Désirer
Dehors les rêves voltigent.
L’Automne s’est trompé d’été,
Les saisons sont pressées de te connaître.
I
extrait 2
Un jour, je partirai très loin voir qui je suis, de l’autre côté du mur
un fantôme m’attend en riant de me voir si fragile. Pour aimer,
il faudrait organiser les canaux de sang, de tripes qui se distribuent
à l’intérieur de nous : la multiplication des pains.
Quand j’écris une lettre, je rédige avec difficultés mes intérêts,
je raconte ce qui a été fait par quelqu’un qui me ressemble à
peine tant mes phrases sont soumises à la raison.
Et si tout à coup je sautais de la page pour plonger dans toi ?
Mais dès que le facteur est parti, ce sont des souvenirs que tu
liras, et je serais encore seul à recommencer une autre lettre.
Tu vis dans l’air du temps, je sais qu’il fait beau chez toi, alors
répète-le. C’est toujours à cause de l’amour que les gens écri-
vent et je sais que j‘aime parfois me lever le matin.
Désirer
II
Il neige.
Tes yeux courent sur le ciel,
Des bouquets d’oiseaux pleins les mains
Tu t’envoles.
Le paysage effleure ta robe
Et ton corps glisse.
On sait que l’amour est venu par là.
Il fait un temps à coucher dehors,
Eteins les étoiles que je te regarde pâlir.
Je lance mes bras et tu me rapportes tes lèvres,
Coulent coulent les bons jours.
Les maisons des gens s’allument pour préparer la nuit.
Pâles, pâles, mes mains qui t’écrivent,
Plus vite les mots, plus vite que les trains.
Désirer
Dehors les rêves voltigent.
L’Automne s’est trompé d’été,
Les saisons sont pressées de te connaître.
I
extrait 1
Debout, le soleil se lève. Je voudrais accoucher de toi, le temps
qu’une rivière s’enlace dans la mer, confluence avec les vagues
qui donnent le ton à l’océan, et l’océan rencontre ton continent.
On parle deux langues différentes quand on se caresse, on trou-
vera une espérance ricochée sur nos mains habiles, un tremble-
ment de rêves qui dévastent toutes les certitudes après leur pas-
sage dans nos têtes.
Un cortège d’enfants affamés apaise notre morale, des éruptions
de violence dessinent des pays rouges sur nos corps, des armées
de pierre dévalent les falaises, la mer aboutit, malheureusement,
toujours au port.
…
"Un jour je partirai très loin voir qui je suis, de l'autre côté du mur un fantôme m'attend en riant de me voir si fragile. "
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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