l’attention de qui ? Ils le savaient tous. Dany observa Ghiță presque bouche bée. Celui-ci le remarqua et, souriant, ajouta :
— Pour leur histoire qu’ils idolâtrent, pour leurs victorieuses guerres de conquête, pour l’intelligence de leurs intrigues politiques, pour l’habilité financière, pour la persévérance dans leurs projets hégémoniques jusqu’au-boutistes et, si vous voulez, pour leur cynisme. Tel est l’Ouest, nous sommes le reste. Mais en tant que bon os à ronger.
(p. 327-328)
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— Des cours de yoga, ça alors.
— Je suis allée à ces cours pour y apprendre ce dont je croyais avoir besoin. Écoute ça : dans la chambre à vapeur, soit à approximativement 90 °C, j’ai rencontré plusieurs fois Sting et j’étais fort étonnée ; tous se demandaient comment il pouvait encore être si sexy à soixante-dix ans. Son corps était comme sculpté. Il avait développé une musculature fine, comparable à celle d’un danseur d’opéra. Un beau matin, il est arrivé avec ses gardes dans une jeep. En réalité, il y en avait deux, des jeeps, une pour lui et l’autre pour les gardes du corps. Il est descendu une minute avant l’horaire prévu, en boxer et avec son corps modelé, à la façon d’une sculpture réussie. Il prit son tapis de sport et fit une démonstration de flexibilité que tous admirèrent. Il est entré dans la zone sans se soucier de notre classe de vingt-trois filles. Détendu, il a fait ses exercices. Avec quelle aisance il a porté ses pieds derrière le cou ! Cet homme d’un mètre quatre-vingt passait d’un exercice à un autre en ondoyant comme un écoulement. C’était étonnant !
(p. 250-251)
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