Le vent d'ailleurs, les oies connaissent bien cela, un vent de changement, de départ, un vent mystique qui souffle sur la vie, gonfle ailes ou voiles, et tourne les pages du tome ultime de Terremer. Un vent qui transforme le Monde, et ramène à un point de départ, pour la fin d'un Cycle, trente-cinq ans après le premier mot.
Ce tome referme ce qui avait été ouvert dans Tehanu et poursuivi dans la nouvelle Libellule (Dragonfly). Tout Terremer doit impérativement être lu dans l'ordre, c'est important. Et ici, à la fin, chaque personnage reçoit sa résolution. Tout comme le Royaume. Et les dragons aussi. La seule chose réellement déprimante de Terremer disparaît. Tout retourne dans le Tout. Et on sait aussi que c'est la fin parce que l'on sait que tout continue comme avant.
Beaucoup de personnages, ceux qu'on connaissait déjà, et des nouveaux, afin que tout Terremer soit présent symboliquement lors de cette transformation, ce retour, mais qui ne font finalement pas grand chose, d'abord parce qu'il sont nombreux à se partager les pages disponibles, ensuite parce que le roman est encore plus, j'ai envie de dire, "wuwei", que d'habitude, plus dans la compréhension que dans l'action, plus dans la transformation intérieure que dans l'exercice d'une volonté, plus dans la prise de conscience des choses à faire que dans leur déclenchement. La question et sa réponse s'imposent d'elles-mêmes à tous ces sages un peu inutiles.
Mais je l'ai trouvée un peu forcée, cette intrigue, un peu artificielle, confuse aussi, et je n'ai même pas compris tout seul tous ses enjeux (heureusement, je l'ai lu en compagnie de Siabelle, ça permet de confonter nos impressions). Mais ces ultimes retrouvailles...
- Mme le Guin, tous ces personnages que vous avez réussi à nous faire aimer autant... comment faites-vous ?
- Je ne commence jamais un roman avant que les personnages soient bien vivants dans ma tête, mon p'tit Bernacho, ça peut prendre des années.
- Mais Tenar, c'est un peu vous ? Tout cette deuxième partie du cycle est vue à travers elle.
- Hum.
- Et ce chaton, vous n'êtes pas un peu gag... enfin je veux dire que vous aimez les chats, ça se voit... enfin... de quoi se sentir un peu jaloux... quand on est une oie.
Commenter  J’apprécie         216 «Parce que vous avez traversé vivant le pays des ténèbres, la voix rauque de l'étranger s'arrê-tait là. le vieil homme complétait les paroles : - Et je suis parvenu aux lointains rivages du jour. Oui. Mais il s'agissait de la prophétie de la venue de notre Roi, Lebannen. »
Quel beau cycle de Terremer !
«Le vent d'ailleurs» c'est ma première lecture commune, avec Bernacho, en ce début d'année. C'est le dernier livre, c'est assez incroyable, que je sois passée au travers, car c'est tout un programme :
- Les sorciers de Terremer, en 1968
- Les tombeaux d'Atuan, en 1971
- L'Ultime Rivage, en 1972
- Tenahu, en 1990
- Les contes de Terremer, en 2003
- le vent d'ailleurs, en 2005
«Dans les rêves, non, c'est vrai. Mais jamais je n'ai entendu parler d'un homme qui se soit rendu près du mur en rêve. C'est un lieu dans lequel un mage peut souhaiter se rendre, s'il y est contraint, s'il y a appris le chemin et s'il possède le pouvoir. Mais sans la connaissance et ni le pouvoir, seuls les mourants peuvent… »
Attraction, Mystérieux, Incertitude
Dès le début de ma lecture, je me suis sentie fébrile, car je sais que c'est la conclusion, qu'elle nous offre. Je remarque qu'on y retrouve la même plume magicienne, que j'affectionne de cette auteure. Je m'aperçois qu'elle reprend aussi les mêmes lignes : son sens moral, son côté humour et son imagination débordante. À elle seule, elle nous crée un monde où elle fait place à de la fraternité, à des voyages et aux aventures, mais elle n'oublie pas l'autre côté : le bien, le mal et la mort.
Je suis vraiment enchantée car je retrouve mes personnages préférés et je crois qu'elle reste fidèle à ce qu'ils sont. C'est une lecture assez plaisante, même si elle devient parfois complexe. On doit faire des liens, car elle retourne souvent dans le passé. de plus, elle fait référence à d'autres livres également. À mon avis, c'est important de suivre l'ordre chronologique, si on veut comprendre le sens du contexte.
«Le monde est vaste et étrange, Hara, mais pas plus vaste, ni plus étrange que nos esprits. Pense-y de temps en temps.»
C'est ainsi, qu'à chaque fois, je suis toujours émerveillée par son immense talent et combien je ressens de l'admiration pour elle avec son cycle de Terremer. Encore une fois, elle nous le démontre très bien.
