AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782366260397
240 pages
LC Christophe Lucquin éditeur (05/03/2015)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Que faire des cadavres, des restes du passé ? Voilà une question que pose la madrivore, et à laquelle le roman répond se donnant pour titre le nom de cette effroyable plante imaginaire.
La sève de la madrivore produit des larves animales microscopiques qui dévorent leur mère de l'intérieur en l'asséchant complètement. Lorsqu'elles sont injectées dans un corps (vivant, ou mort), elles le consument entièrement, jusqu'à le faire disparaître. Les restes se disper... >Voir plus
Que lire après La madrivoreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deux récits dans ce roman de Roque Larraquy qui finiront par se parler. A priori pas vraiment de points communs entre eux, quoique l'artiste du second n'hésite pas à user de son corps pour ses oeuvres. Imaginons qu'en 1907, les scientifiques recueillent des propos intéressants et qu'en les combinant ils en fassent des textes forts, poétiques, ... certains avant de crier au scandale crieraient au génie et à l'oeuvre d'art... Mais revenons à la clinique de Temperley au début du siècle dernier. Les docteurs sont tous plus barrés les uns que les autres, on se croirait dans une aile psychiatrique, mais côtés patients. Ce qu'écrit Roque Larraquy est terrible, horrible, puisqu'ils choisissent des patients très malades pour abréger leur souffrance mais surtout pour parvenir à leurs fins d'expérimentateurs. Malgré cela, on sourit beaucoup, voire même on rit, parce que le texte est bourré d'humour. Noir évidemment, morbide. Notamment dans les tentatives des médecins de conquérir Menendez, l'infirmière-chef. Malgré la lourdeur du contexte, l'ambiance reste potache, bon enfant, légère, ou alors c'est moi qui ai décidé de le prendre comme tel pour éviter de sombrer, mais je ne crois pas m'être trompé, jugez plutôt avec cet extrait issu de la procédure officielle pour recruter et tester les patients :

"Le jour de l'entretien, le professionnel se présentera le front dégagé, sans excès de gomina. Il fera entrer le patient et lui proposera du thé ou du café. le caractère inattendu d'une telle proposition, si éloignée des conventions habituelles d'une consultation médicale, le préparera à recevoir la terrible nouvelle : le sérum de Beard n'a pas fonctionné et le décès est imminent. Une fois la nouvelle mise sur le tapis, vous observerez un silence respectueux durant lequel le patient fera ce qu'il veut avec sa douleur. le silence ne devra pas dépasser les deux minutes, moment où le médecin se lèvera de sa chaise, franchira la barrière du bureau pour venir taper sur l'épaule du patient avec une ou deux mains. Si le patient se montre réticent au contact physique, le médecin lui fera comprendre que ce geste de compassion n'est pas en option." (p.62/63)

Le second texte sur la création artistique est moins drôle, sans doute parce que le sujet est lui-même plus léger. Il pose des questions sur l'art en général. Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Jusqu'où peut aller l'artiste ? La mutilation ou la transformation du corps mises en scène sont-elles de l'art ? le premier à avoir une idée parfois bête, comme Duchamp avec son urinoir, peut se prévaloir du titre de découvreur, mais les suivants ne sont-ils que des imitateurs, des profiteurs d'un système qui glorifie les performances ? Voilà pour certaines questions qui me sont venues en lisant ce court texte sur cet artiste provocateur qui ne cherche qu'à faire parler de lui en bien ou en mal, surtout en mal d'ailleurs, histoire d'exister aux yeux de tous.

