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3,9

sur 748 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fin janvier, je vais recevoir mes deux premiers romans en tant que jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020 catégorie polar ! L'année dernière, il y a eu deux lauréats ex-aequo : le Journal de ma disparition de Camilla Grebe et L'Heure des fous de Nicolas Lebel, initialement paru chez Marabout. Ben aucun des deux à mon tableau de lecture ... j'ai donc décidé de plonger dans le frenchy, histoire de voir ce qu'il a dans le bide !

Nicolas Lebel a le talent de mener son polar dans les règles de l'art : du rythme, des rebondissements pertinents et une habile construction qui transforme une banale affaire de SDF assassiné en affaire d'Etat, des campements du bois de Vincennes aux catacombes , avec en prime une critique sociale pertinente qui monte en puissance sur le monde universitaire mais aussi sur le processus qui mène à devenir SDF.

Si la trame est classique et efficace, le plus réjouissant dans ce polar est la bande de flics qui mènent l'enquête autour du truculent capitaine Mehrlicht, personnage tout droit sorti d'une film dialogué par Audiard : réactionnaire, érudit, fragile, cynique, insupportable, drôle, roi de la punchline assassine, on se régale d'autant plus en sa compagnie que ses acolytes sont à la hauteur. C'est au plus près de ses flics que Nicolas Lebel aiguise sa plume et nous délecte.

Voici comment il le décrit : « Le petit homme chétif en costume marron avait une tête de rainette, un peu à la Paul Préboist, mais en plus batracien encore. Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment – ce qui se produisait toutes les demi-heures - , on voyait poindre de sa gueule un mégot laiteux qu'il suçait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte. »

Même si j'ai tendance à préférer les polars plus complexes et sombres, ce premier roman est clairement très réussi et plaisant, accessible, sans excès de gore, bref aussi populaire que ce prix Livre de poche doit l'être ! Bien joué !

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Il me faut bien le reconnaître , ce roman s'est avéré être , pour moi , une très bonne pioche , comme on dit .Pourtant , ce n'est pas tant l'intrigue qui m'a conquis , c'est plutôt " l'enrobage " , si je puis m'exprimer ainsi , les personnages et leur gouaille , et toute la culture déroulée à fort bon escient par l'auteur .
Bon , commençons par l'intrigue : un SDF est retrouvé égorgé sur la voie de chemin de fer , près d'une gare parisienne . Sans doute un simple règlement de compte , une affaire vite classée , dont le seul inconvénient aura été de faire déplacer l'équipe chargée de l'enquête sur le ballast de la voie , chemin inconfortable , vous en conviendrez ,et mortel pour les ... chaussures . Rien de bien palpitant , donc , sauf que le mort.....n'est pas un SDF mais ...un journaliste....Oubliées , les chaussures , c'est du lourd , il faut se pencher sur le problème , et vite , et bien....Croyez- moi , l'affaire est grave....
Comme je vous le disais , l'équipe est sur les dents . Il y a le capitaine Mehrlicht , le lieutenant Dossantos , le lieutenant Sophie Latour , et le lieutenant stagiaire Ménard qui s'en " prend sans arrêt plein la tronche " par l' inénarrable Mehrlicht, au point de s'en plaindre ... à la direction. Bizutage à l'ancienne.... .Bienvenue à tous dans une équipe qui n'a rien à envier à la célèbre " troupe du Splendid ". Merhlicht , c'est " l'homme à la tête de grenouille , un gars qui a l'air d'un con mais est un mec bien ". Un gars qui aurait sans doute été battu par le regretté Paul Préboist au concours de miss France , mais dont les capacités intellectuelles feraient palir le plus érudit d'entre nous. Son idole , c'est Michel Audiard et ses répliques devenues cultes , c'est un vocabulaire imagé et fort , " la clope au bec" en permanence , quel que soit le lieu ou le moment , un sacré personnage....Ce roman , c'est Ventura , Carmet ,Biraud , Blier , bref , tous ces " monstres sacrés du cinéma de papa " où le verbe était haut , la clope omniprésente , la bouteille pas trop loin ...Il y a un petit air de " tontons flingueurs " dans ce bouquin , sans doute ce qui fait son charme ...Et puis l'humour , des situations , des répliques cocasses...Et puisque "Notre Dame " vient malheureusement de subir l'outrage dont tout le monde a entendu parler , comment ne pas citer Victor Hugo dont les paroles et l'esprit planent sur l'enquête. Un mélange des genres , des collisions temporelles du plus bel effet , des policiers d'ancien " régime" débarqués d'on ne sait trop où dans ce "monde de fous " qu'est devenu le nôtre. Une bien belle et originale équipe, bien plus marquante , en réalité que l'intrigue....Quant aux rapports entre Merhlitch et Ménard , faut voir...
Ce bouquin me fait penser à Londres . Etrange , me direz- vous, comme comparaison ? Je m'explique . Londres , c'est une ville à l'architecture traditionnelle , non ? Et pourtant les anglais n'ont pas hésité à bâtir ,à proximité ,des bâtiments particulièrement futuristes ? Non ? Et, d'un avis largement majoritaire , dont le mien (!), le " mariage " est plus que réussi.......Et bien là , c'est pareil...Un bon roman en noir et blanc , aux dialogues et personnages surannés, des pages enfumées . Il fallait oser. Moi , j'ai aimé ,et j'en redemande .


