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Traité critique sur l'absolutisme, intemporel et lucide
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Que dire de plus par rapport aux commentaires existants ? Pas grand chose, si ce n'est que j'ai été frappé par la modernité de son "Discours", où à chaque page on pourrait faire des liens avec une actualité plus ou moins récente, plus ou moins nationale.

La version "traduite" en français moderne des Éditions Mille-et-une-Nuits est très fluide, précise, efficace. Si la légende dit vrai, ce livre aurait été écrit à l'âge de 18 ans...(les historiens en sont un peu moins sûrs) D'autant plus que le jeune La Boétie semble jonglé aisément avec les références de la Grèce classique : Homère, Xénophon, Thucydide, etc.

Ce livre, en peu de pages, va à l'essentiel et traite de l'asservissement volontaire du peuple au(x) dirigeant(s), de sa peur, de ses habitudes ancrés mentalement (l'habitus de Bourdieu), de son absence de révolte, de volonté individuelle ou collective. Des formes de la tyrannie, de la clique de sangsues collabos qui profitent du pouvoir pour acquérir un petit pouvoir local, de la gestion pyramidale des individus. Et donc en fin de compte d'une l'importance de la prise de conscience, de la désobéissance civile (Thoreau). Que ce soit des tyrannies sanglantes où des formes plus modernes d'un despotisme doux (Tocqueville), la servitude se montre toujours volontaire, établit dans les mentalités et dans les gestes.

L'ouvrage a l'intelligence de n'être qu'une critique acide, ne proposant ou n'avançant aucun moyen concret. Sa force en aurait été diminué, sa modernité également. Dans sa forme actuelle, ce discours rejoint le patrimoine mondiale des traités et essais capitaux, au côté de Platon, Aristote, Machiavel, Thoreau, Rousseau ou Tocqueville. Excusez du peu.

A vous de choisir, vivre en homme livre ou sous les fers des esclaves politiques.
Lien : https://www.amazon.fr/gp/cus..
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« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »

Étienne de la Boétie est né en 1530 à Sarlat dans le Périgord, décédé en 1563, à l'âge de trente-trois ans. Il fut écrivain, poète, philosophe, conseiller au Parlement de Bordeaux et fut l'ami de Montaigne.
Les historiens sont d'accords sur ce point. Son essai le "Contr'un" qui constitue une très sévère critique contre la tyrannie, fut écrit à l'âge de dix-huit ans.
Ce n'est qu'en 1574, que fut publié en vieux français, dans un recueil, le « Contr'un » appelé communément « le discours de la servitude volontaire »

Mais que contient ce « discours » d'Etienne de la Boétie. ?
Et dont la transcription très rigoureuse de 1836, établie par Charles Teste, figure dans l'édition « Petite Biblio Payo »
Le philosophe fait une analyse sur l'état et le fonctionnement actuelle des sociétés.
Pour lui, les hommes naissent tous égaux dans une fraternelle affection. Et en conséquence tous devraient être naturellement libres, et que la Nature n'a jamais mis aucun en servitude.
L'homme ne devrait point avoir de maître.

Mais, comme dans l'analyse de Pierre Leroux en 1847, que je cite :
- « Tant que le problème de n'avoir plus de maitre ne sera pas résolu, préférer la monarchie aux autres formes politiques ou à l'anarchie. C'est préférer l'unité à la division, c'est espérer l'avènement de l'unité véritable. Voilà pourquoi la monarchie et la papauté subsistent encore aujourd'hui, malgré tant de révoltes. »

Le philosophe est surpris, il s'interroge, de voir « des millions et millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis, tête baissée, à un joug déplorable » (ce sont ses mots).
Il avance l'hypothèse, que tous ces hommes et ces femmes ne sont pas seulement contraints par la force, mais qu'ils sont souvent fascinés, ensorcelés par un seul homme, un seul chef parfois des plus injustes et des plus cruels, un seul seigneur ou roi redouté par ses sujets et qui les dirige d'une main de fer.
D'autre part, Etienne de le Boétie, a du mal à concevoir qu'une minorité de minorité, identifiée dans son discours, comme des « maîtres », des « tyrans » réussissent à imposer l'obéissance totale à l'ensemble de leur peuple.
Et que le fait que ledit peuple qui obéit à leur tyran, s'éloigne de leur propre liberté.
Et que malheureusement, un peuple qui nait sous le joug et qui est élevé dans cette servitude, prend conscience de sa nature « d'esclave » dès sa naissance et se contente de vivre comme un serf, durant toute leur vie.

Pour Etienne de la Boétie, il est désarmant de voir, ces hommes et ses femmes qui ont perdus quelque part le goût de se battre pour récupérer la liberté qui leur fut confisquée. Un peuple constitué de milliers d'êtres humains, qui sont souvent désunis entre eux et qui n'ont plus la synergie pour élaborer une révolte.
Les grands tyrans de ce monde, savent très bien comment élever et maintenir leurs sujets dans la servitude et l'esclavage.
Il suffit de conserver ses sujets dans l'ignorance, de semer la division entre eux, pour leur enlever toute énergie d'une rébellion et de les maintenir dans la peur.
L'esclavage semble remonter à des temps très lointains. Depuis que les sociétés, toujours plus vastes et en expansion, se sont crées, se sont formées, se sont structurées sous la forme d'une pyramide. Elles ont établi des rangs, des castes, des groupes pour chaque humain.

