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Nul doute que La Boétie était doué, rare sont les gamins de 18 ans s'amusant à décrypter la tyrannie humaine pour passer le temps, surtout au XVI siècle. L'ouvrage, par cela même, est déjà phénoménal.

Sur le fond, son analyse peut sembler simpliste : si l'homme se laisse assujettir, c'est qu'il "s'habitue" à l'être, et une fois asservi, sa lâcheté et son laxisme entretien sa servitude. Si un peuple entier est assujetti, c'est qu'un système pyramidal l'écrase à sa base. "six, en tiennent sous leur dépendance six mille qu'ils élèvent en dignité" et ainsi de suite...

Simple, sans doute, philosophiquement peu argumenté, assurément. Par contre, La Boétie prophétise l'avènement de la psycho-sociologie avec un talent certain. Quatre cents ans avant les ténébreuses années 30, tout était dit !

C'est cela qui fait frémir dans ce discours. Lire que la liberté est naturelle, qu'aucun animal ne la laissera filer à aucun prix, alors que l'homme lui, est largement disposé à s'assujettir volontairement. Quand on voit que l'histoire à mille fois donné raison à La Boétie, on se fiche de son simplisme argumentaire.

Un texte fondateur, un peu difficile sur la forme car formulé en français d'époque mais tellement beau qu'il fait du bien...
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La Boétie est un parfait humaniste de la Renaissance qui a traduit la Ménagerie de Xénophon et Les Règles de Mariage. L'auteur traite ici de l'honneur de la liberté contre les tyrans. C'est un discours efficace mais très difficile à lire, plusieurs faits historique comme l'Affaire de la Gabelle ont dû l'ébranler. La Boétie énonce la revendication libéral, il ne vise personne en particulier. On voit sa réflexion philosophique sur l'essence politique, il ne comprend pas pourquoi les peuples se soumettent volontairement à un seul et unique homme. Il nous soumet ses hypothèses comme l'habitude, la ruse des tyrans et la chaîne des gains. le texte est clair et bien écrit, cela peut même paraître choquant lorsqu'on sait que l'auteur n'avait que 18 ans lors de la rédaction du discours. le renoncement à la liberté consolide la tyrannie, il faut se révolter. le discours a été publié treize ans après sa mort par son grand ami Montaigne. Ce texte est à lire, La Boetie appelle à la liberté d'esprit. Un pur joyau de notre patrimoine !
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Précurseur de la notion de désobéissance civile, ce petit discours écrit par un jeune bourgeois de 18 ans étonne par la « modernité » de son message. Si le style peut sembler désuet, les idées qui y sont développées ne le sont en aucun cas. Un classique de la philosophie à lire pour tout individu aspirant à davantage de conscience de soi.
Lien : https://unoceandelecture.wor..
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Ma critique porte, il est important de le préciser, sur l'édition de Nadia Gontarbert dans la collection Tel de Gallimard. Elle explique ses choix pour l'établissement du texte de la Boétie, qu'elle propose dans sa version originale. Si la lecture est souvent hésitante dans les premiers paragraphes, l'oeil se familiarise petit à petit à l'orthographe et à la syntaxe du XVIe siècle, et donne pleinement à entendre la musique et le rythme De La Renaissance. Mais l'analyse qui suit, linguistique et stylistique, de Nadia Gontarbert, est particulièrement indigeste pour moi. Elle s'adresse véritablement à un public de spécialiste. Mais elle a eu le mérite de m'interroger sur le rapport que peuvent entretenir ces spécialistes avec des oeuvres magnifiques ayant traversées les temps par leur portée universelle. Car ils établissent un décalage de lecture entre, d'un côté, l'intelligence et l'exigence associées au plaisir de la lecture et, de l'autre, l'intelligence et l'exigence associées à l'ennui. Je ne remets pas en cause le caractère remarquable de leurs recherches, mais seulement le peu de cas qu'ils font de la portée de leurs travaux.
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Et si c'était le tout premier essai anarchiste ? Quoi qu'il en soit, toujours d'actualité, hélas...
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Traité critique sur l'absolutisme, intemporel et lucide
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Que dire de plus par rapport aux commentaires existants ? Pas grand chose, si ce n'est que j'ai été frappé par la modernité de son "Discours", où à chaque page on pourrait faire des liens avec une actualité plus ou moins récente, plus ou moins nationale.

La version "traduite" en français moderne des Éditions Mille-et-une-Nuits est très fluide, précise, efficace. Si la légende dit vrai, ce livre aurait été écrit à l'âge de 18 ans...(les historiens en sont un peu moins sûrs) D'autant plus que le jeune La Boétie semble jonglé aisément avec les références de la Grèce classique : Homère, Xénophon, Thucydide, etc.

Ce livre, en peu de pages, va à l'essentiel et traite de l'asservissement volontaire du peuple au(x) dirigeant(s), de sa peur, de ses habitudes ancrés mentalement (l'habitus de Bourdieu), de son absence de révolte, de volonté individuelle ou collective. Des formes de la tyrannie, de la clique de sangsues collabos qui profitent du pouvoir pour acquérir un petit pouvoir local, de la gestion pyramidale des individus. Et donc en fin de compte d'une l'importance de la prise de conscience, de la désobéissance civile (Thoreau). Que ce soit des tyrannies sanglantes où des formes plus modernes d'un despotisme doux (Tocqueville), la servitude se montre toujours volontaire, établit dans les mentalités et dans les gestes.

