AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 322 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La place de père était largement vacante, mais il ne s'empressa pas de la saisir, et d'ailleurs, je n'étais pas très disposé non plus à ce qu'il l'occupât . Finalement, le poste ne fut jamais pourvu ». Quand ce beau-père disparut, « la folie maternelle prit la forme du burlesque ».
En ces quelques lignes, le ton est donné.

Il grandit dans un milieu bourgeois, froid, où les sentiments sont absents, où l'indifférence prend toute la place. le seul moyen d'exister sera de prendre la fuite. Les frileux rapprochements qu'il tente avec sa mère ne font qu'approuver son choix. C'est ainsi que ces mots d'un fils à sa mère « J'ai bien plus besoin de toi que toi de moi » se retrouvent réduits en confettis dans l'enveloppe en retour.

Dire que « j'ai dévoré ce récit » est une expression qui ne s'associe guère à son élégance. Restée s ans voix, besoin de prendre du recul, mais revenir encore sur des phrases à la tournure soignée, aux mots doux ou cinglants, lire la douleur enfouie entre les larmes aux yeux et le sourire qui point sur le visage, je referme ce livre avec le mot « respect ».
Je découvrais l'écrivain, avant même de lire « l'anomalie », et j'étais bien loin de me douter que j'étais longtemps passée à côté d'un tel talent.
Je n'exclus pas que la sensibilité personnelle soit complice de ce coup de coeur, mais tout de même, ce récit porté par une plume à la fois incisive et légère, ne peut laisser indifférent.
Commenter  J’apprécie          60
La vie d'Hervé le Tellier.
Son enfance, ado et vie d'adulte.
Quoi de plus banal me direz-vous ?
Et bien, banal mais aussi touchant et émouvant, ironique et cynique, puissant et redoutable.
Hervé le Tellier commence ce roman par un arbre généalogique, où l'on ne comprend pas grand chose.
Et puis il s'éclaire au fur et à mesure de la lecture.
Loin de régler ses comptes avec sa famille, il nous raconte une histoire mélancolique et triste mais qui le définit et la construit. Son histoire m'a extrêmement touchée, certainement parce qu'elle me parle et résonne en moi.
Bouleversant.
Commenter  J’apprécie          60
Écrit à bonne distance (de sa famille et du lecteur), ce roman autobiographique se tient en équilibre entre pudeur et drôlerie. On imagine aisément Hervé le Tellier entamer une suite par ces mots : "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.", à la fois par pudeur et par drôlerie.
Commenter  J’apprécie          60
Hervé le Tellier vient dans ce récit, nous parler de sa drôle de famille. de sa drôle de vie étant enfant dans cet univers familial. Et pourtant, il ne la rejette pas, n'en souhaite pas une autre : c'est celle qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Fait de bric et de broc, comme il dit. Mais avec une certaine forme de résilience dont il fait profiter les gens qu'il aime : son fils, ses amis entre autres.
Il n'a pas eu de père, ni souhaité, ni présent. Il a eu une mère -folle. Alors il s'est inventé un monde et nous fait partager à travers ses romans, son évasion.
J'ai beaucoup aimé : l'auteur est beaucoup dans la dérision, mais est touchant et pudique.
Commenter  J’apprécie          50
Remarquable évocation d'une enfance malheureuse, mais qui a certainement construit l'auteur tel qu'il peut être aujourd'hui, avec ses failles et ses certitudes.
L'écriture est déjà formidable, précise. Les personnages sont décrits avec finesse et sensibilité. Pas de misérabilisme, juste le regard de l'adulte sur l'enfant qu'il était.
En lisant ce livre, j'ai beaucoup pensé à "L'écrivain de la famille" de Grégoire Delacourt, premier roman de cet auteur dans lequel il évoque son enfance.
Commenter  J’apprécie          30
L'auteur revient sur son enfance et son adolescence particulières, en dépeignant sa famille étrange, décomposée et recomposée, avec dérision, humour noir et sans aucune colère. Un état des lieux dressé à travers de courts chapitres avec finesse. Un vrai coup de coeur pour ce roman !
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque l'on est membre d'une famille comme celle d'Hervé le Tellier, il y a plusieurs façons de la présenter. La plus appréciée il me semble est de le faire avec morgue et humour.
L'humour permet de faire passer bien des choses. Pensez qu'il en faut lorsqu'on llit les frasques de cette double lignée. Un homme qui porte un nom qui n'est pas celui de son père, d'un père inexistant ou presque et d'une mère bi-polaire.
On sent entre ces lignes la finesse d'esprit et d'écriture que peut produire cet Oulipien.
Commenter  J’apprécie          30
Hervé le Tellier, déroule son histoire familiale, comme une thérapie. Son père biologique absent, son père adoptif transparent, sa mère démente, sa tante lumineuse, ses grands-parents remplaçants.

