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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une nuit, des hommes casqués l'ont arrachée à sa mère. Depuis, Lila K. n'a qu'une obsession, celle de la retrouver. Internée dans le Centre, « un monde insensé aux règles implacables » (p. 12), où les autorités font tout pour la reconditionner et la réadapter, Lila se débat pour ne pas oublier. Mais il est dangereux de se faire remarquer : les caméras sont partout et tout le monde est soumis aux contrôles en tout genre. « Tout ce que vous faites, vous le faites pour mon bien, même si j'ai parfois du mal à m'en apercevoir. » (p. 283) Heureusement, Lila K. a la chance de rencontrer M. Kauffmann, puis Fernand et M. Templeton. le premier lui promet de l'aider à retrouver sa mère. Dès lors, Lila K. fait tout pour atteindre son but. Mais à mesure que ses recherches progressent, Lila K. découvre pourquoi elle a été séparée de sa mère. Dès lors, elle engage un travail de mémoire, mais aussi d'amour.

Dans cette dystopie très bien menée, une ville parfaite de verre et de béton s'oppose à la Zone, lieu de violence et d'insécurité. Sans que cela soit clairement explicite, il semble que la science ait fait des progrès spectaculaires : les animaux de compagnie sont génétiquement modifiés et l'on crée des chimères qui assument les tâches subalternes. Dans ce Paris des années 2090, de nombreuses sources de plaisir sont prohibées, comme l'alcool ou les cigarettes. Et surtout les livres papier. Au motif de leur potentiel allergène, ils ont été retirés du marché pour être numérisés. Sous cette forme, les textes subissent des coupes ou des réécritures et les grammabooks ne sont que des supports aléatoires. le contrôle de l'information passe désormais par un autodafé numérique.

Le récit rétrospectif de Lila K. est un exutoire au traumatisme et à la haine. Il rappelle qu'il y a toujours des anticonformistes et des réfractaires, même dans les systèmes les plus encadrés. Quant au titre, il renvoie à la chanson que la mère de Lila K. chantait. Mais cette ballade pourrait aussi être une balade, même si la promenade dans les souvenirs et dans l'appareil administratif est plus horrifique que dépaysante. Ce roman dystopique est une belle réussite, même si un ou deux dialogues sonnent faux. Mais l'intrigue est remarquable et bouleversante. Voilà un très beau roman de science-fiction et un véritable hommage à l'amour filial.
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Elle revient de loin, Lila !
Arrachée à sa maman, conduite à 6 ans dans une centre de rééducation, de revalidation ou appelez ça comme vous voulez, elle ne parvient pas à se souvenir de sa vie passée.
Intolérante à la lumière, aussi. Et puis une impossibilité de manger de la nourriture correcte et de faire preuve de « sens social ». Ah oui, j'ajoute encore ceci : on a dû l'opérer, détacher ses doigts qui étaient soudés...

Que s'est-il donc passé ?
Comment les responsables de ce Centre s'y prennent-ils pour que cette « pauvre enfant » s'en sorte ?

D'autant plus que nous sommes en 2100 et quelques... C'est-à-dire qu'est porté à son paroxysme le sens de la prévention, de la santé, de la jeunesse, de la préservation des microbes et des calories surnuméraires, de la sécurité maximale, de la « bonne conduite » de chacun dans la société (« Depuis le durcissement des lois sur le harcèlement sexuel, les gens ont appris à bien se tenir »), du calme, des émotions contrôlées, de la culture contrôlée, des animaux domestiques contrôlés, du contrôle des naissances. Même les livres sont muselés dans des « grammabooks » (nos liseuses, quoi) au lieu de s'étaler sur du papier « pouvant contenir des substances toxiques et des micro-organismes susceptibles de déclencher chez les sujets fragiles de graves allergies ».
Bref, sécurité, contrôle permanent et en tout lieu sans exception (entre nous soit dit, nous arrivons tout doucement à ce type de société, vous alliez me le souffler, je suppose).
Tout pour rendre l'homme heureux ?

Tout pour rendre Lila heureuse ?
En grandissant, elle déploie une intelligence exceptionnelle.
Elle découvrira Paris surprotégée, mais sera intriguée aussi par la Zone, cet endroit subversif extra muros où se passent toutes sortes de choses pas bien, pas contrôlées, pas propres, pas préservées des microbes et des calories surnuméraires, où les gens ne sont pas calmes, pas cultivés...

