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Critique de Ziliz


Ziliz
26 novembre 2011
- - - Redécouverte de ce roman qui m'avait tant plu à la première lecture (en 2000 ?) sans que je parvienne à me souvenir pourquoi quelques années plus tard.

Dès son plus jeune âge, Ernst a de graves problèmes à un oeil. Cela nécessite des soins et une rééducation sollicitant l'accompagnement et la patience de l'entourage. A l'image de cette vision imparfaite, le passé familial d'Ernst lui reste en grande partie opaque : s'il vit à Paris avec ses parents et sait qu'ils sont tous deux d'origine allemande, il ne connaît rien en revanche de ses grands-parents, jeunes adultes pendant la seconde guerre mondiale. Un échange linguistique avec un collégien de Sarrebruck de son âge va lui donner l'occasion et l'envie de briser le tabou.

On retrouve des thèmes récurrents chez Denis Lachaud : la mésentente entre frères (J'apprends l'Hébreu), les crash d'avions (Prenez l'avion), une forme de schizophrénie chez le personnage central (le lecteur est bousculé entre une narration et un récit à la 3e personne), le mal-être d'un jeune et son inconfort dans une famille asphyxiée par les non-dits...

Le côté 'petit français' dans une famille allemande m'a évoqué mon propre séjour près de Heidelberg en troisième, celui de mon fils récemment, et l'accueil de sa correspondante à la maison. Denis Lachaud exprime parfaitement le subtil mélange d'émerveillement, d'étrangeté et de malaise qu'on peut ressentir dans un autre pays et/ou chez des inconnus, a fortiori si la langue et les coutumes sont différents des siens. La quête du passé allemand menée par le narrateur nous immerge dans l'horreur de la Shoah, de manière plutôt brève et subtile, et repose la question insoluble du degré de culpabilité de ceux qui en furent témoins, complices, activement ou par inertie.

Un constat humble m'intéresse dans tous ces livres où l'on apprend le passé "honteux" d'un ancien nazi ou combattant de la guerre d'Algérie, et je l'adopte : "Moi je ne sais pas si j'aurais fait mieux qu'eux à leur place. On ne sait pas." (p. 156) -> cf. dans le combat ordinaire (Manu Larcenet), Des hommes (Laurent Mauvignier), Sobibor (Jean Molla), L'origine de la violence (Humbert), le Liseur (Schlink)...

PS : Un aspect du récit m'a gênée cette fois, éveillant une sensation désagréable de voyeurisme, en tant que mère d'ado : la description d'une sexualité vécue à deux dès 13 ans... Mais je ne renie pas l'importance et l'utilité qu'elle revêt dans cet ouvrage.
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