AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 2030 notes
5
132 avis
4
131 avis
3
47 avis
2
15 avis
1
0 avis
"Des filles de 12 à 17 ans qui ont une passion mais pas de moyens, des ogres en quête de chair fraîche, une fausse bourse d'étude, de la vraie prostitution de mineures, l'univers des danseuses de variété, et la parole qui se libère."
Pierre-Romain Valère pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
Commenter  J’apprécie          430
À la sortie de son cours de danse à la MJC, Cléo rencontre Cathy qui lui propose de postuler pour une bourse financée par la fondation Galatée. Si elle est retenue, elle pourra candidater aux plus prestigieuses écoles de danse. Quelle toute jeune fille résisterait ? Après une première sélection, elle doit affronter les membres du jury au cours d'un dîner. le dîner dérape ou plutôt un membre du jury dérape. À qui pourrait-elle en parler ? L'auteur passe trop rapidement sur cette question pourtant importante : déboussolée, l'adolescente ne sait pas ce qu'elle a fait de trop, ou de pas assez, d'autant que la bourse lui échappe.
Mais elle est douée pour recruter des candidates possibles, dont Betty qui devient alors la chouchoute de Cathy.
Peut-être Lola Lafon aurait-elle pu choisir une construction plus linéaire (ce que je préfère, sauf dans de rares cas), l'émotion aurait été plus forte. Elle a privilégié une structure plus éclatée, sous forme de puzzle. Cléo est présentée à travers d'autres personnes qui l'ont rencontré, un meilleur ami, un amoureux d'une nuit, une amoureuse qui la blesse profondément. Je ne sais pas très bien qui est Cléo et surtout à quels points ce qu'elle a vécu a influencé sa vie.
J'ai aimé néanmoins la description fine d'une adolescente prise au piège. À noter aussi le personnage attachant de Betty.

Lien : https://dequoilire.com/chavi..
Commenter  J’apprécie          410
Dans « Chavirer » Lola Lafon rentre au plus intime de l'âme et du corps. La construction de son roman est époustouflante et l'étude psychologique de ces personnages est fine et vraie. Son écriture est sûre, efficace et le rythme rapide donne un formidable souffle au récit.
Nous suivons Cléo à 13, 16, 40 ans qui suite à des évènements traumatisants, essaie de trouver la voie de l'oubli, du pardon et la possibilité de supporter sa honte, de vivre avec ce qu'elle préfère taire… aux autres, et à elle-même.
Danseuse elle considère sa difficulté de réussir et les souffrances que son corps endure comme autant de possibilités de rachat de ses profondes et traumatisantes erreurs.
Lola Lafon est d'une grande justesse dans l'écriture de ce roman : elle fait naître la tension, elle nous dévoile avec pudeur les affres de ces héroïnes-victimes Cléo, Betty… dont les vies sont brisées.
« le système Galatée ne disait pas autre chose : que le meilleur gagne ! L'affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche ; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer ce qu'on dénonce : j'achète des objets dont je n'ignore pas qu'ils sont fabriqués par des esclaves, je me rends en vacances dans une dictature aux belles plages ensoleillées. Je vais à l'anniversaire d'un harceleur qui me produit. Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce que on ne savait pas dire non ».
Profondément perturbant… A méditer !!!




