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EAN : 9782267052510
224 pages
Christian Bourgois Editeur (12/01/2023)
3.54/5   27 notes
Résumé :
À Rome, un homme fuit une foule enragée et se jette dans un bateau à destination de l’île d’Elbe. Il se réfugie dans une grotte et y reste retranché comme une bête pendant des mois.
Cinquante ans plus tard, sa petite-fille part sur ses traces et retrouve son lieu d’exil. Entre ses mains, le journal intime de celui qui se voulait le protecteur des vieillards. Elle cherche à comprendre. Qu’a-t-il fui ? D’où venaient ses étranges inclinations ?
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Moi qui ne rechigne pas à lire des romans dérangeants (souvent les plus intéressants), j'ai été gâtée avec tous ces gâteux.
La narratrice imaginée par Grégory le Floch a mis la main sur le journal intime de jeunesse de son grand-père et le moins qu'on puisse dire, c'est que papy piétine les fleurs bleues. Son truc, c'est plutôt les roses fanées et les cactus défraîchis. le grand-père était gérontophile, animé d'une passion sans mesure pour Carmela et Marcello, âgés de plus de soixante-dix ans. La gérontophilie n'est pas un sujet facile et j'ai d'abord cru au prétexte scabreux : vu que tout a été écrit sur tout, autant faire dans le glauque, les chances d'être remarqué augmenteront proportionnellement.
Pas du tout. La relation entre ce jeune homme et ses anciens au crépuscule de leur existence donne à l'auteur l'opportunité de parler d'un sujet encore tabou : la fin de vie sexuelle. le Floch a réussi un tour de force. Même dans les scènes les plus crues (voire repoussantes), la tendresse est palpable et l'humanité, omniprésente (pages 38-43 et 50-54, par exemple).
L'auteur se laisse aussi aller à quelques digressions instructives (on peut lui reprocher) autour du thème de la vieillesse : le suicide chez les Ammassalimiut ou la mise à l'écart consentie par la doyenne de la tribu des Aïbus.
Adoratrices du panthéon de la mièvrerie (Giordano/Grimaldi/Perrin/Da Costa/Valognes), passez votre chemin. Ici, ce ne sont pas les Bisounours que l'on s…. (« s » comme salue, bien-entendu) mais des amants décatis.
Étonnante et détonante découverte.
Bilan : 🌹🌹
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Gloria, gloria, ce titre sonne comme un hymne. On pourrait l'entendre résonner dans une église ou dans une salle de concert. On pourrait juste le saisir au détour d'une place italienne. Gloria, gloria et le soleil brut réchauffe les corps.

Des corps déliquescents. Ceux de nonagénaires aux portes de la mort. Ils n'attendaient plus que la Camarde et voilà qu'un jeune homme les touche et les baise. Il redonne à ces corps que la vie quitte une sensualité. C'est dérangeant, bien sûr. Dans notre société qui refuse de regarder la vieillesse dans les yeux, quoi de plus gênant qu'un vieillard qui s'adonne encore aux joies du sexe avec un garçon gérontophile ?
Au creux d'un journal, le garçon raconte. Les caresses, la jouissance, les odeurs, les fluides. Ça suinte de toutes les pages, ça vous coule sur les mains. Plaisant ? Ce n'est pas vraiment la question. Mais un acte littéraire, artistique de ceux qui font dire que ce qui se passe là, n'est pas commun. Une expérience. Et finalement, est-ce que la littérature n'est pas là pour nous bousculer ?

La petite-fille de cet homme va retrouver le carnet. Elle aussi sera bousculée. Elle apprendra à regarder les corps vieillissants au soleil de l'été. Celui de sa voisine, de cette femme qui descend le matin sur la plage. Comme une déconnexion. Elle finit par passer ses journées, seule, là-haut. Dans les effluves des fruits trop mûrs. Un autre rapport au temps qui passe, une fin pleine de promesses.
J'ai été happée. Je l'ai laissé reposer, ne sachant pas comment parler de ce texte. Il est cru, si peu consensuel. Il ne plaira pas à tous, malgré sa poésie, à cause de son étrangeté. Moi, ça m'a plu. C'est la littérature qui m'intéresse, celle que j'aimais déjà ado, que j'espère trouver à chaque rentrée littéraire (ici, janvier 2023). Un texte audacieux et qui chante.

