Magnifique bio de le Floch Prigent ...son histoire et le décorum du sulfureux dossier Elf.
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Son nom a fait la une de la presse économique avant de passer au chapitre justice. Aujourd'hui, Loïk Le Floch-Prigent raconte sa descente aux enfers dans un livre, « Le mouton noir - 40 ans dans les coulisses de la République ».
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Il était temps de mettre en cause le mot « usager » que je voyais appliqué à tort et à travers à l’intérieur et à l’extérieur de la SNCF. J’ai indiqué que, pour ma part, j’étais un industriel et que je ne connaissais que des clients. En effet, le terme « usager » nie la notion de relation, de relation contractuelle, qui est étroitement associé en revanche au terme « client ». Anonyme, passif, l’usager a la dignité d’une unité de compte. Au pire, ce langage-là suggère que, revers d’une culture de propriétaire, les agents des services publics auraient un droit de regard souverain et exclusif sur la marche des services publics, l’usager étant relégué à l’arrière-plan. Il n’était plus possible de justifier pareil déséquilibre, de perpétuer pareil réflexe. Même le Parti communiste a dû cesser un beau jour de se flatter de son « centralisme démocratique ». Que cela plaise ou nom, en contrepartie de son acte de confiance, de son acte d’achat, le client a un droit.
(p. 250)
Si les gens du ministère de l’Economie et des Finances sont si intransigeants sur les modalités et sur l’étendue de la nationalisation des banques, c’est parce qu’ils brûlent de se porter à leurs têtes ou d’y placer leurs copains. Le militantisme politique a bon dos. Il est clair que çà n’est que l’alibi qui leur permet de travestir leur convoitise forcenée. Les nationalisateurs à tous crins « selon les ordres de leur ministre » s’appellent Philippe Lagayette et Pascal Lamy au cabinet de Jacques Delors, Louis Schweitzer et Patrick Ponsolle au cabinet de Laurent Fabius.(…)
Depuis trente ans ont passé, je ne comprends toujours pas quel intérêt pouvait représenter la nationalisation du crédit, sinon qu’elle a offert aux amis de moelleux sièges de PDG d’établissements bancaires et financiers. (…)
Et cette mesure de nationalisation du crédit nous a valu de perdre notre dignité internationale.
(p. 224-225)
…nous en payons aujourd’hui les conséquences. Comme si la France avait pu maintenir un isolat à l’intérieur de tout le reste du monde en mouvement, avec son élite protégée des grands corps, tous assurés de se coopter les uns les autres à la tête des entreprises, tous assurés de ne courir aucun risque personnel, tous autorisés dans leurs cercles à se renvoyer indéfiniment l’ascenseur et l’immunité, et tous entraînés à masquer leurs résultats sous une communication avantageuse ! Ne laisser qu’à ses pairs la faculté de juger la politique de l’entreprise, voilà le tropisme de nos élites françaises. Pour interdire que leur politique soit jugée « sur pièces » de l’intérieur par leurs personnels, et de l’extérieur par les « élites » du reste du monde.
(p. 259-260)
Un chef d’entreprise songe en priorité à son entreprise. (…) Et c’est cet ancrage-là qui incite les cadres, les salariés, les syndicats à s’engager. Ce type de chef d’entreprise, il ne prend pas ses décisions à la légère, spécialement les plus amères. A lui d’assumer l’impopularité. Alertés par les difficultés, les représentants du peuple parés de l’écharpe tricolore, ont beau jeu d’aller le trouver, de le sommer publiquement de rendre des comptes sur sa gestion, sur sa stratégie, de le conjurer de surseoir aux licenciements, aux fermetures et aux reconversions envisagées. Ce genre de manifestation a le même mérite qu’une cérémonie d’obsèques : ça ne fait jamais revenir le défunt à la vie, mais ça permet d’évacuer un trop-plein d’émotion.
(p. 261)
…le portefeuille de l’Industrie revient à Pierre Dreyfus. Ce dernier me téléphone le jour même pour m’annoncer que je serai le directeur de son cabinet, et qu’il compte fermement sur moi pour préparer son arrivée demain mardi au ministère, rue de Grenelle. A peine a-t-il raccroché que son téléphone sonne, sonne et sonne. De toute l’inspection des Finances et du corps des Mines, on l’appelle pour lui recommander des noms et des noms de personnes exceptionnellement qualifiées pour diriger un tel cabinet que le sien. Mais il répond, de sa petite voix, que le poste est déjà pourvu.
(p. 216)
Sputnik France- 11 février 2020
Emission "Désordre mondial" par Rachel Marsden
« Il y a deux poids, deux mesures dans l’application de la loi anti-corruption américaine »
Trump souhaite réformer la loi anti-corruption – la Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) – pour mieux servir les entreprises américaines dans la concurrence mondiale. Décryptage de cette loi extraterritoriale et son impact sur l’industrie française et européenne par Loik Le Floch-Prigent – ancien patron de Rhône-Poulenc et Elf Aquitaine, et ancien président de Gaz de France et la SNCF.