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3,8

sur 322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme beaucoup, j'ai découvert Hervé le Tellier au travers de son ouvrage « L'Anomalie » récompensé par le Prix Goncourt 2021. Mais j'étais curieuse de pouvoir connaitre un peu sa plume, alors lorsqu'on m'a offert « Toutes les familles heureuses », j'ai sauté sur l'occasion. Ces deux ouvrages n'ont absolument rien à voir, puisque « Toutes les familles heureuses » est une autobiographique quelque peu cynique tandis que l'Anomalie s'inscrit plus dans le genre de la science-fiction.

Hervé le Tellier nous présente tour à tour les différents membres de sa famille, ses parents, son beau-père, ses grands-parents… Afin de ne pas perdre le fil dans ce flot de personnages, un arbre généalogique est dessiné avant que commence le premier chapitre. Les membres de sa famille sont très caractériels et leurs histoires sont tragiques. Entre la mère qui semble atteint de folie, le père qui n'a jamais vraiment été présent, le beau-père complétement perdu, il y a matière à écrire.

Mais au lieu de tourner au pathos, Hervé le Tellier déjoue ces sordides évènements en ayant recours à l'autodérision et au cynisme. On comprend ainsi que chaque membre de sa famille a participé à la construction d'Hervé en tant qu'enfant mais également en tant qu'adulte. C'est d'ailleurs ce qui le motive à écrire une telle autobiographie, le besoin de raconter son histoire en somme toute particulière. Il le décrit d'ailleurs ainsi : « rien dans cette anormalité ne me paraissait normal ». Parce que oui, la famille parfaite n'existe pas même si celle d'Hervé le Tellier est particulièrement hors du commun. Ici, c'est une réflexion sur l'importance de la famille, de l'éducation qui nous est livrée.

Cette quête d'identité est touchante puisque malgré une certaine pointe de cynism e, on peut se douter que grandir dans une famille si divisée et si caractérielle n'a pas dû être évidente. Cette douleur apparait dans une lettre écrite par le jeune Hervé à sa mère, dans laquelle il déclare « Une femme est forcément plus forte qu'un homme, une mère plus forte qu'un fils. Si je te fais du mal, ne doute pas que tu sais aussi m'en faire ».

Je compte continuer d'explorer l'oeuvre littéraire d'Hervé le Tellier puisque les deux que j'ai lu jusqu'à présent n'ont vraiment rien à voir ! En tout cas, je vous conseille vivement de lire soit l'Anomalie qui casse les codes traditionnels du roman soit cette autobiographie qui se lit très rapidement au vu de l'enchaînement de chapitres relativement courts.

Lien : https://lennaden4.webnode.fr..
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La plongée dans une famille, ses travers ses défauts.
On ne choisit pas sa famille, et Hervé le Tellier nous le prouve avec ce roman drôle, cynique et incontestablement vrai.
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Il va décortiquer tous les membres de sa famille sans fioritures avec réflexion et j'ai trouvé sa plume émouvante dans ce récit plus que personnel.
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Les liens familiaux, l'amour filial, voilà de quoi il s'agit dans ce roman de 186 pages, les parents ne sont pas forcément de bons parents...
Nous n'adhérons pas forcément au mode de vie et aux croyances de notre famille.
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Que faire dans ces cas-là, fuir ?