En grandissant, ses démons intérieurs se déploient eux aussi.
« Je m'étais fait avoir avec les sentiments, on ne devrait jamais ».
Mais il y a quelques bonnes personnes autour d'elle.
Pourra-t-elle « accepter l'errance, la surprise, l'inattendu ?»

Roman psychologique et sociologique, « La ballade de Lila K » n'a de cesse de nous interroger sur notre manière de vivre et de nous comporter, à travers cette jeune personne toute en nuances et en finesse, toute en désir de savoir, de comprendre et de ne pas oublier d'où elle vient.
C'est-à-dire de loin.
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Je suis complètement bouleversée par cette lecture, un énorme, énorme coup de coeur ! Je suis impressionnée par cette auteure. Blandine le Callet a un talent immense, que ce soit dans la valeur de l'histoire, la richesse d'écriture, la transmission des émotions, la fluidité et la subtilité dans l'avancement du récit, la faculté de maintenir un attrait, un « suspens ».

Privée de sa mère et ayant petit à petit complètement régressée avant d'arriver au Centre, Lila K reste prostrée, sans parler, ne supportant pas la lumière du jour : « ils me gardaient la plupart du temps dans une pièce close maintenue dans la pénombre. Je flottais dans une sorte de torpeur, sans conscience du temps qui passe, et c'était aussi bien. ». Grâce à son intelligence, elle va se laisser « domestiquer » pour réapprendre à parler, marcher et manger, non sans souffrances. Elle n'a que 9 ans. Elle passe toutes ses nuits sous son lit enroulée dans ses draps pour fuir les bruits alentours et retrouver un semblant de « bien-être et de sécurité », ce qui lui rappelle le cocon avec sa mère. Elle reprend goût à la vie « mais qu'à moitié », sa mère lui manquant terriblement et tout ce qui va avec. Malgré ses efforts elle reste encore à l'écart des autres enfants, elle a trop peur. Ils essaient mais c'est un échec. Une mauvaise expérience, où elle a été agressée lors d'une tentative de socialisation avec un groupe d'enfants, qui au final va lui faire comprendre qu'elle peut feindre et contrôler les autres pour obtenir ce qu'elle veut, en les faisant culpabiliser. Elle est donc isolée, avec enchantement. Elle refuse tout contact physique, elle ne le supporte pas, comme beaucoup d'autres choses qui ne lui apportent que dégoût. « Depuis que j'avalais mes repas sans respirer, je supportais bien mieux les aliments. Leur goût s'estompait, se muait en fadeur exquise, et même s'ils conservaient leur texture répugnante, ça n'avait rien à voir. »

C'est Monsieur Kauffmann, directeur du Centre, qui va ensuite s'occuper d'elle. « Les membres de la Commission étaient très ennuyés : ils avaient sur les bras une vraie bête curieuse. Surdouée, asociale, polytraumatisée. Personne ne savait ce qu'il fallait faire de moi. C'est là que M. Kauffmann est entré en scène. Il a changé ma vie. » Elle fait alors d'énormes progrès à son contact, mais cet homme a des méthodes peu conventionnelles, ce qui va peu à peu les éloigner malgré eux. Il lui fera la promesse de l'aider à retrouver sa mère, l'obsession de Lila. C'est Fernand qui prendra la suite de Monsieur Kaufmann. Il a une femme, Lucienne, qui fut aussi l'une des protégées de Monsieur Kauffmann et que Lila finira par voir tous les dimanches lorsqu'elle se rendra chez eux. Elle l'apprécie beaucoup. Elle rencontrera aussi Justinien avec qui elle travaillera, Milo Templeton, qui représentera un être particulier pour elle. Toutes ces personnes seront importantes pour Lila et l'aideront à avancer dans le réapprentissage de la vie et dans ses désirs de vérité. Ils la bousculeront sentimentalement (malgré eux) à cause de l'attachement qu'elle pourra avoir pour eux, ce qui lui intimera de ne pas trop se laisser aller à aimer les gens de peur d'en souffrir, mais les sentiments… ça ne se commande pas. « Je m'étais fait avoir avec les sentiments, on ne devrait jamais. A présent, j'en payais le prix, et je mesurais que c'était inabordable. Denrée de luxe, trop risquée pour les coeurs malmenés. Alors j'ai décidé que je ferais attention désormais. A garder mes distances. A ne pas m'attacher, surtout pas. Me préserver, tout fermer à double tour – réserve, confort, sécurité. C'était nécessaire, c'était vital. Je savais qu'un nouveau chagrin me tuerait. »

