Quelques phrases, des sensations, des instants...
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Et voici Claudio Magris, cité et commenté par Yves Leclair, dans ce très beau livre méditatif et hautement inspirant (l'ample respiration des hautes altitudes pyrénéennes "sauvages"?) : […] « Écrire, c’est aussi marcher le long du fleuve, remonter son cours, repêcher des existences naufragées, retrouver des épaves accrochées aux rives et les embarquer sur une précaire arche de Noé en papier. » Je crois en la chirurgie des mots, quand ils sont incarnés dans un destin [dans une écriture fruit d’un authentique désir de communiquer avec l’Autre, avec le Réel]. La poésie, c’est repriser l’espoir sur cette arche qui n’a pas encore sombré. Enfant de Noé, le poète, comme tout être véritablement humain, est l’incarnation de l’utopie.
Une utopie que l’homme (le poète) rend d’autant plus possible, d’autant plus efficace, quand il sait ses leurres et ses écueils : utopie et désenchantement vont de pair, comme la connaissance du matin et celle du soir ― dialogue de l’Orient (orior : naître) et de l’Occident (occido : tomber) : « Un désenchantement, qui corrige l’utopie, renforce son élément fondamental, l’espérance », écrit encore Claudio Magris.
Le présent ne cesse de désécrire ce que nous écrivons.
L'oeuvre est inachevable, à jamais ouverte. Même celle qui nous rappelle sans cesse notre ignorance absolue, la mort, dans la clôture de son silence, demeure totalement ouverte.
Granges, cabanes, cabanons m'attirent dans les campagnes perdues. Magie de l'ermitage, de ce calme de la méditation. Non pas le voeu monastique mais une paix à partager