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Chavirée. Non, je n'ai pas fait de faute sur le titre; c'est ce que je ressens après avoir refermé le dernier roman de Lola Lafon, Chavirer. Déjà j'avais adoré La Petite communiste qui ne souriait jamais, biographie romancée de Nadia Comaneci. J'admire la façon qu'a Lola Lafon de saisir les tourments des très jeunes filles. En voilà une autre de jeune fille, Cléo, 13 ans en 1985 (comme moi). Ce n'est pas un cas social; ce n'est pas une mauvaise élève; ce n'aurait donc pas dû être une proie. Et pourtant... Voici que débarque dans sa vie Cathy, une Dame, belle, aristocratique, parisienne, parfumée. Elle se prétend "dénicheuse de talents" pour une fondation philanthropique: la fondation Galatée qui, à l'issue d'une sélection rigoureuse et élitiste, aide des jeunes filles à réaliser leur rêve (danse, équitation, stylisme). Nous, lecteurs, on connaît le pitch et on les voit arriver avec leurs gros sabots les "membres du jury". Je ne dévoile rien en disant que Cléo se fait piéger (c'est dans la quatrième de couverture) mais ce n'est pas ce qui est intéressant. Ce qui est intéressant c'est la manière dont des adultes arrivent à persuader des "presque-encore-enfants" de faire ce qu'elles n'ont pas envie de faire, et surtout à leur faire croire que c'est elles qui ont décidé de le faire. Et puis il y a la honte: comment aller dire aux copines du collège qu'on s'est fait berner, qu'il n'y avait pas plus de bourse d'étude que de cheveux sur le crâne de Kojac, qu'en fait, on n'a pas été repérée, qu'on ne fera pas de stage à New-York, qu'on n'est rien, rien qu'une fille dont de sales pervers se sont servis pour assouvir leur désir pédophile. Mais ce n'est pas tout...
Je n'ai pas lu le Consentement de Vanessa Springora mais je suppose que ça doit être plus ou moins similaire. Chavirer raconte les vies détruites, la honte, la haine de soi, la haine de ce corps qu'on punit, la peur qui perdure à 25 ans, à 35 ans, à 45 ans... Bref, Chavirer m'a bouleversée.
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OUF ! Quoi dire, quoi penser ? Comment ne pas être hantée par ce roman, alors que je suis mamie d'une petite fille. Elle va grandir… Oui, mais échappera-t-elle à…. A quoi ? aux satyres, aux tueurs, aux violeurs, à la drogue, aux dangers qui vont la guetter à chaque coin de rue. N'en jetez plus !!!! J'ai la tête qui éclate.

Et oui, le livre de Lola LAFON chavire mon esprit. Je n'avais pas envie de le lire, mais voilà, se voiler la face n'est pas forcément une bonne idée.

Un livre très bien écrit, pas de pathos, pas de grands cris, ni de grandes déclamations, juste un récit qui raconte le piège dans lequel sont tombées ces très jeunes filles et qui ont dû vivre avec cette plaie, jamais refermée, qui se construiront avec ce qui leur est arrivée, qui culpabiliseront et traîneront ce boulet toute leur vie. Elles ont été prises dans les rets d'une rabatteuse, qui a promis monts et merveilles à ces jeunes femmes en devenir et qui profite de leurs envies de paillettes pour pour les faire chavirer, et les donner en pâture à des satyres.

Pffff que de pièges, que de pièges…
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Cela fait plusieurs jours que j'ai terminé ma lecture et je reste très partagée sur mon ressenti. C'est un roman que je voulais lire suite au passage de son auteure à La Grande Librairie car j'avais trouvé l'idée de départ très intéressante et pertinente pour aborder le thème des fillettes (ou jeunes filles) à qui l'on fait miroiter une possibilité de carrière, une bourse et qui se retrouvent dans une filière de prospection de "jeunettes" pour "messieurs peu reluisants" sans qu'elles en aient eu conscience, sans avoir compris et accepter, cette fameuse zone grise.

