AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,98

sur 318 notes
Un livre exigeant: la forme d'écriture est déroutante au début, les phrases très longues nécessitent une attention soutenue. Ce choix artistique (qui peut rendre la lecture ardue par moments) a la particularité d'épouser la fluidité de la pensée. Les idées s'enchaînent de façon parfois surprenante. le point de vue change selon le personnage, on a accès à un flot de réflexions sur le vif. J'ai aimé avoir accès aux contradictions des personnages, leur façon de voir le monde et de se voir eux-mêmes est révélatrice et la dichotomie entre les deux sonne très juste.
J'ai la sensation d'avoir absorbé un patchwork d'idées contemporaines, d'avoir baigné dans l'actualité, dans les changements sociaux en train de se produire, dans l'opinion publique et ses dissonances. Un roman de son époque, que je prendrai plaisir à lire dans une quinzaine d'années pour constater s'il est devenu désuet.
Commenter  J’apprécie          70
"Querelle", du même auteur, est un des romans qui m'avaient le plus marquée ces dernières années, réussissant admirablement selon moi à créer une "tragédie antique contemporaine".
Ici, on est très loin de la tragédie entendue ainsi. Il s'agirait à la rigueur plutôt d'une tragédie intime – autrement dit, d'un "simple" drame. Et le roman perdrait assurément la moitié de son intérêt et de sa force sans la focalisation interne sur Céline et son histoire. Mais ce qui est admirable et fait dépasser le simple roman réussi pour toucher à l'art, unique, c'est la valse des personnages et la cacophonie ambiante, constante qui baigne les événements et montre, fait sentir avec une étonnante justesse, me semble-t-il, la société de notre époque. (L'analyse de Brueghel vers la fin du roman peut d'ailleurs presque se lire comme le projet du roman, si ce n'est que ce qui est à plat sur une toile est ici séparé : le métaphorique n'est pas dans le capharnaüm extérieur mais dans la voix intérieure de Céline.)
C'est sur ce fond-là que se découpe le personnage de Céline, avec toutes ses ambiguïtés. Elle ne se comprend, et même ne peut être vue sans la société qui l'entoure – mais cela n'évince pas pour autant son histoire personnelle (l'abondante référence à Proust le marque d'ailleurs assez). le roman raconte précisément le moment où les deux se heurtent (ça crée une étincelle).
Commenter  J’apprécie          60
[Comme d'habitude, je m'engage à lire 10% du livre et s'il me plait je continue]

Autant le dire tout de suite, il m'a été très difficile de lire les 10% du début de ce roman. Les paragraphes interminables constitués quasiment d'une seule phrase sur tout une page, c'est pas mon truc. Pourtant, la scène de départ m'intéressait, avec ce personnage de vieille dame (riche et célèbre architecte) qui s'est endormie sur un canapé lors de la soirée mondaine d'anniversaire de son amie Dina, qui a lâché son expertise pour devenir une femme riche au foyer. La narration m'a fait ressentir ce que je ressens en soirée, un vague ennui qui se transforme en envie irrépressible de partir.

Et c'est là que je baisse ma note. L'auteur a trop bien joué de mes émotions, j'avais envie de quitter son roman, son bavardage de surface, son enrobage pour dire au final peu de choses. Comme je m'engage à lire 10% de l'oeuvre, j'ai parcouru les pages suivantes, lisant les débuts de paragraphes pendant un certain temps.

Je n'ai vraiment pas accroché au style de l'auteur, alors que le sujet a vraiment l'air original, j'aime beaucoup le personnage, Céline, et je vais lire avec intérêt les critiques des autres Babeliotes.

Il me faudrait environ 5h pour lire ce roman en entier je passe mon tour.
Commenter  J’apprécie          50
Que notre joie demeure est un titre un peu paradoxal, à première vue, pour un roman qui décrit le déclin d'une ponte de l'architecture à Montréal, Céline Wachowski. Que notre joie demeure, c'est le voeu que fait l'amie de Céline, Dina, en fin de soirée, lors de son fastueux 60 -ème anniversaire.

La première partie du récit est consacrée à cette fête où est présent l'associé de Céline, Pierre-Moïse, noir homosexuel, à qui elle a appris les codes vestimentaires de l'élite à laquelle ils appartiennent. Céline y occupe une place centrale, elle est présentée comme un être supérieur, une déesse qui fascine, mais est aussi crainte et redoutée. Elle est puissante et influente, jouit d'une renommée internationale, alors qu'elle atteint ses 67 ans. Ce premier mouvement du récit s'achève sur la visite du 305 Bellechasse, siège de la firme d'architecture de Céline au style inachevé et déconstruit qui annonce la fin de carrière brutale de l'architecte.

