Un grand, Grand MERCI aux éditions
Buchet- Chastel ainsi qu'à Babelio, pour la réception de ce premier roman singulier et exceptionnel, ainsi qu'à l'heureuse prolongation favorisée par une rencontre ce lundi 6 février 2023, avec
Tsering Yangzom Lama...
(*** Mes excuses anticipées....pour les interruptions possibles dans cette chronique; des soucis de connexion ralentissent mes dépôts de textes ou de citations )
Un très dense moment de lecture, aussi captivant que bouleversant, nous immergeant dans l' histoire du Tibet et des Tibétains, à travers la destinée de deux soeurs :Lhamo et Tenkyi...
Récit qui débute au printemps 1960 au Tibet et s'achève dans les années 2012, au Canada !
Un roman des plus documentés d'une auteure qui est née en 1984 et a grandi au Népal, où sa famille s'est installée après avoir fui leur pays : le Tibet après l'attaque et l'annexion par la Chine...en 1959
L'histoire se déploie sur plus de 60 années ; texte rempli de poésie, de descriptions de traditions tibétaines, tant culinaires, que vestimentaires, rituelles, avec une part très significative sur les rites funéraires, la spiritualité, le dialogue avec les morts, qui font symbiose avec l'existence des vivants !
On suit sur plusieurs décennies l'histoire d'une famille tibétaine: les parents dont la mère, avec des dons d'Oracle et de médium, deux fillettes, l'aînée, Lhamo, aimante, travailleuse et sa petite soeur, Tenkyi, considérée comme la plus intelligente et la plus brillante, sera envoyée loin pour faire des études et être la fierté de sa communauté ;
Ce qui nous paraît au début comme une chance incroyable, se révélera au fil de la vie de la cadette comme un fardeau écrasant...Chacune des deux soeurs fera du mieux qu'elle peut, avec au fond de chacune d'elle, l'amour de leurs parents et leur volonté intacte de les " honorer"
C'est une lecture que l' on fait doucement tant il regorge d'informations et de détails sur l' histoire et la culture tibétaines.Un récit multicolore, avec mille directions; Fort délicat d'en rendre un juste et fidèle écho...tant l'auteur a su traiter des sujets les plus divers, construisant un immense arbre aux multiples ramifications....
En sus des parcours de ces deux soeurs, il y a aussi un troisième personnage féminin au caractère déterminé et combattif: la nièce de la cadette, Dolma, qui se révolte contre le trafic des antiquités du pays de ses aïeux, dont un objet inestimable ( et spirituellement et... financièrement!): " le Saint sans nom " qui va être le fil conducteur de cette famille à travers ses divers exils !
On comprend d'autant mieux lorsqu'on parcourt les remerciements en fin de volume où l'auteure nous apprend qu'elle a passé dix années à se documenter et à écrire ce premier roman foisonnant!
Elle rend hommage à la multitude de sources savantes ou non, incluant des chercheurs, des proches, des écrivains, des organisations ; que cela soit pour les oracles tibétains, les conditions de vie des premiers réfugiés tibétains au Népal dans les années 60, les premières années de l'occupation et de la résistance tibétaine, le commerce des antiquités tibétaines ,etc.
Un très beau remerciement final à ses parents " Enfin, je veux remercier mon défunt père, qui m'a appris à aimer les livres, rire aux éclats et rêver sans limites. Bien que tu ne puisses pas tenir ce livre dans tes mains, ton amour est présent à chaque ligne.Merci à ma mère, qui a traversé tant d'épreuves dans cette vie, sans perdre son sens de l'humour taquin et son coeur d'or: tu es mon héroïne ".
La seule petite difficulté au début de la lecture à été les sauts spatiaux- temporels: changement de la narratrice, de pays et de chronologie...qui, dans un premier temps, m'a déboussolée...!
Comme l' écrivaine nous l'a fort bien expliqué à la soirée- rencontre de ce lundi 6 février, ce choix de narration a été choisi délibérément pour désorienter le lecteur, et lui faire ressentir la propre désorientation des Tibétains exilés et devenus par la violence de leur histoire, des apatrides, à jamais !
"
(...) " Qui êtes-vous ?" Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile.L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires- de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en cuir gaufré comme les vôtres-, et la plupart des nations ne les acceptent pas.Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux. "