Un roman étonnant et sarcastique qui m'a bien plu, j'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait régler ses comptes et enfin dire ce qu'il pense de toutes ces personnes qui l'ont entourés et qui étaient loin d'être de bonnes personnes, le tout dépeint avec de l'autodérision et avec un humour grinçant.
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Encore un écrivain qui raconte d'où il vient et, comme par hasard, ce n'est pas très gai. Notre club a discuté avec passion d'un autre livre de souvenirs d'une écrivaine : Chantal Thomas et « ses souvenirs de la marée basse » que j'ai peu apprécié contrairement à d'autres lectrices qui voulaient lui attribuer un coup de coeur. Je me dois donc d'expliquer pourquoi ce livre me fait plaisir. Pour son humour d'abord, je me suis déjà resservie de la description de Guy et sa façon de ralentir « au feu vert de peur qu'il ne passe à l'orange ». Dans une soirée où vous êtes avec des conducteurs qui racontent leurs points de permis en moins vous êtres sûr de l'éclat de rire généralisé. J'apprécie aussi sa façon de faire revivre une époque, je reconnais très bien les lieux et les impressions de sa jeunesse, la maison de campagne aux tapisserie style Vasarély. Et surtout la galerie de portraits des gens qui ont peuplé son enfance est absolument extraordinaire. Commençons par celle qui est un personnage de roman à elle toute seule : sa mère, qui toute sa vie aura vécu pour rendre malheureux les gens qui l'entourent sans pour autant en avoir le moindre plaisir. Son couple avec Guy, le beau père de Hervé le Tellier est terrible. C'est digne de Mauriac, et Bazin réunis. le pauvre homme comment a-t-il pu supporter tout cela, le mystère est entier. Elle semble ne l'avoir jamais aimé, ni lui ni sa famille dont elle jalouse les titres de noblesse. Elle est tout entière dans la rancoeur et dans la jalousie. le père biologique (dont elle a effacé même le nom !) est totalement absent et ne cherche pas du tout à connaître son fils.

Pourtant, cet auteur ne fait pas une peinture si sombre de son enfance, il y a des portes de sorties à cet univers aigri et amer, ses grands-parents, une tante plus libre que sa mère. Et surtout comme dit l'auteur lui même

« Je n'ai pas été un enfant malheureux, ni privé, ni battu, ni abusé. Mais très jeune, j'ai compris que quelque chose n'allait pas, très tôt j'ai voulu partir, et d'ailleurs très tôt je suis parti.
Mon père, mon beau-père sont morts, ma mère est folle. Ils ne liront pas ce livre, et je me sens le droit de l'écrire enfin. Cette étrange famille, j'espère la raconter sans colère, la décrire sans me plaindre, je voudrais même en faire rire, sans regrets. Les enfants n'ont parfois que le choix de la fuite, et doivent souvent à leur évasion, au risque de la fragilité, d'aimer plus encore la vie. »

Enfin ce livre tient surtout par la qualité de son style, cet humour en distance et un peu triste donne beaucoup de charme à ce récit.
Lien : http://luocine.fr/?p=8952
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Vous avez peut-être déjà oublié son nom mais Hervé le Tellier, c'est le Prix Goncourt 2020 pour L'Anomalie. Si je retourne vers lui, ce n'est pas parce que j'ai adoré ce roman (ce n'est d'ailleurs pas le cas et si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire la chronique) mais c'est qu'il y avait matière à interrogation sur cet auteur. Alors, pourquoi ne pas tenter Toutes les familles heureuses, récit en forme d'arbre généalogique sorti peu avant.

C'est clairement un autre objet littéraire. On y découvre Hervé le Tellier plus intimement, à travers le regard qu'il pose sur sa famille. À tout le moins, le tableau est atypique et méritait d'être raconté. Une bonne partie de Toutes les familles heureuses parle de ses aïeux (au sens de « ses anciens ») et cela n'aurait pu être qu'une vague succession de portraits inconnus (pour la plupart) si la plume d'Hervé le Tellier ne nous les rendait pas intéressant.

Avec un humour acerbe, on y découvre une famille originale, nantis mais pas forcement heureuse. On y découvre les relations prestigieuses et privilégiées, un fabuleux terreau pour devenir l'écrivain qu'il est devenu. Toutes les familles heureuses a aussi le mérite d'être court et on est très loin d'une fresque familiale. Rien d'ennuyeux donc. Cela peut se révéler une belle curiosité pour ceux qui se demandent mais qui est donc cet auteur qui a écrit L'Anomalie.


