La mer de l’Oubli brillait intensément alors qu’Emroth plongeait sous sa surface. Il s’enfonça dans l’eau et son corps frissonna légèrement. Puis il ne ressentit plus le besoin de respirer : il venait de pénétrer dans le monde parallèle…
Ça y est, songea-t-il, exalté. Je vais enfin toucher la Mère des océans… L’élémentaliste de l’eau descendit de plus en plus profondément dans les abysses, guidé par les trois ondines qui étaient venues le chercher. Les rayons de l’astre du jour s’amenuisèrent et firent place à une lumière tamisée. Complètement à l’aise dans l’eau, il se laissa transporter par les créatures de l’Autre Monde, oubliant peu à peu où il était…
Les élémentaux lâchèrent soudain ses mains et poursuivirent leur chemin, s’évanouissant dans l’étendue bleue. Serein, il se laissa descendre dans les profondeurs de la mer de l’Oubli. Et le temps s’arrêta.
Porté par la douceur de l’eau, il ressentit le calme et la sécurité du ventre d’une mère. En ce lieu où régnait un silence réconfortant, il éprouva un sentiment de paix total.
Il leva les yeux. Il était si profond que la lumière du soleil ne l’atteignait plus, mais les eaux étaient aussi claires qu’à la surface : des milliers d’éclats argentés brillaient tout autour de lui.
Comme c’est beau… pensa-t-il, émerveillé.
Emroth perdit peu à peu la mémoire. Faisant lentement un tour sur lui-même, il tenta de se rappeler les événements qui l’avaient mené jusque-là, mais il n’en gardait aucun souvenir. Il se sentit alors complètement en paix. Ni les regrets du passé ni les appréhensions du futur ne pouvaient le hanter. Seul existait l’instant présent.
Qui suis-je ? se demanda-t-il. Même cela, il l’avait oublié. Qui était-il, d’où venait-il, et surtout, où allait-il ? Il n’en savait rien.
Il s’abandonna complètement à la mer de l’Oubli, nageant au fond de l’eau, envahi par ce sentiment de sérénité où il ne ressentait plus ni la peur ni la tristesse. Les éclats de lumière s’amenuisèrent peu à peu et il ne resta autour de lui que la noirceur, immense, infinie…