Du début à la fin, ce roman nous promène à la frontière du mystique et du réel.
C'est grâce à cela que le suspense est maintenu ; les coupables potentiels sont nombreux, les motifs de meurtres sont multiples ; mais, jusqu'au dernier chapitre je ne pu savoir quelle part le fantastique allait prendre dans la résolution de l'affaire.
En effet, car : l'histoire se déroule dans l'Amérique profonde, dans un contexte de grande dépression. Il s'agit d'un état du sud dans lequel règne une violente ségrégation raciale. C'est la loi des blancs sur les noirs ; le Klan sème la terreur et la répression.
On pourrait déjà s'arrêter ici. — Ne serait-ce pas un autre « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ? ». Pas du tout. L'auteur a eu l'idée d'y mêler une intrigue tirée du folklore du Sud, faite de démons et de légendes, qui vient donner un goût de policier d'épouvante — notamment grâce aux apparitions d'un entité mystérieuse : « L'Homme-Chèvre » qui sont très réussies.
À propos, le narratif, parlons-en :
Lansdale a la particularité de faire des descriptions tranchantes, il arrive à nous situer quelqu'un et un lieu en quelques mots. C'est donc un livre minimaliste, qui fait tenir une intrigue policière en peu de pages.
On n'échappe pas aux codes du thriller ; c'est-à-dire : l'entre-soi nauséabond d'un comté isolé, ou le récit qui est raconté à travers les yeux d'un enfant — ce qui est encore plus terrifiant.
Le choix de narration, vu par un gosse, est une excellente idée ; pour plusieurs raisons : des questions candides sont posées, pour nous maintenir éveillé et nous situer dans le récit ; et aussi, pour aborder le sujet du racisme anti-noir sans prendre parti ; l'enfant ne comprend pas la ségrégation.
Ajoutons à cela, qu'il y a une sorte de distance de respect vis à vis des enfants avec les adultes ; cela les empêchent de se confier, et ajoute un sentiment d'isolement supplémentaire.
Je fus séduit par l'intrigue, surtout que je n'ai pas l'habitude de lire du polar ; alors, je l'évalue selon les critères objectifs d'un livre noir :
— Est-ce qu'il y a du suspense ?
— Oui, beaucoup.
— Est-ce que l'histoire est captivante ?
— Tout à fait !
— le scénario est crédible ?
— J'y ai cru tout du long !