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Depuis ma lecture de la biographie d'Alfred Nakache, « le nageur » de Pierre Assouline, j'attendais que les mois passent pour m'attaquer au roman que Renaud Leblond lui a consacré. Roman librement inspiré de l'histoire d'Alfred Nakache, j'aurais sans doute dû commencer par lui, et c'est ce que je comptais faire d'ailleurs, mais parfois les choses ne se présentent pas toujours comme prévues. Alors pour éviter trop de comparaisons susceptibles d'aboutir à une déception, j'ai préféré laisser filer le temps, et j'ai bien fait car je sors de ma lecture pleinement conquise.

Pour rappel, Alfred Nakache était un nageur français de haut niveau, au palmarès impressionnant. Il a remporté de nombreuses médailles et coupes, et battu un certain nombre de records dans le milieu de la natation. Pour son malheur, il était également juif et sa notoriété ne l'a pas empêché d'être déporté à Auschwitz, avec sa femme et sa fille de deux ans. À la fin de la guerre, c'est seul qu'il en est revenu, la peau sur les os (40 kg), détruit à jamais, déclarant lui-même « sortir de la tombe ». Il reprend les compétitions dès 1946, après avoir plus ou moins récupéré son poids d'origine (85 kg). Il participe même aux Jeux Olympiques de Londres en 1948. Il meurt à l'âge de 68 ans d'une crise cardiaque alors qu'il effectuait son kilomètre quotidien de natation.

Ce qui m'avait plu avant tout chez ce monsieur, c'est l'homme simple qu'il a su rester malgré la célébrité, sa personnalité solaire et le sourire ancré à son visage. Je vous invite d'ailleurs à taper son nom dans un moteur de recherche, vous comprendrez rien qu'à voir les photos de quoi je parle. La guerre, les privations, les traitements inhumains et la perte de sa femme et sa fille ont changé bien des choses en lui (et ça se comprend !), et j'ai été une nouvelle fois touchée en plein coeur.

De ce que je me souviens de sa biographie (bon nombre d'éléments me sont d'ailleurs revenus en mémoire au fil de ma lecture), Renaud Leblond a su en faire une bonne reconstitution (bien qu'il y ait de grosses différences avec l'ouvrage d'Assouline). L'aspect romancé n'est en rien gênant. Si j'ai eu un peu de mal au départ avec son style d'écriture (il y a beaucoup de virgules), je m'y suis finalement fait assez rapidement. Les chapitres courts et la multi-temporalité – avant-guerre (jeunesse et carrière d'Alfred), et pendant/après-guerre (survie dans les camps et reconstruction) – donnent une certaine dynamique de lecture plutôt appréciable. Je l'aurais certainement lu d'une traite si j'avais pu.

Alfred Nakache est un peu tombé dans l'oubli et je trouve important ce genre d'ouvrages justement, pour qu'on n'oublie jamais, d'autant que ce grand nageur ne mérite pas d'être oublié. La Seconde Guerre mondiale est de ces périodes vers lesquelles je reviens souvent dans mes lectures. Je suis assez calée sur le sujet, j'en ressors pourtant à chaque fois toute émotionnée. Là, ça n'a pas manqué. le roman est un peu court à mon goût, il n'en est pas moins poignant et percutant.
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Un magnifique roman vrai, selon la définition d'Anne Berest, c'est à dire une fiction où tout est vrai, en prenant quelques arrangements mineurs avec la vérité. Un docu-fiction très étoffé qui retrace la vie d'Alfred Nakache.

Il naît en 1915 à Constantine et bénéficie de la nationalité française par le décret Crémieux. C'est un enfant qui vit heureux avec sa famille dans le quartier juif, son père est très religieux. Tous les enfants aiment s'amuser dans un bassin naturel qui fait office de piscine, sauf Alfred qui a une phobie de l'eau. C'est pourtant le lieu de rassemblement des gosses du quartier et Alfred la fréquente assidument, mais sans se baigner, il sait à peine nager et a très peur de ne pas avoir pied. Pourtant à l'âge de treize il fait une rencontre qui va changer sa vie : Les champions de natation de l'équipe militaire viennent s'y entraîner et l'un d'eux encourage le jeune Alfred, qui découvre les joies de la natation. Il prend rapidement confiance en lui et à seize ans participe à sa première compétition, le début d'une très longue carrière. Il devient un grand champion, en 1933 il part à Paris, bat des records et participe aux Jeux de Berlin de 1936. Mais l'antisémitisme monte et sa situation devient de plus en plus difficile, puis il sera déporté en 1944 à Auschwitz d'où il reviendra vivant mais brisé par la mort de sa femme et de sa fille de deux ans.

