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EAN : 9782362290732
80 pages
Editions Bruno Doucey (11/06/2014)
3.62/5   12 notes
Résumé :
Le mot de l’éditeur :

Une lettre administrative, et tout chavire… Pour Yvon Le Men, poète et diseur de poèmes, la vie bascule lorsque Pôle Emploi lui annonce qu’il est radié du régime des intermittents du spectacle et contraint de rembourser des années d’indemnités. Le souvenir de la pauvreté lui remonte au coeur comme la marée, tandis que la perte de ses droits le ramène vers tous ceux que le chômage rejette aux marges de la société. Son histoire po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai découvert par hasard ce 15 octobre 2014, en allant renouveler ma carte d'adhérent à la FNAC, ce petit texte édité par Bruno Doucey. Petit en épaisseur mais qui exprime bien en poésie et en jeux de mots, une colère et un sentiment d'injustice et d'absurdité des plus légitimes. Texte qui garde une allure et une vitalité plus que louables dans un système des plus bancals, et bureaucratiques, dénués du minima d'humanité !!

J'ai été rechercher quelques informations concernant les préoccupations survenant à notre auteur ; ci-joint un mini-récapitulatif, extrait de l'article du Monde des Livres du 8 août 2014, par Johanna Luyssen
« Yvon le Men écrit des poèmes, et souvent il les dit. Depuis quarante ans, il les déclame comme un comédien, parcourt les festivals, les écoles, les médiathèques. A 61 ans, le poète breton, établi à Lannion (Côtes-d'Armor), se flatte d'avoir sillonné sa région : « Il n'y a pas un village en Bretagne où je n'aie pas dit de la poésie. » Yvon le Men ne vit pas de ses droits d'auteur, modestes malgré ses dizaines d'ouvrages écrits – des recueils de poésie, et quelques romans chez Flammarion.
Depuis 1986, il était affilié au régime des intermittents ; en 1998, il est qualifié de « poète-interprète ». Mais, à quelques années de la retraite, la machine administrative s'enraye. Après avoir radié Yvon le Men du régime des intermittents, elle lui réclame un trop-perçu d'indemnités de près de 30 000 euros. Une situation qu'il estime « ubuesque » et qui le mène aujourd'hui à traduire Pôle emploi en justice.
Tout commence en juillet 2013, lorsque Pôle emploi l'informe qu'il ne touchera plus d'indemnités… »

Je plébiscite l'excellent commentaire de melina1965 sur ce court texte combattif…. Aidons l'auteur, en achetant, en lisant et transmettant les textes de ce poète engagé, Yvon le Men, sans oublier tous les autres, intermittents de la poésie, de la culture, à qui on dénie une existence de travail et de création…Cette société mené et capté par « les marchands du temple » !!! …

« Il est vrai
sûrement
il est juste
sans doute
sans aucun doute
qu'un crime de sang
est moins grave
qu'un crime de case
de ne pas être dans la bonne case
du statut d'intermittent du spectacle vivant

intermittent
l'inter de mi-temps
quel drôle de mot
rien que de l'écrire
on se sent comme un
trois-petits-points
qui sautent moutons et mutent
mes rêves en cauchemars
je me réveille à l'abattoir « (p.46)

Bref texte poétique, qui garde dignité, fierté, humour, talent, poésie et musique, en dépit d'une colère plus que compréhensible ; ces lignes accompagnées par les dessins aussi significatifs et vigoureux, de l'ami de l'auteur, PEF….


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Yvon le Men signe un recueil poétique autobiographique, évoquant ses déboires avec l'organisme payeur des allocations chômage pour le secteur privé, Pôle Emploi.

Il s'arme de jeux de mots en série, parfois de rimes, des vers courts pour dénoncer ce qu'il lui est arrivé : déclaré en tant qu'intermittent du spectacle auprès du régime d'assurance chômage, il apprend sa radiation de dossier sous ce statut et est sommé de rembourser plusieurs années d'allocations chômage perçues à ce titre.
Il tombe de haut, aimerait s'expliquer en face à face avec l'un des employés de Pôle Emploi, il ressort de ses entretiens avec les voies de recours : demander un recours gracieux.
Pour ce poète, d'habitude si à l'aise et habile avec les mots, cette démarche administrative est vécue comme une souffrance.
Son destin dépend du respect de délai de recours, dépendant lui-même de la Poste chargée de transmettre sa lettre recommandée, mais aussi de la personne qui lira son recours. Bref, il sent qu'il n'a pas son destin entre ses mains.
Il en vient même à espérer que son lecteur soit une personne heureuse, pour que son état d'esprit puisse influencer sa décision.