«Il ne savait pas ce qui avait le plus d'importance après tout, les grands événements ou les petits événements ordinaires.»
Le livre «Le vent d'ailleurs» est basé sur des thèmes qui lui tiennent à coeur tels que l'identité, les quêtes et la frontière. On y rencontre des sujets comme la famille, la politique et la guerre. Effectivement, on assiste un peu à des nouveaux personnages et à des retrouvailles.
Ce qui retient beaucoup mon attention, c'est qu'elle laisse la place à des femmes, à la différence, et on aperçoit un peu plus Tenahu, avec sa soeur.
«La façon dont Tenahu était défigurée donnait l'impression qu'elle avait deux visages. Il ne pouvait voir les deux en même temps, seulement l'un ou l'autre.»
Au fil des pages, je considère que c'est une histoire qui est intéressante à lire et qui capte ton attention. le livre est bien construit, les chapitres sont bien divisés, c'est un petit roman, qui se lit vite. J'observe aussitôt qu'elle garde un bon rythme dans son écriture, elle maintient bien son intrigue, et elle transmet bien la chaleur de ses personnages. Elle est assez fidèle, à l'atmosphère qu'elle retranscrit, et elle reproduit bien les lieux, qu'on reconnaît.
Je soulève cependant quelques points qui m'agacent. Je m'aperçois qu'on voit trop de personnages secondaires, dont je ne me souviens pas vraiment. Quand tu avances, vers le milieu, je souligne qu'il peut y avoir un peu de temps mort. Et vers la fin, elle nous laisse un peu sur notre imaginaire.
«C'est vrai que tu leur amènes une drôle d'équipe ! dit-elle. Un sorcier qui fait des cauchemars, deux dragons et deux kargues. Les seuls passagers respectables sur ce navire sont Onyx et toi.»
Je me sens très émotive, car c'est tout un univers, qui se termine, lorsque je finis la dernière page. Je découvre tout un monde de fantaisie, qui peuple des animaux, où vivent des créatures étranges ainsi que des dragons qui parlent. Comment ne pas rêver après tout de mage, de sorcière et de magie ?
En plus de tout cela, je n'oublierai pas de sitôt ses héros fantastiques tels que Ged, Tenar et Tenahu. Ursula le Guin te fait voyager dans un endroit où tu ne soupçonnes même pas. C'est à la fois merveilleux et dangereux de parcourir, ses contrées et tu possèdes également des cartes pour te guider en début du livre.
«C'est pourquoi le mal est entré en nous, et entrera encore, jusqu'à ce que nous choisissons, à nouveau, et pour toujours, d'être libre.»
C'est difficile d'exprimer ce que je ressens, ce que je peux dire, c'est que je passe d'excellents moments à travers cette saga. Je déclare à juste titre, qu'Ursula le Guin est une grande dame de la littérature. Elle possède l'art de nous faire rêver, et nous faire évader. Qui osera ?
Et voilà, c'est maintenant le moment, où je dois remercier Bernacho, avec lequel j'ai partagé toutes ses lectures. Je lui dis merci, car c'est un beau partage et du temps effectivement que l'on s'accorde. C'est une richesse d'aimer lire et surtout d'avoir rencontrer mon compagnon, qui me communique toujours sa passion et son amour pour les livres.
Et juste pour faire rêver un peu plus…
«Sous le vent d'ailleurs, l'ouest au-delà de l'ouest. Croyez-vous que nous autres dragons ne volons que dans les vents de ce monde ?»
Pour terminer, j'ai une question qui me vient à l'esprit :
«Est-ce que les personnages ont trouvé leurs voies ? Est-ce qu'ils vont suivre leur coeur qui leur dictera ?»
Siabelle
PS : C'est une lecture commune ensemble depuis le début, alors vous avez deux versions : à la fois masculine et féminine. N'oubliez pas, d'aller faire un tour, sur Bernacho, avec sa vision à lui. !
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Il règne une certaine douceur.
Un temps qui s'écoule presque plus lentement.
Un temps pour réfléchir autrement, cultiver son jardin, abandonner ses ambitions ou en choisir d'autres.
Oui, il y a définitivement une ambiance particulière dans les mondes d'Ursula le Guin, et j'avais attendu bien longtemps avant de lire le dernier tome, sans doute parce que c'était le dernier.
Et pourtant, c'est presque comme si je n'avais pas quitté l'univers, l'auteur ayant doucement égrainé dans ses pages, comme elle conte doucement ses histoires, les souvenirs de ce qui a été dans cet imaginaire.
Et c'est comme si nous nous souvenions de concert de tout ce que nous avions lu, vécu, auprès de tous ces personnages.
Et c'est tout aussi doucement que le chapitre se clôt, que nous refermons la porte de cet univers. Presque sans regret, comme lorsque l'on croise ceux qui ont la force tranquille, qui savent si bien sans nous, sans les autres cultiver leur existence.
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