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Il y a le sujet, bien sûr, cette belle étape, cette page magnifique dans le grand livre de la construction par l'esprit humain d'un humanisme universel, cette dénonciation de la tyrannie, pathologie du lien politique et social, avec une lucidité qui en fait un texte incroyablement prescient et moderne, aux prolongements multiples dans des domaines aussi variés que la sociologie, la science politique, la psychologie etc.
Il y a cet auteur, génie fascinant, mort bien trop tôt, qui écrivit ce texte alors qu'il n'était probablement âgé que de seize ou dix-sept ans, qui réussit le prodige d'avoir formulé cet hymne à la liberté en plein coeur du XVIème siècle.
Et puis il y a cette langue, langue ancienne et exigeante bien sûr mais aussi riche et truculente, par laquelle cet esprit brillant, supérieur, nous transmet par sa poésie, même au travers des siècles, des vérités éternelles.
Trois exemples au hasard ?
L'autoportrait en relief : « l'ardeur de la franchise fait mépriser le péril »
puis en creux : « les gens asservis (…) perdent (…) la vivacité et ont le coeur bas et mol, et incapable de toute chose grande. »
Et enfin, la dénonciation mordante, acérée, limpide et implacable d'un effet collatéral de la tyrannie : « (...) dès lors qu'un roi s'est déclaré tyran, tout le mauvais, toute la lie du Royaume, je ne dis pas un tas de larronneaux et essorillés qui ne peuvent guère en une république faire mal ni bien, mais ceux qui sont tachés d'une ardente ambition et d'une notable avarice, s'amassent autour de lui et le soutiennent pour avoir part au butin et être, sous le grand tyran, tyranneaux eux-mêmes. »
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Quelle lucidité chez cet "honnête homme"! et quelle modernité ! En le lisant j'avais en tête tous les dictateurs des XX° et XXI° siècles qui défilaient. Je repensais à La dernière nuit du Raïs et me disais qu'il y a près de cinq cents ans, Etienne de la Boétie avait déjà tout compris. Les Allemands de la RDA l'avaient-ils lu en 1989? Un texte court mais intense. Il pioche ses exemples dans l'histoire romaine en véritable homme de la Renaissance mais on peut assez facilement leur substituer des exemples plus récents.
A faire lire dans toutes les dictatures, démocratures et démocraties. Vite.
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Excellent ! Je me suis régalé à lire cet opuscule qui était passé entre mes griffes. C'est surprenant, qu'un essai politique aussi "vieux" puisse être aussi pertinent de nos jours, pour peu qu'on adapte légèrement le discours à nos problématiques contemporaines.