Les chapitres de ce livre très bien écrit sont courts et alternent la période de détention du champion et son passé. J'ai lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale , mais je n'avais jamais entendu parler de lui. le livre est très documenté et explique bien comment l'antisémitisme a infiltré le milieu sportif, comme le reste de la société. Il a été dénoncé par un rival dont il avait battu les records.

C'est un livre très touchant, mais sans pathos et très sobre, sauf une scène qui relate le meurtre d'un bébé. On découvre aussi qu'Alfred bénéficiait d'un régime de faveur comme d'autres champions qui amusaient les Allemands, il en a profité pour aider au maximum d'autres détenus.

Ce docu-fiction joue un rôle important dans le devoir de mémoire en mettant un visage et une histoire sur ces victimes anonymes. On a répété des millions de fois « plus jamais ça », pourtant les camps de concentration semblent avoir été remis au goût du jour pas bien loin de chez nous, pour un autre peuple cruellement exterminé en ce moment. Je ne comprends pas pourquoi l'Homme est capable de telles horreurs envers son prochain.

J'ai beaucoup aimé ce livre assez court mais indispensable. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Un grand merci à Mylène de l'Archipel de m'avoir permis de connaître la vie de cet homme courageux, qui pensait aux autres malgré toutes les épreuves endurées.

#LeNageurdAuschwitz #NetGalleyFrance !
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Grâce à Mylène des Editions l'Archipel, via net galley, j'ai eu la chance de lire en avant première : le nageur d'Auschwitz de Renaud Leblond.
L'auteur nous fait découvrir l'histoire d'un héros français oublié.
Alfred Nakache (1915-1983), juif natif de Constantine, fût une gloire de la natation française et du water-polo de 1936 à 1942, survivant d'Auschwitz et de Buchenwald.
Interdit de bassin lors des championnats de France en 1942, dénoncé en novembre 1943, il est arrêté, détenu à Drancy, puis déporté par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944.
À Auschwitz, Alfred Nakache bravera les nazis en allant nager, à ses risques et périls, dans des réserves d'eau à l'autre bout du camp.
En 1945, alors qu'on le croit mort, lui qui, petit, avait peur de l'eau, revient nager dans son club des Dauphins, à Toulouse.
Avec l'espoir de retrouver sur le quai de la gare, où il se rend tous les soirs, sa femme Paule et sa fille Annie, déportées avec lui.
Le nageur d'Auschwitz est un roman, librement inspiré par la vie d'Alfred Nakache.
Bravo à l'auteur pour le travail de recherche, on sent qu'il a travaillé pour nous retracer la vie de cet homme courageux.
Incroyable mais vrai, Alfred avait une peur panique de l'eau quand il était enfant ! Une rencontre le motive et fait qu'il s'entraine, dur, très dur même, pour devenir un champion. Cela force l'admiration.
Il réussira à force d'entrainement, et il est très intéressant de découvrir sa vie.
J'ai lu de nombreux ouvrages se déroulant dans les camps de concentration mais pas celle d'un champion tel que lui.
Il va devoir se battre non seulement pour réussir mais aussi pour continuer sa passion car nager devient compliqué quand on est juif avant la seconde guerre mondiale, et pendant, évidemment !
Nous le découvrons avant son arrestation, pendant sa détention dans les camps puis après. Ce n'est pas toujours dans l'ordre, il faut bien suivre.
Sa condition de vie est misérable, les gardiens s'amusent avec lui en le faisant nager dans des conditions déplorables et quand il fait parfois très froid.
Certains passages sont durs, évidemment, et font mal au coeur.
C'est poignant de penser qu'il ignorait que sa femme et leur fille étaient décédées, surement dès leur arrivée à Auschwitz. Il croyait en elles, pensait qu'un jour ils se retrouveraient. Il a tenu, envers et contre tout. J'ai plusieurs fois eu les larmes aux yeux en pensant au calvaire vécu par ses hommes.
J'ai beau lire beaucoup de romans ou témoignages sur cette période, je ne comprends toujours pas comment des hommes ont pu faire un tel génocide envers d'autres êtres humains ! Et malheureusement, on a beau dire qu'il ne faut pas oublier pour que cela ne recommence pas.. certains semblent trouver normal de recommencer. Quelle tristesse.
J'ai apprécié ma lecture dans l'ensemble, et la découverte du destin de ce champion méconnu de nombreux personnes, dont moi.
Petit bémol : j'ai trouvé ça un peu brouillon par moment. Les chapitres ont un titre, mais parfois à passer d'un moment à un autre je me suis un peu perdue.
Le nageur d'Auschwitz est malgré cela un bon roman, je le recommande et je le note quatre étoiles.
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Un roman sur la seconde guerre mondiale ça nous prend toujours aux tripes mais quand c'est tiré d'une histoire vraie c'est encore pire que ça !

