Région de Bordeaux : Henri Vallès, un ex-policier mentalement instable à la suite de la disparition de sa femme et de sa fille, devient le jouet d'une lutte entre services secrets et membres d'une secte.
Il y avait là un bon sujet à exploiter y compris sur le registre fortement teinté d'humour choisi par
Hervé le Corre. D'ailleurs, ça fonctionne souvent, rappelant parfois les grandes heures de
Charles Exbrayat.
Son "innocent" évolue dans un monde que des visions troublent fortement et son priapisme le rend très vulnérable dès qu'une rondeur féminine croise sa route, ce qui arrive fréquemment.
Le ton est enjoué et on prend du plaisir à suivre les démêlés de ce personnage décalé, s'exprimant à la manière d'un aristocrate dans un monde de taupes brutales et de Mata-Hari du ruisseau.
L'originalité du roman tient aussi dans le fait qu'on peut lire en parallèle des aventures telles que les voit le cerveau embrumé de Vallès, la version de l'autre personnage principal, Edmonde Cambournac, complice et victime elle aussi de la machination des barbouzes. La différence de perception entre les deux (Vallès ne rêve que de turpitudes sexuelles avec Edmonde qu'il confond avec un être fragile, tandis qu'elle, ne voit en lui qu'un détraqué pervers) crée un effet comique intéressant.
Malheureusement, sur la distance, tous ces procédés deviennent un peu lassant.
Mais ce n'est pas le pire.
Si on retrouve l'aisance d'écriture de le Corre, on ne peut que s'étonner devant le manque de rigueur qui accompagne ce récit.
(attention spoiler)
Un exemple frappant d'incohérence, avec les récits d'Edmonde (qui fait partie de la machination) :
Page 64 de l'édition Poche, elle dit dans un monologue adressé au lecteur : "Et on a découvert le docteur Furde dans son bureau, carrément mort.Je ne sais pas comment je n'ai pas hurlé...".
Page 354 : "Je vous ai montré un type profondément endormi et vous avez cru qu'il était mort...C'était d'ailleurs la condition pour que ça marche...".
Soit il y a un truc qui m'échappe, soit c'est du grand n'importe quoi.
Ajouté à ça, le manque de relecture qui laisse une phrase comme "vous pourrez vous la trempeZ dedans...", (p 382) c'est trop !
Une bonne idée, mais un peu gâchée selon moi.