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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Texas, années 1930. La ségrégation et le Ku Klux Klan ont encore de beaux jours devant eux.
Le père de Harry (douze ans) et de Thomasina (neuf ans) est coiffeur, cultivateur et accessoirement constable. Farouche défenseur de l'égalité entre Noirs et Blancs, il se démène pour découvrir l'auteur d'un crime sadique commis sur une jeune prostituée noire. Son enquête est évidemment entravée par l'hostilité entre ces deux populations qui, à de rares exceptions près, ne se mélangent pas - se portant au mieux une méfiance prudente, au pire une haine violente...

J'ai découvert Joe R. Lansdale avec l'excellent 'L'Arbre à bouteilles', où les échanges entre Leonard Pine et Hap Collins m'avaient réjouie. Autre rythme ici, même si l'histoire et les propos de l'auteur ne diffèrent guère : le ton est moins vif, et surtout beaucoup moins drôle.
J'ai aimé ici les dialogues père-fils, le duo-choc d'enquêteurs mémée-Harry, le décalage entre la naïveté du narrateur pré-adolescent et ce qu'il entend (notamment sur la sexualité des adultes). Mais je me suis souvent ennuyée : beaucoup de longueurs à la 'nature-writing', une enquête qui n'avance pas, trop d'action de gamins façon Club des Cinq. Et puis un dénouement totalement prévisible.

Malgré cette déception, je salue toujours le talent de l'auteur, je trouve son écriture formidable - ses portraits et les dialogues sont sensibles et justes. Des preuves : cet ouvrage m'a rappelé 'Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur' (Harper Lee), 'Seul le silence' (RJ. Ellory), 'Arrive un vagabond' (Robert Goolrick), 'Que ta volonté soit faite' (Maxime Chattam) et, dans un autre registre 'L'aliéniste' (Caleb Carr) pour les balbutiements du profilage - des romans que j'ai beaucoup aimés. Selon les dates de parution, on peut deviner qui a pu s'inspirer de qui...

Merci Gildas pour le prêt ! Cette lecture m'a confirmé le génie de cet auteur, mais je préfère quand il allie humour et sordide...
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Un aperçu de vie au Texas dans les années 30, des traces de racisme encore bien vivantes, une communauté de blancs et de noirs vivant près des marécages ayant toujours en tête que les nègres resteront des êtres inférieurs.
Ce roman bien noir dans son ensemble n'est ni plus ni moins que la vision de 2 jeunes adolescents, Harry et sa soeur Thomasina qui sont les spectateurs d'une vie bien mouvementée puisqu'ils découvrent les meurtres de femmes mais aussi les rumeurs de gens autour d'eux bien particuliers.
L'enquête est bien lente, si enquête il y a mais à leurs yeux c'est tout un monde de suppositions et de mystères que l'auteur sait nous décrire avec brio. On passe de l'enfance à l'adolescence et la désillusion commence à apparaître. C'est un peu comme un monde qui s'écroule et qui fait que ces deux enfants vont devoir bien grandir et affronter les obstacles de leur vie.


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Un vieil homme dans une maison de retraite, Harry, qui attend de passer de l'autre côté.
Les choses ont changé, il ne se reconnaît plus depuis longtemps dans le monde qui l'environne, des parkings et des centres commerciaux ont été construits sur les marais asséchés de son enfance...

Son enfance, justement.

Elle lui revient par vagues, une odeur, une ombre derrière la fenêtre, et il revoit l'East Texas, la ferme, ses parents, sa petite soeur Tom et le chien Toby.

Et il se souvient de ce qui s'est passé sur les bords de la Sabine River quand il avait onze-douze ans, au début des années 30.

Bien sûr, c'est un thriller, qui peut tenir en haleine avec les corps de ces femmes retrouvés horriblement torturés, cet Homme-Chèvre que Tom et Harry ont vu, au bord de la rivière, dans les bois, près des maisons, et la question comme un ressac de savoir qui peut commettre de pareilles atrocités, la peur qui parcourt les êtres en un long frisson qu'ils évacuent d'un haussement d'épaule bref.