Comme il le dit lui-même, il n'a pas été un enfant battu, n'a pas été violé et il a évolué dans un environnement privilégié.

Non, le problème de Hervé le Tellier c'est d'avoir grandi dans un milieu dont les valeurs ne correspondent pas à ses idéaux. Il aurait préféré une mère plus insouciante, plus légère, plus exotique, plus fun et surtout moins matérialiste, moins prévisible. Car cette femme a balisé sa vie et celle de son fils avec un horizon net et bien dégagé.

Nous construisons notre vie pour combler les failles de notre enfance. En fuyant l'avenir scientifique, froid prévu par sa mère, Hervé le Tellier va rechercher la compagnie de jeunes bohèmes, un milieu plus cosmopolite, plus chaleureux, plus littéraire, ou le dialogue n'est pas une tare.

Est-ce que Marceline, la mère de l'auteur est une femme déséquilibrée, une folle ? Je ne pense pas. Je dirai que c'est une femme introvertie, carrée, et peu affectueuse. Une femme qui a sans doute, elle-même souffert de la préférence de ses parents pour sa soeur, qui s'est asséchée, et aigrie au fil des années.
Ses accès de colère sont terrifiants bien-sûr, mais ne sont-ils pas les prémices de la vieillesse et de la maladie ?
Commenter  J’apprécie          31
Toutes les familles heureuses est un roman familial et autobiographique. Hervé le Tellier y fait défiler les portraits de ses proches, sans concession, mais avec beaucoup de justesse. Une famille loin d'être nombreuse puisqu'elle se compose d'une mère méchante, indifférente, odieuse même, manipulatrice, humiliante, écrasante. Une mère qui sombre peu à peu dans la folie. D'un père absent, fort accaparé par ses maîtresses, puis d'un beau-père effacé, écrasé – « Aucune ambition ne l'animait, pas même celle de vivre. » Et de grands-parents chez qui sont entreposés les jouets de l'enfant unique.

Et c'est donc une enfance et une adolescence chaotiques, complètement hors-normes, vécues dans un climat nocif et glacial que livre l'auteur, comme s'il voulait régler ses comptes. Mais ce ne sont pas des secrets qu'il dévoile, plutôt des scènes d'une vie familiale mesquine, sans rancune toutefois, sans esprit de vengeance, toujours accompagnées d'un humour corrosif et bienfaisant.

C'est cruel et savoureux en même temps. Hervé le Tellier se met à nu dans cet étalage familial. Son roman, où fleurissent de nombreuses références littéraires, est jubilatoire et nécessaire. Il dit l'avoir écrit pour son fils pour qu'il comprenne d'où il vient, pour connaître ce qui lui a été transmis. La vie peut être belle même si l'amour des parents a été défaillant.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce roman personnel et sincère, l'auteur retrace l'histoire de sa famille : une mère qu'il décrit de « folle », un beau-père dont il a dû prendre le nom de famille et un père absent.

Par l'écriture, l'auteur semble se libérer d'une certaine souffrance mais également de l'indifférence qu'il ressent face à sa famille et qui s'est instaurée au fil du temps.

Secrets de famille, non-dits et règlements de compte sont au coeur de ce roman relativement court mais particulièrement pertinent.
Ce livre m'a en quelques sortes fait penser à « En finir avec Eddy Bellegueule » de Edouard Louis ou encore au « Malheur indifférent » de Peter Handke à l'exception faite que l'auteur se montre à mon sens beaucoup plus dur et critique envers les membres de sa famille.

Si j'avais adoré l'anomalie par son originalité, j'ai préféré ce roman qui ressemble davantage au style de livre que j'aime lire : réaliste, sincère et profond.
Commenter  J’apprécie          20





Lecteurs (724) Voir plus




{* *}