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Citations sur L'heure des fous (97)

A la station Gare de Lyon, il attendit quelques minutes en toisant, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, les visages fatigués et blafards des autres passagers. Dans ces moments, il se réjouissait d'être flic, de ne pas avoir de routine. Il avait le sentiment d'être le berger respecté de ce troupeau, leur gardien secret, et ne doutait pas un instant que leur train-train ne dépendît que de sa vigilance. Il prenait donc sa fonction très au sérieux et scrutait le quai, observait les mouvements, devinait les intentions. Il devait être fort pour défendre les faibles contre la sauvagerie et la violence aveugle dont il localisait instinctivement l'origine dans les banlieues les plus glauques. Il devait être attentif pour prévenir le danger. Son abnégation envers son prochain l'avait insensiblement amené à rejoindre le Front National, en tant que sympathisant carté d'abord, puis en tant que membre actif, lorsque les séides de la barbarie refusaient manifestement le simple discours de la civilisation : en bonne compagnie, bombers fermés et battes au vent, il avait fait entendre raison aux rappeurs, barbus, drogués et autres colleurs d'affiches qui menaçaient la paix sociale. Pendant plusieurs années, il avait trouvé une communauté d'intérêts chez des gens très propres qui croyaient pêle-mêle en la France, Dieu, l'ordre, le roi, la justice, l'armée, la famille, et détestaient à peu près tout le reste, que ce fût doté d'une carte de séjour ou pas. Bon. Dossantos était vite revenu de cette fraternité de la haine ; nombre de ces combats n'étaient pas les siens.
(p. 59-60)
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Il se repassait lentement les différents épisodes de sa journée, tentant d'y percevoir le moment furtif où son monde à la mécanique Suisse avait quitté son axe, s'arrachant de ses gonds, pour fuser en supernova vers un éblouissant désastre.
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- Comment vous savez tout ça, capitaine, je veux dire, les noms, les dates ?
- Je lis, c'est tout. Tu lis, toi ?
Ménard hésita de nouveau.
- Oui. Un peu. Des polars.
- Et tu apprends pas des trucs dans tes polars ?
- Bah... Non !
- Ah bon.... Putain, lis autre chose, alors !
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- Pourquoi tu vas pas voir Jacques, Mickael ?
Dossantos sembla pris au dépourvu.
- Hein ?
- Pourquoi tu vas pas voir Jacques ? Ça fait six mois maintenant qu'il est à l'hosto. T'y es pas allé une fois...
Dossantos lançait les yeux de côté, cherchait quelque chose. Une issue.
- Je le verrai quand il sortira. Tu sais, moi, les hostos...
Mehrlicht s'irrita sans sommation et hurla :
- Me bourre pas le mou, putain, Mickael ! Tu sais qu'il va sortir dans un costard une pièce en sapin, et que c'est pour bientôt...
Il marqua une pause, et reprit plus bas :
- « Moi, les hostos... » Et LUI, LES HOSTOS, tu t'es posé la question ? C'était ton pote aussi, putain ! Du jour au lendemain, t'apprends qu'il a le crabe et tu lui chies du poivre...
Mehrlicht sentait son pouls marteler ses tempes et il se contrôla.
- « Moi, les hostos... » Putain ! Quand Suzanne est tombée malade, tu crois que ça m'a amusé ? Qu'on va à l'hosto tous les jours parce que c'est plus marrant que le golf ?
[...] Dossantos serrait les dents et le volant très fort de ses deux mains. Mehrlicht s'attendait à le voir hurler d'une seconde à l'autre. Il n'en fut rien.
- Je... Je ne peux pas... Je te jure... Les hostos... Je fais tout pour les éviter... le sport... Je ne bois pas, je ne fume pas... Quand on y rentre, on n'en ressort pas. Chaque fois que je suis allé voir mon père, j'avais l'impression que c'était moi le malade, tu vois ? Ça ne l'a pas sauvé...
- Mais on te demande pas de sauver qui que ce soit, putain ! On te demande de pas abandonner un copain.
Il se turent tous deux. Dossantos reprit, dans un murmure :
- OK ! Donne-moi juste un peu de temps !
- OK ! Mais on n'en a pas..., souffla Mehrlicht.
(p. 290-292)
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Signalé ? À qui ? Un Sdf est un citoyen qui a disparu de la surface de la Terre aux yeux de tout le monde. Peut-on signaler la disparition d’un type qui n’existe déjà plus ?
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- C'était l'Apocalypse, ignare. La Bible.
- Il récitait la Bible, là ?
- Oui. L'Apocalypse, le dernier livre. T'as lu la Bible, toi, païen ?
Dossantos fit une moue qui trahissait combien, pour lui, la question était aberrante.
- Non ! J'ai lu le début du Da Vinci Code, mais ça m'a vite fait chier.
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Un ronflement irrégulier s'échappait d'un vieil ordinateur dont l'apparence aurait tué Steve Jobs une seconde fois.
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Les fondations presque millénaires vacillèrent, s’amollirent puis cédèrent sous le fardeau de la cour d’honneur, engloutissant plusieurs mètres plus bas les deux statues de Hugo et de Pasteur sous une chape de carreaux et de rocailles. La terre gronda un instant, puis le silence couvrit la cour d’honneur éventrée d’un suaire de poussière.
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Je ne regarde pas la télé. Ça rend con. Et puis, si c’est pour finir habillé en latex...
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- [...] Tiens, au fait, c'est quoi cette histoire de Julien Lepers qui revient de temps en temps ?
Elle sourit.
- Ah ! C'est une histoire qui fait rire tout le commissariat sauf Mehrlicht. Ça s'est passé avant que j'arrive... Mehrlicht est une vrai encyclopédie. [...] Certains collègues l'appellent 'Google'. Bref... Il sait plein de trucs. Il y a quelques années, les gars du commissariat [...] l'ont mis au défi d'aller à 'Questions pour un champion', l'émission de la 3, avec Lepers, puisqu'il la ramenait tout le temps sur tout. Ils lui ont organisé la sélection sur le net, et hop ! Notre Mehrlicht est sélectionné !
[...]
- Et ça a donné quoi ?
L'après-midi, ils ont vu Jacques et Mickael arriver pleurant de rire et Mehrlicht qui insultait tout le monde.
- Qu'est-ce qui s'était passé ?
- A chaque question de Lepers, Mehrlicht avait la réponse. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de lâcher un 'putain', un 'fais chier' ou un 'bordel' quand il n'était pas le premier à répondre. A France 3, ils ont été obligés de refaire les prises, de couper. Lepers lui demandait de faire gaffe, de se contrôler. Mais il ne connaît pas Mehrlicht ! Au bout d'une heure...
Elle partit d'un rire chantant.
- Au bout d'une heure, Lepers a pété un câble et gueulait comme un putois qu'on lui faisait perdre son temps. Il a fait virer Mehrlicht du plateau par la sécurité. Mehrlicht était furieux, il l'insultait autant qu'il pouvait, braillait qu'il avait tout bon et que c'était pour ça qu'il le virait... Et les deux autres [collègues flics] se marraient comme des baleines.
(p. 114-115)
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