Le deuxième mouvement suit les difficultés et désillusions de Céline face à Gabriella, sa collaboratrice rebelle, et face aux manifestations contre la gentrification qu'elle met en oeuvre. On est en outre en période Covid, les masques sont de rigueur, et le réchauffement climatique est évoqué. On assiste à l'effondrement de tout un monde. Céline est bannie de sa propre firme pour finir.

Un troisième mouvement met en scène une Céline fragilisée. Elle pleure. Elle visite la maison de Pierre-Moïse et de son partenaire, Nathan, qui lui apparaît comme un havre de paix, sobre et apaisant. Elle se démarque de tout ce qu'elle-même a conçu, pourtant. Céline se remet en question. Mais elle ne va pas en rester là.

Le roman de Kevin Lambert s'articule autour d'une construction solide, digne d'un édifice architectural. Il aborde des problématiques contemporaines qui ne sont pas seulement propres à Montréal : la gentrification des centre ville, les clivages sociaux, le despotisme, le machisme et le racisme et leur impacte dans l'ascension professionnelle des individus.

Il faut faire un effort pour s'habituer aux phrases interminables et la lecture n'est pas aisée. On comprend toutefois que l'admiration de l'auteur pour Proust est à l'origine de son propre style. Il lui rend ouvertement hommage lorsque Céline, introspective, se replonge dans son oeuvre.

Ce qui fait la richesse du roman de Kevin Lambert, ce sont ses personnages complexes ainsi que leurs interactions. Ils sont tous à multiples facettes. Il leur prête des personnalités denses, ce qui les rend très crédibles. On se sent aussi proche de l'un ou l'autre, et chacun comporte un côté répugnant. Aucun n'est vraiment stéréotypé. L'auteur arrive à mettre une certaine distance. Tous se remettent plus ou moins en cause, et doutent de leurs propres convictions. On n'est jamais dans la caricature.

Que notre joie demeure tend vers le tragique, mais le rebondissement final opère un revirement vers le cynisme. La vision que donne Kevin Lambert des ressorts de la société contemporaine est finalement bien pessimiste.
Commenter  J’apprécie          40
Festin Ode au style décalé Ovni de littérature Précis d'architecture Radiographie des passions Critique acerbe de l'angle médiatique Dissection du politique Description des manipulations Traité de mesquinerie Trône à l'argent roi Manuel anti capitaliste Brûlot social et militant Un peu de Recherche du temps perdu et beaucoup du Guépard Défi au lecteur Long rire grinçant Concert baroque dans maison transparente Hymne à la résignation

Triangle des Bermudes

Étourdissant, captivant, déroutant, mais surtout, jubilation suprême, furieusement inspirant.

Merci Kevin Lambert !


Lien : https://pecayral.fr/que-notr..
Commenter  J’apprécie          40
Plongée en apnée dans le monde des ultra-riches, monde où se meut l'héroïne Céline W., architecte mondialement renommée.
Trois parties inégales dans ce roman : Nous la découvrons tout d'abord louvoyant au sein de la fête donnée par son amie Dina, 60 ans, sur le roof top de son apt grandiose de Montréal, 89 pages, avec les deux premières phrases de près d'une page. C'est brillant, nous sommes Céline, plongée dans cet univers où se côtoie le gratin de la ville. Pour son malheur CW a la charge de la construction du siège social de la société Webuy et son agence va se retrouver au coeur d'une polémique et d'une lutte contre la gentrification du centre-ville. La montée de la polémique, les actes malveillants à son encontre, son éviction de son agence CW par les actionnaires, bref sa chute sont décrits dans la deuxième partie du roman. Ce dernier se clôt par une nouvelle fête d'anniversaire, de Céline cette fois, dans sa résidence de bord de mer, fête qui va être troublée par l'irruption de manifestants qui l'ont retrouvée. Mais tt est bien qui finit bien, que sa joie demeure, elle est vivante et a compris, enfin, le sens de sa vie.
Je n'ai pas du tout accroché à ce roman qui a reçu les prix Médicis et Décembre. Aucune émotion ressentie à l'égard du personnage central. Les personnages secondaires me semblent stéréotypés, notamment celui de son adjoint, haïtien homosexuel, les manifestants absents et /ou caricaturaux… le style est très particulier : longues phrases, une page parfois, au début notamment, (on comprend mieux que l'héroïne se plonge dans la lecture de Proust). Bref je suis passée totalement à coté de cet ouvrage qui a été remarqué par deux jurys littéraires éminents et a figuré dans les sélections de tous les autres prix. Il doit y avoir une raison !
Commenter  J’apprécie          41
Un roman dense, parfois épuisant, duquel émane une étrange fascination pour le personnage complexe qu'il tricote et détricote au fil de sa prose proustienne. Kevin Lambert explore le gris, les contradictions et les renoncements d'une architecte d'avant-garde au moment où vacille son piédestal.
Commenter  J’apprécie          40
Phrases étendues comme chez Marcel Proust, la comparaison s'arrête là quoique... Une belle écriture, le sujet me passionne moins même s'il est sérieux et important. Page après page, tantôt douce, souvent ironique, on découvre ce que l'auteur veut nous dire. On le lit, on l'écoute. le titre m'avait plu: toujours Giono!
Commenter  J’apprécie          40
QUE NOTRE JOIE DEMEURE de Kevin Lambert