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La BAC venait d'appeler le commissariat du XIIème arrondissement. Aussitôt, le commissaire Matiblout prévient ses hommes qu'un cadavre, visiblement un SDF, a été découvert sur une voie désaffectée, près de la gare de Lyon, par des gars travaillant là-bas. Le capitaine Mehrlicht se rend sur place avec les lieutenants Dessantos et Ménard, encore stagiaire. Les témoins ont vu quatre types se battre. Leur sommant de s'arrêter, trois d'entre eux ont paniqué et ont poignardé le quatrième comme des sauvages, avant de s'enfuir en toute hâte, rendant leur description difficile. Mehrlicht fait chou blanc auprès de la préfecture quant à la liste des clodos qui visent leurs carnets. C'est donc muni de la photo du macchabée que l'équipe approche les SDF. Elle ne sait pas encore que ce milieu particulier est régi par ses propres règles...

Avec ce premier polar, Nicolas Lebel frappe fort... et juste! Plantant son décor dans le milieu des SDF, l'enquête s'avère originale, captivante et sombre. L'on entre de plein pied dans le vif du sujet et l'on découvre, au fil de l'enquête, presque un monde parallèle. La Jungle ! Une enquête riche et intrigante. Et qui dit enquête dit flicaille. Et, là, l'auteur nous offre une galerie de personnages hauts en couleurs et jouissive. Que ce soit ce capitaine Mehrlicht, petit bonhomme à gueule de batracien un brin macho et fan d'Audiard, Dossantos et son code pénal en livre de chevet ou encore Sophie Latour, seule femme parmi ces hommes qui compte bien s'imposer. Sans oublier des personnages secondaires bien campés. C'est dire si l'on s'attache de suite à eux. Ce roman policier a tout pour plaire, l'écriture n'étant pas en reste. Un ton vivant, piquant parfois, et drôle.
Un premier roman réussi et original...
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Tiens, Vincent Cassel vient de sortir une bio ?
Ben non, pov' tâche miro, ajuste donc tes bésicles et déguste-moi prestement cette Heure Des Fous, premier volet pêchu mettant déjà la pression aux deux frangins qui ne manqueront pas de suivre.

Un SDF poignardé à mort vient de trouver un logement, le cimetière du coin. Belle hauteur sous plafond, au passage.
Pas de quoi faire la une de closer, c'est dire l'importance de ce triste fait divers.
Seulement voilà, quand c'est pas celui qu'on croit qu'a cané, ça à tendance à mettre la flicaille sur les nerfs.
Le capitaine Mehrlicht, perfusé à la clope, devrait répercuter rapido sur sa fine équipe le coup de sang de son supérieur. Hiérarchie pyramidale oblige.

