Heinrich Schliemann. Un nom qui fait vibrer tout amateur d'antiquités grecques et romaines. le découvreur légendaire de la non moins légendaire ville de Troie. Celle qui a vu s'affronter Achille et Hector, Ulysse et Priam, Poséidon et Athéna. Des images grandioses, des vers d'
Homère qui résonnent. Bref, une vedette, ce Schliemann !
Il était donc tout à fait légitime de lui accorder une biographie. D'autant que tout n'est pas rose dans cette légende. L'archéologue, qui n'en était pas vraiment un (un rêveur, plutôt), a fait bien des dégâts. Pour accéder aux vestiges espérés, il détruit tout ce qui est au dessus, malgré la valeur des objets réduits en morceaux. Seul le brillant, le clinquant l'attire. Il aime les beaux contes et veut en vivre un. Quitte à déformer la réalité. Quand il trouve des tombes (on peut le remercier pour cela, car il a eu raison contre les savants de l'époque) à Mycènes, il est persuadé d'avoir trouvé celles d'Agamemnon et des princes de L'Iliade. Les recherches ont rapidement démontré son erreur. Mais rien n'y fait. Il vit dans son monde à lui et rêve de découvertes.
Personnage attachant et agaçant que ce Schliemann. Tout cela est parfaitement rendu par le texte et le dessin de cet ouvrage solide et complet. L'Allemand se promène à travers le monde, à travers les vignettes, déclamant des vers d'
Homère devant un public plus ou moins conquis (notant surtout son excentricité), un sourire béat sur le visage. Victime de sa passion dévorante, il rase à coup de flammes de dragon, d'engin de chantier les vestiges que le monde aurait aimé découvrir. Il change de récit selon son interlocuteur, perdant ainsi tout crédit. Mais il vit son rêve. Et il a permis au mythe de Troie d'acquérir une nouvelle renommée. On peut l'en remercier.
Tout comme je remercie les auteurs pour ce bien bel ouvrage. Et les éditions Dunod ainsi que l'équipe de Masse critique pour cet envoi.