AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,37

sur 281 notes
5
33 avis
4
18 avis
3
0 avis
2
3 avis
1
0 avis
L'université des chèvres est un roman graphique :

A ttachant
B rillant
C omplexe
D idactique
E poustouflant
F ascinant
G énéreux
H istorique
I ndispensable
J uste
K iffant
L umineux
M agique
N écessaire
O bsédant
P hilosophique
Q uestionnant
R emarquable
S pirituel
T ouchant
U niversel
V ibrant
W ild (sauvage)
e X ceptionnel
ab Y ssal
Z aubervoll (enchanteur)

Merci à mon collègue Gaël qui m'a ouvert la porte de l'université des chèvres et à Christian Lax de m'avoir guidé des Alpes aux Etats-Unis en passant par l'Afghanistan... pour un condensé de courage, d'engagement, de passion et d'humanité.
Commenter  J’apprécie          150
A travers des histoires qui se croisent et se répètent à travers l'espace et le temps, nous découvrons les oppositions à l'éducation en général et des filles en particulier, nées de l'obscurantisme (religieux). Au XVIIIe siècle dans les Alpes et en Arizona et aujourd'hui en Afghanistan, c'est à pied que des enseignants volontaires et passionnés se rendent de villages en hameaux afin de partager leur savoir, souvent à leurs risques et périls. Mais les dangers nés de la peur de la différence sont parfois encore bien plus grands.
Cette histoire, tel un conte, nous fait voyager et trembler car toute cette violence, toute cette haine est à nos portes et aux portes de nos écoles.
Un récit glaçant et cinglant qui ne laisse pas de marbre.
Je l'ai cependant trouvé trop diffus dans sa narration pour une fiction et je suis peu amatrice des dessins de Lax.
A lire.
Commenter  J’apprécie          150
Quel point commun entre la région des Alpes au 19ème siècle, les USA et l'Afghanistan de nos jours ? Une volonté d'éduquer de lutter contre l'obscurantisme, de promouvoir des valeurs d'humanisme, de participer à l'émancipation des femmes et la mise en place de leurs pleins droits.

Fortuné est un instituteur itinérant qui parcourt les Alpes vers 1833. C'est un trois plumes qui peut donc enseigner Lire, Ecrire, Compter à la grande joie des enfants qui l'attendent en hiver quand ils ont moins de tâches ménagères à accomplir. La loi Guizot fera qu'il ne pourra pas poursuivre son enseignement car il n'a pas le brevet nécessaire. Il devient donc colporteur et amènera la connaissance et le rêve dans les montagnes puisqu'il apportera des livres qui véhiculeront la culture au grand dam de certains parents trouvant cela inutile et parasite par rapport aux travaux des champs et des alpages.

Fortuné choisira de s'exiler, de passer l'Atlantique, de participer à la ruée vers l'or en Californie avec tous les dangers et aléas que cela comporte. Pour payer son voyage au sein des convois de pionniers, il recommencera à enseigner aux enfants.

Fortuné se rapprochera des indiens Hopis, il s'occupera des enfants pour préserver leur culture première et fondera une famille. Fortuné sera confronté à la volonté des blancs d'intégrer les indiens en faisant disparaitre leurs traditions et leur culture. Il s'y opposera, le droit à l'éducation et au respect des traditions ayant été le fil conducteur de son existence.

Arizona est sa descendante, c'est une journaliste qui s'intéresse aux minorités et à la place des femmes dans la société d'autant plus quand elles appartiennent à des minorités. Elle est confrontée à la violence au sein des établissements scolaires dont plusieurs son lieu de tueries. Elle ne comprend pas : l'école est un lieu pour apprendre, pour apprendre le vivre ensemble et non pour détruire tout en se détruisant. Ceci se passe sous l'administration Trump qui préconise d'armer les professeurs pour riposter.