Lorsqu'un auteur parvient à rendre tous ses personnages attachants puis à les faire évoluer au coeur d'un récit monstrueusement original, je dis juste merci !
Si, en plus, ledit auteur se fend d'une écriture plaisante à la petite musique entêtante, alors là, je m'incline bien bas.

Habituellement, le flic torturé, héros récurrent où pas, tête goulûment de la boutanche en solitaire pour oublier une vie privée qu'il n'a pas.
Ici, Lebel, dans son immense bonté, évite tous ces clichés en brossant le portrait insolite d'une team Mehrlicht plaisante en diable.

Sa force, une galerie de portraits dissemblables au possible mais étonnamment complémentaires. du p'tit nerveux, s'exprimant sans aucun filtre, au stagiaire souffre-douleur, en passant par le culturiste capable de vous déclamer le code pénal sur le bout de ses haltères à la petite touche fraîcheur de ce quarté gagnant, le lieutenant Sophie Latour, aussi à l'aise dans un flash mob qu'un noir lors d'un week-end d'intégration du KKK, le tout se tient parfaitement et permet au lecteur d'éviter toute lassitude à l'égard d'un éventuel protagoniste allergisant.

L'équipe tient la route, c'est désormais avéré.
Mais que dire de ce récit à tiroirs haletant à l'originalité débridée ? A mille lieues des poncifs du genre, Lebel se démarque remarquablement en titillant le ciboulot du lecteur rapidement accro à cette nouvelle came.

Lebel se plaît à vous paumer, faire vaciller vos certitudes, relancer une intrigue qui n'en demandait pas tant. De plus, le bonhomme parsème généreusement son récit de répliques d'Audiard, preuve ultime de bon goût, n'est-il pas?

J'ai adoré L'heure Des Fous.
Que cette folie devienne contagieuse...
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Encore une bonne découverte, grâce aux opérations Masse Critique de Babelio. Merci une fois de plus de nous permettre de tester divers auteurs et de dénicher des perles !

Nous suivons une enquête qui au départ semblait d'un simplicité enfantine, mais qui va se révéler bien plus complexe et plus intéressante qu'elle n'y parait.

Je passe les détails sur l'enquête, la quatrième de couverture résume parfaitement ce qu'il faut savoir sans être spoiler.

Pour moi, hormis l'enquête, la force de ce livre réside dans les quatre personnages personnages principaux. Nous avons Mehrlicht, capitaine de police au commissariat du 12e arrondissement de Paris et son équipe. Lui est un flic un peu bourru, avec ses vieilles méthodes, ses accès de colères, et son franc-parler. Nous avons également Dossantos, le flic ultra loyal, fan de musculation qui connait par coeur le code pénal et qui est un peu lourdeau envers les femmes. La seule femme de l'équipe, Latour qui a une histoire bien personnelle a du mal a s'imposer dans ce monde et se révèle être la plus attachante. Et puis, il y a Ménard, le jeune stagiaire qui doit subir le pseudo bizutage de Mehrlicht.

Les répliques fusent, les personnalités sont bien travaillés, il ne faut pas 300 pages a l'auteur pour développer ses personnages.

Nicolas Lebel qui signe ici son premier roman réussi parfaitement a nous plonger dans les bas-fonds de Paris, dans un bon vieux polar comme on en voit plus. Une fois de plus un auteur français qui mérite à être connu et dont je vais surveiller de près ses prochaines parutions !

Une fois de plus, merci Babelio !
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Promenons-nous dans les bois tant que le fou n'y est pas. Si le fou y était, il nous flinguerait !

Tic tac tic tac tic tac... Driiiiing !
- Quelle heure est-il ?
- Heu, c'est l'heure des fous, je crois.
- Déjà, c'est fou comme le temps passe...

