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3,8

sur 319 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après avoir lu et aimé "L'anomalie", je suis tombée par hasard sur cette petite autobiographie d'Hervé le Tellier et j'étais curieuse d'en savoir plus sur son enfance.
Il raconte sans fioritures son enfance mais il le fait avec suffisamment de distance et d'humour qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme et le pathos.
Après, je dois avouer que ce genre de lecture n'est pas du tout ce que je préfère. Je l'oublierai vite.
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Hervé le Tellier a une une famille dysfonctionnelle, mais c'est la sienne. Alors, après avoir rapidement pris le parti d'en partir, il en parle enfin. Et tout doit sortir. C'est souvent drôle et pathétique. C'est bien raconté, mais au troisième grand oncle du côté maternel qui avait fait des crèpes à la chandeleur, un peu décroché, je l'avoue (je caricature).

Et finalement, il revient au début, à sa mère dysfonctionnelle et désormais malade. Et c'est très touchant.
Lien : http://noid.ch/toutes-les-fa..
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Si vous éprouvez le désir ou ressentez la nécessité d'écrire un roman familial, "Toutes les familles heureuses" est un bon modèle à suivre, malgré quelques lourdeurs que je détaillerai plus loin.
Tout d'abord, avant de l'écrire que vous ayez ou non des comptes à régler avec votre entourage, la décence recommande d'attendre que toutes les personnes que vous risquez d'offenser en disant votre vérité à leur sujet ne puissent vous lire. Concernant Hervé le Tellier, il a attendu la mort ou la démence de ses parents pour écrire son roman. Il l'a fait donc avec la distance émotionnelle que lui confère son âge, mais également avec une tendre honnêteté et un humour pince-sans-rire.
Un autre élément de réussite consiste à éviter une chronologie rigoureuse. C'est ennuyeux et vous perdrez vos lecteurs. de ce point de vue, le Tellier est tout sauf ennuyeux. Son roman commence par exemple lorsqu'il a 12 ans et qu'il réalise qu'il est un monstre parce qu'il envisage la disparition de ses parents sans angoisse ni tristesse. C'est une bonne accroche, mais personnellement, j'ai trouvé que cette confession plutôt polie avait un goût de repentir qui excusait presque les folies à venir de sa mère. D'autant plus qu'Hervé le Tellier aurait très bien pu commencer son roman de façon plus mordante par un chapitre qu'il a placé en fin de livre, celui sur le vieux couple. Dans celui-ci, lors d'un déjeuner dans un restaurant, il est choqué par une phrase de sa mère qui lance « Quel vieux con » à propos d'un vieil homme qui aime sa femme et lui caresse la joue. En se rendant compte que sa mère a un grave problème avec l'amour, cette scène aurait pu commencer le récit de façon incisive en présentant le personnage de sa mère sans ambages.
Une autre condition pour réussir son roman familial est d'expliquer la dynamique des relations familiales et l'auteur le fait très bien. Dans le chapitre « Ma soeur la pute », le lecteur assiste médusé à la haine injuste que porte la mère de l'auteur à sa soeur. C'est sidérant de folie. Tout comme le Tellier réussit à brosser les personnalités de ses proches. Prenez le chapitre « La vérité nue » dans lequel l'auteur décrit la relation impossible entre sa mère et la vérité. « Ce n'était pas qu'elle aimât particulièrement mentir, mais accepter la vérité exigeait trop d'elle. Elle accumulait ainsi les mensonges, et elle les imposait à tous. » Prenez également le chapitre consacré à Guy, le beau-père de l'auteur. « Ma mère avait sur lui une autorité absolue. Il craignait visiblement ses accès de fureur aussi terrifiants qu'imprévisibles, et il avait abdiqué toute forme de résistance. Elle prenait toutes les décisions, et son emprise sur lui était telle que c'était elle qui rédigeait les lettres qu'il envoyait à sa propre famille. Il n'avait plus qu'à recopier les brouillons. À la fin du courrier, ma mère ajoutait même "Guy", afin qu'il n'oubliât pas de signer. » le portrait est à charge, tout du moins au début, on sent que le Tellier le trouve insignifiant, maniaque, falot, bête pour tout dire et sans goût pour la vie. Et puis un basculement s'opère en cours de récit pour essayer de voir comment ce beau-père peut avoir à un moment donné été meurtri par la vie, écrasé par sa femme, transformé en quelque chose qu'il aurait pu ne pas être. On finit par découvrir un être plus romanesque, plus attachant qui possédait secrètement (le petit cachotier) un compte bancaire en Suisse sur lequel il prélevait régulièrement d'importantes sommes en liquide sans que sa famille sache ce qu'il en fît.