Le récit se situe dans un futur proche (fin du 21ième siècle et début du 22ième) et dans une société hyper sécurisée, où les caméras de vidéo-surveillance, les implants, les manipulations génétiques, les injections chirurgicales anti-vieillissements, les contrôles d'urine, les contrôles d'achats et cetera sont le quotidien des habitants d'une ville, en Intra Muros. Les livres y sont bannis, privilégiant les numérisations pour éviter toutes allergies mortelles (soit-disant). Des coupes d'articles sont exécutées pour modifier la vérité. Nous sommes bien dans une dystopie. Lila est constamment surveillée, même lorsqu'elle sortira du Centre à sa majorité, afin de bien s'assurer qu'elle est « conforme » à la « normalité ». Toutes différences sont ici isolées. Il faut un agrément pour pouvoir enfanter. Des interruptions de grossesse imposées lorsqu'il y a tout signe de malformation ou autre, ou bien encore quand la grossesse n'était pas autorisée, ce qui incitera certaines personnes à fuir dans la « zone ». La « zone » est le lieu Extra Muros, où on y vit la violence, la pauvreté, la délinquance, la contrebande (en effet tous alcools, cigarettes etc sont prohibés), mais c'est aussi là que les livres sont encore dans les bibliothèques, où les documents papiers circulent encore.

Lila, par son intelligence, comprendra très vite qu'il faut donner l'apparence d'être rentrer dans le moule. Ce sera l'objectif de retrouver sa mère qui la motivera et qui lui permettra d'arriver à ses fins, de comprendre, de savoir… Petit à petit elle recouvrera sa mémoire, qu'elle avait perdue ou enfouie, au fil de ce récit, par petites touches. Un long chemin, troublant, émouvant, dur. C'est Lila la narratrice et elle s'adresse à quelqu'un en le vouvoyant (nous connaîtrons son identité vers la fin du roman). Cela pourrait presque être un récit épistolaire mais c'est plutôt comme un mémoire, écrit à l'intention de quelqu'un et pour qu'une trace reste, une exorcisme. Cette narration à la première personne amène une intensité certaine, un sentiment de proximité et une meilleure compréhension.