J'ai découvert l'auteur et son roman grâce à un salon littéraire et j'en suis très heureuse parce que ce livre a été une très bonne lecture !

L'auteur va nous raconter l'histoire de Alfred Nakache, un jeune homme qui va devenir un grand champion de natation. Nous allons le suivre dans ses entraînements et dans ses nombreux championnats mais aussi dans sa vie personnelle et amoureuse.
Les chapitres alterneront entre deux périodes, celle du champion en devenir et celle où il tente de survivre dans les camps de concentration.

Ce livre a été très agréable à lire (sans parler du sujet, évidemment) . Déjà pour l'écriture qui est simple et fluide mais aussi pour la construction de l'histoire. Alterner entre les deux périodes avec des chapitres très courts donne une vraie dynamique à la lecture. J'aurais apprécié qu'il y ai plus de passages sur la période concernant Alfred en camp de concentration, qui étaient des chapitres plus intéressants que les autres, même si j'ai malgré tout aimé le voir évoluer dans cette discipline et devenir un grand nageur, mais tout en restant très humble.
Je me suis parfois perdue dans les personnages ,entre sa famille, ses amis, ses camarades d'entraînement et les compagnons d'infortune rencontrés en camp . Mais ça n'a pas entaché ma lecture pour autant !

Une lecture poignante, émouvante et révoltante ! Certaines scènes étaient très dures à lire mais essentielles pour nous montrer toute l'honneur qu'a vécu ce jeune homme. Un homme d'un courage sans faille et d'une générosité incroyable qui m'a énormément ému et auquel je me suis beaucoup attaché.

Seul l'amour pour sa femme, sa fille et pour sa passion, la natation, lui ont permis de garder espoir !

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Alfred Nakache, deuxième couloir de nage.

Le nageur d'Auschwitz' est le deuxième ouvrage consacré au champion de natation que je lis, dans le sillage de ‘le nageur' de Pierre Assouline que je viens juste de terminer.

Ci celui-ci est qualifié de roman, le précédent l'était de récit ce qui autorise les deux auteurs à des approches de leur sujet différentes combien même il est le même : Alfred Nakache.

Mon propos ici n'est pas de comparer fébrilement les deux livres, de jouer au jeu des sept erreurs même si, dès le démarrage de cette seconde lecture, des écarts biographiques surgissent rapidement : les raisons qui ont mis le jeune Alfred à l'eau, lui réputé aquaphobe par exemple. Si l'un parlait d'un tour pendard des copains de foot au fond d'un oued, l'autre envisage l'attrait de l'équipe nationale de natation à la piscine locale!
Lequel tient la réelle motivation ?

Volontairement traité à la façon d'un roman,  la narration casse le fil chronologique du récit pour faire alterner les deux époques principales de la vie de Nakache, d'un côté son ascension, sa période de gloire, de l'autre son internement à Auschwitz. Étayée de témoignages dont les références nous sont données, elle intègre des dialogues pour alléger le ton et rendre plus accessible la tragédie à laquelle est confronté cet homme ordinaire qui avait eu la naïveté de croire que sa notoriété internationale pouvait le protéger, lui et sa famille.

