Plus de quinze villes ont revendiqué l'honneur d'avoir vu naître l'imprimerie, et les écrivains qui se sont appliqués à rechercher l'origine de cette invention admirable, loin de se met Ire, d'accord sur un seul point delà question, n'ont fait que l'embrouiller en s'efforçant de l'éclaircir.
Aujourd'hui cependant, après plusieurs siècles de controverses savantes et passionnées, il ne reste, de tant de systèmes contradictoires, que trois systèmes en présence, avec trois noms de villes, quatre noms d'inventeurs, et trois dates différentes : les trois villes sont Harlem, Strasbourg et Mayence; les quatre inventeurs, Laurent Coster, Gutemberg, Faust et Schoiffer; les trois dates, 1420, 1440, 1450.
Les premiers livres produits par l'imprimerie furent d'abord une contrefaçon des manuscrits : ils en affectaient la forme, les caractères, les ornements et la matière. Les Bibles que Jean Fust apporta en 1462 à Paris étaient imprimées sur vélin, avec initiales peintes en bleu, pourpre et or : l'illustre faussaire les vendait comme manuscrit, à raison de soixante écus d'or (cinq cent cinquante francs environ) l'exemplaire, jusqu'à ce qu'on se fût aperçu de la fraude du vendeur.
Le vélin et le parchemin de l’antiquité ne différaient guère sans doute de ceux du moyen âge, quoique les procédés de fabrication des anciens ne nous soient pas connus. Le parchemin ordinaire est une peau de mouton, de brebis ou d’agneau, passée à la chaux, éclairée, ratourée, adoucie à la pierre-ponce; ses principales qualités sont la blancheur, la finesse et la roideur ; mais le travail du corroyeur ou du fabricant devait être quelquefois très-imparfait, puisque le calligraphe était obligé de dégraisser encore et de polir lui-même le parchemin grossier qu’il destinait à recevoir l’écriture.