Lien : http://livrepoche.fr/toutes-..
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Je ne fais pas partie du lectorat d'Hervé le Tellier : je n'ai pas du tout accroché avec "L'anomalie", mais ce roman là m'a tout de suite titillé la pupille : la folie est un sujet de préoccupation constante.
Dés l'entrée dans le roman, on sent que ça va être compliqué : un superbe mais très confus arbre généalogique aux courbes dignes de l'art nouveau nous offre un panorama de la famille de l'auteur. Puis ensuite une scène où l'auteur enfant, attend le couple parental et en recevant un coup de fil tardif pour le rassurer (ils sont en route), réalise que leur absence au monde ne l'aurait pas dérangé plus que cela. Et le reste est à l'avenant : drôle, cynique, mordant. J'ai beaucoup ri avec ce texte et pourtant il y a peu de choses drôles, mais j'y ai trouvé un côté "rire plutôt que pleurer" qui m'a touché.
Fils de Serge et de Marcelline, Hervé naît alors que son père a déjà une maîtresse, Marinette. Chassé du foyer conjugal, Serge deviendra l'absent qui ne manque pas. Marinette fait une énorme dépression, est envoyée par ses parents en Angleterre et disparaît de la vie d'Hervé dès ses 10 mois (Hervé est élevé par sa grand-mère). Son père (beau-père) sera Guy le Tellier, aristocrate en fin de course, pris en mains par Marcelline et jamais lâché. Guy, le père affligé de toc, fan de cravates, obsessionnel compulsif, héritier d'une maison de campagne à Cuvilly, invendable et rempli d'objets et de meubles sans valeur. le couple Marcelline/Guy va fonctionner entre crises de hurlements de maman et terreurs de beau-papa. Hervé va prendre la tangente aussi vite que possible (merci Giscard d'Estaing et la majorité à 18 ans). Il va rencontrer Piette, une chouette fille à la chouette famille et la perdre dans de terribles circonstances.
Hervé va aussi devoir faire face, après la mort de son beau-père, à la démence de sa mère, et devenir aidant jusqu'au placement de sa mère, qu'il va réaliser aussi bien que possible pour qu'elle se sente à l'aise : sans succès. La furie maternelle est un animal qui ne connaît aucun répit.
L'auteur nous parle de ses lectures qui l'ont aidé à grandir, des films aussi : j'y ai retrouvé beaucoup de moi même. Il me semble aussi étonnant que cela puisse paraître que l'auteur s'est construit en prenant le contre-pied de sa famille biscornue. C'est peut être parfois ainsi qu'on s'élève au-dessus des tourments entre deux bouquins et des familles qu'on choisit et non qu'on subit.
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Le récit autobiographique démarre sur les chapeaux de roues, à la fois cynique et drôle Hervé le Tellier n'épargne pas les membres de sa famille, personnages de son histoire personnelle.

On ressent une pointe de ressentiment face à cette étrange famille même si l'auteur raconte sans colère son quotidien d'enfant, d'adolescent puis son départ, sa vie d'adulte.
Sa famille est complexe et beaucoup de mensonges tissent cette histoire.
Un grand-papa que l'auteur aimait beaucoup, un père absent, une mère névrosée et paranoïaque, un beau-père sans attache paternelle.