Ce roman est une pépite et si ne vous l'avez pas encore lu, courez vous le procurer ! Il aborde différents points, la maltraitance, l'amour, la confiance, le pardon mais aussi pose les problèmes d'une société qui cherche toujours a tout contrôler, maîtriser, pour la sécurité… mais où s'arrête notre liberté et où commence la manipulation, notre ingérence lorsque tout va trop loin, une mainmise sur nos vies ? Quel prix sommes-nous prêt à payer pour vivre en sécurité ? La description des personnages y est fabuleuse, on a une réelle sympathie ou apathie pour eux selon les personnages, et de la pitié aussi, comme pour ce pauvre Fernand complètement prisonnier de ses sentiments d'un côté et de sa loyauté envers la Commission de l'autre. J'ai ressenti beaucoup de peine pour lui à vrai dire. Et Lila… Lila on l'admire, on a envie de l'aider, on a envie qu'elle parvienne a enfin vivre en paix. Lila a un amour tel pour sa mère qu'il dépasse tout ce qui peut être mauvais, il la transcende, il la sauve. Ce qui est admirable dans l'écriture de ce récit c'est toute cette pudeur, cette intelligence d'écriture qui permet de ne jamais tomber dans le « pathos » et qui nous tient dans cette histoire avec force. Aucun ennui, rien d'inutile et un récit haletant tant on veut connaître la vérité et l'issue. C'est l'histoire d'une jeune femme qui aurait pu haïr mais qui a l'intelligence, l'intelligence du coeur, une grande empathie et une compréhension hors norme, la faculté de prendre le meilleur, surement un instinct de survie pour ne pas sombrer. Longtemps ce roman va me rester je pense. On s'aperçoit que, finalement, il est possible de ne se rendre compte de l'horreur d'une situation que lorsque les autres la montrent comme telle, quand on grandit, et que bien que vivant dans ce genre de descente en enfer, on peut très bien l'aimer et s'y sentir bien, quand on ressent l'amour de l'autre. Tout ça c'est si intense, si prenant, si « renversant », si… Je suis vraiment subjuguée par le talent de Blandine le Callet. ENORME COUP DE COEUR !
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J'ai choisi ce livre un peu par hasard, sans vraiment en lire le résumé (il avait simplement été cité dans une émission littéraire où le présentateur recevait Blandine le Callet pour son dernier recueil de nouvelles). Je pensais partir alors en balade au côté de Lila. Quand je me suis aperçu que le contexte ne correspondait pas à une promenade bucolique, j'ai prêté attention au titre et j'ai compris qu'il s'agissait en fait d'une ballade, dans le sens de complainte, voire de récit dramatique.
Je ne regrette absolument pas cette intrusion dans ce monde futur (et en même temps si proche), totalitaire et entièrement sécurisé où j'ai fait la connaissance de Lila, jeune fille qui essaie de se reconstruire avec pour seul souvenir et pour seul moteur, l'amour que lui portait sa mère dont elle a été arrachée enfant. Une quête qui va la pousser à enfreindre les lois mais comme dans toute dictature, elle va pouvoir compter sur l'aide de "résistants".
L'histoire se répète puisque une fois encore, les livres cristallisent la colère des dirigeants et si on ne les brûle plus, comme sous l'Inquisition, ils sont réquisitionnés (à l'égal des armes à une certaine époque), puis numérisés, une fois expurgés de toutes pensées subversives. Chargée de ce travail ingrat, Lila va pouvoir officieusement reconstruire son passé. Lila, si touchante et en même temps si futée (elle sait manier l'art de la manipulation) poursuit inlassablement son but, retrouver sa mère.
Ce superbe roman d'anticipation, tout en faisant la critique des dérives d'une société, obsédée par la normalité, qui, sous prétexte de sécurité, contrôle ses citoyens (bien sûr, j'ai pensé à 1984 de G Orwell), est aussi un hymne à l'amour maternel qui, malgré les conditions dans lequel il est dispensé, est nécessaire à la construction de l'enfant.
Évidemment, j'ai craqué aussi pour Pacha, le chat arc-en ciel, symbole de liberté, qui règne au milieu de cet univers calculé.
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Le premier souvenir de Lila, ce sont des hommes en noir venant l'enlever à sa mère. Placée dans un centre mi-pensionnat, mi-prison, elle se remet de cet arrachement, apprenant à parler, à marcher, à lire, à vivre.

Mais il n'est justement pas si facile de vivre dans un monde sans pitié, divisé entre une ville riche et la Zone où la misère règne. Une société à deux vitesses, supposée vouloir le bien des gens. Une société que l'on devine, petit à petit, monstrueuse.

Lila y trouvera t-elle sa place ? Et qu'est devenue sa mère ?
Mon avis

Pour vous donner une petite idée, j'ai commencé ce livre dans le RER des vacances, je ne l'ai pas lâché jusqu'à ce que je sois installée dans le TGV des vacances. Quand j'ai relevé la tête, on était déjà en Provence. Je n'avais rien vu du trajet. En bref, un livre coup de point, qui ne se lâche plus une fois commencé.

Il y a ici deux aspects importants sur lesquels je veux revenir :
- le côté dystopique du livre, qui décrit une société totalitaire et inégalitaire, où tout est contrôlé.

A la moindre incartade, les gens sont supprimés : “Suppression pour incitation à la violence, à la perversion sexuelle, à la consommation de substances illicites, à des comportements alimentaires nuisibles à la santé. Suppression pour atteinte à la dignité du corps humain, ou au droit à l'image.”