Commenter  J’apprécie          410
♥ intense et bouleversant (première pépite de l'année) ♥
.
« Au collège, on adorait les films où un homme plus âgé "révélait" une jeune fille, comme dans 'Pretty Woman'. Je me sentais choyée. » Paroles d'une femme qui 'sortait' à seize ans avec un quadragénaire.
Oui, (pré)adolescente dans les années 70-80, on s'imaginait vivre l'Amour avec un 'vieux', comme dans le film 'Beau-père' (Blier fils, 1981). Je ne sais pas si c'est encore le cas ?
On s'émouvait aussi de chansons d'hommes mûrs déclarant vouloir 'aimer une enfant' ou 'être amoureux de tout un pensionnat', et nous invitant, nous qui ne l'avions 'jamais fait', à 'basculer avec eux'...
Mais d'un fantasme de jeune fille à la réalité d'une sexualité d'adulte, il y a un grand pas que la plupart d'entre nous n'étions pas prêtes à franchir.
.
Lola Lafon nous parle ici d'un temps où la femme était "objet" dans les pubs, films, chansons & clips...
La très jeune femme/fille, et même l'enfant (cf. Brooke Shields à dix ans, prépubère) étaient érotisées, également. La belle aubaine pour une p3dophilie qui se prétendait artistique ! Que de proies attrapées ainsi...
L'auteur raconte le parcours de deux jeunes adolescentes happées par un système de miroir aux alouettes. Sa plume subtile et pudique exprime à la perfection, avec respect & douceur, leurs sentiments pétris d'ambivalence - doutes, peur, honte, douleur, mal-être... qui ne les lâcheront jamais, peut-être/certainement. Quid du pardon et/ou de l'oubli...
.
Le propos m'a rappelé 'La petite danseuse de quatorze ans' (C. Laurens) où les mères étaient souvent complices, en revanche, au XIXe siècle.
J'ai également pensé à Virginie Despentes, cette fois pour l'époque ("nos" années 80). Lola Lafon est aussi douée pour les portraits, mais dans un autre style (moins cru, mais j'adore aussi le ton de VD).
.
A ceux qui rétorquent que "tout ça", c'était une question d'époque, je peux répondre que j'y étais, dans les 1970's-1990's, et qu'à aucun moment mes parents, ceux de mes copines, n'auraient trouvé naturel, évident, qu'une de leurs filles, enfant ou ado, atterrisse entre les pattes d'un homme adulte. Là encore, fantaisies d'hommes riches, de pouvoir...
Cela ne s'est en outre jamais arrêté (cf. jeunes prêts à tout pour la téléréalité, et profiteurs dégueulasses comme un Morandini).
.
Infiniment merci à Pascale pour ce conseil. Je n'avais pas eu envie de relire cette auteur depuis 'Mercy, Mary, Patty' - roman qui m'avait perdue. J'ai maintenant hâte de découvrir ses autres ouvrages.
.
Ces paroles d'une chanson que j'avais souvent en tête pendant ma lecture :
♪♫ Petite poupée brisée entre les mains salaces
De l'ordure ordinaire putride et dégueulasse... ♪♫ 😥
('Demain les Kids', Hubert-Félix Thiéfaine)
Commenter  J’apprécie          396
Dans les années 80, Cathy a repéré Cléo une jeune fille de 13 ans qui a pour rêve de devenir danseuse de modern jazz. Mais derrière cette fondation Galatée qui accorde des bourses d'études dans tous les domaines, se cache un véritable piège sexuel et malheureusement d'autres collégiennes vont en être victimes.
En 2019, la police lance un appel à témoin pour retrouver les victimes de cette fondation et elle comprend qu'il est temps d'affronter ce passé.

