Paul Laurendeau n'en finit pas de déboulonner la littérature. Sa manière de conter est unique, d'une virtuosité à couper le souffle. Mais qu'est-ce que c'est que cet imbroglio qui propulse Nietzsche en tueur "infranormal", capable d'abattre n'importe quelle cible « sans lever le petit doigt », tandis que pour ce faire, et pour mieux les désintégrer, il s'amalgame à des personnages aussi disparates que Jacques Coeur, Garibaldi, Bakounine, Amelia Earhart ou Sarah Bernhardt ?... Aux lecteurs curieux de littérature inclassable de le découvrir. Se faufilant dans « la Ruelle aux symboles insolites », entre la volonté de puissance et la naissance de la tragédie, Paul Laurendeau nous livre en dix chapitres héroï-comiques une farce nietzschéenne désopilante.
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Tout est aussi routinier pour toutes les personnes en présence, sauf une : Nietzsche. Enfermé en Sarah Bernhardt comme le sont les sectateurs du dieu Ganeça en son poupin corps éléphantesque lors des grandes processions en hommage à cette belle figure mythologique, notre bon Freddy se tape une vraie de vraie ballade culturelle. Faire l’amour de façon à demi convaincue avec un chevalier d’industrie ronronnant et pugnace en se lovant autour de lui sous la forme d’une mondaine expérimentée, voilà une aventure qui n’est pas sur le point de se laisser oublier. Le gai savoir, avez-vous dit ? Better believe it…
Sarah Bernhardt range son poudrier dans son sac à main et se tient les bras le long du corps, devant le miroir. Elle espère ne pas avoir opté pour un jupon confectionné dans une crinoline trop délicate. Cela la contrarierait fort que cette brute lubrique de Menlo le lui déchire. Ces rupins américains sont si fougueux. Cela ne manquerait pas d’ailleurs d’un certain charme viril s’ils n’étaient pas souvent si vulgaires et primaires aussi. Enfin, qu’y peut-on ?... Sarah Bernhardt est de toute façon bien décidée à se dévêtir elle-même.