Pour un premier roman, Nicolas Lebel met le turbo et nous livre un beau roman chromé, alerte et vivifiant.

Son personnage principal, le Capitaine Mehrlicht, est un petit diamant non poli aux mille éclats. Abrupt, colérique, vif et à la culture exponentielle, il exerce une fascination immédiate. Un véritable aimant à lecteurs. Une torche flamboyante dans un monde enténébré.

Pour preuve, d'après son auteur, Mehrlicht signifie "plus (+) de lumière" et seraient les derniers mots prononcés par Goethe sur son lit de mort. Éloquent quant au puits de connaissances du bonhomme et éclairant sur l'érudition de son personnage.
Oui, Nicolas est un érudit qui nous régale de sa prose habile, de son inventivité et de sa grâce.

Malgré un sujet de fond difficile, les sans domiciles fixes et la misère sociale qui en découle, Lebel aborde son histoire avec une grande fraîcheur et une belle dose d'originalité dans son intrigue.

Et petit bonus pour ses habitants, Nicolas promène sa plume et son action dans tout le XIIeme arrondissement de Paris jusque dans les tréfonds du bois de Vincennes. Il est toujours amusant de mettre des images sur les lieux décrits quand on les connaît vraiment. C'est un peu ce que doivent vivre les habitants des Pyrénées où Bernard Minier inscrit ses premiers romans.
Bien évidemment, ce bouquin se dévore aussi que l'on habite le XVeme (O_o) ou tout autre endroit de France et de Navarre.

Atout majeur, ce livre présente une des équipes de flics les plus bigarrées et les plus dissonantes jamais rencontrées. Et pourtant le métissage fonctionne à plein pot. Chacun des personnages apporte sa touche colorée à l'ensemble, un magnifique arc-en-ciel de l'âme humaine.

De plus, les dialogues sont truculents. Mention spéciale à l'appli téléphonique avec les citations d'Audiard qui émaillent le livre de leur acidité mordante.

Ce roman est facile d'accès, drôle, à l'intrigue puissante et cohérente de bout en bout. C'est si rare pour un premier roman.

Et pour couronner le tout, la couverture est une petite merveille qui accrochera l'œil du geek averti : un mélange de Half-Life et de Breaking Bad. Un régal !

Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Je ne sais plus lequel ou laquelle d'entre vous me l'avait fait rajouter à ma PAL – faut dire que vous êtes de sacrés tentateurs. Enfin, c'est ce que me je me tue à vouloir expliquer régulièrement à mon banquier. Non sans mal. Que voulez-vous, il aime les chiffres, moi les lettres... – mais une chose est sûre : c'est que je ne regrette pas que Titiseb me l'ai choisi pour cette pioche du mois de janvier. Je me suis régalée avec cette heure des fous !

Que dire ? L'intrigue commence sur un fait divers qui en règle générale ne tarde pas à finir rapidement dans les affaires classées – avec ou sans suites – : un SDF est poignardé devant témoins sur les rails d'une voie ferrée de la gare de Lyon, à Paris. le capitaine Mehrlicht et son équipe sont chargés de l'affaire et encouragés à en finir vite ! Là où les choses prennent une autre ampleur, c'est quand il s'avère que le SDF en question n'en est pas vraiment un. Qu'était-il venu chercher sur ces rails ? Est-ce que sa mort à un lien avec son boulot, ou est-ce tout simplement la faute à pas de chance ?