Les sociétés ont aussi créé des Dieux, pour pouvoir regrouper sous une même croyance, en grand plus grand nombre de personnes. Afin de pouvoir les contrôler, de les séduire, de les aveugler pour mieux ensuite les manipuler et les aliéner.

Les tyrans ont compris aussi que pour adoucir, pour abêtir et pour amollir le peuple, ils devaient les distraire, les amuser par des jeux, des loisirs et satisfaire leurs vices.
Etienne de la Boétie rappelle la célèbre phrase : « Panem et circenses »). Que déjà dans l'empire romain, il fallait donner au peuple « Pain et jeux ». Ainsi celui-ci pouvait se divertir et se nourrir. On assistait alors à une paix sociale et on évitait tous conflits et tous soulèvements.

Mais un tyran ou un despote seul ne pourrait exister et ne pourrait rien entreprendre, s'il ne bénéficiait pas du soutien d'hommes fidèles.
C'est ainsi qu'il asservi ces sujets les uns par les autres.
Ces autres, ces personnes cupides et détestables, qui se mettent au service du despote et viennent serrer à deux mains la servitude. Des personnes vils et pitoyables qui espèrent partager un butin et surtout obtenir les faveurs de leur maitre.
Ce sont ces personnes, les plus cruelles, les plus craintes par la population servile, car ce sont elles qui exécutent les ordres de leur maître, ce sont elles qui pillent, qui volent, qui violent et qui tuent.
Ce sont elles qui, en devenant aussi serviables et corvéables à merci, ont perdu toute liberté.

Je laisse à chacun de faire des liens, d'établir des parallèles et même des raccourcis, avec cette crise monumentale que nous vivons aujourd'hui et la gestion « calamiteuse » des années Covid-19, faite par nos gouvernants.
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Un très jeune homme, une acuité qui frôle le don de voyance :) !!! et tout reste frais, vrai et tristement d'actualité....
Lien : http://annabelle.mdx@free.fr
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" Soyez résolu de ne servir plus, et vous voilà libres. "
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Brillant, imparable, indispensable.
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La Boétie nous montre que la servitude réside en nous, dans l'acceptation de la tyrannie et le renoncement à la nature profonde de l'homme qui est l'amour franc de la liberté.
Tout ceci reste ma foi d'une parfaite actualité !
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Nécessaire. Passionnant. Profondément actuel.

Un essai qui m'est tombé au meilleur moment entre les mains vu le contexte politique.

La Boétie nous fait réfléchir sur les questions du pouvoir, de la soumission et de la rébellion.

C'est grandiose et écrasant de vérités.
À lire !
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C'est dingue comme un si petit livre peut avoir d'aussi grandes répercussions. Son auteur est génial. Son idée est géniale. La servitude qui est l'inverse de la liberté serait volontaire. Cette idée n'a rien perdue de sa force. Il est raconté que cette oeuvre exceptionnelle serait la copie rendue par La Boétie à un exercice donné par un professeur de l'université d'Orléans. Nous ne savons pas quelle fût sa note mais le texte est entré pour toujours dans l'histoire. L'idée est si géniale que la question est toujours posée sans que la réponse soit évidente. La Boétie ne serait pas allé au bout de la démonstration. Si vous relisez le discours, La Boétie conclue sa démonstration. La Boétie relie la servitude à l'habitude. Il n'y a rien de plus puissant que l'habitude, La Boétie nous dit que l'habitude est une seconde nature chez l'homme. A lire. A relire.
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Comme tous les commentaires les plus élogieux ont déjà été faits à l'égard de cette oeuvre, je vais tempérer le propos :

De La Boétie était jeune au moment de l'écriture, et aussi grande soit son intelligence, cela ne l'empêche pas de tomber sur des écueils tels que son manque d'expérience des rapports humains. Il n'est pas mention, à un seul passage, de psychologie ; il en parle sous un biais factuel.

J'attendais un texte qui sorte de la dimension purement politique ; de la Boétie ne parle pas des allégeances humaines telles que celles que l'ont fait à son entourage, à ses amis… il est uniquement question d'un asservissement d'un citoyen par l'État.

Sur la forme : chaque démonstration ne complète pas forcément le propos ; de la Boétie a tendance à se répéter.

Il en reste que c'est une bonne démonstration — militante — des différents piliers de la tyrannie.


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Écrit par la Boétie alors que celui-ci n'avait que 18 ans, Discours de la servitude volontaire se veut critique sur les habitudes du peuple à se laisser gouverner, et à apprécier la soumission.

Avec un regard intellectuel, critique et objectif, Discours de la servitude volontaire étonne par sa pertinence et ses exemples choisis avec soin. Les idées qui y sont explicitées demeurent pleines d'humanisme, rendant leur auteur plus que sympathique.

Bien que court, cet essai reste dense et devrait être mis entre les mains de tout citoyen, particulièrement en ces temps actuels.
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