C'est un monde où les livres n'ont plus droit de cité : on ne peut que lire sur des tablettes, qui sont par ailleurs contrôlées en permanence. Les livres papier ont disparu et les quelques rares qui circulent ont une étiquette : “Le papier imprimé peut contenir des substances toxiques et des micro-organismes susceptibles de déclencher chez les sujets fragiles de graves allergies, entraînant lésions cutanées et difficultés respiratoires. Il doit être manié avec précaution. Il doit être tenu hors de la portée des enfants.” Une étiquette qui m'a beaucoup fait rire, et épouvantée en même temps.

Pourtant, Lila, grâce au directeur du centre pour le moins anti-conventionnel va accéder à ces livres et grandir avec : “Avec le livre tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n'est pas un mince avantage, crois-moi [...]. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres.”

Les livres, résidus du passé, sont donc un leitmotiv important puisqu'ils symbolisent la liberté. Et comme on ne peut contrôler ces lecteurs, ils font peur et symbolisent la résistance au système. Comme dans 1984, on modifie leurs vérités pour masquer les exactions du régime, en particulier vis-à-vis des habitants de la Zone qui peuvent troubler la paix de la Cité.

Ce monde n'est finalement qu'une extrapolation de celui dans lequel on vit, avec des traits exagérés certes, mais dont certaines ressemblances sont frappantes. La misère, l'inégalité, mais aussi les médias qui sont partout, les individus qui doivent rentrer dans un moule, et qui courent sinon le risque d'être supprimés, …

Un livre qui interroge sur les dérives possibles de la société.
- Mais finalement, si l'aspect dystopique est essentiel dans ce texte, le véritable propos m'a semblé être la quête d'identité de Lila.

Malgré de nombreuses difficultés, elle parvient à se développer normalement, mais elle restera toujours atypique, profondément effrayée par le monde extérieur. Cependant, son intelligence lui permet de faire semblant, et elle comprend vite que c'est ce qui la sauvera : “Imiter, d'après Fernand, c'était la clé, le fondement de toute vie en société. Avec ça, tu devrais pouvoir faire illusion en toutes circonstances.”

Faire semblant pour qu'on la laisse tranquille, seule. Pour qu'elle puisse rechercher sa mère et comprendre ce qu'il a pu se passer. Même si cela doit la mener dans la Zone, affronter les pires dangers, dont le moindre n'est pas celui de la découverte de la vérité. La relation à la mère est fondamentale ici, et son ennemi n'est plus les autres, mais bien elle-même : “On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller : derrière, il y a tous les monstres qu'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait.”

C'est donc son combat qui est retracé ici, d'une manière très efficace, dans un style fluide et sans un mot de trop par Blandine le Callet. Si ce n'est pas un roman extrêmement original, il m'a tout de même bouleversé grâce au personnage de Lila, extraordinaire et très sensible.
Un magnifique roman, d'une cruauté tempérée de douceur et d'amour.

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Un siècle s'est écoulé. Nous voici donc plongés dans les années 2100, accompagnant Lila dans son périple initiatique et sa quête de vérité.

Je suis habituellement peu attirée par les romans d'anticipation mais celui-ci va bien au-delà de l'aspect technologique, de mesures sécuritaires ou encore de l'importance de l'hygiène. Une seule génération nous sépare de l'époque de Lila, ainsi l'univers aseptisé dans lequel elle évolue ne nous est – malheureusement – pas totalement étranger ; les tablettes électroniques, les livres numériques, la chirurgie esthétique, les différences sociales de plus en plus marquées, les caméras de surveillance...

On fait la connaissance de Lila dans un centre – un lieu ambivalent : mi-hôpital, mi-école. Elle y a été admise après avoir, apparemment, subie des actes de maltraitance par sa mère, celle-ci ayant été d'ailleurs déchue de ses droits maternels. C'est dans cet endroit qu'elle va se reconstruire physiquement, moralement et se construire intellectuellement grâce au soutien de Monsieur Kauffman, son mentor. Ce dernier lui ouvrira la voie qui la conduira à lever les nombreuses interrogations concernant sa mère.

À dix-huit ans, elle partira donc sur les traces de sa petite enfance avec quelques images en tête : un placard, la chaude odeur de sa mère, des hommes en noirs, le bon goût de pâté... Au fur et à mesure de son enquête, elle sera amenée à cotoyer de nombreux personnages haut en couleur, aussi intéressants que surprenants.