L'écriture d'Yvon le Men est une sorte de chant désespéré, un exutoire pour dire avec ses mots de poète ce qu'il ressent, sans fioritures, son incompréhension, le silence qu'il a dû affronter.

Pef a su mettre en images les différentes situations : l'homme seul, le ciel qui lui tombe sur la tête, son désespoir... Les dessins à traits épais représentent les silhouettes en noir et blanc.

Un recueil engagé, cri de révolte envers ce qui est pour lui une injustice.

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Comment traduire son incompréhension face à la lourdeur administrative ?
Comme Yvon le Men, qui apprit il y a quelques années qu'il venait d'être radié du régime des intermittents du spectacle avec obligation de rembourser des années d'indemnités ! A travers un poème...
Le poète troubadour à du prendre un avocat et se faire aider de ses amis pour rédiger une lettre de recours gracieux et le texte reflète son incompréhension, sa colère.
Nous nous sommes tous retrouvés un jour confrontés aux lourdeurs administratives, à leur non-sens (justifier que son enfant est toujours handicapé cf . S'adapter de Clara Dupont-Monod), à cette déshumanisation.
Comment donc ne pas partager ce cri de colère avec l'auteur, d'autant que sa réponse d'enfant blessé est d'une grande douceur.
J'ai apprécié également les références à Verlaine et à la ballade des pendus de F. Villon.
Les dessins de Pef soulignent parfaitement le fait de se sentir seul face à un mammouth.
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Le poème comme une arme...


...oui, car comme l'a dit Yvon le Men lors de la lecture de son long poème au festival « Etonnants voyageurs », « ce petit livre bleu, il est un peu rouge aussi ».

Il s'en dégage une tension palpable car il est publié dans l'urgence contre la réforme du régime des intermittents du spectacle auquel le poète est affilié depuis1986 et dont il est aujourd'hui radié. C'est une réponse poétique, qui s'ajoute à la réponse juridique, à Pôle Emploi qui lui demande le remboursement de presque 30 000 € d'indemnités qu'il aurait indûment perçues et refuse de l'entendre.

C'est un appel au secours, «un cri qui se joint à d'autres cris» contre le mépris des artistes et de tous, contre l'indifférence, l'âpreté de la vie et l'oppression de la société.

Cette réponse est, elle, sans violence ; on y retrouve l'humour et l'humanité de son auteur qui interpelle à ses côtés les poètes d'hier et joue avec les mots qu'il aime tant.

« En fin de droits », est illustré par Pef, l'ami de vingt ans, qui accompagne avec force ce long cri personnel et collectif, exempt de tout pathos.


Soutenir un poète, c'est aussi lire sa poésie, alors achetez, lisez, partagez les recueils d'Yvon le Men qui, nourrit des poètes d'hier, nous nourrit de ses poèmes dans le monde d'aujourd'hui !

Yvon le Men lit son poème lors du festival « Etonnants voyageurs »...
Lien : http://vimeo.com/97704909
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
à qui pôle Emploi donne du travail ?
aux employés de Pôle Emploi
d'abord
qui ont peur de leur directeur
qui fait peur aux chômeurs
qui a peur des chômeurs ?
qui se voient dans leurs yeux
de chiens battus
même sans collier
d'enfants perdus
au bout de leur vie
d'enfance perdue
en Bretagne
et ailleurs. (p.34)
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Il est vrai
sûrement
il est juste
sans doute
sans aucun doute
qu'un crime de sang
est moins grave
qu'un crime de case
de ne pas être dans la bonne case
du statut d'intermittent du spectacle vivant

intermittent
l'inter de mi-temps
quel drôle de mot
rien que de l'écrire
on se sent comme un
trois-petits-points
qui sautent moutons et mutent
mes rêves en cauchemars
je me réveille à l'abattoir (p.46)
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Les saltimbanques
sans banque
sur qui compter
pour continuer
à conter
des contes
à ceux qui comptent
pour eux
sur eux
pour vivre sans compter
pas sans conter. (p.71)
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Il est vrai
que nous sommes en république
c'est au peuple
de décider
le peuple dont fait partie
comme moi
le directeur de pôle Emploi
des plaintes en proie
au désarroi
des rats des villes
des rats des champs
et cetera et cetera. (p.47)
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je voulais vous demander Madame
ce qu'est un artiste
vous qui le savez
moi qui le suis
en toute franchise
intérieure
contre vos mots
à double sens
avec les miens
à contre sens (p.41)
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Videos de Yvon Le Men (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yvon Le Men
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
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