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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En toute première instance, je remercie Babelio, Masse Critique et surtout le département « Jeunesse » des éditions Flammarion.

Avant que je n'oublie, comme l' a fait très justement remarquer, je crois ,... Canel… Avant de commencer ce récit, il est vraiment nécessaire, important de lire , en fin de volume, le texte très bref… sur ces 140 000 chinois, civils et volontaires, qui furent envoyés durant la Première Guerre mondiale en France, comme main-d'oeuvre, de 1916 à 1918…

J'ai appris très tardivement ce fait de la Grande guerre, par hasard… en faisant une escapade dans le pas-de Calais. Intriguée par le « pourquoi » d'un cimetière chinois (à Noyelles), j'ai été le visiter. Bouleversée par cette population exilée aussi loin de son pays, j'avais fait quelques recherches.


Déjà plusieurs jours que la dernière page de ce roman-jeunesse s'est tournée. J'avais besoin comme, lorsqu'on vient de voir un film épatant… de « décanter », d'assimiler, de réfléchir…D'analyser… mieux ; du moins, je le souhaite…

ATOS a fait remarquer combien…c'est une excellente chose, que de tels récits soient rédigés… pour la jeunesse. Ceci étant dit, ce roman en apprendra sûrement aussi aux plus grands…

Je ne vais pas raconter l'histoire… ou du moins le minimum : en pleine « boucherie » et « barbarie »… des soldats français et chinois vont sympathiser, s'entraider, se sauver mutuellement. Des personnages très attachants, dont Li Jian, qui déjà dans son pays, n'a pas eu une vie bien heureuse, en dehors de sa rencontre avec un lettré , qui lui offrira le moyen de dépasser les peines, les épreuves… par « le pinceau » :
« Li Jian se tourna sur le côté, remonta sa couverture et il se souvint de sa vie d'avant, là-bas au Shandong où le vieux lettré, Zhang Tse, l'avait initié aux secrets du monde, d'un seul trait de pinceau, alors qu'il n'était qu'un petit garçon en haillons « (p.14).

Dans ce conflit désespérant, qui dure… des soldats de tous les milieux vont se rencontrer, plus ces pauvres « coolies » qui assument les tâches les plus pénibles… avec une population civile, très méfiante envers « ces étrangers » , aux « yeux bridés »…:

A cause de l'horreur du champ de bataille, le petit groupe de soldats décrits, va se rapprocher… pour « supporter l'insupportable ». Il y a de vraies lumières de bonté, d'amitié, de bienveillance, entre Li Jian, qui à défaut de se faire comprendre, va dessiner pour chacun, en signe d'affection ou d'attention. Li Jian a aussi le don de parler et de soigner les chevaux, animaux centraux du récit.
Animal central pour la guerre, mais aussi, spirituellement artistiquement, pour Li Jiang. Ces chevaux tant de fois peints et dessinés par son vieux maître.

Cet élément de « l'Animal dans la guerre » est rarement aussi évoqué , et en détails : Les animaux au service de l'homme dans « ses conflits»… Là il est longuement question des « chevaux » que Li jian, transformé en « vétérinaire », »répare », soulage, soigne… pour qu'ils soient renvoyés aussitôt sur le champ de bataille !

…Pour conjurer la folie du désespoir, il y a la beauté des dessins de Li Jian, la poésie, l'amour des bêtes, l'amitié, l'entraide…l'affection d'une petite fille…
C'est un roman bouleversant, où j'aurais aimé être plus longtemps en « compagnie » de chaque personnage, après la guerre… pour savoir plus en détails… leur devenir… ou leur douleur de vivre, sûrement impossible à chasser ??
Ce futur est évoqué, mais fort brièvement.
Je finis cette note de lecture qui est complètement dans l'émotion… dans le ressenti, et non pas dans la transcription des faits… « Je m'en excuse »!!

Le petit groupe de camarades –soldats va être séparé… et Li Jiang va être envoyé avec les siens, auprès des troupes britanniques …
« Drouault repartait quand Li Jian le rattrapa par la manche. Il lui sourit, gêné. Comment cet homme qui avait tant de compassion pour les autres se sortirait-il de cette guerre ? Ou plutôt…., pensa Li Jian, qu'est-ce qui le ferait tenir ? Leurs regards se croisèrent et, tout à coup, ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, comme deux camarades, et Drouault lui donna un poème.
Ils se séparèrent ainsi ; l'un avec le dessin d'une pie, ignorant qu'elle était le symbole du bonheur, l'autre avec deux strophes de Baudelaire qu'il ne savait pas lire » (p.71)
C'est juste « Magnifique »…

Quelques mots sur l'auteur que je découvrais avec ce premier texte. Philosophe de formation. Elle écrit à la fois pour la jeunesse et les adultes, avec des thèmes de prédilection : la mythologie, les épopées, les voyages ou les chevaux, une de ses passions…