J'ai aimé ce personnage de Lila, jeune fille à la recherche de son identité, dôtée d'une incroyable intelligence, d'une jolie sensibilité, terrorisée par la foule et le bruit, infiniment discrète et posée ( elle demande un jour à son tuteur pourquoi elle a le sentiment que les gens ne cessent de la dévisager alors qu'elle fait tout pour se fondre dans le paysage... mais c'est parce que tu es très belle lui dit-il!).

Ce roman est un vrai coup de coeur. J'ai aimé l'histoire, l'écriture fluide de l'auteure, les personnages qu'elle a su croquer merveilleusement, la savant dosage entre un côté sombre, dramatique, et un autre plus humaniste et drôle. du suspens, une réflexion sur la liberté et les possibles dérives de la société, une histoire d'amour, une quête identitaire, de la poésie, de la manipulation, de l'innommable à la grande bonté... La ballade de Lila K est un roman époustoufflant et profondémment émouvant.

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La ballade de Lila K est un roman d'anticipation, mais qui, en réalité, ne semble pas si loin de nous. Cette projection dans le futur est troublante de réalisme et pousse à la réflexion sur les progrès actuels et nos ambitions futures.
C'est surtout une histoire d'amour torturée entre une mère et sa petite fille. Une relation très difficile à concevoir telle qu'elle est, mais qui pourtant est véritable.
Une quête d'identité longue et difficile pour Lila, dans un monde sous constante surveillance.
Moi qui ne suis pas une "fan" des romans de fiction et d'anticipation, j'ai adoré ce livre. le style de Blandine le Callet est merveilleux, son écriture est fluide et structurée.
Mais surtout, un livre sur fond d'empathie, d'amour et de tolérance tel que celui-ci, mérite pour moi 5 étoiles !
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J'ai beaucoup aimé ce roman d'anticipation qui soulève beaucoup de questions. Impossible de rester indifférent à la souffrance de Lila, à sa personnalité qui mêle force de caractère et fragilité et dont l' équilibre est savamment dosé par l'auteure. J'ai vécu en en vase clos avec Lila au fil des pages, l'encourageant dans ma tête, ma curiosité piquée à vif : qu'avait-il bien pu se passer ? Je voulais savoir quelle était la vérité, démêler le vrai du faux. Démêler les sentiments des faits. Ce livre soulève bien des questions sur la relation parent / enfant. Peut-on être un bourreau sans le vouloir et ce malgré tout l'amour que l'on porte à son enfant, ou faut-il forcément être un sans coeur ? Vu de l'extérieur il est facile de prendre position, de trancher entre ce qui est bien et ce qui est mal mais quand il s'agit d'un enfant qui se sait aimé et qui aime en retour la frontière devient plus floue et le doute s'installe. Les sentiments se mêlent à la raison, l'instinct à la logique. J'ai aimé l'approche très nuancé de l'auteur qui ne condamne ni ne juge mais qui donne tous les éléments au lecteur, à lui de se faire son opinion.
L'aspect anticipation du livre vient habilement renforcer le sentiment de solitude que l'on ressent pour Lila. Cela la marginalise encore un peu plus. Elle est si éloignée de la norme étriquée et fade imposée par des dictateurs sous prétexte de garantir la sécurité de chacun, que l'on ne peut qu'éprouver de l'empathie envers elle. le fait qu'il n'y ait là rien de nouveau, Orwell étant déjà passé par là avec brio, n'a pas parasité ma lecture. Oui c'est vrai j'ai pensé à 1984 mais La Ballade de Lila K n'en est pas une pâle copie, le thème premier du livre est bien la quête de Lila ; même si la critique d'une telle société est tout à fait d'actualité et laisse songeur. Jusqu'où l'homme est-il capable de se laisser asservir si en contrepartie il a une vie confortable ?
Mais au-delà de l'histoire j'ai vraiment apprécié le style de l'auteure, les phrases sont belles, le vocabulaire choisi avec soin, sans être prétentieux. J'ai été happée par le rythme des mots. Il s'en dégage beaucoup de sérénité malgré la gravité des thèmes abordés. Un rythme constant, qui ne s'emballe pas, qui ne décélère pas, mais qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page. J'ai lu sans précipitation en savourant toutes ces belles phrases. Quand on arrive à la dernière page c'est presque comme quitter une amie.
Encore un livre resté trop longtemps dans ma PAL et qui en est sorti grâce au challenge ABC 2018-2019. On dit merci qui ? Merci babelio :).
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J'ai beaucoup aimé ce roman. le suspens y est entretenu de façon très fine, fournissant d'abord les renseignements sur le personnage de Lila K a travers les soins qu'elle reçoit dans le centre où elle est accueillie, avant sa sortie, on se pose la question : que lui est-il arrivé ? qui sont ces gens qui prennent soin d'elle ? On dirait qu'ils lui veulent du bien tout en la dominant et en décidant pour elle ...