Sanjar vit en Afghanistan de nos jours, c'est un maitre d'école itinérant comme l'était Fortuné et comme lui, il se voit interdire d'enseigner à cause de la religion. Les talibans ne tolèrent que l'école coranique pour les seuls garçons, les filles n'ayant plus le droit d'y aller.

Arizona se voit confier des reportages, des portraits en Afghanistan. Son guide sera Sanjar qui s'est reconverti en interprète pour les américains. Arizona va dresser des portraits de femmes fortes, refusant la soumission et l'obscurantisme quoiqu'il leur en coûte. Sanjar lui fait découvrir ses femmes exceptionnelles et aussi sa culture. Arizona découvre le parallèle entre son ancêtre Fortuné et Sanjar. A 150 ans d'écart, rien n'a changé : ceux qui veulent opprimer le peuple, imposer leurs idées savent qu'il faut interdire l'ouverture d'esprit, donc interdire d'apprendre autre chose que l'ordre officiel, interdire l'émancipation par la connaissance. C'est toujours le même combat.

Les dessins et les couleurs de Christian Lax subliment cette histoire. Les visages des héros sont somptueux, certains paysages invitent à la rêverie malgré le contexte de guerre. C'est un très bel hommage aux héros obscurs qui par leur abnégation font reculer les frontières de l'obscurantisme. Ce sont des Nelson Mendela du quotidien et il est juste de porter la lumière sur eux. Une fois de plus, Christian Lax nous dévoile son humanité, sa sensibilité mais aussi son talent de scénariste s'appuyant sur des recherches rigoureuses et son talent incomparable de dessinateur.
Commenter  J’apprécie          130
Peu importe l'époque ou le lieu, l'école est souvent la seule source d'émancipation. L'université des chèvres, un « nomadisme enseignant », c'est apporter cet apprentissage dans les coins les plus reculés et l'offrir à tous et surtout à toutes. Que ce soit en France en 1833, en Arizona pendant la conquête de l'Ouest, en Afghanistan sous les talibans ou dans l'Amérique de Trump et de la toute puissante NRA, apprendre à lire et à écrire, c'est apprendre à réfléchir, à penser par soi-même, c'est aussi refuser les idées reçues et ce n'est jamais du goût des oppresseurs de tout poil.
Une thèse soutenue par des dessins fins, une plume subtile, des couleurs un peu fanées.
Un vrai plaisir de lecture
Commenter  J’apprécie          120
Des dessins légers, clairs et aériens, un réalisme soutenu par de l'aquarelle, pour une histoire de livres et d'éducation. Sous forme de saga familiale, on découvre une histoire de l'enseignement, on part de la Savoie au milieu du XIXe siècle où un homme part en montagne apprendre à lire aux enfants des hauts villages, puis au États-Unis chez les indiens, et enfin de nos jours en Afghanistan. C'est une vision de l'éducation contre les obscurantisme, religieux plus particulièrement, mais aussi contre une vision colonialiste qui consiste à faire perdre leur personnalité aux peuples, et donc les membres de cette famille, les uns après les autres, de façon indépendante, font découvrir le poids du savoir à ceux pour qui on destine plutôt un savoir de propagande, un savoir qui ouvre contre un savoir qui enferme. C'est un récit militant, assez idéaliste et fleur bleu, mais bien raconté avec ce déploiement dans le temps et l'espace et pleine d'émotions. L'argument est simple, mais très juste et efficace, et en plus c'est une belle histoire qui reste positive malgré la dureté des luttes.
Commenter  J’apprécie          120
A l'heure où l'on se concerte sur l'intérêt de cet album, des écoles ferment.
Les filles restent à la maison et les garçons sont endoctrinés ; joli programme…
De nombreux chefs religieux étouffent la flamme des dernières bougies encore allumées et voilent les derniers rayons de soleil pour imposer par leur obscurantisme - et dans cette obscurité toute relative - des préceptes venu de si loin.
Mais vigilance, les pays où il fait sombre ne sont pas forcément ceux auxquels on penserait en premier.