Si vous avez aimé, prière de passer votre chemin…

J'ai essayé très fort mais, chaque fois que je l'ai mis de côté j'ai perdu l'envie de m'y replonger. Je m'arrête à la page 182 après un chapitre qui débute par : Dans les rues environnantes champignonnent les pancartes « À vendre ».

D'abord, l'auteur décrit avec un mépris manifeste un milieu prétentieux alors que son écriture est elle-même prétentieuse. Tout est pris dans un pain, ça ne respire pas.

Ensuite, l'utilisation du féminin pour accompagner le masculin est agaçante, lassante et, selon moi, ridicule : À chacun et à chacune, de fêtards et de fêtardes, des Montréalais et des Montréalaises, celles et ceux, les serveurs et les serveuses, leurs copains, leurs copines, des cégépiens et des cégépiennes, etc.

Ce roman, assommant, a sans doute été récompensé car il reflète les valeurs multiculturelles canadiennes mises de l'avant par Justin Trudeau et le Parti libéral

Wachowski : Polonaise
Cai : Chinois qui n'a pas appris le français en 30 ans de vie commune avec une femme québécoise, ce qui sert de prétexte à l'auteur pour balancer des phrases et des paragraphes en anglais sans traduction because ça fait tellement plus ouvert sur le monde …
Lucie : Nigérienne
Dina : Italienne
Pierre-Moïse : Haïtien et homosexuel
Gabriela : Latino-Américaine
Marine en couple avec Ariane

Une parenthèse à la page 101 (le masculin était utilisé pour ne pas alourdir le texte)

P103 : le terrain, situé des territoires autochtones non cédés comme le spécifiait Weby

P108 […] le quartier pauvre et multiethnique de Parc-Extenstion à partir du quartier blanc et bourgeois d'Outremont

P125 Joan Didion écrivait dans son essai « Céline Wachowski is one of us […]

P172 [...] dès que vous ne correspondiez pas à l'image qu'on se faisait d'un architecte (Pierre-Moïse précisa : « Un homme blanc dans la cinquantaine, excentrique mais hétérosexuel, en veston et des lunettes carrées »

P182 « On est blanches pis Ariane est endossée par ses parents, imagine si on avait des noms africains ou maghrébins »

**

Pour finir, c'est comme une parodie d'oeuvre issue du mouvement « woke » mais, et c'est ça le plus navrant, ce n'en est pas une … Pourtant, son auteur n'est pas dénué de talent.

Le cinéaste qui en fera un film recevra de bonnes subventions ...

À l'auteur : garde-robe est féminin
Commenter  J’apprécie          33
C'est la première fois que j'arrête la lecture d'un livre aussi tôt !
J'avais été séduit par le résumé. À la lecture, je n'ai rien trouvé à quoi m'accrocher. Les phrases sont interminables, souvent plus d'une page pour une seule phrase. L'organisation est presque angoissante, pas de paragraphe (ou presque), pas de respiration dans le texte.
Et pour conclure, un récit évaporé aux significations à deux doigts d'influences hallucinogènes et qui noie le thème dans des intrications de styles.
Commenter  J’apprécie          30





Lecteurs (1219) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
221 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..