Tout se terminant toujours en musique ici, je dois vous parler de Cher. Ce chapitre est comme une nouvelle, un peu à part, mettant en scène cette chanteuse iconique qui s'est appropriée et s'approprie encore de toutes les façons, son corps. Et j'ose espérer que cette figure devienne un jour le personnage principal d'un roman de Grégory le Floch.
After all.
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Les pages du nouveau roman de Grégory le Floch envoûtent par leur poésie, autant qu'elles secouent par leur contenu. Et si j'aime être bousculée en littérature, je dois bien avouer que ce roman m'aura presque emmené aux frontières du malaise…

La narratrice du récit détient le journal intime de son grand-père qui, alors encore un jeune homme, fut éperdument amoureux de Carmela et Marcello, deux septuagénaires pour lesquels il aura voué une passion sans borne. À mesure que les pratiques gérontophile de son aïeul nous sont dévoilées, c'est toute la question du désir et du plaisir des personnes âgées qui vient se placer en exergue. Et si le sujet peut paraître scabreux, jamais Gregory le Floch ne tombe dans cet écueil. Il aborde ce sujet, oh combien sensible et encore tabou, avec une humanité incroyable et une douceur palpable même au coeur des scènes les plus crues. Au creux des lignes se cache toute la tendresse que les rides de nos aïeux camouflent à nos yeux.
Dans ce roman, il est question de fin de vie, de désir, de plaisir, de sexualité et d'amour. Toujours avec poésie et humanisme, jamais sans beauté. Ça secoue et ça dérange, de prime abord, mais vous verrez, reste après la lecture une sensation de douceur et d'hymne à nos vieux jours à venir. Comme une ode à la vieillesse, à la vie, aux sentiments. Jusqu'à la toute fin.
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« Ton grand père était un ange ! »

C'est ainsi que la mère de la narratrice le qualifiait. Pour autant, à lire les premières pages du journal de son grand-père, elle est prise de dégoût. Arrivée à Zanca, sur l'île d'Elbe, la jeune femme suit les pas de son aïeul, logée par Maria-Rosa, une sexagénaire lui offrant miel, lisant, chantant, dormant sur sa chaise longue. Non loin, sur une plage, elle contemple une baigneuse au joli « collier de grains de beauté. » Là où il habitait, elle lit les confidences de son grand-père, cet homme qui aimait les vieux, qui leur faisait l'amour malgré l'imminence de la mort. Il y a eu Carmela et Marcello, les deux beaux amours décris dans leur plus simple crudité, dans le corps aminci et leur sécrétion source d'excitation. Après la répugnance, sa petite-fille est touchée par la grâce. « Ce grand-père dégoûtant n'existe pas, il faut être fou pour le croire. »

Tout simplement beau, ce livre nous raconte l'histoire de cet homme aux penchants marginaux, lui qui va se réfugier pendant des mois dans la grotte, chassé par les habitants. C'est l'histoire du corps dans toute sa complexité, ce corps qui se dégrade et qui reste beau dans les mots de l'écrivain. En entremêlant le journal et les réflexions de la narratrice, Grégory le Floch offre un livre sensuel, doux, et solaire. C'est un livre qui touche au sublime tant les descriptions de cette femme nue qui se baigne chaque jour sont émouvantes, tant les mots du grand-père sont lumineux, tant les représentations des corps sont sensuelles, passionnées malgré leur surface repoussante. Avec ce livre, la vieillesse est loin d'être un naufrage mais elle touche davantage du rayonnement du corps…
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« Ton grand-père était un ange. » La narratrice retourne, cinquante ans après son aïeul, sur l'île d'Elbe, auprès de la grotte où il s'est terré durant plusieurs mois. Loin de tout, entre les abeilles, la mer et les arbres fruitiers, elle tente de comprendre ce grand-père aux inclinaisons si étranges. Elle relit son journal inlassablement et traque dans ses mots l'homme qu'il fut.

« Gloria, Gloria » est un roman étrange et fascinant qui mêle des voix et des narrations différentes. Successivement la narratrice, son grand-père ou bien d'autres personnages nous parlent. Ils disent la vieillesse et la déliquescence des corps, sans aucun tabou. Ils disent aussi la solitude, le choix de se soustraire de la communauté des hommes. La figure du vieil ermite, mythe qui hante les imaginaires de toutes les cultures, plane sur l'ensemble le roman.