Une bibliographie complète ce « roman », et je vais me pencher sur un ouvrage cité, qui relate en détails l'histoire de ces travailleurs chinois en France pendant cette première guerre mondiale…

Je peux vous le dire maintenant… j'ai eu beaucoup de difficultés à rédiger cette note de lecture… car ce petit roman, est en réalité, très, très dense à tous points de vue… et aussi « émotionnellement »…
Un très beau texte , intelligent qui parle de moult sujets essentiels…dans un cadre effroyable… où des soldats déchirés, loin de chez eux, subissent un conflit qu'ils n'ont pas choisi… sans parler de ces exilés chinois, loin de leur patrie et de leurs manières de vivre, d'être… Exil et souffrance démultipliés.

Il nous faudrait de toute urgence… lorsque nous pouvons avoir la « faiblesse » ou la « bêtise »… de déraper sur l'idée d' »Etranger »… de songer à ces personnes, venues travailler sur le sol français, mortes loin des leurs, dont la dernière demeure est sur la terre de France… pour laquelle ils ont souffert…








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Histoire d'une belle amitié qui se créé entre des soldats français durant la première guerre mondiale et des travailleurs chinois recrutés par la France.
Propulsés dans cette guerre cruelle qui dévore les hommes, ils vont développer des liens entre eux, alors qu'ils ne parlent pas la même langue.
LI Jian, le seul lettré des Chinois, va distribuer les dessins qu'il fait au pinceau, dessins superbement réalistes. C'est un sage qui distribue des petits morceaux de vie, d'espoir et de paix.
Il se créé un véritable échange; un dessin pour un poème de Baudelaire, un dessin pour un petit galet blanc. Ils vont s'accrocher à ses symboles de vie pour résister au désespoir, aux insoutenables douleurs des hommes et des chevaux.
Ces hommes auront du mal à se reconstruire, s'ils ne succombent pas, ils deviendront "des fantômes errants sur les champs de bataille."
Ce petit livre dénonce la barbarie de cette guerre, le sacrifice inhumain de ces hommes qui ne demandaient qu'à vivre leur vie . On ne leur demande pas leur avis, il faut obéir aux ordres des supérieurs aussi absurdes qu'ils soient en entrainant les chevaux avec eux, épouvantés par le bruit des détonations, les odeurs , les douleurs atroces.
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14-18. Des travailleurs chinois sont recrutés par la France. Certains se retrouvent près des lignes ennemies pour ramasser les cadavres. Encadrés par des soldats, ils sont rejettés aussi bien par les militaires que par les habitants. Pourtant, Li jian par le beauté de ses dessins va réussir à se lier d'amitié et même trouver l'amour. Car il offre avec ses illustrations un échappatoire à l'horreur quotidienne de la guerre.

Nous suivons plusieurs personnages. Un jeune paysan chinois qui écrit des lettres à sa famille sans jamais évoquer la dure réalité de ces camps où on meurt facilement de froid et de maladie. Un instituteur français qui tente de croire encore en l'humanité. Un chinois fort et rusé qui a la passion des tripots et des chevaux. Ou encore le héros , un jeune lettré à la sensibilité exhacerbée... Tous ces personnages sont emprisonnés dans un conflit qui nie la liberté. Et pourtant, il vont réussir, chacun à sa façon, à rester des hommes. Une place importante est consacrée aux chevaux, fil conducteur du récit. Un très beau livre, bien écrit, qui offre un regard beau, poignant et décalé sur 14-18.