Roman poignant, bouleversant qui aborde la possibilité ou non de pardonner l'impardonnable et de la capacité de se pardonner à soi.
Le personnage de Cléo est complexe, à la fois victime et coupable car elle est devenue complice dans le recrutement. L'auteur met en lumière le consentement, à ce que l'on participe ou laisse faire par le silence.
Construction originale. Une écriture puissante. Ce roman a été un véritable coup de coeur pour ma part. Belle découverte. Un roman que je vous recommande et qui a bien mérité de recevoir le prix Landerneau 2020
Commenter  J’apprécie          380
Alors là, franchement, c'est une belle surprise ! J'avais lu avec plaisir « La petite communiste… » et « Mercy, Mary, Patty » sans pour autant crier au chef-d'oeuvre… Mais là, on grimpe d'un cran et d'un grand ! C'est bien simple, tout est parfait : la construction narrative, le rythme du récit, l'écriture… Les thèmes abordés riches, multiples et passionnants touchent tout un éventail de domaines aussi bien psychologique que sociologique, politique, artistique, philosophique… Sans compter que l'on trouve dans ce roman le portrait admirablement bien rendu d'une époque... Franchement, chapeau bas Madame Lafon !
J'en viens au sujet.
1984 : nous sommes à Fontenay dans la région parisienne, « Cléo, 13 ans, quatre mois et onze jours » s'ennuie vaguement dans sa petite vie monotone et un brin tristounette entre le collège, les copines et les soirées télé avec ses parents. Seuls les cours de modern-jazz qu'elle prend à la MJC du quartier la sortent un peu de ce train-train déprimant. Elle s'adonne sans limites à cette passion et la moindre remarque encourageante du prof illumine sa journée.
Un jour, à la sortie du cours, elle est abordée par une femme très chic qui la félicite pour ses prouesses techniques et lui propose d'obtenir une bourse au nom de la Fondation Galatée afin de lui permettre de s'améliorer encore davantage dans son art auprès de grands professionnels de la danse ; elle pourrait devenir ainsi, peut-être, un jour, une pro… le rêve ! Enfin, une petite éclaircie dans cette vie bien terne ! Et puis, cette femme, d'une grande douceur et d'une extrême gentillesse, lui offre des cadeaux, lui fait visiter les hauts lieux de la capitale… Bref, Cléo est séduite (et le mot est faible!), ses parents, de modestes employés, le sont tout autant et la gamine est prête à suivre Cathy les yeux fermés et à peu près n'importe où, notamment dans de vastes appartements bourgeois des beaux quartiers où des hommes attendent…
Et la petite n'imagine pas une seule seconde que c'est un piège sexuel machiavélique qui se referme sur elle...
Lola Lafon restitue parfaitement les années quatre-vingt, la classe moyenne, l'ennui des banlieues, la façon dont, pour s'extraire de tout cela, certaines gamines (et leurs parents) se laissent très facilement abuser : parce qu'il faut réussir dans la vie, gagner de l'argent, passer à la télé, s'inonder de paillettes et de gloire… Et les mômes servent de proies, se font bouffer par les prédateurs sexuels à l'affût, puis elles servent elles-mêmes de rabatteuses, passant de victimes à coupables (sans même l'excuse d'avoir agi par nécessité : « elle n'a aucune excuse sociologique »), ce qui leur enlève définitivement l'envie de porter plainte et les contraint au silence et à la honte pour longtemps, peut-être jusqu'à la fin de leur vie… Avec, en prime, l'impossibilité de s'accorder le moindre pardon…
C'est terrible.
Et pendant ce temps, les violeurs restent impunis.
Lola Lafon opère des choix narratifs très judicieux : elle met en place, par exemple, des chapitres très courts rythmant parfaitement le texte et matérialisant l'étau terrible qui se resserre, à chaque fois un peu plus, inéluctablement et tragiquement, sur la jeune fille. Par ailleurs, ces courts chapitres rendent admirablement le rythme effréné des représentations de danse, des changements de costume (le corps comparé à une voiture de course...) et de la danse elle-même… (« Chavirer » est aussi un vrai roman sur la danse et sur les corps meurtris des danseuses).
J'ai vraiment beaucoup aimé ce kaléidoscope de très courts chapitres qui permettent de découvrir Cléo à travers le regard d'autres personnages (inoubliables eux aussi !) auprès desquels elle va puiser des forces et tenter de se construire : portrait par petites touches, comme on construit un puzzle, d'une jeune fille puis d'une femme (ce roman aurait d'ailleurs pu s'appeler « Une vie » à la manière De Maupassant…) Les angles d'approche sont ainsi multipliés comme si une quantité infinie de caméras tournaient sans cesse autour de Cléo afin d'en percer les mystères, les malaises, toute la complexité qui est la sienne.
Un peu plus loin, autre choix narratif intelligent, l'autrice a choisi de laisser en blanc l'indicible en maintenant le lecteur à une distance pudique, en suggérant, à travers, une simple synecdoque (celle des doigts par exemple) les attouchements et le viol…
Et puis, il y a aussi l'écriture qui se veut précise, dynamique, nerveuse : les phrases sont courtes, nominales, orales parfois. Elles portent en elles le rythme de la vie, la vivacité des émotions, elles fusent, jaillissent, claquent… le texte fourmille de détails et les descriptions sont pur plaisir de lecture : que ce soient les costumes des danseuses, l'appartement silencieux d'un ami juif, un concert de rock… tout est là, sous nos yeux et on y est ! On sent les parfums entêtants et la sueur des corps, on caresse le velours des tissus et des peaux talquées, on souffre devant les muscles meurtris des danseuses…
« Chavirer » est un roman incarné, puissant et terrible.
À lire absolument !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          374
Il y a des livres dont on ne veut pas qu'ils s'arrêtent et il y a ceux qu'il nous tarde de terminer ; "Chavirer" fait partie de ces derniers.
L'ambiance est lourde, glauque, pesante.
Des adolescentes sous l'emprise de prédateurs, un milieu de la danse qui ne veut pas de cygne noir, l'exploitation d'une classe sociale, des parents aveuglés et une parole qui ne peut se libérer.
L'auteure décrit admirablement cette atmosphère et la plume ciselée sert parfaitement le récit.
C'est poignant, triste et étouffant.
Je n'ai pas passé un bon moment mais je ne regrette pas d'avoir lu ce roman.
Commenter  J’apprécie          350
Admirable ! C'est un livre sur le pardon que cette citation, page 106, résume si bien : « le pardon n'était pas l'oubli. L'offense ne disparaissait pas comme une tache sur un tissu. Pas plus qu'elle n'était provisoirement « recouverte » par le pardon. Pardonner était une décision, celle de renoncer à faire payer à l'autre. Ou à soi-même ». Cléo devra traverser le chaos de sa vie pour accepter le renoncement.
Cléo, 13 ans, voit son innocence se briser sur la duplicité des adultes. Elle est la victime, pire, la complice, le rouage d'une machination qu'elle ne comprend pas. Elle est si jeune, elle n'a ni ses règles, ni les codes. Elle tentera d'ignorer ses mauvais souvenirs. En vain. Sur cette blessure initiatique, son inconscient attise le remord, la honte et la souffrance. La voici dévorée par un feu intérieur. À perpétuité. Une note sombre qui l'obsède et fera de son existence une mélodie dissonante. Cléo n'est pas la seule à se faire remarquer… et marquer. Il faut tant d'énergie, tant de ressources pour ne pas laisser un trauma vous gangréner. Il y a celles qui se battent et restent à bord. Il y a celles qui perdent pied et finissent par chavirer.
« Chavirer » est aussi un roman sur les rebuts de cette course au succès qui régit notre société. Combien d'apprenties danseuses qui tournent mal pour une Misty Copeland qui virevolte à l'Opéra ? Combien de gamins éclopés pour un Kylian Mbappé ? Combien d'illusions perdues pour un rêve enfin réalisé ? On l'entraperçoit dans les pages magnifiques (p211-216) où Lola Lafon décrit, avec une infinie tendresse, le quotidien douloureux des candidates à la renommée. Un roman formidablement construit, tout en délicatesse.
Un roman qui m'a fait tanguer.
Bilan : 🌹🌹🌹
Commenter  J’apprécie          350
Au gré des critiques de mes amis sur Babelio, je découvre parfois des "perles". Je ne sais plus qui, par les quelques phrases laissées sur le site, m'a donné envie de lire "Chavirer", peu importe, merci de m'avoir fait découvrir la superbe écriture de Lola Lafon que je ne connaissais pas.