De ce point de vue, moi qui ne devine jamais rien, ça a été un peu raté parce que j'ai deviné. Qui est coupable, pourquoi, et quels sont les secrets mal gardés des uns et des autres. Franchement, ce n'est pas que je me sois réveillée un matin avec le cerveau de Miss Marple, c'est plutôt que l'auteur laisse affleurer la vérité au fil de son récit.

J'ajoute que je n'ai pas été emballée par l'alternance de descriptions d'une remarquable poésie et d'un style volontairement maladroit que j'ai trouvé du coup artificiel.

A se demander comment j'ai pu le lire jusqu'au bout, n'est-il pas ?

Eh bien parce qu'au delà des réserves émises, c'est un roman d'une atmosphère prenante. L'East Texas est une contrée particulière du Texas, avec un environnement qui le rapproche davantage des états du Sud, et qui fait partie de la Bible Belt.

Dans les années 30, outre la Grande Dépression qui laminait les êtres, le Klu Klux Klan y sévissait impunément, la ségrégation était bien ancrée dans les esprits et il n'était pas rare d'y lyncher un Noir sur le moindre soupçon, voire sans.

Les marécages, les racines qui s'entremêlent en s'enfonçant dans la rivière, cachant toutes sortes de dangers et d'animaux venimeux, les mocassins serpentant à la surface de l'eau, répondent à la sécurité apparente de la ferme où le travail est dur, et au salon de coiffure de Jacob, le père, au milieu de la petite ville voisine où vit une communauté diverse. L'auteur nous plonge dans cette communauté et ses contradictions plus ou moins à travers le regard d'Harry enfant.
Le vieil homme n'est jamais bien loin, je l'ai un peu regretté.
Mais ce petit gars est confronté à quelque chose qui ébranle ses certitudes d'enfant et le poussent à envisager les évènements et les êtres avec une maturité qui lui est inconnue, qui l'encombre souvent.

Et ça, c'est dit avec une finesse remarquable.
On y retrouve ce qui tiraille à l'entrée de l'adolescence, ce qui retient au bord et ce qui pousse à plonger dans le même temps.

Il y a également ce tableau du patelin du sud très justement dépeint, avec la ségrégation qui empoisonne les relations avec les Noirs comme entre Blancs, les habitants qui doivent pouvoir compter les uns sur les autres et, donc, dépasser leur aversion pour ce que pense le voisin. Les méchants, les gentils, la chaleur de l'été qui revient peser sur les épaules dans les deux rues poussiéreuses, les fermes éparses autour, les cabanes près de la rivière.

Il y a encore Harry et sa famille : Jacob, un homme droit et juste que la découverte de ces corps secoue profondément ; May Linn, si belle que son fils se perd dans la contemplation de son visage parfait sans s'en rendre compte ; Tom, une petite fille intrépide et sauvageonne qui m'a rappelée la Scout de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ; Mémée et sa personnalité généreuse et encombrante, retour du Dust Bowl au nord du Texas, où elle a laissé la tombe de son époux, et que sa seconde fille a quitté également avec les siens pour tenter sa chance en Californie ; Toby, chien bâtard courageux et immense chasseur d'écureuils devant l'Eternel.

Il y a cette société qui avance de travers à force de rejeter une partie de ce qui la fait, qui s'accroche à ses conceptions ségrégationnistes pour se sentir au-dessus de quelqu'un, et s'imaginer valoir davantage.

C'est un voyage dans la Grande Dépression, un voyage dans l'East Texas, région à part et loin des étendues désertiques texanes, un voyage enfin dans cette communauté contradictoire aux personnages attachants pour les uns et révoltants pour les autres.
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Ce livre m'a fait plongé au coeur des années 30 en plein Texas ... J'ai vraiment voyagé grâce à la plume subtile de l'auteur. Il s'agit bien d'un Thriller avec ses meurtres, son suspens et ses retournements de situations ... Il m'a permis également de mieux comprendre la mentalité des gens à cette époque ^^ Jusqu'où le racisme peut mener ... (appartenance au KLAN, suicide, meurtres, ... ). Les personnages principaux sont très attachants et on a qu'une seule envie c'est de les voir progresser dans leur enquête ! Une fois de plus, à vos lectures !!! ;)
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Du début à la fin, ce roman nous promène à la frontière du mystique et du réel.
C'est grâce à cela que le suspense est maintenu ; les coupables potentiels sont nombreux, les motifs de meurtres sont multiples ; mais, jusqu'au dernier chapitre je ne pu savoir quelle part le fantastique allait prendre dans la résolution de l'affaire.