Lien : http://cdilumiere.over-blog...
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C'est bien de mettre des livres de cette qualité entre les mains des enfants.
Chers professeurs de français ou de lettres et chers professeurs d'histoire, chers Lettrés de nos collèges, faites lire ce livre à nos enfants.
Pas toujours faciles, les mots, les images de la guerre.
Comment raconter ça aux enfants ?
Mais nous devons leur dire.
«  Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » nous a enseigné Aimé Césaire. alors il faudra bien le leur dire .
Leur dire avec ces mots là. Avec cette vérité là, celle que Martine Laffon nous a confié avec une très belle humanité.
Il faut dire aux enfants la vérité.
Leur dire qu'un matricule n'est pas un nom qui doit être donné à un homme.
Que la force d'un peuple réside dans sa capacité de survie, et non dans le sens d'un sacrifice que certains pourraient vouloir lui vendre .
C'est son humanité, sa fraternité, sa solidarité, son amour, son amitié qui peuvent lui permettre de revivre après l'apocalypse.
Le nom de l'homme ne peut s'inscrire sur aucun contrat, aucun pacte, aucun arrangement politico financier.
Dans la lettre et dans le pinceau, dans la poésie, dans le chant d'un oiseau, dans le pas d'un cheval, dans l'oeil d''un caillou, dans la mémoire, voilà où doit battre le coeur d'un homme.
Les coeurs ne survivent pas sur les champs de bataille.
Oui il y a une fin à la guerre. Mais la fin n'est pas heureuse.
Ça ne finit pas bien une guerre. Jamais.
Ça se finit c'est tout.
Un hommage – un témoignage – une promesse.
Alors, merci à l'auteure de nous rappeler qu'ils furent 140 000 travailleurs chinois « embauchés » pour l'effort de guerre sur le territoire français, 100 000 le furent par les anglais, 40 000 par les français. Et que beaucoup, trop nombreux, ne rentrèrent jamais.
Merci à l'auteure d'avoir joint le texte de la chanson de Craonne.
Merci d'avoir fait respirer les personnages de ce livre avec le souffle de Baudelaire, de Li Po, de Wang Wei.
Merci d'avoir inscrit le mot salauds sur les uniformes de ceux qui avaient déclenché la guerre.
Merci d'avoir parlé des fusillés pour l'exemple.
Merci d'avoir parlé du désespoir de ceux qui sont rentrés chez eux de corps mais jamais avec leur esprit.
Merci d'avoir évoqué les appels faits aux femmes sur des affiches qui annoncées déjà l'esprit de Vichy.
Merci d'avoir dit les mutilés, les gueules cassées, les traumatisés, les alcooliques.
Merci d'avoir rappelé que dans les manuels scolaires de l'époque le chinois était décrit aux enfants comme « bon travailleur mais à l'esprit fourbe ».
Merci nous avoir apporté le narcisse d'or, le cheval de Jade, la pie, les cerfs volants, et la montagne dans sa robe de nuages.

Les mots sont justes dans ce livre.

« Souviens-toi de moi » est un très beau livre.

Promesse tenue, Li Jian : Anne et Camille ne t'ont pas oublié. Tous leurs enfants grâce à ce livre vont pouvoir te rencontrer.

Il y a 17 cimetières en France où des t »ravailleurs chinois » de la guerre 14-18 sont enterrés.
Dans la somme, 850 travailleurs chinois reposent au cimetière de Noyelles. Tous ces cimetières sont entretenus par les britanniques.
Au total environ 27 000 travailleurs chinois sous contrats britanniques et 1500 sous contrats français ont péri sur le territoire français durant la guerre de 1914-1918.

Une pensée également pour les 956 corps qui reposent au cimetière de Natus, à la Teste du Buch, près d'Arcachon. Victimes de leur séjour « d'hivernage »  au camp de Courneau.
69 soldats originaires du Bénin, 94 du Burkina Faso, 211 de Côte d'Ivoire, 3 du Cameroun,
4 de France, 118 de Guinée, 5 de Madagascar, 306 du Mali,11 de Mauritanie, 24 du Niger,
1 du Nigeria, 11 de Russie, 78 du Sénégal, et 21 soldats qui ne furent jamais identifiés.



«  Quelle nuit cette nuit déjà lointain souvenir
Désormais sans lien nous avancerons
Sur toutes les voies ouvertes au vent
A milieu de tant d'astres éclatés
Pour retrouver un sol où fondre et refleurir... »

François Cheng , Vraie lumière née de vraie nuit.


Opération Babelio/ Editions Flammarion Jeunesse -  « Masse critique » avril 2014.

Astrid Shriqui Garain
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Dans le baraquement 19, Li Jian se souvient de Shandong. Au milieu de ses montagnes, il avait trouvé un refuge chez Zhang Tse, un vieux lettré solitaire. Il l'initiait aux secrets du monde, d'un seul coup de pinceau. Les chevaux comme seule compagnie, le petit garçon rêvait de voir le cheval de jade.

« — Sois patient, souffla le maître. Deviens cheval. »

Pourtant, il est là, comme près de 140 000 Chinois, au beau milieu de la Première Guerre mondiale qui fait rage. Dans son baraquement, Wang Wu lui dicte des lettres pour sa famille.

Un bombardement, et tout fuse. Li Jian décide de rendre hommage à tous ces hommes tombés.

« Ici, dans ce chaos d'hommes et de bêtes, dans l'enchevêtrement de leurs corps meurtris, comment la vie recommencerait-elle ? Même les paysages se tordaient de douleur, eux non plus n'oublieraient pas. Et quand tous ces champs de bataille se couvriraient d'arbres et de fleurs sauvages, la terre enserrerait encore l'âme des morts avec leurs ossements. »

Le jeune homme se lie d'amitié avec deux soldats français, Blanchard et Drouault. Ensemble, ils tentent de supporter tant bien que mal la violence de la guerre. Pour eux, Li Jian dessine la beauté de la nature. Les poèmes chinois et français se confondent en une amitié inoubliable.

« Nous deviendrons des fantômes errants sur les champs de bataille… »

Il partage la souffrance des chevaux utilisés jusqu'à l'épuisement.
Li Jian va-t-il devenir cheval ?

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