Dans des revues comme Play Boy, numéro de février 1971, qui est partout en vente libre au Vietnam, l'Association des vétérans contre la guerre (155 Fifth Avenue, Room 508, New York 10010) publie une page entière de publicité : elle représente un cercueil couvert de la bannière étoilée avec en dessous : " Dans les cinq dernières années plus de 335 000 de vos copains ont été tués ou blessés au Vietnam. Et chaque jour, d'autres vont être tués ou blessés. Vous ne pensez pas que cela suffit ?"
Le voyage que je vous propose aujourd'hui n'est pas imaginaire. Tout est vrai. Il va nous conduire au bout de la guerre, là où il ne reste rien, même pas ce qui anoblit la mort du soldat : la gloire, l'honneur, les médailles et les fanfares. Rien. Seulement la pourriture, l'ennui, la drogue et l'horreur. Ce voyage, c'est au Vietnam que nous le ferons, en ce printemps de 1971, où une fois de plus on a cru que la guerre allait se terminer, au moins changer de visage.
(incipit).
Jean Lartéguy, écrivain, soldat, patriote | Cercle Richelieu