A travers le destin de Cléo, 13 ans en 1984, passionnée de modern jazz, l'auteure fait écho à ces évènements du passé qui font de plus en plus souvent la une de la presse d'aujourd'hui, évoquant ainsi cet univers nébuleux d'emprise et d'abus sexuels de la part d'adultes sur des adolescentes, souvent de jeunes sportives. Je garde en mémoire l'image fil rouge du livre, "la queue de cheval haute et le sac de sport". Lola Lafon fait preuve d'un grand talent car elle évite tout voyeurisme malsain, elle consacre la plupart de son récit sur le mal être ressenti par Cléo tout au long de sa vie et l'obligation qu'elle s'impose de garder le silence. Envahie par un sentiment puissant de culpabilité puisqu'elle a entraîné dans le piège certaines camarades de classe, la jeune fille en oublie son statut de victime et se sent complice de ses bourreaux. L'originalité du livre vient du fait que c'est principalement à travers le regard des personnes qu'elle a rencontrées, aimées ou simplement croisées professionnellement que l'on suit Cléo pendant 40 années. Revers de la médaille (et c'est mon unique reproche), le manque de linéarité temporelle donne parfois un petit côté décousu au récit.
J'ai apprécié également être admise dans le "backstage" et découvrir ainsi l'envers des paillettes et le contraste entre le monde du paraître et celui de la réalité. A travers les métiers de la danse, depuis les troupes de danseurs qui animaient les plateaux de Michel Drucker dans les années 90 jusqu'aux cabarets parisiens, l'auteure nous rappelle que derrière l'orchestration parfaite d'une chorégraphie et la beauté de corps dévoilés se cachent encore et toujours de multiples souffrances physiques ou morales.

