Adopter le discernement, ouvrir le doute, sortir des clivages et du manichéisme, autant d'attitudes susceptibles de donner sa chance au dialogue avec l'autre.
Julien Lecomte est formateur à l'Université de Paix en Belgique. Son livre, très pédagogique, pose progressivement les jalons de la nuance, en recense les vertus et nous invite à pratiquer cet exercice difficile de mettre ses croyances, idées, opinions et certitudes entre parenthèses, dans le but d'écouter la thèse, la position, l'affirmation, qui nous heurte en première écoute.
Émotion et raison sont compatibles. le truc, c'est de laisser sa juste place à l'émotionnel brut, puis de réfléchir, de raisonner, de résonner à ce que je viens d'entendre, de voir ou de lire.
L'auteur illustre son propos à travers des controverses célèbres et le flux parfois très caricatural des post et des com sur les réseaux sociaux. La nuance, c'est tourner le dos à l'immédiateté, à l'instantanéité d'une réponse réflexe, au dénigrement d'une assertion contraire aux valeurs de mon groupe social ou de mon identité affichée.
Il y a des redites, un peu trop de mots pour expliciter ce qui paraît évident, mais c'est broutilles comparé à l'étude indispensable d'une posture si difficile à tenir, celle d'un entre-deux, espace nécessaire à l'émergence de la tolérance, du dialogue, sans lesquels la société est réduite à un ensemble binaire, compartimenté et manichéen.
Je me rends compte qu' à mon tour, j'aligne beaucoup de mots pour vous convaincre de lire cet ouvrage de 200 pages, sur un sujet complétement négligé par les médias et les communautés cantonnées dans leur bulle bien-pensante.
Et si la nuance était un des grands outils pour changer la société, les relations humaines et l'estime de soi ? À consommer sans modération. Aïe, que dis-je : la nuance sans modération, un paradoxe... Que du contraire.
Être nuancé n'est pas synonyme de mièvrerie. Colère et révolte n'empêchent pas de réfléchir et de faire société. La nuance, je la vois comme un sésame au décloisonnement des idées reçues, tellement confortables.
J'ai pris un plaisir particulier à suivre le raisonnement éclairé d'un compatriote (belge), citant des auteurs d'un pays où la nuance est encore assez considérée. Je me trompe ?
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