Vous me direz « rien de bien exaltant ou différent des scénarios qui fleurissent ici ou là dans les romans policiers » ; certes, mais ici, l'auteur nous a gâté avec un style, un humour et des références qui nous dessinent un joli sourire de contentement sur le visage. Quand Audiard s'invite en cours d'audition, qu'Hugo te toise du haut de son piédestal dans la cour de la Sorbonne, et que tu te retrouves les deux pieds dans la boue des égouts de Paris, à chercher désespérément ce dont je ne vous dirais rien, y a pas ! Ça donne tout de suite le ton ! Et que dire de l'équipe qui mène l'enquête : du capitaine à l'inspecteur stagiaire – oups, lieutenant – , en passant par le fondu du code pénal et la lieutenante Latour, tous ont une personnalité originale et un caractère bien ciselé…

Du coup, je pense ne pas trop tarder à me procurer la suite, d'autant que j'ai quelques wagons de retard car Nicolas Lebel en est maintenant à son cinquième roman. J'espère que le suivant sera à la hauteur…
Lien : https://page39web.wordpress...
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Hommage appuyé à la Cour des Miracles de Victor Hugo et aux Mystères de Paris d'Eugène Sue - auxquels (Hugo et Sue) le roman est dédié - "L'heure des fous" nous entraîne dans le Paris des bas-fonds, celui des SDF et des mendiants, des marginaux et des “sans dents”.

Un SDF assassiné par d'autres SDF à proximité de la gare de Lyon, pas de pistes, pas de témoins et si peu d'importance… “Au moins, ce gars-là ne mourra pas de froid cet hiver”, note Mehrlicht, le capitaine mal embouché au faciès de batracien du commissariat du XIIe, avec un réalisme cynique et dédaigneux. Un miséreux en moins, pas de quoi faire tout un drame, juste une enquête de routine à boucler au plus vite.

Mais lorsque ladite enquête révèle que la victime était en fait une pointure du journalisme en immersion parmi les sans-abris de la capitale et de la Jungle du Bois de Vincennes pour une investigation mystérieuse et probablement sensible, ce qui aurait dû n'être qu'une simple rixe sanglante entre SDF avinés prend tout à coup une tout autre allure… celle d'une manipulation de masse mettant en jeu la sûreté de l'Etat et de la société tout entière, tandis que se préparent dans les profondeurs des égouts de Paris la revanche des laissés pour compte, le Grand Soir des déshérités : "L'heure des fous".

Une équipe d'enquêteurs bien campés et singulièrement attachants, chacun avec ses travers, ses manies, ses secrets bien gardés et son histoire intime, une exploration méthodique et très documentée du Paris marginal et underground d'aujourd'hui, une intrigue qui se ramifie au fil des pages, un suspense savamment dosé et un final en apothéose… Avec "L'heure des fous", publié il y a cinq ans, Nicolas Lebel nous offre un polar sociologique original et saisissant qui peut - en forçant le trait - résonner comme un avertissement aujourd'hui, alors que l'immense peuple des nouveaux pauvres et des précaires sort de son silence et de son anonymat pour sonner, peut-être, l'heure des fous.

Un polar réaliste et bien ficelé que j'ai lu avec autant d'intérêt que de plaisir et dont j'ai particulièrement aimé l'écriture truculente pimentée par les répliques d'Audiard.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Un SDF est poignardé sur une voie ferrée de la gare de Lyon. le commissariat du XIIème arrondissement est chargé de l'enquête. le capitaine Mehrlicht, un vétéran, et son équipe hétéroclite, un costaud appliquant le code pénal à la lettre, une jeune femme et un lieutenant stagiaire, prennent l'affaire en main ; probablement une simple rixe entre sans-abri. Mais l'enquête prend une toute autre tournure quand la victime est identifiée : un journaliste de renom, qui avait quelques années plus tôt réalisé une enquête choc sur les bidonvilles en s'infiltrant à l'intérieur. Quel nouveau sujet avait bien pu le conduire à se faire passer pour un SDF ? L'affaire entraînera l'équipe, renforcée d'une capitaine du Quai des Orfèvres, dans la Jungle du bois de Vincennes, où des dizaines de sans-logis se sont installés, dans les couloirs de la Sorbonne et, pour finir, dans une course-poursuite haletante dans les sous-sols parisiens, en évitant les crocs-en-jambe de la guerre des polices.