"L'affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nus consentons qui nous ébrèche ; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer qu'on dénonce. (...) Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu'on ne savait pas dire non. (p335)"

Le contexte est parfaitement relaté, mis en mots et décrit mais ce qui m'a gênée et qui m'a à plusieurs reprises questionnée c'est l'écriture faite de courtes phrases dont la succession et répétition m'ont "essoufflée" même s'il s'agissait de reproduire le ressenti de Cléo, de sa façon de penser. Pourtant certaines tournures pour exprimer les sentiments et situations collent au récit avec une écriture qui restitue parfaitement l'état d'esprit de Cléo mais qui, dans la forme narrative hache le discours.

"Mais elle n'avait que les contours de l'excellence. (p100)"

Autre souci, l'introduction un peu brutale des différents personnages,  perdant un peu la temporalité et le fil de l'histoire de Cléo (même si tous ont un sens quand on arrive à la fin du roman), j'ai eu parfois du mal à imbriquer les pièces du puzzle d'autant plus que l'action se déroule sur trente ans, même si le concept d'une histoire chorale ne me gêne pas en temps normal, ici je m'y suis un peu perdue.

"Elle sait seulement ceci : il faut raconter ce qui hante. Et les sujets des documentaires comme ceux es romans sont des paravents qui maquent nos questions irrésolues. le sujet ne se trouve ni ne se cherche, il faut s'autoriser à l'entendre, à lui laisser donner de la voix. Il est là depuis toujours, une banale écharde sous la peau qui se laisse oublier à la façon d'une dent ébréchée, jusqu'à ce qu'on passe sa langue dessus. (p320)"

Mais une fois refermé le roman, il reste très présent en moi et c'est en cela que j'avoue être partagée. Peut-être fallait-il cette forme, ne pas faire un roman à une voix mais montrer que le processus était à grande échelle, bien rôdé avec un tronc commun, jouant sur les "passions" des fillettes en utilisant leurs langages, leurs pensées et leurs propres incompréhensions. Les cicatrices indélébiles laissées par ces "rencontres" sur ces jeunes filles qui n'ont pas les mots, qui ne comprennent pas toujours ce qu'elles ont subi, qui n'avaient pas reçu l'éducation leur permettant d'identifier et de dénoncer les prédateurs, tout cela est abordé, effleuré et dénoncé. Lola Lafon montre une autre image du monde des "paillettes", de l'ambiance, de la rigueur voire de l'exploitation parfois qui se cachent derrière, cassant le mythe de la mise sous projecteurs, presque pédagogiquement.

Je me suis souvent interrogée pendant la première partie, comprenant le sens mais pas la forme qui me déroutait, mais faisant confiance à l'auteure que j'avais découverte avec La petite communiste qui ne souriait jamais et qui m'avait déjà surprise par ses allers-retours, sa façon d'écrire par suggestions, ses suspensions de réponses et son phrasé particulier.

Pas de chavirement, pas de chamboulement, pas de terrassement mais j'ai aimé mais peut-être pas autant que d'autres (d'après ce que j'ai lu), il m'a manqué un petit je ne sais quoi, j'espérais peut-être plus mais c'est finalement la forme du récit qui m'a empêchée d'être totalement accaparée et bouleversée par l'histoire. 
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Plus qu'un roman coup de poing, Chavirer est le récit du chaos d'une jeunesse exposée comme un fruit mûr, prête à être dévorée sous des regards méprisants .

Premier acte? Rien n'est moins sûr. Cléo, 13 ans sous les feux de la rampe, danse, tangue, chavire…

Appâtée par des promesses de gloire et de rêves accomplis, flouée par des faux-semblants, elle s'accroche à l'espoir d'avoir mal compris puis dans le désespoir d'avoir mal agi en noyant d'autres dans ses propres tourments. Elle sombre dans le silence sous le poids de la culpabilité.

Les victimes toujours en toile de fond, Lola Lafon tisse avec délicatesse l'histoire de l'après, faite de rencontres d'individus qui n'ont pas su, qui n'ont pas compris la détresse du corps et de l'âme et d'autres qui ont accueilli une confidence chuchotée sans en saisir toujours le cataclysme intérieur. Et dans le passé, ceux qui savaient,forcément, et détournaient les yeux jusqu'à ce que tout explose.