Lorsqu'une foi a besoin de noirceur pour subsister, c'est que quelque chose ne va pas, ne va plus.
Le siècle des Lumières avait enthousiasmé et éclairé le monde ; cela fait déjà 250 ans.
Depuis, les lumignons s'éteignent tour à tour...
Nous sommes entrés dans un siècle de doute et de terreur.
Bien courageux qui saura maintenir le feu et porter le flambeau ; des professeurs se lèvent. Mais ils sont rares et bien trop seuls.
Ce livre est un plaidoyer pour l'éducation pour tous (garçons et filles), et il est le carburant de l'humanisme.
Commenter  J’apprécie          110
19eme siècle, Fortuné Chabert parcours les Alpes Françaises afin d'enseigner écriture, lecture et calcul dans les villages reculés.
21eme siècle, Afghanistan, Sanjar tente d'instruire les enfants des villages perdus.
Deux destins séparés par de nombreuses années et de nombreux kilomètres et pourtant même combat. Une lutte pour l'enseignement pour tous, malgré l'obscurantisme local. Un magnifique témoignage sur un combat de plusieurs personnes pour permettre l'accès à la culture à des enfants qui ne demandent que ça tout en respectant leur culture, leur passé.
Le récit est très beau, très émouvant, et parfaitement traduit par ses jolies aquarelles au couleurs pales et sensibles.
Commenter  J’apprécie          100
Un magnifique roman graphique, plein d'humanité, servi par un dessin plein de maîtrise et des couleurs nuancées. Christian Lax au sommet de son art construit une belle parabole sur l'importance de l'éducation, en s'inspirant d'une pratique réelle, tant dans le passé que de nos jours, celle des instituteurs itinérants, portant le savoir dans les régions les plus reculées. Les paysages sont grandioses, les postures des corps en mouvement très réussies, le texte riche mais sans excès. Je répugne de plus en plus à ajouter du poids à ma collection de bandes dessinées en me tournant vers l'emprunt en bibliothèque, mais je m'en serai voulu de passer à côté de cet album, que je n'ai pas fini de lire et relire.
Commenter  J’apprécie          100
Je ne m'attendais pas à passer de la France du XIXe s. avec un instituteur itinérant à l'Ouest américain en compagnie du même personnage. Vient ensuite le bond à notre époque. Les points communs entre ces différentes périodes sont effarants...
Ce roman graphique est une claque. L'importance de l'instruction face à l'obscurantisme...
À lire et à offrir.
Commenter  J’apprécie          91
Éducation, violence….
L'un pour combattre l'autre.
Et finalement l'un toujours confronté à l'autre.
Quels que soient les époques et les pays...

Ce que démontre magnifiquement le roman graphique de Christian Lax.
Présenté par une belle couverture, aux traits ciselés comme il sait si bien le faire.
La montagne, la neige, deux hommes remontent un sentier couvert de neige, à plusieurs mètres l'un de l'autre. Sur le dos, ils ont une sorte de caisson marron. le premier porte un habit qui parait remonter à quelques siècles, l'autre ressemble à un afghan…

Avant de détailler l'histoire, quelques mots sur le graphisme, car il est particulièrement séduisant.
Les premières pages plongent immédiatement le lecteur dans le contexte du récit. Trois pleines pages entières, la montagne dans les tons bleutés, un homme marche lentement et difficilement dans la neige. Un vrai tableau qu'on aimerait encadrer…
Ce que j'apprécie dans le dessin de l'auteur, c'est sa variété et sa justesse.
Des situations suggérées en quelques coups de pinceaux, quasiment monochromes et d'autres, très détaillées et coloriées.
Par exemple, les images de Kaboul accompagnent admirablement la trame du récit : sombres, avec la seule lumière des personnages.

