Recevoir un roman de
Nicolas Lebel, c'est Noël en mars ! Chaleureux merci à Masse critique de Babelio et aux éditions du Masque !
Revoilà donc Yvonne Chen à nouveau aux prises avec Les Furies ! Après
le Gibier et
La Capture, voici que résonne
L'Hallali. C'est dans un château, totalement isolé par sa situation géographique (un piton vosgien) et par les conditions météo (une tempête de neige) que se déroule cette "danse" cynégétique, orchestrée par la plume pétillante de
Nicolas Lebel.
Yvonne accepte de participer à l'action des Furies dont le mystérieux commanditaire souhaite amener les barons Ulbricht et Herman Mayer à vendre le château de Lieselshertz, ses vignobles, ses dépendances et surtout sa fabuleuse réserve de "vin de glace". Une fois dans la place, l'ex-flic s'aperçoit vite que, tout est théâtre, mise en scène et jeux de rôles dans cette traque des tueurs de son collègue et ami (Paul Starski-avec-un-i) (cf
le Gibier le Masque 2021).
Pour elle, tout se résout en définitive à savoir à qui accorder sa confiance : le commissaire Bougerol et ses collègues du Renseignement intérieur ou Alecto et ses deux Furies ?
Que c'est retors ! Que c'est machiavélique ! Mais que c'est jouissif ! Je suis parvenue en apnée au terme de ce roman, après l'avoir croqué d'une seule bouchée. Impossible de le poser et de pauser ! Des péripéties, des rebondissements, des périls, des doutes... tout cela m'a tenue en haleine jusqu'à l'ultime surprise. Sans cesse les apparences sont déjouées et le lecteur est emporté par cette danse au tempo si effréné qu'elle en donne le vertige.
Qui manipule qui ? On pense avoir tous les éléments pour apporter une réponse certaine, mais hop ! voilà qu'une péripétie rebat les cartes et que l'on n'est plus sûr de rien. L'identification avec la principale protagoniste, Yvonne Chen, joue à plein et, comme elle, on ne sait plus sur quels éléments stables on peut s'appuyer. Tout semble mouvant, aléatoire, menaçant... un peu comme ce lac gelé en surface sur lequel s'aventure Megara.
Mais le vrai manipulateur, le chef d'orchestre et chorégraphe de cette danse (pas si) macabre, c'est l'auteur qui, par la construction malicieuse de l'intrigue, mène le lecteur et les personnages par le bout du nez et les conduit là où il veut et au rythme qu'il choisit, tout en distillant un humour décapant ("Clairement, en troquant le tisonnier contre le Code pénal, on avait perdu en efficacité dans la lutte contre les chieurs." p.85) et une culture ébouriffante, tout au long de son histoire. le tout est porté par une écriture limpide et très visuelle qui est pour beaucoup dans le plaisir de la lecture.
Si vous ne connaissez pas les romans de
Nicolas Lebel, c'est l'occasion de vous lancer.
Si vous faites partie de son fan-club, vous ne serez pas déçus.
Si vous n'aimez pas les livres de
Nicolas Lebel, essayez encore.
(il revient quand, Mehrlicht ?)