Du point de vue des idées, ce livre n'a rien à envier aux anarchistes de notre époque. Quant à l'écriture, elle est proprement jouissive (dans sa traduction récente), avec des tournures de phrases bien senties et des moments de foutage de gueule particulièrement réjouissants : je pense au passage faussement laudateur à l'égard du royaume de France. Bref, un classique et un indispensable !
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Ce discours permet une réflexion sur les causes de la tyrannie. Par la définition de la tyrannie, La Boétie en vient à se demander comment cela ce fait-il que tout un peuple en vient à se soumettre à une seule personne bien que ces derniers souffrent. Il pense alors à une servitude volontaire. C'est par manque de volonté qu'un peuple ne se révolte pas selon lui. du moins, c'est plus précis. Si la nature de l'humain est la liberté, son éducation et le contexte fait que certains humains sont dénaturés et ne désirent plus forcément la liberté. Pourtant pour ne plus être sous le joug du tyran, il faudrait tout simplement ne plus lui obéir. Il me semble, que ses propos sont actuels, bien qu'ils peuvent être critiqués.
Ce livre est un élan vers la liberté. Même au niveau individuel, il permet de prendre conscience de ses servitudes potentielles et c'est ce genre de livre qui permet de garder ses yeux et oreilles ouvertes.
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Découverte de cet ouvrage essentiel grâce à cette belle mise en voie :
https://www.youtube.com/watch?v=JvHpUZ_gf2A
Je tournais autour de cet ouvrage depuis un certain temps. Les textes théoriques ne font pas partie de ce que je préfère, mais des fois, il est bon de se jeter à l'eau. le texte est fort bien dit, le propos est clair, posé et structuré. Très inspiré des Grecs et des Romains, l'auteur puise dans ce savoir pour illustrer son propos de citations, historiettes, exemples, légendes. le propos de l'esclavagisme est transcendé et on s'y retrouve parfaitement, surtout lorsque l'auteur expose que la première cause de soumission volontaire est l'habitude. Comme tout texte profondément intelligent, le penseur nous retourne dans un sens et dans l'autre, mais à la différence de certains, ne nous fait pas perdre la tête. Certes, on tique parfois sur certains propos, mais on dira qu'ils sont d'époque et que les dépasser permet d'accéder à la profondeur du propos. le laïus sur l'éducation avec l'exemple du chien élevé en chasseur et l'autre en domestique est éloquent. On place les deux chiens face à face, on pose une gamelle et un animal sauvage. L'un va chasser et l'autre va se sustenter docilement. Les comportements se fabriquent, dès le plus jeune âge, par l'habitude (toujours et encore), l'habitude, comme d'habitude disait le chanteur. À découvrir si l'on veut sortir un peu de notre zone de confort.
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Pour sa taille et son contenu, ce livre mérite clairement d'être lu; notamment des jeunes lycéens. Relativement aisé dans son vocabulaire et sa structure, l'auteur (tout aussi jeune lors de la rédaction de ce "discours") tente d'expliquer en fonction de sa perception de la Nature Humaine les mécanismes guidant l'asservissement volontaire des masses.
Bien qu'on sente qu'un certain recul, le thème et le raisonnement du texte mériteraient d'être approfondis, on en termine pas moins la lecture avec l'intime conviction que, malgré son jeune âge et à cette époque, l'auteur a déjà bien cerné les rouages qui organisent (en partie donc) la hiérarchie sociale.
C'est une très bonne mise en jambe vers la Philosophie, le questionnement de l'ordre établi, que ce petit discours.
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Ce discours paru, de façon posthume, en 1576 a été écrit vers 1546-1548 (selon Montaigne) par un jeune homme âgé de 16 à 18 ans, à l'époque où abreuvés de culture gréco-romaine les jeunes cerveaux savaient réfléchir, analyser, synthétiser, douter et critiquer (cela a bien changé depuis !).
Étienne de la Boétie (1530-1563) a écrit une oeuvre majeure, d'une modernité et d'une actualité plus vraies que jamais, véritable leçon éthique et morale éternelle.
Il est à regretter que de tels textes ne soient plus ni étudiés, ni même mentionnés au cours des études de nos jeunes esprits qui gagneraient beaucoup à méditer dessus, à s'en inspirer dans le déroulé de leur vie (qu'elle soit privée ou publique) ; jeunes esprits que notre époque façonne volontiers en béotiens (i.e. Personnages lourds, peu ouverts aux lettres et aux arts, qui ont des goûts grossiers).
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Le "Discours de la Servitude Volontaire" de Étienne de la Boétie, oeuvre philosophique d'une profondeur remarquable, demeure un texte incontournable de la pensée politique. Ce traité offre une réflexion saisissante sur la nature du pouvoir et de la soumission. La Boétie n'avait il me semble que 23 ans lorsqu'il l'a écrit, impressionnant!

Dans un style éloquent, La Boétie expose la question centrale de la servitude volontaire, démontrant avec une clarté remarquable comment les peuples, par leur consentement tacite, peuvent se soumettre à des régimes tyranniques. À travers une analyse minutieuse des mécanismes de domination, l'auteur met en lumière la complicité des gouvernés dans leur propre asservissement, dévoilant ainsi les fondements psychologiques de la soumission.

Le discours de la Boétie transcende son contexte historique pour offrir une réflexion intemporelle sur les rapports de pouvoir et les dynamiques sociales. Sa pensée, d'une lucidité saisissante, résonne encore aujourd'hui dans les débats sur la liberté individuelle et la résistance à l'oppression.