Un récit très différent du premier qui le rejoint néanmoins d'une manière fine. Il y est question de corps également, de l'intégrité d'icelui, de ce que l'on peut faire avec... enfin plein de réflexions qui méritent qu'on s'y arrête un instant. de manière générale, les livres parus chez Christophe Lucquin méritent d'être lus. Ils sont souvent décalés, barrés, fous, toujours bien écrits et vraiment originaux. Celui-ci, comme les autres, n'échappe pas aux yeux acérés de l'éditeur qui malgré de grosses difficultés financières (voir sa demande de participation sur Ulule) fait preuve d'un discernement rare et d'audace quant à ses choix littéraires.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre insolite mérite d'être connu. Il peut paraître inégal mais la première partie épatera tout lecteur, qui regrettera qu'elle soit si courte (ce qui est bon signe comme regret). On voudrait que les horreurs qui se trament dans cet hôpital soit plus développées, il y avait matière (on peut penser à la série TV l'hôpital et ses fantômes). Les plus curieux feront des recherches après la lecture, pour savoir si oui ou non les têtes parlent juste après avoir été décapitées...
Commenter  J’apprécie          50
Attention, ce n'est pas un conte pour enfants !! C'est dingue ! Génial !
Commenter  J’apprécie          10
Science illimitée et art extrême jouissivement associés pour le pire à un siècle de distance.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/21/note-de-lecture-la-madrivore-roque-larraquy/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le jour de l'entretien, le professionnel se présentera le front dégagé, sans excès de gomina. Il fera entrer le patient et lui proposera du thé ou du café. Le caractère inattendu d'une telle proposition, si éloignée des conventions habituelles d'une consultation médicale, le préparera à recevoir la terrible nouvelle : le sérum de Beard n'a pas fonctionné et le décès est imminent. Une fois la nouvelle mise sur le tapis, vous observerez un silence respectueux durant lequel le patient fera ce qu'il veut avec sa douleur. Le silence ne devra pas dépasser les deux minutes, moment où le médecin se lèvera de sa chaise, franchira la barrière du bureau pour venir taper sur l'épaule du patient avec une ou deux mains. Si le patient se montre réticent au contact physique, le médecin lui fera comprendre que ce geste de compassion n'est pas en option. (p.62/63)
Commenter  J’apprécie          30
Nous imaginons mettre en scène une vraie jambe humaine inoculée de larves de madrivore ; elle se dissoudrait en direct pour finir en un résidu noir qui, passé au microscope, grouillerait de bouches et de petites pattes.
Commenter  J’apprécie          100
Une fois que vous aurez obtenu l’approbation du patient, que nous appellerons désormais donneur, vous exigerez de lui la plus grande des discrétions. Vous lui ferez signer un contrat de confidentialité, dans lequel seront détaillés, d’une part, le procédé concernant la remise du corps en cercueil fermé aux familles et, d’autre part, les lois qui encadrent l’expérience. La rédaction de ces lois est à charge du gérant de la clinique sous la supervision de Monsieur le Directeur.
Si le donneur a des enfants que personne ne peut prendre en charge, on évitera généreusement que les futurs patriotes en question soient placés sous la tutelle de personnes imprudentes. La clinique se chargera de les confier à l’institution d’État correspondante.
En aucun cas ne sera détaillé au donneur le processus exact de décapitation, ni le fait que le don a lieu de son vivant.
Commenter  J’apprécie          10
Exister, c’est pouvoir mastiquer ; tandis que j’attends mon tour pour exister, on m’envoie étudier le piano, mais je suis bien médiocre. Peut-être que j’utilise la mauvaise moitié de moi.
Commenter  J’apprécie          80
Il faut retirer l’expression « noyau de son futur talent » et les huit pages sur le scandale avec Damien Hirst. C’est embêtant pour moi et pour ta thèse.
Le Big Mac de Pékin n’a pas le même goût que celui de Toronto ou de Lisbonne, mais les voyageurs croient en l’existence d’une saveur universelle qui les ramène chez eux en deux bouchées : McDonald’s se mange par le nom. C’est exactement ce que je veux pour moi. À vingt-deux ans, reconnu par l’État comme artiste universitaire, je comprends que les portes dont me parlait papa ne s’ouvriront pas grâce aux petites galeries, au bouche à oreille, aux concours ou aux bourses, mais bien grâce à mon prénom. J’ai pour projet de le tatouer sur le front d’un public populaire, ignoré du petit monde de l’art, et de faire en sorte que ces marginaux rayonnent vers l’intérieur et encerclent les consommateurs réels jusqu’à les atteindre. Tous débattent de l’éthique des images. Ces dames le font quand elles tombent sur la dernière paire de fesses exposées dans leur revue favorite en la taxant de graveleuse ; idem pour les gens qui brandissent la photo d’un taré pour défendre la légitimité d’une maison d’arrêt ; ou les gamins qui ouvrent un livre d’anatomie pour y observer des malformations. J’ai besoin d’une première œuvre qui stimule la vulgarité et la honte d’autrui. Une performance nazie ou antinazie où un vrai Juif prend une raclée. La mutilation génitale d’une Africaine projetée en boucle sur les murs d’un hôpital public.
Cette voix longtemps mise en sourdine, plus claire que la mienne, me rappelle qu’il est temps de donner vie au monstre.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : expérienceVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..