Ce roman est aussi le procès de la misère, de la détresse humaine ...

Les informations fournies sur la société décrite dans cette histoire sont également livrées de façon très subtile et parcimonieuse, au lecteur d'imaginer, à plusieurs reprises au cours de la lecture, j'ai fait un rapprochement avec 1984 de G Orwell, je n'en dis pas plus...

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La ballade de Lila K est une dystopie construite autour de l'histoire d'une petite fille qui tente de reconstruire son histoire : elle était encore toute petite quand elle a été arrachée à sa mère par de mystérieux hommes en noir puis conduite dans un Centre où on s'est chargé de son éducation. de ce moment là, elle n'aura de cesse que de préserver les quelques rares souvenirs qu'elle a pu conserver et de tout faire pour retrouver sa mère et comprendre ce qui lui est arrivé.
Je n'en dirai pas plus car une des grandes forces de ce roman est l'effet de surprise et la découverte de l'univers glaçant qu'a mis en place l'auteur. Au départ, le lecteur n'en sait pas plus que la petite Lila et s'interroge avec elle : qui sont ces éducateurs qui prennent soin d'elle ? Des êtres bienveillants ayant à coeur sa reconstruction ? Des geôliers qui l'ont séparée de sa mère et la retiennent en prison contre son gré ? On comprend à demi-mots que Lila ne va pas bien, souffre de blessures et de traumatismes psychologiques mais quelles violences a-t-elles subies et qui en est responsable ?
J'ai admiré la maîtrise de Blandine le Callet pour nous décrire une société du futur finalement pas si éloignée de la nôtre mais entrainée irrémédiablement vers la surveillance de tous, la volonté de garder chacun dans les clous et la norme et où tout faux pas est sévèrement réprimé. Nous ne sommes pas si loin de 1984 mais en version plus feutrée, l'auteur ne fait que suggérer, le lecteur ne cesse de s'interroger pour savoir qui contrôle qui et d'où vient le danger qui semble omniprésent. A l'heure du confinement, de la loi sur la sécurité globale, des dérives d'Internet et des fake news, ce roman acquiert une étrange résonance et n'en devient que plus inquiétant.
Le personnage de Lila, cette petite fille devenue grande et obligée de se construire quasi seule dans un monde hostile est particulièrement émouvant. Les descriptions de l'auteur sonnent justes, pas un mot de trop, juste le combat obstinée d'une jeune fille pour la vérité. C'est un roman bouleversant et angoissant, je l'ai d'ailleurs terminé en deux jours, ayant hâte de savoir la vérité. En parallèle de la dystopie et de ce monde futuriste, l'auteur nous offre également une belle histoire de famille et d'amour et d'intéressantes réflexions sur la maternité et l'éducation. C'est pour moi un autre point fort du roman : certes il s'agit d'une dystopie et d'un monde imaginaire, mais ce cadre futuriste est juste une manière différente d'imaginer une histoire familiale et de servir de point de départ à la réflexion du lecteur. Blandine le Callet se garde bien de tout expliquer, certains aspects de sa société du futur sont à peine esquissés, au lecteur de compléter les pointillés pour comprendre les non-dits et imaginer ce qui s'est passé.
Dans un tout autre genre, j'avais déjà adoré Une pièce montée, le précédent roman de l'auteur, mais cette Ballade de Lila K me paraît encore plus aboutie : un très beau roman, original, passionnant, émouvant et qui plus est un grand plaisir de lecture. A ne pas rater !
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