Évidemment, pour un roman familial vraiment vivant, un atout incontestable (pour l'écrivain) ou un handicap certain (pour l'homme) est d'avoir dans sa famille un personnage haut en couleur comme celui de la mère de le Tellier. Mais l'auteur ne néglige pas pour autant les autres membres de sa famille. La succession de portraits au début du récit représente pour moi le point faible du livre, sa lourdeur. Ils rendent la lecture rébarbative, laborieuse et fastidieuse. Malgré cela, le récit donne l'occasion au lecteur de réfléchir à sa propre expérience familiale, de se demander comment il a grandi, comment il s'est construit dans son milieu familial. Hervé le Tellier est fils unique et cette situation de solitude l'a sans doute amené à se construire des univers grâce à ses lectures, à s'imaginer des frères ou des soeurs, à investir l'écriture pour se créer des liens certes artificiels, mais symboliques tout de même. Tout comme le peu d'intérêt que manifestent ses parents pour son épanouissement l'a profondément blessé, il l'a peut-être également amené à se libérer de leurs influences néfastes, à se dégager de la question du faire plaisir, il l'a forcé à se construire par opposition, à ne se prouver des choses qu'à lui-même, à ne créer que pour lui-même et pas seulement pour les autres. Son enfance dans cette « drôle de famille » l'a finalement peut-être conduit sur la voie de l'écriture.
Hervé le Tellier raconte ainsi son enfance et sa famille avec beaucoup d'humour et de dérision, mais il sait également émouvoir lorsqu'il tente de faire la paix avec sa mère dans une lettre magnifique ou lorsqu'il évoque le suicide de sa fiancée. « Piette était enceinte de quatre mois quand elle se jeta sous un train. » Dans un court paragraphe, il raconte avec pudeur et élégance cet événement tragique, se moque de lui-même pour mieux dissimuler ses larmes, lui qui n'est pas allé chercher sa fiancée avant qu'elle ne commette l'irréparable.
Plus généralement, cette lecture m'a conforté dans l'idée que toutes les histoires familiales sont des histoires romanesques et qu'une biographie devient une fiction personnelle et universelle. Car tout le monde a une famille, personne ne l'a choisie. L'enjeu est de s'en séparer pour en faire de la littérature à la dimension certes individuelle, mais à la portée universelle.
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Tu ne savais pas vraiment à quoi t'attendre avec ce titre de rentrée littéraire d'Hervé le Tellier… sauf que tu avais beaucoup aimé son Assez parlé d'amour et son Moi et François Mitterand, lus précédemment. Dans ces deux titres, tu as vite repéré une sorte de jeu oulipien (Car Hervé le Tellier en est un des membres), que tu n'as pas du tout retrouvé dans celui-ci. Pour autant, le début de ta lecture a été un peu hanté par cette recherche, avant de te rendre à la conclusion légitime que l'auteur y racontait finalement certainement seulement l'histoire de sa famille.
Comment survivre à l'absence d'un père dont au final on ne portera pas le nom ? A l'inconsistance d'un beau-père qui n'assume pas son rôle ? A l'inconséquence d'une mère au comportement toxique et mal aimant ? Hervé le Tellier se permet de raconter son histoire dans ce livre, alors que tous les protagonistes sont morts et que sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, ne peut plus réaliser ce qu'il se passe autour d'elle. Il s'agit de partir à la recherche de ses souvenirs, et ce qui t'a avant tout choqué, toi lectrice, est le vide que le lecteur rencontre alors. La famille d'Hervé le Tellier est malheureuse de cette façon, avec l'absence de sentiments, de gestes tendres, de sincérité, le tout baigné dans une atmosphère bourgeoise à la fois confortable et indifférente. le jeune homme partira donc très tôt de chez ses parents, sur une sévère dispute, et rencontrera ailleurs la chaleur de l'amour et de l'amitié. Tu as été à la fois tenue éloignée (la plupart du temps) par ce texte et finalement émue par certains passages et de se rendre compte de ce que c'était que de grandir ainsi au milieu de tant de froideur… Il ne restera sans doute pas ton livre préféré d'Hervé le Tellier, tellement tu avais été séduite par Assez parlé d'amour, et tellement tu avais ri avec Moi et François Mitterand. Un récit pudique et qui compte certainement beaucoup pour l'auteur.
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J'avoue, j'ai emprunté ce livre audio plus pour la voix de Thibaut de Montalembert que pour Hervé le Tellier. J'avoue aussi que grâce à la voix de Thibaut de Montalembert, j'ai apprécié cette lecture, que je n'aurais peut-être jamais lue si je ne l'avais pas écoutée en audio.
Hervé le Tellier nous raconte ici sa famille dysfonctionnelle. Malgré cette histoire qui paraît complètement folle et tirée par les cheveux, Hervé le Tellier à l'art de raconter les événements et anecdotes d'un ton à la fois détaché et en même temps attendri. C'est bien écrit, bien lu et j'ai passé un très bon moment en l'écoutant !
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Dans un registre très intime, l'auteur nous livre sa drôle d'enfance : entre un beau père insipide et une mère folle de rancoeurs jalouses et qui en veut au monde entier d'être malheureuse, un père démissionnaire, ou poussé à la démission par les furies maternelles, une demi soeur inconnue ou presque, des grands parents omniprésents mais taiseux des secrets … L'auteur précise dès le départ qu'il n'a subi aucune violence, aucune de celles recensées par la loi en tout cas. le point de départ de cette autobiographie est l'absence d'amour, l'absence de douleur à l'annonce de la mort du beau-père, puis du pére. Ne pas aimer ses parents, en avoir honte, les mettre de côté comme des hasards incompréhensibles le conduit pourtant à remonter la généalogie d'une famille marquée par la tristesse, une famille où le rire n'entre que par effraction.