L'ouvrage a l'intelligence de n'être qu'une critique acide, ne proposant ou n'avançant aucun moyen concret. Sa force en aurait été diminué, sa modernité également. Dans sa forme actuelle, ce discours rejoint le patrimoine mondiale des traités et essais capitaux, au côté de Platon, Aristote, Machiavel, Thoreau, Rousseau ou Tocqueville. Excusez du peu.

A vous de choisir, vivre en homme livre ou sous les fers des esclaves politiques.
Lien : https://www.amazon.fr/gp/cus..
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La domination volontaire est la face cachée de la servitude volontaire.



Tout a commencé par la séparation. Un événement inouï dont la vérité est enfouie sous la domination plurimillénaire qui s'est amorcé au même instant. La séparation s'est étendue : entre l'homme et la femme, les humains et la nature. Elle a impliqué une perte de puissance, une déstabilisation, toutes deux compensées par la saisie dominatrice.
La domination est le véritable secret de la servitude volontaire. La servitude volontaire reconnait la domination qui la domine ; elle la reconnait sur le double mode du ressentiment et de l'admiration, qui se conjuguent dans une jalousie secrète.
Il n'y aurait pas de servitude volontaire sans le secret espoir d'une domination volontaire. le maître est tapi dans l'esclave. Donnez-lui quelqu'un ou quelque chose à dominer, il le dominera, justifiant et légitimant par-là même et à ses propres yeux la domination qui s'exerce sur lui.
On connaît bien la sinistre figure du petit chef mais, plus ordinairement, qui ne s'est jamais trouvé exposé à des tentatives de rabaissements, de vexations, d'abus d'autorité, de déstabilisation ? le plus bas dans l'échelle sociale se trouvera bien assez haut pour s'attaquer à un animal.
Qui ne s'en prend pas - à la racine de soi - à la séparation - pour se ré-enraciner dans l'unité -, devra sa vie durant courir pour espérer au moins un instant figurer au banquet des dominateurs – ou en saisir des miettes, ne serait-ce que celles qu'il pourra refuser aux pigeons.
A l'inverse, quiconque se réaccorde – au sens musical – avec lui-même, les autres, la nature, finit par perdre tout goût de dominer.
C'est une main qui ne tient pas de proie.

Voir aussi dans la même perspective le court PDF mis en lien.
Lien : https://observatoiresituatio..
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Écrit à 16 ans, 18 ou plus tard ? Quelle que soit la vérité, il est indéniable que ce texte est pétri d'une grande maturité et surtout d'une culture qui ne peut-être que le résultat d'une éducation exceptionnelle. On reconnaît bien là l'influence de la Renaissance et de la culture gréco-romaine dont La Boétie maîtrise L Histoire et les mythes à la perfection. Texte évidemment historique par sa justesse, sa postérité et surtout sa longévité puisqu'il est toujours terriblement d'actualité. Bien que les chiffres soient difficiles à estimer avec certitude, il semble que les prolétaires d'aujourd'hui ne soient pas si éloignés des serfs d'hier. Un petit nombre de puissants gouverne toujours un grand nombre de faibles, nourris du pain et des jeux, incapables ne serait-ce que d'imaginer la volonté de la rébellion malgré les inégalités évidentes dont il souffre.
À diffuser largement, donc.
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Étienne de la Boétie démontre la naturalité de la liberté et en déduit que l'état de servitude nait par habitude. Si les tyrans assujettissent les hommes par contrainte ou par tromperie, il est étonnant de constater combien la résistance est ensuite rare. (...)

Analyse très fine de l'armature même du pouvoir et invitation à la révolte contre l'oppression et l'exploitation, nullement démodées bien au contraire.

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Nous naissons tous libres et égaux, n'est-ce pas ? Qui pourrait affirmer aujourd'hui, en France au XXIe siècle, que nous sommes encore soumis à une forme de tyrannie ? Aveugles que nous sommes, encore et toujours ! Relisons La Boétie et prenons ce discours avec un peu de distance. Réfléchissons à ce que nous appelons notre liberté. Parce que notre régime est une « démocratie », nous serions donc libres ? Mais déplaçons un peu la réflexion au niveau de l'individu. le monde contemporain nous permet-il d'être nos propres souverains ? L'information, l'image, l'internet, la publicité, la communication… nous permettent-ils d'affirmer notre indépendance d'esprit ? Au contraire ne sont-ils pas devenus des moyens de propagande, de manipulation des consciences, auxquels chacun se plie plus ou moins ? La lecture des thèses de Bernays est sidérante sur ce point. La Boétie n'invite pas seulement à une réflexion politique sur la relation du dominant et du dominé. Il nous alerte sur toute forme de tyrannie par la manipulation des foules, sur les strates invisibles de toute forme de pouvoir. Il nous rappelle que si la liberté constitue la nature de l'homme, ce dernier doit rester vigilant pour en conserver les bénéfices précieux.
Un ouvrage thérapeutique, dont la piqûre de rappel pourrait être prodiguée par la lecture de la Désobéissance civile, de Henry David Thoreau, écrit trois siècles plus tard.
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