En effet, car : l'histoire se déroule dans l'Amérique profonde, dans un contexte de grande dépression. Il s'agit d'un état du sud dans lequel règne une violente ségrégation raciale. C'est la loi des blancs sur les noirs ; le Klan sème la terreur et la répression.
On pourrait déjà s'arrêter ici. — Ne serait-ce pas un autre « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ? ». Pas du tout. L'auteur a eu l'idée d'y mêler une intrigue tirée du folklore du Sud, faite de démons et de légendes, qui vient donner un goût de policier d'épouvante — notamment grâce aux apparitions d'un entité mystérieuse : « L'Homme-Chèvre » qui sont très réussies.

À propos, le narratif, parlons-en : Lansdale a la particularité de faire des descriptions tranchantes, il arrive à nous situer quelqu'un et un lieu en quelques mots. C'est donc un livre minimaliste, qui fait tenir une intrigue policière en peu de pages.

On n'échappe pas aux codes du thriller ; c'est-à-dire : l'entre-soi nauséabond d'un comté isolé, ou le récit qui est raconté à travers les yeux d'un enfant — ce qui est encore plus terrifiant.
Le choix de narration, vu par un gosse, est une excellente idée ; pour plusieurs raisons : des questions candides sont posées, pour nous maintenir éveillé et nous situer dans le récit ; et aussi, pour aborder le sujet du racisme anti-noir sans prendre parti ; l'enfant ne comprend pas la ségrégation.
Ajoutons à cela, qu'il y a une sorte de distance de respect vis à vis des enfants avec les adultes ; cela les empêchent de se confier, et ajoute un sentiment d'isolement supplémentaire.

Je fus séduit par l'intrigue, surtout que je n'ai pas l'habitude de lire du polar ; alors, je l'évalue selon les critères objectifs d'un livre noir :

— Est-ce qu'il y a du suspense ?
— Oui, beaucoup.
— Est-ce que l'histoire est captivante ?
— Tout à fait !
— le scénario est crédible ?
— J'y ai cru tout du long !
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Un livre qui se veut une description du Sud profond, le racisme, le KKK. Un roman policier où peu de gens s'interrogent sur une séries de meurtres de prostituées noires (particulièrement atroces). Jusqu'au jour où , comme l'annonce la 4ème de couverte, "les cadavres changent de couleur de peau".
La description du milieu est prenante, l'histoire policière plus chaotique dans la mesure où il n'y a pas d'enquête organisée pour trouver le coupable.
Pour apprécier ce livre, il faut accepter que la vérité surgisse un jour (plutôt à la fin du roman ) ou pas et s'intéresser à ce qui fait la vie.
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J'ai apprécié ma lecture mais j'en garde une impression de malaise. Bien sûr je sais que la ségrégation raciale a existé et existe encore mais je n'arrive pas à croire que l'on soit capable de penser et de réagir de cette façon envers un autre être humain sous le seul prétexte de la couleur de la peau... L'enquête est intéressante à suivre mais du coup elle ne m'a pas autant enthousiasmée que ça..
Lien : https://www.instagram.com/ol..
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A l'instar de Harper Lee (ne tirez pas sur l'oiseau moqueur) et Donna Tartt (le petit copain), voici une histoire vecue par des enfants, dans une amerique rurale avec tout ce que cela comporte (Ha, les joies du sud profond !...La loi ? Quelle loi ?).
Une ambiance bayous, des personnages attachants, une trame prenante... J'ai adore.
L'episode du type qui se retrouve "a poil" dans une tornade est particulierement cocasse...
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Roman intéressant plus pour la description d'un Texas ségrégationniste que par son intrigue.
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