Rien n'est plus tabou que de ne pas aimer sa mère, même si on a une mère détestable. le Tellier est l'anti Cohen, l'anti Gary mais sa mère est malgré tout la figure centrale de son récit de non amour. Jeune parisienne sous l'occupation, elle n'a rien vu des jeunes filles juives qui disparaissaient de son lycée, elle n'a pas suivi sa grande soeur dans les plaisirs de la libération. Effacée, peureuse, elle doit déjà couver les rancoeurs qui éclateront plus tard, « Ma soeur, la pute », claironnera-t-elle lorsque la maladie lui enlèvera tous les filtres. L'auteur retrace un parcours médiocre, un mariage avec son « géniteur », son départ pour l'Angleterre, après la rupture, un séjour de plusieurs années pendant lesquelles l'enfant Hervé reste chez les grands parents. Puis, une forme de réussite avec un second mariage avec Gilles, descendant d'une famille d'aristocrates ruinés mais qui apportera finalement un héritage conséquent et un vernis de réussite sociale. Cependant, rien ne semble pouvoir satisfaire cette femme qui explose sans cesse, déteste tout et tout le monde, dont les regrets sont des gouffres amers, une femme aigrie par la vacuité de sa vie. le narrateur ne peut que la fuir, taraudé par le mépris maternel, quoiqu'il fasse, les reproches le poursuivent et même une lettre, bouleversante pourtant, tant l'amour, finalement, y éclate, lui reviendra en confettis …

Autour d'elle, l'auteur place quelques autres portraits des membres de sa famille qu'il a connu, il semble chercher les failles originelles de ce dysfonctionnement des liens qui n'ont pu se construire, entre elle et lui, entre lui et ses origines, mais il n'y trouve pas de séismes, on reste dans l'infra ordinaire. Seul le beau père finalement, cachait un double fond, un compte en Suisse illégal qu'il a tenté de dilapider. Mais l'auteur n'en sait pas pas plus et donc, nous non plus … Ce qui aurait pu être une vague de fond reste une vaguelette de plus …

Même si on peut comprendre le désarroi de l'auteur, il ne m'a pas touché, les personnages forment une constellation dysfonctionnelle et il m'a manqué une toile de fond un peu plus dense que le regard rétrospectif de l'auteur qui lisse les aspérités, et reste, finalement au bord du mystère maternel.

Je relirai Hervé le Tellier, mais dans un registre plus romanesque.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Dans Toutes les familles heureuses, Hervé le Tellier se livre et livre sa famille : sa mère, son géniteur, son beau-père qui lui a donné son nom et lui a servi de paternel, ses grands-parents, sa tante, sa famille élargie, celle qu'il a construite, celle qui a failli.

