« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »
Étienne de la Boétie est né en 1530 à Sarlat dans le Périgord, décédé en 1563, à l'âge de trente-trois ans. Il fut écrivain, poète, philosophe, conseiller au Parlement de Bordeaux et fut l'ami de
Montaigne.
Les historiens sont d'accords sur ce point. Son essai le "Contr'un" qui constitue une très sévère critique contre la tyrannie, fut écrit à l'âge de dix-huit ans.
Ce n'est qu'en 1574, que fut publié en vieux français, dans un recueil, le « Contr'un » appelé communément «
le discours de la servitude volontaire »
Mais que contient ce « discours » d'Etienne de la Boétie. ?
Et dont la transcription très rigoureuse de 1836, établie par Charles Teste, figure dans l'édition « Petite Biblio Payo »
Le philosophe fait une analyse sur l'état et le fonctionnement actuelle des sociétés.
Pour lui, les hommes naissent tous égaux dans une fraternelle affection. Et en conséquence tous devraient être naturellement libres, et que la Nature n'a jamais mis aucun en servitude.
L'homme ne devrait point avoir de maître.
Mais, comme dans l'analyse de
Pierre Leroux en 1847, que je cite :
- « Tant que le problème de n'avoir plus de maitre ne sera pas résolu, préférer la monarchie aux autres formes politiques ou à l'anarchie. C'est préférer l'unité à la division, c'est espérer l'avènement de l'unité véritable. Voilà pourquoi la monarchie et la papauté subsistent encore aujourd'hui, malgré tant de révoltes. »
Le philosophe est surpris, il s'interroge, de voir « des millions et millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis, tête baissée, à un joug déplorable » (ce sont ses mots).
Il avance l'hypothèse, que tous ces hommes et ces femmes ne sont pas seulement contraints par la force, mais qu'ils sont souvent fascinés, ensorcelés par un seul homme, un seul chef parfois des plus injustes et des plus cruels, un seul seigneur ou roi redouté par ses sujets et qui les dirige d'une main de fer.
D'autre part, Etienne de le Boétie, a du mal à concevoir qu'une minorité de minorité, identifiée dans son discours, comme des « maîtres », des « tyrans » réussissent à imposer l'obéissance totale à l'ensemble de leur peuple.
Et que le fait que ledit peuple qui obéit à leur tyran, s'éloigne de leur propre liberté.
Et que malheureusement, un peuple qui nait sous le joug et qui est élevé dans cette servitude, prend conscience de sa nature « d'esclave » dès sa naissance et se contente de vivre comme un serf, durant toute leur vie.
Pour Etienne de la Boétie, il est désarmant de voir, ces hommes et ses femmes qui ont perdus quelque part le goût de se battre pour récupérer la liberté qui leur fut confisquée. Un peuple constitué de milliers d'êtres humains, qui sont souvent désunis entre eux et qui n'ont plus la synergie pour élaborer une révolte.
Les grands tyrans de ce monde, savent très bien comment élever et maintenir leurs sujets dans la servitude et l'esclavage.
Il suffit de conserver ses sujets dans l'ignorance, de semer la division entre eux, pour leur enlever toute énergie d'une rébellion et de les maintenir dans la peur.
L'esclavage semble remonter à des temps très lointains. Depuis que les sociétés, toujours plus vastes et en expansion, se sont crées, se sont formées, se sont structurées sous la forme d'une pyramide. Elles ont établi des rangs, des castes, des groupes pour chaque humain.
Les sociétés ont aussi créé des Dieux, pour pouvoir regrouper sous une même croyance, en grand plus grand nombre de personnes. Afin de pouvoir les contrôler, de les séduire, de les aveugler pour mieux ensuite les manipuler et les aliéner.
Les tyrans ont compris aussi que pour adoucir, pour abêtir et pour amollir le peuple, ils devaient les distraire, les amuser par des jeux, des loisirs et satisfaire leurs vices.
Etienne de la Boétie rappelle la célèbre phrase : « Panem et circenses »). Que déjà dans l'empire romain, il fallait donner au peuple « Pain et jeux ». Ainsi celui-ci pouvait se divertir et se nourrir. On assistait alors à une paix sociale et on évitait tous conflits et tous soulèvements.
Mais un tyran ou un despote seul ne pourrait exister et ne pourrait rien entreprendre, s'il ne bénéficiait pas du soutien d'hommes fidèles.
C'est ainsi qu'il asservi ces sujets les uns par les autres.
Ces autres, ces personnes cupides et détestables, qui se mettent au service du despote et viennent serrer à deux mains la servitude. Des personnes vils et pitoyables qui espèrent partager un butin et surtout obtenir les faveurs de leur maitre.
Ce sont ces personnes, les plus cruelles, les plus craintes par la population servile, car ce sont elles qui exécutent les ordres de leur maître, ce sont elles qui pillent, qui volent, qui violent et qui tuent.
Ce sont elles qui, en devenant aussi serviables et corvéables à merci, ont perdu toute liberté.
Je laisse à chacun de faire des liens, d'établir des parallèles et même des raccourcis, avec cette crise monumentale que nous vivons aujourd'hui et la gestion « calamiteuse » des années Covid-19, faite par nos gouvernants.