Autre notoriété abordée dans ce roman, celle de Victor Young Perez, le boxeur qui partage les malheurs de Nakache à Auschwitz et dont l'histoire apparaît un peu ici comme un cheveu sur la soupe, une digression surabondante voire inutile quelque peu  Wikipédienne, même si je comprends la volonté de l'auteur de lui rendre hommage.

Est-ce le fait d'enchaîner les deux ouvrages (l'histoire m'est connue) ou la construction alternant les périodes de celui-ci qui me l'a rendu plus ardu à lire combien même son style est plutôt commun, sans difficultéparticulière.
Il me faut cependant considérer l'excellence du travail de recherche qui a été mené dans la collecte de témoignages nombreux et riches en intérêt. le tout dernier chapitre du livre liste la courte bio de l'ensemble des personnes réelles citées dans le roman.

Le parti pris de juxtaposer des scènes scénarisées et dialoguées avec d'autres relevant plus du récit biographique donne à l'ensemble un côté bancal qui finit par nuire à son sujet. C'est un peu comme une composition assemblant documentaire et biopic si je m'autorise une comparaison avec un travail télévisuel.

À l'arrivée, je garderai en mémoire l'histoire hors du commun de cet homme extraordinaire que fut ce champion de natation Alfred Nakache que la notoriété n'a pas réussi à sauver des camps dont il est revenu seul, sans sa femme et sans sa fille. Un destin terrible, sans doute précipité par la jalousie d'un adversaire, qui est passé par le pire de ce que l'homme a pu envisager, réfléchir et mettre en oeuvre combien même cela paraît impensable : industrialiser la mort pour ne sélectionner que ceux qui s'étaient autoproclamés supérieurs.

Impensable et pourtant…

Nous devons un travail de mémoire et HURLER : Plus jamais ça.
Triste je suis de constater que pourtant l'actualité s'accompagne de remugles qui obligent à penser que tout reste possible!
 
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Roman de Renaud Leblond.
Enfant en Algérie, Alfred Nakache avait peur de l'eau. Jeune homme, il remporte toutes les compétitions en France et en Europe. Médaille après médaille, il s'assure l'admiration des Français et l'inimitié de Jacques Cartonnet, son éternel rival des bassins. Mais en janvier 1944, avec son épouse Paule et leur fille Annie, Alfred est dans un train pour l'Allemagne. Son statut de champion lui vaut quelques égards et il profite de son emploi au dispensaire pour aider d'autres prisonniers. « N'oublie pas, Alfred, que tu es recordman du monde de natation. Ils ne te regarderont jamais comme les autres. » (p. 150) Les chapitres ne sont pas chronologiques, mais retracent parfaitement le parcours du nageur, champion progressivement interdit de compétition en raison de sa religion. « D'un trait de plume, il n'est plus rien. Ni français, ni algérien. Juif. Et, partout, indésirable. » (p. 123) Dans le camp, il nage pour la galerie nazie, mais aussi au nez et à la barbe des gardiens, refusant de se voir retirer cette liberté qu'il conquiert dans l'eau.
Des jardins parfumés de Constantine et aux fosses putrides d'Auschwitz, ce roman vrai nourrit le devoir de mémoire. Il montre aussi à quel point le sport peut être dévoyé par ceux qui le mettent au service d'une idéologie nauséabonde et excluante. Pierre de Coubertin lui-même assure que l'esprit olympique est respecté par Hitler. » (p. 89) La qualité littéraire de ce texte est limitée, mais sa puissance historique est indéniable. Renaud Leblond, fondateur du prix Jules Rimet, dédié aux littératures sportives, signe un bel ouvrage.
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum.
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Renaud Leblond rend un très bel hommage à un héros oublié de la seconde guerre mondiale : Alfred Nakache. Son nom ne vous dit sans doute rien, tout comme son palmarès, mais Alfred Nakache était un sportif de haut niveau, nageur professionnel et confirmé, plusieurs fois champion de France et recordman du monde. Il a également participé aux jeux olympiques de 1936 à Berlin et 1948 à Londres, sans toutefois remporter de médaille olympique. Sa carrière est immense, son physique imposant et son histoire impressionnante.