J'ai beaucoup aimé ce roman à l'accent social, qui évoque tout en subtilité et originalité la condition féminine des années 80 à la révolution #Metoo. Parce qu'il se termine en plus sur la belle lueur d'espoir qu'apporte le pardon, je lui accorde un 19/20. Pas très loin du coup de coeur...
Commenter  J’apprécie          340
"Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu'on ne savait pas dire non."

Par ce court extrait, voici l'esprit même du livre de la semaine que je tenterai de présenter. Un livre remarquable et subtil, où le coeur fait des soubresauts dans la poitrine. Un roman sorti il y a peu, rejoignant les élus de cette rentrée littéraire foisonnante. Il s'agit donc de Chavirer, de Lola Lafon, édité chez Actes Sud.

En profitant de la brèche #metoo et la vague féministe qui en découle, la romancière explore cette notion floue du consentement, mais pas que. Surtout pas que. Comment une enfant peut-elle se retrouver à la fois victime et "complice" d'actes répréhensibles ? Quels sont les mécanismes de ces procédés ?

C'est en posant son décor en région parisienne dans les années 80, que l'auteure met en scène le terrible destin de Cléo, treize ans, et quelques camarades de collège.

Cléo qui se découvre une passion pour la danse grâce au cours donné à la MJC de sa ville. Cléo qui entrevoit une porte de sortie à sa vie morne et à la classe moyenne de ses parents à travers Cathy, une femme élégante qui l'aborde en fin de séance.

Représentante de la mystérieuse Fondation Galatée dont la vocation est l'attribution de bourses d'études, Cathy est à la recherche de jeunes-filles dont la docilité, la naïveté et l'ambition artistique semble être le critère principal.

Alors que notre jeune protagoniste ne rêve que de danse et de paillettes devant l'émission Champs-Elysées présentée par l'immortel Drucker, un piège insoupçonné se referme sur elle. Sous couvert de luxueux cadeaux et promesses mielleuses, Cathy abuse de la confiance de l'enfant pour lui présenter le "jury" décisionnaire de l'attribution de ses fameuses bourses.

Exclusivement composé d'hommes, celui-ci organise des dîners où Cléo peut jauger la concurrence également invitée. Faire preuve de maturité, rester ouverte, sur les conseils de Cathy Cléo découvre le visage caché de la pseudo-fondation. Mais alors qu'un drame se joue clairement, un autre tout aussi vicieux se profile : la complicité de la victime devenue elle-même "rabatteuse".

Une avalanche de questions inondent alors le lecteur : Cléo est-elle responsable ? Peut-on, à treize ans, avoir conscience de telles conséquences ? Complice ou victime ?

De cette zone grise, Lola Lafon explore les mécanismes psychologique pervers de ces pédophiles, à commencer par la patience. Vient ensuite le temps d'amadouer pour enfin pénétrer la confiance. le piège est prêt. La victime est prête à être consommée et utiliser. Muette et sourde, une honte en filigrane accompagne alors chaque protagoniste du roman.

Choral et littéraire, celui-ci ne s'attarde pas uniquement sur notre chère Cléo, mais sur ses proches et "victimes". Comment grandir en étant son propre juge ? Aujourd'hui danseuse professionnelle pour émissions et shows populaires, Cléo est toujours prisonnière du passé où ses actes répondent à perpétuité au désespoir de Bettie, une camarade de collège.

Par de courtes phrases et chapitres, la romancière impose un rythme, une atmosphère grave, jetant un trouble.

Pas de fioritures, mais un ton juste où chaque mot est pesé. Parfois déstabilisant par sa construction, ce roman reste toutefois un livre terriblement humain et indispensable.

Chronique disponible en podcast sur la page Babelio de l'auteure ou sur la page Youtube Book'n'cook.



Lien : http://bookncook.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          342




Lecteurs (3968) Voir plus



Quiz Voir plus

Quand tu écouteras cette chanson (Lola Lafon)

Quand Lola Lafon passe-t-elle une nuit dans l’Annexe du Musée Anne Frank à Amsterdam ?

Le 18 août 2021
Le 28 août 2021

20 questions
31 lecteurs ont répondu
Thème : Quand tu écouteras cette chanson de Lola LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}