XIXème siècle - « L'université des chèvres », c'est le nomadisme enseignant. Les instituteurs se déplacent pour enseigner aux enfants perchés dans les montagnes.
Fortuné est l'un de ceux-ci. Il porte trois plumes à son chapeau « car son savoir est triple. Il n'a que 17 ans, mais peut enseigner lecture, écriture et chiffres ».
Un instituteur infiniment apprécié des enfants qui devra modifier son activité ( lois Guizot obligent, qui demandent un brevet d'instituteur) et proposer une activité de colporteur de livres, toujours itinérant, toujours autant apprécié.
Jusqu'au moment où il comprend que les livres sont désormais rejetés : concentrés sur leurs lectures, les gamins ne font plus attention aux troupeaux de chèvres.
Un départ et une nouvelle vie en Californie… Son enseignement va se poursuivre chez les indiens Hopis.
« Dans l'école de Fortuné, qu'il a baptisée l'université des chèvres, les enfants à lire, à écrire et à compter sans pour autant renier les savoirs hérités des aînés. » Magnifique double page sur le nid d'aigles des hopis, pages 30 et 31.

L'histoire se poursuit de nombreuses décennies plus tard avec Arizona, arrière-arrière petite fille de Fortuné, journaliste particulièrement sensibilisée par les attentats dans les écoles, et farouchement opposée à la NRA.
« Cette tuerie en milieu scolaire est la 18ème en six semaines. »

Une même temporalité, deux lieux différents. Afghanistan – province du Pandjchir à 100 km au nord de Kaboul – Sanjar, enseignant nomade attendu et aimé par les petits afghans dans les villages reculés. Mais comme Fortuné, presque deux siècles plus tôt, il devra arrêter. Les mollahs ont décidé que la seule école était l'école coranique. Pour les garçons. Pour les filles, elles restent au foyer avec leur mère.

Les vies de l'afghan Sanjar et de l'américaine Arizona se croisent. Cette dernière est black-listée pour ses prises de position anti NRA. A la place, on lui propose un reportage en Afghanistan sur les femmes afghanes résistantes. Son fixeur (« guide, interprète, ange gardien) sera Sanjar. »

Un thème central, l'ignorance et l'obscurantisme et toutes ses conséquences dramatiques.
- L'éducation des filles toute aussi controversée dans la France du 19ème siècle (« du moment qu'elles savent lire leur catéchisme, ça suffit ! ») que dans l'Afghanistan actuel.
- La persécution des amérindiens : « tuer l'indien pour sauver l'humain qui est en lui. Telle est notre mission. »
- le travail de la presse et la puissance des lobbyings. : « le paradoxe aujourd'hui, est que tous les excès sont permis sur la toile, mais qu'il est ultra facile de museler ceux qui font leur boulot dans la presse. »
- La puissance de la NRA et le carnage des tueries dans les écoles aux USA, chez les résistants aux talibans en Afghanistan. Plus de 10.000 km les séparent et pourtant la même violence aveugle et sinistre frappe les enfants. Drôle de parallèle ? Pas tant que ça… Tellement réalistes, tellement bien portés par les personnages, qu'il fait froid dans le dos. La mort supportée par les enfants, les traumatismes et le sentiment que jamais cela ne s'arrêtera.
Le désespoir de Sanjar, rapatrié et prof en Californie : « dans son pays véritablement en guerre, Sanjar a tout fait pour préserver les enfants de la violence, l'école en tant que sanctuaire.il n'imaginait pas autre chose ici.

En conclusion, deux citations que j'apprécie particulièrement :
« L'éducation élève l'esprit » France du 19ème siècle
« L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde » Nelson Mandela.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (473) Voir plus



Quiz Voir plus

Prix BD 3e-2nd (3°4) Une maternité rouge

Où la statue est-elle conservée ?

au musée d'Orsay
au musée du quai Branly
au musée du Louvre
au musée Beaubourg

3 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Une maternité rouge de LaxCréer un quiz sur ce livre

{* *}