Car Alfred Nakache est issu d'une famille juive de Constantine, en Algérie. D'abord apeuré par l'eau, il se découvre une véritable passion pour la natation, qui va l'amener à déménager à Paris, pour poursuivre des entraînements de plus haut niveau. Là-bas, il est rejoint par sa fiancé, Paule, professeure de sport, et vivent une vie paisible, rapidement comblée par l'arrivée de leur premier enfant, la petite Annie. Seulement voilà, en plein début de second guerre mondiale, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir et la propagande nazie qui se met en place, Alfred et toute sa famille sont victimes d'insultes racistes et antisémites, qui les obligent à déménager à Toulouse. Mais rien n'y fait : il est dénoncé par la presse collaborationniste et antisémite puis interdit de bassin lors des championnats de France en 1942, puis finalement arrêté l'année suivante par la Gestapo.

C'est en 1943 que commence sa descente aux enfers. Déporté avec sa femme et sa fille au camp de Dancry, ils sont ensuite transférés à Auschwitz puis séparés dès leur arrivée. Alfred ne reverra plus jamais sa famille. Au camp, la vie est insupportable : la famine, l'insalubrité, la violence… tous les déportés sont traités comme des animaux. Alfred est même obligé de distraire les gardiens, en réalisant des performances sportives en échange de nourriture. Les conditions de vie sont inhumaines, on a beaucoup de mal à s'imaginer que ce quotidien ait pu exister réellement.

Il faut être totalement insensible pour ne pas être touché par ce récit. Alfred est un homme particulièrement courageux, qui ne se laisse pas abattre par les événements, mais essaie de croire en un avenir meilleur. J'ai été également émue par la générosité de cet homme, qui n'hésite pas à partager ses vivres, à épauler, cacher, soutenir ses camarades dans le besoin.

Je tiens à féliciter particulièrement Renaud Leblond, qui a réalisé un travail de recherche exceptionnel, permettant de mettre à l'honneur ce héros de la seconde guerre mondiale, également héros sportif et homme au grand coeur. Attention toutefois aux personnes trop sensibles qui souhaiteraient s'aventurer dans cette lecture : ayez le coeur bien accroché et prévoyez une boîte de mouchoirs suffisamment fournie. J'avais une boule au ventre durant toute ma lecture et j'ai finalement versé toutes les larmes de mon corps en lisant les dernières pages.

Une histoire bouleversante, qui rend hommage à Alfred Nakache, sportif émérite et héros de la seconde guerre mondiale. Une magnifique leçon d'histoire et de vie, qui mérité d'être lue pour comprendre et ne pas oublier.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Alfred Nakache, juif algérien, participe aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et est record du monde du 200 mètres brasse papillon en 1941 sous Petin. Lors des championnats de 1943, il est interdit de bassin et il est déporté avec sa fille et sa femme en janvier 1944 à Auschwitz. Histoire d'un héros oublié, tranche méconnue de la seconde Guerre Mondiale.
J'ai aimé cette lecture qui permet de découvrir une nouvelle facette de l'horreur du nazisme que je ne connaissais pas. Alfred Nakache est obligé de se plier aux paris des commandants nazis, jouant sa vie à chaque fois qu'on lui fixe un nouveau défi. Grâce à son titre de champion, il a bénéficié tout de même d'une place privilégiée à l'infirmerie d'Auschwitz d'où il fera de son mieux pour améliorer le sort de ces codétenus. Il va y rencontrer d'autres champions qui comme lui sont utilisés pour le loisir des allemands.
Par une alternance de chapitres courts dans le passé puis pendant sa vie au camp de concentration, on découvre le parcours de Nakache, son passage au camp étant peu évoqué finalement. Un récit révoltant des horreurs des camps nazis, notamment un passage absolument atroce sur le sort des bébés.
Nakache a fait preuve d'une gentillesse hors du commun, gardant toujours espoir de retrouver sa femme et sa fille.
Basé sur des faits réels, ce texte sobre et tout en pudeur est par ailleurs très bien documenté.
Je recommande ce livre à tous les amateurs de texte sur la Seconde Guerre Mondiale.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, Alfred Nakache est déporté à Auschwitz. le grand champion de natation français, tout médaillé et recordman mondial, subit le même sort que les millions de Juifs déportés. Ce roman s'inscrit dans la lignée des romans du même type sortis ces dernières années et qui visent à donner du corps aux chiffres de la Shoah : un parcours individuel, singulier, et à la fois emblématique de ce que ces personnes ont vécu dans les camps de la mort. L'histoire s'articule en deux temps, le récit à l'intérieur du camp et le récit jusqu'à la conduite au camp, les chapitres alternant entre les deux périodes de la vie du nageur. On y découvre comment l'antisémitisme a touché le monde sportif, comment certaines personnes ont embrassé l'idéologie nazie tandis que d'autres n'ont pas hésité à prendre des risques pour protéger l'un des leurs.