Nicolas Lebel nous raconte une histoire assez incroyable mais à laquelle on adhère volontiers pour différentes raisons :
- D'abord parce qu'elle nous parle d'un sujet de société, les SDF, sans chercher à moraliser. Qu'adviendrait-il si, paraphrasant Marx ou Lénine, "tous les SDF du monde s'unissaient" ?
- Ensuite parce que le narrateur nous fait vivre l'intérieur de la police, le quotidien des hommes et des femmes qui la composent, qui sont caricaturés avec bienveillance, et qui portent en eux, avec beaucoup d'humanisme, tous les courants qui traversent la société, le machisme, la violence, le sens des valeurs, l'idéalisme, le besoin de réussir...
- Enfin parce qu'il y a du rythme. Certains diront que les codes du genre sont respectés. Je préfère écrire que l'imagination de l'auteur et les multiples rebondissements qu'il introduit parviennent sans difficulté à capter l'attention du lecteur.
Une ambiance singulière et attachante que j'ai beaucoup aimée.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Une intrigue intemporelle, des personnages inclassables, je suis tout d'abord restée assez sceptique face à ce récit auquel je ne m'attendais pas. Surprise donc mais finalement plutôt ravie de cette découverte!

L'équipe du capitaine Mehrlicht est sur le qui-vive : un SDF a été poignardé à mort sur une voie désaffectée près de la Gare de Lyon à Paris. le commissaire Matiblout veut que l'affaire soit traitée vite fait bien fait, d'autant plus que des ouvriers témoins de l'agression prétendent que la victime a été tuée par trois autres SDF : le scénario d'un simple règlement de comptes entre vagabonds est privilégié… jusqu'à ce que soit révélée la véritable identité de la victime… Un jeu de piste qui va entrainer les enquêteurs au coeur du bois de Vincennes où vit en toute illégalité une communauté aux moeurs moyenâgeuses, sur les traces d'un journaliste et d'un étudiant en sociologie.

Moi qui pensais lire un thriller actuel, « classique », il m'a fallu un temps d'adaptation avant d'apprécier ce roman policier décalé et improbable, surprenant et original, dont les personnages sont aussi fantasques qu'amusants… A commencer par le capitaine Mehrlicht, petit homme à l'allure de batracien dont la gouaille est inspirée par le cinéma de Blier ou d'Audiard (dont il est fan comme en témoignent les sonneries de son téléphone, répliques de célèbres films): à lui seul il vaut le détour, j'ai souri et ri à la plupart de ses réparties, même si certaines n'ont pas fait mouche. Aussi travaillés que ce personnage atypique, les fidèles lieutenants du capitaine mènent l'enquête : Dossantos est un justicier, fervent connaisseur du code pénal, décidé à faire régner la justice en toute circonstance, peu importe le prix; le lieutenant stagiaire François Ménard que Mehrlicht prend un malin plaisir à bizuter; et Sophie Latour, assignée aux flash mob, chez qui l'on découvre au détour d'une page une humanité insoupçonnée. Quelle imagination faut-il avoir pour inventer de tels personnages ! Ceux de Nicolas Lebel sont dignes de Fred Vargas ou de Benoît Philippon. le petit hic est que, avec des personnages qui emportent tout sur leur passage, je me suis plus attachée à eux qu'à l'intrigue elle-même: difficile avec autant d'originalité et de richesse dans leur caractères de se concentrer sur cette intrigue, qui finalement m'a semblée secondaire, je pense être passée un peu à côté…

De nombreuses références littéraires et historiques jalonnent ce roman, puisque l'auteur retranspose au 21ème siècle une « Cour des Miracles » en plein Paris comme on en trouvait au 17ème siècle: ces zones de non-droits étaient le refuge de mendiants qui étrangement y perdaient leur handicap la nuit venue… J'ai trouvé l'utilisation de ce fait historique particulièrement originale dans une intrigue telle que celle-ci. Et finalement je lirai volontiers la suite de cette série consacrée à l'équipe du capitaine Mehrlicht!


Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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