L'écriture est personnelle et émouvante, elle montre également que la naissance n'est pas un choix et que c'est à tout un chacun de vivre et d'aller de l'avant avec le patrimoine qui est le sien.
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▶️«Cette étrange famille, j'espère la raconter sans colère, la décrire sans me plaindre, je voudrais même en faire rire, sans regrets. » - pari tenu!...
▶️ L'auteur du prix Goncourt 2020 nous livre ici un roman autobiographique âpre et grinçant - il n'épargne personne : aucun amour ni sentiments dans cette famille, pas même d'affection, aucune bienveillance ; tout n'est que jalousie, mesquinerie, mensonges et rancoeur...
▶️ Il a peine plus d'un an quand ses parents divorcent : son père, qui n'a aucune fibre paternelle, sera peu présent dans la vie de l'auteur : sa mère se remarie très vite et le jeune Hervé prendra le nom de son beau-père, un homme falot, transparent, corseté par ses principes, se rangeant toujours derrière l'avis de sa femme...
▶️...la mère, donc, mesquine, envieuse de sa propre soeur, mal aimante et malveillante, vindicative et haineuse, y compris et surtout avec son propre fils : « ...bien sûr, j'ai tenté de faire la paix avec ma mère...tout armistice était impossible, il lui fallait la capitulation du rebelle. »
▶️ Pas d'autre échappatoire que de fuir cette famille toxique au lendemain de ses 18 ans, pour fuir cette vie étriquée et se construire enfin, et vivre sa vie telle qu'il la souhaite!!..
▶️ Une écriture fine, mordante et acérée, des portraits au vitriol (les grands parents) et un humour salvateur - un très beau roman - certains chapitres - celui consacré à Piète, son premier amour et ceux sur sa mère, vers la fin du récit - sont bouleversants...
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Toutes les familles heureuses est un roman sur la famille dans ce qu'elle a de plus complexe, de plus dramatique parfois, avec une mère toxique, un père inconnu, un beau-père transparent. Aussi la seule issue pour le jeune homme de 17 ans est de s'enfuir de chez lui à tire d'aile, pour survivre et poursuivre une vie normale. Roman qui permet de se rendre compte que l'amour des parents n'est pas une évidence et que le bonheur n'est pas toujours partagé, mais que de tout cela peut émerger un homme équilibré. L'auteur a osé se mettre à l'écriture de ce roman autobiographique lorsque il était assuré que les principaux protagonistes ne pourraient pas être blessés par cette lecture…. Une forme d'amour, de respect, qui démontre que tout n'est pas si triste et sombre.
J'ai aimé Toutes les familles heureuses, alors que cette histoire de famille n'est ni la mienne, ni celle de tout le monde.
Chronique complète ici https://domiclire.wordpress.com/2018/04/19/toutes-les-familles-heureuses-herve-le-tellier/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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D'emblée, l'oulipien Hervé le Tellier annonce la couleur : il est un monstre. Cet homme abominable avoue dans ce livre autobiographique ne pas avoir aimé sa famille sauf son grand-père qui trouve grâce à ses yeux malgré son racisme et sa tante fantasque et jouisseuse de la vie.
En plusieurs courts chapitres, il règle son compte avec un humour grinçant à son père, le « Genitor », son beau-père et surtout à sa mère, la terrible Marceline, une femme aigrie, folle, jalouse, haineuse, destructrice et finalement malheureuse.
Nous lecteurs aussi affreux que l'auteur, nous nous délectons avec une forme de voyeurisme du récit des relations complexes entre Hervé le Tellier et sa famille. Ce qui ne signifie pas que l'homme n'a pas de sentiments. Il nous le prouve dans un passage très émouvant qui souligne que notre famille de coeur n'est pas forcément celle de nos parents.
Plutôt que de faire une critique exhaustive de « Touts les familles heureuses », écoutons l'écrivain et son style qui fait mouche :
- Né fin 1931, Guy avait douze ans à la Libération de Paris, vingt-cinq quand les événements d'Algérie prirent de l'ampleur. Une génération chanceuse et pourtant bâtarde, à la jeunesse coincée entre l'Occupation et la guerre d'Algérie. Il était né trop tard pour collaborer, trop tôt pour torturer. Rien ne prouve qu'il eût fait l'un ou l'autre. Même pour des actes indignes, il faut un peu de trempe. Sans doute n'aurait-il pas su refuser de monter dans un mirador.
- Mais comment oses-tu parler ainsi de ta mère ?
Et si j'étais le fils de Hitler, je devrais aussi me taire ? pouvait être ma réponse.
- Son conformisme était si extrême qu'il confinait à l'originalité.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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J'ai acheté et lu ce livre en quelques heures car la 4ème de couverture faisait résonnance avec ma vie et un récent cataclysme personnel. Chaque vie est différente mais il est des ressemblances qui troublent. C'est une autobiographie grinçante et parfois sarcastique comme j'aime à l'être devant l'inéluctable. J'ai aimé me retrouver dans les réactions de l'auteur. C'est un récit très personnel qui ne plaira, sans doute pas à tout lecteur.
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