Oeuvre d'une rare pertinence, le "Discours de la Servitude Volontaire" continue d'exercer une influence profonde sur la pensée politique moderne, invitant les lecteurs à questionner les fondements de l'autorité et à défendre les valeurs de liberté et de dignité humaine. L'avoir étudié en classe préparatoire m'a beaucoup apporté!
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Étienne de la Boétie (1530-1563) fait partie de ces célébrités dont la brièveté de l'existence ne leur a pas empêché de marquer l'histoire. La Boétie a vécu une vie brillante et brève comme celle d'une comète. On connaît tous ce que Montaigne disait à propos des liens d'amitié qui le liait à La Boétie : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi ». Cette amitié intellectuelle et humaine s'est révélée très tôt, Montaigne est impressionné par le discours de la Boétie sur la servitude volontaire rédigé vers l'âge de 18 ans. Ce texte d'une vingtaine de pages est resté célèbre à la fois pour sa critique violente du pouvoir politique, mais aussi pour l'érudition et la profondeur de pensée dont témoigne cet adolescent. Curieusement, la citation qui résume le mieux l'oeuvre de la Boétie et qui lui est attribuée à tort a été formulée par un député girondin Pierre Vergniaud en 1792 « Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». La thèse de la Boétie est la suivante : Les gouvernants conquièrent et maintiennent leur pouvoir en entretenant la peur afin de maintenir dans la suggestion le peuple qui se soumet au pouvoir en place par la force de l'habitude et de l'éducation. D'une certaine manière le peuple est responsable de son aliénation, car il n'ose pas s'insurger contre une minorité qui organise une hiérarchie à plusieurs niveaux pour assurer sa domination. On peut dire que La Boétie a inspiré le courant philosophique de l'anarchie qui soutient que si l'homme est rationnel il n'a pas besoin de gouvernant pour gérer sa vie.

Le génie de la Boétie tient dans des idées simples, parfaitement exprimées et démontre un certain courage à une époque ou toute rébellion à l'autorité était sévèrement réprimée.

Ce texte est incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à la politique et à la philosophie et ne représente pas un très gros effort de lecture. Toutefois je conseille de le lire dans une édition en français moderne ce qui n'est pas le cas du texte publié dans la collection Librio qui reproduit quasiment le texte du manuscrit d'origine avec les tournures de phrases et le vocabulaire du début du XVIe siècle. J'ai dû consulter souvent des dictionnaires anciens pour déchiffrer certains passages comme celui-ci : « … Lesquels pensera-l'on qui plus gaillardement iront au combat, ou ceux qui espèrent pour guerdon de leurs peines l'entretènement de leur liberté, ou ceux qui ne peuvent attendre autre loyer des coups qu'ils donnent ou qu'ils reçoivent que la servitude d'autrui ?... » (Page 11/12). Ce qui en français moderne pourrait être ainsi traduit : « Lesquels iront le plus courageusement au combat : ceux qui espèrent pour récompense le maintien de leur liberté, ou ceux qui n'attendent pour salaire des coups qu'ils donnent et qu'ils reçoivent que la servitude d'autrui ? »

Il est évident que lire le texte dans sa formulation d'origine ne présente d'intérêt que pour le lecteur qui s'intéresse à l'ancien français. Ce choix de l'éditeur est étonnant pour une collection de vulgarisation qui vise un public de lycéens ou de lecteurs qui souhaitent améliorer sa culture générale et non pas se présenter au concours d'entrée de l'école des chartes.

Le texte est complété par un discours de Benjamin Constant sur la liberté et la démocratie comparés entre l'antiquité et nos jours prononcé en 1819 et par la fable De La Fontaine « Le loup et le chien », si ce dernier texte était utile pour illustrer le propos de la Boétie, le discours de Benjamin Constant n'est là surtout que pour rajouter quelques pages à un volume très mince, mais il est vrai très bon marché (2 euros).

Si vous souhaitez lire la Discours de la servitude volontaire, orientez-vous vers une édition en français moderne complétée par un appareil critique.

Je note 4 étoiles pour l'oeuvre de la Boétie, mais je ne mettrais que 1 ou 2 étoiles pour le travail de l'éditeur.

— « Discours de la servitude volontaire », Étienne de la Boétie, Librio (2015), 73 pages.
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Comme le titre l'indique, il s'agit d'un essai sur la "servitude volontaire". L'auteur considère que la soumission du peuple à un tyran par exemple, ne peut s'expliquer par le rapport de force, et qu'il y a de fait un renoncement à sa liberté de la part du peuple. La Boétie propose des explications à cet état de fait, rappelle que la liberté est ce que l'homme a de plus précieux, explique aussi comme les tyrans s'y prennent pour assujettir un peuple, etc.. J'ai trouvé le texte intelligible, plutôt facile d'accès, très intéressant et tellement actuel !
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