J'évite normalement les livres-évènements, ou j'attends au moins que la ferveur soit retombée avant de me lancer. C'est aussi mon premier Goncourt, mais je crois lire que c'est un Goncourt plutôt atypique donc je n'en tirerai pas de conclusions. Quelques points rapidement :
- C'est bon. Ça se dévore même. C'est divisé en trois parties assez différentes pour que je ne me lasse pas, ce qui m'arrive souvent avec les romans.
- J'en avais entendu parler comme d'un roman choral oulipien. Je me souviens que l'auteur, en entrevue, expliquait que chaque personnage est écrit dans un genre littéraire différent. le tueur à gages est un thriller, l'auteur fait dans la littérature blanche plus verbeuse, etc. J'ai trouvé que c'était... Simplement faux. J'ai trouvé le style plutôt homogène, ce qui n'est pas mal, mais qui n'est pas ce qui était promis. On est à des lieues de
Damasio ou de
Dan Simmons, en tout cas. Si les littéraires prenait un peu plus l'imaginaire au sérieux, ils découvriraient des trucs...
- Parlant d'imaginaire, j'avais vu beaucoup de gens se plaindre que le Tellier était un énième exemple d'auteur généraliste qui s'accapare l'imaginaire sans le connaître ni le reconnaître. J'ai été surpris de voir de nombreuses références à la SF dans le roman qui vont quand même plus loin que Star Wars et compagnie.
- Une autre critique disait que les personnages étaient inégalement développés et je suis bien d'accord. D'ailleurs, (le sujet fait scandale en France pour une raison qui m'échappe), je crois que le roman aurait grandement bénéficié d'engager un ou plusieurs sensitivity readers.
-
Nick Bostrom, sérieusement? le bout le plus "imaginaire" de ce livre, c'est quand l'entièreté de la communauté scientifique mondiale se met à croire que Bostrom est quelqu'un de pertinent.
- Bref, une lecture plaisante qui se lit comme un thriller américain mais avec quelques citations philosophiques de plus pour rappeler que c'est français. J'ai bien aimé!