Ce roman se lit vite, très vite. Si on y décrit des aspects très concrets de la cruauté dans les camps, le récit nous épargne globalement des scènes trop glauques, à l'exception peut-être de la scène du bébé, vers la fin de l'ouvrage. Je crois ce genre d'écrit essentiel, pour redonner des visages à ces millions de personnes qui ont trouvé la mort, ou sont revenues des camps. Je regrette que sa vie après son retour d'Auschwitz soit si succincte, car c'est un thème qu'on ne lit que peu et qui est pourtant digne d'intérêt : comment vit-on, comment survit-on après une telle expérience ?
Je salue la plume de l'auteur, son discours est simple, abordable, mais sans concession avec la haine des antisémites de l'époque. Un livre à faire circuler, sans aucun doute.
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Alfred Nakache (1915-1983), juif natif de Constantine, est né et a vécu, avec sa famille, à Constantine, en Algérie. Il avait peur de l'eau jusqu'au jour où Fabien, un militaire français, en train de nager l'a encouragé. Devenu un champion de natation, à force de volonté et d'entraînements, il est parti poursuivre ses études et ses entraînements à Paris, rejoint bientôt par son amie, Paule qui deviendra sa femme.
Il remporte toutes les compétitions en France et en Europe, admiré des Français et devance Jacques Cartonnet, dit "Carton", son rival. Sa force et son endurance lui permettent d'exceller en nage "papillon", juste découverte, La vie devient très compliquée pour les juifs et il partira vivre et nager au Club des Dauphins, à Toulouse. En 1942, il sera interdit de bassin lors des championnats de France, malgré le soutien des autres nageurs de son club. Dénoncé en novembre 1943, il est arrêté, avec Paule, sa femme, et Annie, leur bébé, détenu à Drancy, puis déporté par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944.
Il est séparé de Paule et Annie et ses conditions de vie sont misérables, les gardiens s'amusant avec lui en le faisant nager dans le froid et des conditions déplorables. Toutefois sa notoriété lui permet d'être employé au dispensaire, ce qui lui a permis d'aider au maximum d'autres détenus. Il bravera les nazis en allant nager, à ses risques et périls, dans des réserves d'eau à l'autre bout du camp, avec Noah, un autre nageur.
En 1945, alors qu'on le croit mort, il revient nager dans son club des Dauphins, à Toulouse, avec l'espoir de retrouver Paule et Annie. Il va les attendre tous les soirs sur le quai de la gare.

C'est un livre très touchant, un récit poignant et inoubliable, mais sans pathos et très sobre, sauf une scène avec des bébés. Alfred Nakache est une belle personne, volontaire, souriant, généreux, solidaire des autres détenus. D'autres prisonniers sont attachants comme Robert le médecin juif, Victor le champion de boxe qui ne doit sa survie qu'en étant exhibé lors de "combats" de boxe contre les nazis, Léon l'électricien, Willy, le peintre...
Je n'oublierai pas ce champion, courageux et généreux, s'efforçant de redonner un peu d'espoir aux plus faibles.
Ce roman est un très coup de coeur pour moi.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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