Cléo, Betty et tant d'autres, 13 ans pour toujours, emprisonnées dans le calvaire d'une enfance broyée parce que le monde s'est tu.
Un roman bouleversant!
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Roman sur une fondation fictive pour nous parler de l'engrenage des emprises affectives et sexuelles. C'est très bien fait: des chapitres éclatés, des tourbillons dans les personnages, des bonds dans le temps pour s'étaler sur une quarantaine d'année.
Le monde des danseuses et paillettes de cabaret fait froid dans le dos et rapporte une réalité soupçonnable mais loin du compte quand on en est extérieur. L'auteure nous en ouvre les coulisses sombres, les abus, les espoirs, les ambitions et tant de choses que parfois ça m'a presque laissé sur la touche. KO.
Pour finir, je m'en vais ouvrir le consentement, de Vanessa Springora. Chavirer, chavirer, chavirer, que d'histoires de vies qui révoltent, tant d'enfances qui devraient être protégées.
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1984...Cléo, 12 ans et quelques mois, est abordée par une certaine Cathy, membre de la fondation Galatée, organisme ayant la vocation d'offrir aux jeunes pousses prometteuse leur vie de rêve...
Elle sera victime de pédophiles puis coupable d'être, par son silence au fil des années, complice des atrocités subies par des centaines d'autres enfants...
C'est choc et révélateur de l'omerta qui commence seulement à s'étioler...
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"Chavirer" dernier roman de Lola Lafon. Comme d'habitude, je n'avais pas lu la quatrième de couverture. Je n'avais lu aucune chronique, ni même aperçu le moindre mot qualifiant le roman. "Chavirer", verbe intransitif : (navire) se retourner sens dessus dessous, se renverser, transitif, faire chavirer, émouvoir, perturber. Voilà, je suis chavirée.

"Ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche…" J'imagine cette phrase en boucle dans la tête de Cléo depuis 1984. Elle a treize ans cette année-là, des parents modestes, une vie étriquée en banlieue parisienne juste éclairée par les cours de danse. Elle est remarquée par une certaine Cathy. Cette dernière lui parle d'une fondation susceptible de lui fournir une bourse et de l'aider à réaliser son rêve : intégrer une grande école de modern jazz… En 2019, un fichier repéré sur le net entraîne un appel à toutes celles qui auraient eu affaire à cette fameuse Fondation.

"Chavirer", le titre porte bien son nom qui m'a chaviré le coeur et l'estomac, malgré le talent de l'auteure à raconter sans juger, à parler à voix basse, à brosser les faits avec délicatesse. Mais des faits, justement, je préfère ne rien dire. Chacun, me semble-t-il, doit pouvoir se les approprier, s'en émouvoir, en souffrir peut-être, sans doute. Je voudrais juste parler de la qualité du récit. La construction est parfaite qui va et vient d'une époque à l'autre, d'un personnage au suivant, qui coupe et recoupe les événements, explique, compile, traduit les émotions, les craintes, les questions sans réponses. Cléo est bien LE personnage, que l'on découvre à travers les situations mais aussi le regard des autres, ceux qui l'ont connue, la côtoie encore.

L'écriture est douce, raffinée, toute en émotion, et en même temps d'une grande vivacité. Son efficacité traduit parfaitement la frontière infime qui sépare un véritable refus d'un éventuel accord. Elle décode à merveille le mal enfoui qui jamais ne se réparera…"…ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche…" Cléo est ébréchée, ébréchée pour n'avoir pas su dire non, pour n'avoir pas su dénoncer, pour avoir accepté quelques billets…
Ce roman est d'une puissance inouïe qui résonne particulièrement en cette période de prise de conscience et de refus de se taire. Parler pour dénoncer, Lola Lafon le fait très bien à sa manière. Et, si je ne suis pas membre de l'Académie Goncourt, si je ne me permets jamais d'émettre quelconque jugement s'agissant de leurs choix, je trouve que le bandeau "Prix Goncourt 2020" serait du meilleur effet sur "Chavirer".

Lien : https://memo-emoi.fr
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Pardon.

1984. Pour fuir une vie monotone, Cléo, treize ans, postule à une bourse délivrée par une mystérieuse Fondation. Toutefois, la réalité est tout autre, le rêve fait place au cauchemar.

