C'était une heure bizarre, incohérente. Elle n'avait aucune idée de cette heure-là: quatre heures du matin, dans un jardin en hiver. La neige avait de petits craquements comme le pain quand on le sort du four, et le silence aussi était incommode; il collait tout, mais mal, et son travail se défaisait; on entendait des bruits d'écorce, de branches; une fois, le passage d'un corbeau.
Elle savait qu’il y avait une plaie. Un endroit si douloureux qu'elle aurait crié de douleur si quelqu'un par mégarde lui avait posé un doigt léger dessus. Il lui semblait flotter, voguer sans corps, sans souvenir. Sul était un admirable danseur. Pour le moment, il lui donnait exactement le remède qui convenait. Il fallait continuer à danser. Elle avait les yeux presque fermés. Le visage était très blanc. Doucement, de l'éclat lunaire du chandelier, à la lueur des bougies, ses cheveux ont caressé ses épaules. La bouche entrouverte, paraissait confier des secrets
Ils dansaient dans le soufre des tulipes. L'entrelacement de leurs pieds foulait des floraisons bizarres. Elle aimait la danse. Même en cet instant, son corps était léger si souple, ses pieds obéissant quelque part dans ce corps qui dansait
L’odeur des lilas qui montait de sa ceinture les isolés de tout, comme s’il était assis sur un de ces murs bas qui séparent les jardins des vergers cachés par les lilas en fleur