Au détour de courts chapitres introduits par des citations d'auteurs, chaque partie éclairant un membre de ce cercle plus ou moins élargi, Hervé le Tellier use d'une plume incisive, honnête, directe. Sans chercher le grand déballage à tout va, l'auteur n'hésite pas à questionner son enfance, son adolescence, son âge adulte, à égratigner ces personnalités, toutes décédées ou séniles pour ne pas prendre ombrage d'une parole ainsi libérée, pour que l'auteur s'autorise à parler. À travers ces figures pittoresques, l'auteur reparle de la France qui ne divorçait pas mais où les adultères et seconds foyers étaient légion, où les relations sororales ou fraternelles restaient très conflictuelles à la limite de la haine et de l'envie.

Dans Toutes les familles heureuses, Hervé le Tellier se dévoile donc et indique certaines étapes de son cheminement : il en manque. Mais comme l'auteur a la pudeur de ne pas tout centrer sur lui, il laisse la place aux autres et quels autres ! Les figures du côté maternel (mère, tante et grand-père) sont une grande découverte et forment des personnages romanesques. Entre richesses, secrets, folie, seconde vie, double ou triple vie, revers de fortune, c'est Dallas avant l'heure !
Et puis il y a un moment d'une infinie tendresse, un moment précieux dans ce livre de souvenirs, qui tarde à éclore parce qu'il faut du temps, de la confiance, parce que les mots se cherchent, se pèsent parce que les taire rendrait Toutes les familles heureuses incomplet, parce que ce moment a construit l'adulte Hervé le Tellier, parce que Rebecca - Piette mérite cet écrin littéraire.

Toutes les familles heureuses se lit vraiment très bien et représente un instantané de la France des années 1930- 1990. Si au début de sa narration, Hervé le Tellier ne cesse de se traiter de "monstre sans coeur", la suite et les faits factuels qu'il décrit et qu'il choisit indiquent aussi le recul salvateur qu'il a dû opérer pour ne pas souffrir ou moins souffrir. Sa plume est impeccablement dosée.

Sans avoir eu la même famille, j'ai compris le monde qu'expose Hervé le Tellier, les relations tendues, cette France d'en haut qui a eu aussi des bas, ces incompréhensions familiales, ces faux-semblants, cette volonté du "toujours plus". J'ai retrouvé un peu de l'univers parisien de Françoise Sagan et de Patrick Modiano.

Il est toujours difficile de parler de soi ou de sa famille sans rendre le lecteur intrusif, sans paraître geignard : Hervé le Tellier réussit l'exercice et on sent qu'il fut difficile pour un écrivain qui aime se cacher derrière ses créations, derrière ses fictions, dans les exercices littéraires qu'il s'impose habituellement.

Les dernières lignes de Toutes les familles heureuses, reprises en quatrième de couverture, concluent la quête de son auteur : "Mais en mettant des mots autour de mon histoire, j'ai compris qu'un enfant n'a parfois que le choix de la fuite, et qu'au péril de sa fragilité, il devra à son évasion d'aimer plus fort encore la vie."

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Je ne lis que très rarement des auto-biographies. Des biographies historiques, oui.
Une fois n'est pas coutume, j'ai donc lu ce petit livre d'Hervé LE TELLIER que l'on m'a offert.
Que dire ? L'auteur règle ses comptes avec sa famille, une fois que celle-ci n'est plus là. Et puis c'est tout.
Je retiendrai, tout de même, cette belle écriture, fluide, les mots finement choisis, le tout mouillé d'un ton cynique avec beaucoup d'humour.
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Ce roman autobiographique m'a laissé une impression ambiguë. le style est plutôt froid et la structure du livre environ un chapitre par personnage dont il raconte la vie est un parti pris. C'est peut-être un parti pris pour ne pas étaler ses sentiments. Sinon cette enfance dans une ambiance, triste, mesquine avec de la folie "méchante" est bien décrite.
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Quand l'auteur, à plus de quarante ans, règle enfin ses comptes avec sa famille, avec sa mère surtout, dont il pense qu'elle ne l'a jamais aimé, alors qu'il a toujours recherché son approbation, même en s'éloignant.
Un roman agréable à lire, facile, intéressant, mais qui vient pour moi après plusieurs lectures dans le même style, où les auteurs se penchent sur leur enfance (est-ce une tendance de cette rentrée littéraire ?).
Je n'en garderai donc pas, je pense, un grand souvenir, même si j'en conseille la lecture à ceux qui s'intéressent à la complexité des liens familiaux.
Merci à l'éditeur et à Netgalley pour cette découverte en avant-première.
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