Il y a beaucoup de sensualité dans le roman de Gregory le Floch. Il décrit les odeurs, les sensations, même les plus répugnantes, avec une grande précision. Il nous montre des chairs qui se fanent et se figent avec beaucoup de poésie. Il met de la beauté dans ce qui est repoussant. Les descriptions des corps sont sublimes. Il fait advenir la lumière dans le crépuscule de la vie, redonne à la vieillesse sa volupté.

J'ai aimé ce livre parce qu'il dérange sans jamais provoquer, parce qu'il aborde un sujet tabou sans surenchère. Il y a beaucoup de délicatesse dans la plume de Gregory le Floch. Il parle de sexualité et de désir avec douceur et sans frein. « Gloria, Gloria » est un livre qui peut gêner, un livre non consensuel. Je recherche ça en littérature. Je manque de ces romans qui osent fouiller ce qui fait honte, qui mettent devant nos yeux ce qu'on cherche à cacher, qui traquent la beauté dans la laideur. Merci Grégory pour ce roman audacieux.
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critiques presse (3)
LeMonde
20 mars 2023
Prenant connaissance du journal intime de son grand-père, la narratrice du troisième roman de Grégory Le Floch nous met entre les mains les pages d’un aïeul, amoureux des – très – vieux corps, qui y conte le plaisir pris à caresser ces « morceaux de chair grise et grimaçante ». Heurtée par ce goût morbide, elle voit son dégoût se muer en trouble fascination.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
25 janvier 2023
Dans « Gloria, Gloria », l'écrivain nous entraîne en Italie, sur les traces d'un homme qui aimait les vieux. Sensuel et capiteux.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
RevueTransfuge
06 janvier 2023
C’est le secret le mieux gardé de l’humanité : à quel plaisir sexuel peut accéder un corps vieillissant ? Grégory Le Floch ne perd pas son temps, et à trente-six ans, en fait l’obsession centrale de son troisième roman.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, ma mère a ouvert son placard à vêtements devant moi, elle y a plongé tout le bras jusqu’à l’épaule et en a sorti le journal en disant :
- Ton grand-père était un ange.
Elle l’a mis dans mes mains, il avait l’odeur de ses pulls, elle m’a dit qu’il fallait à présent que je le lise. J’ai obéi, je suis allée dans ma chambre et je me suis allongée à plat ventre sur le lit, mon cœur battait fort, c’était les yeux de ma mère qui m’avait fait comprendre combien c’était important que je lise ce journal. J’ai lu une page, puis deux et j’ai poussé un long cri de dégoût. J’en ai longtemps voulu à ma mère.
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20% des personnes arrêtées par la police au Japon ont plus de 65 ans. C’est le pays où les seniors sont les plus délinquants et récidivistes. Les délits qu’ils commettent n’ont d’autre but que d’être incarcérés afin de bénéficier de 3 repas chauds par jour, d’une cellule propre de 5 mètres carrés et de soins médicaux. Les veuves sont les plus représentées parmi la population carcérale senior. Elles trouvent la prison plus agréable que la vie à l’extérieur. Les autorités se sont adaptées à ce nouveau phénomène et engagent désormais dans les prisons plus d’aides-soignants que de gardiens.
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J’ai marché en colère et dégoûtée, pensant à ceux qui viendront après, ceux qui vivront après nous dans cent ans ou deux cents ans, et qui liront le journal de mon grand père, parce que, c’est certain, quelqu’un le leur aura mis entre les mains comme ma mère l’a fait, c’est inévitable, c’est comme ça que les choses se passent toujours, et ils liront le journal, leur index passant à toute allure sur les lignes, yeux plissés, bouche grimaçante, un débauché, penseront-ils, un malade, diront-ils, et ils ne se tromperont pas en pensant et en disant de telles choses, ils ne se tromperont pas.
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Une certitude naît en moi, c'est la voix du grand-père qui me la souffle, la voix de Maria-Rosa, gorgée de peur, qui me la souffle : la vieillesse, ma vieillesse, sera une aube comme l'aube de ce matin.
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[…] il écrit qu’il a faim, qu’il a peur, qu’il entend des couleuvres qui claquent dans les feuilles, qu’il s’appuie à des troncs, puis viennent la falaise et la corde, il écrit qu’il y a une grotte en bas, que son cœur s’affole, que c’est une chance pour lui, que c’est exactement le genre de choses qu’il cherchait, que cette grotte est inespérée, un signe du destin, alors il entre, il entre dans la grotte - puis plus rien. Un gouffre au moment de tourner la page.
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Videos de Grégory Le Floch (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Grégory Le Floch
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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