C'est un très beau roman sur le thème du pardon. Nous suivons Chloé de ses treize ans à ses quarante-huit ans avec toujours le poids de la culpabilité sur ses épaules. En effet, a ses treize ans, elle est approchée par Cathy, représentante de la Fondation Galatée. Cléo aurait du potentiel comme danseuse. Malheureusement, la Fondation n'est qu'une couverture pour un réseau pédophile. Cléo en sera doublement victime, à cause du viol mais aussi car elle sera manipulée pour devenir rabatteuse. Une de ses camarades, Betty, tombera aussi dans le piège.

Le roman, montre années après années l'évolution de Cléo et son refus de se pardonner. Nous voyons cette évolution au travers des yeux de personnes marquantes pour Cléo. En filigrane, nous voyons également l'évolution de Betty. de plus, nous voyons l'envers du monde de la danse, à l'extérieur celui-ci n'est que beauté et paillettes, à l'intérieur il est souffrance et désillusions. Ce monde n'est que faux-semblants et hypocrisie. Autant Cléo que Betty en feront l'amère expérience.

Au final, un magnifique roman qui montre la destruction puis la reconstruction d'une femme. Auquel s'ajoute une réflexion sur le monde de la danse. le tout étant étant servi par le très beau style de l'autrice.
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Cléo, adolescente des années 80 en banlieue parisienne, famille modeste, une passion, la danse.
"Repérée" par Cathy, celle-ci lui fait miroiter une possible bourse qui lui permettra de réaliser son rêve de devenir danseuse .... Bourse accordée par une mystérieuse fondation .... Les jurés de cette "fondation" se révèlent être des messieurs d'âge mûr, amateurs de chair fraîche ..... Cléo tombe dans le piège et devient à la fois victime mais aussi complice lorsqu'elle accepte d'être rémunérée pour "repérer" d'autres candidates à cette fameuse bourse.
Le parcours difficile de Cléo depuis cette adolescence perturbée jusqu'à ce moment de 2019 où elle va enfin pouvoir exprimer ce qui la hante depuis 35 ans, cette culpabilité qui ne l'a jamais quittée, qui a occulté sa propre souffrance, la coupable effaçant la victime...
Bouleversant roman, d'une grande justesse, une fiction aux accents de vérité qui rejoint de nombreux scandales récemment dévoilés.
Une écriture forte et belle, une construction qui accentue cette force par ses très nombreux chapitres courts qui percutent.
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Les années 80-90, Cléo a treize ans. Issue d'un milieu modeste, elle s'essaie à la danse classique mais se rend vite compte d'elle n'y est pas à sa place. Elle se tourne alors vers la danse moderne. C'est là qu'elle rencontre Cathy. Cathy lui donne confiance en elle et lui promet une bourse d'étude, délivrée par une mystérieuse fondation, pour que sa passion devienne un métier. Mais pour cela elle doit passer plusieurs étapes de sélections. Cathy la couvre de cadeau et commence à la rémunérer. Les parents plutôt préoccupés par leurs activités ne s'en inquiète pas et sont plutôt rassurés que Cléo soit entre de « bonnes mains ». Cléo devient même très populaire à l'école... tout le monde rêve avec elle. Puis un soir, elle est invitée à une dernière étape qui la fera basculer dans une autre dimension. La manipulation et le mensonge vont devenir son quotidien...
Le roman est découpé en plusieurs étapes, on découvre Cléo adulte et par flash-back nous découvrons toute cette histoire par petites touches minutieusement distillées. Lola Lafon a ce talent de susciter notre intérêt progressivement. Chaque information nous mène vers la vérité. Que s'est il vraiment passé ? Est-elle victime, coupable ou complice ? Comment aurait elle dû réagir ? Que de questionnement.
Lola Lafon nous permet de suivre l'évolution de la personnalité de Cléo, l'impact de cet épisode sur sa personnalité et sa vie professionnelle mais aussi les témoignages de certains acteurs ayant connu la jeune fille pendant ces années. Pas de voyeurisme ni de pathos dans ce texte. On est mal à l'aise car on se doute bien de l'arnaque.
Un roman très prenant et à lire évidemment !
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